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Mon nom est Eleanore Anderson. C'est la seule certitude que j'ai à ce moment précis. Je sais également que je viens d'achever ma licence de droit et que je l'ai obtenu avec succès. Fille unique, j'ai eu une enfance heureuse entourée de parents aimants et attentionnés. Tout se passait très bien, j'avais ma petite routine. Les cours de théâtre le mardi soir, les soirées avec ma meilleure amie certains jeudis et mon travail en tant que serveuse le week-end. Tout se passait très bien. Avec mes amis de la fac, nous étions sortis boire un verre pour fêter notre diplôme. Je ne me souviens pas avoir beaucoup bu mais après, c'était le trou noir. Tout se passait bien jusqu'à cette soirée qui ne semblait pas vraiment marquer seulement la fin d'une année mais aussi d'une vie. Du moins, j'en ai le pressentiment.

Je sais que toutes ces pensées ne font parties que d'un rêve. Mais il m'est impossible de me réveiller. J'essaie, à de nombreuses reprises, mais en vain. J'ai l'impression d'être endormie pour toujours. C'est ce que je crois jusqu'à ce que mes yeux arrivent à, enfin, s'ouvrir. Toujours ce même endroit clair et froid mais, cette fois, je suis bien réveillée et en forme. Un infirmier se trouve assis à mes côtés. Il bondit de sa chaise à la seconde où il remarque que je suis éveillée. Il prend ma tension et ma température.

-Comment vous sentez vous?

Je l'observe alors qu'il a la tête baissé sur ce qu'il fait. Dans les vrais hôpitaux, le personnel médical a une petite étiquette sur leur blouse avec leur nom mais pas ici.

-Où suis-je et pourquoi suis-je attachée?

-Je n'ai pas le droit de répondre à vos questions, je suis navré... Pas de nausée?

-Non.

-Mal quelque part?

-Non. S'il vous plait j'ai besoin de savoir, je ne me souviens de rien! suppliais-je.

-Patientez. Je vais pouvoir vous emmenez à votre scanner. Ne paniquez pas, tout va bien se passer.»

C'est très rassurant... C'est typiquement le genre de phrase qui me fait justement paniquer. Pour couronner le tout, il sort un bandeau et l'avance vers ma tête.

-C'est le protocole, je suis désolé.

Pétrifiée par la peur, je me laisse faire sans trop me poser de questions. J'essaie d'entamer une respiration ventrale pour me calmer. Une crise d'angoisse serait mal avisée, je dois garder les idées claires si je veux pouvoir réagir en cas de difficultés.

L'obscurité est presque devenue une habitude ici. Je sens mon lit se mettre en mouvement. Les scanners, je connais, j'en ai déjà fait. Mais j'ai toujours su pourquoi je les faisais. Soudain, les mots du Docteur Sinclair sonnèrent en écho dans ma tête: «Vous êtes importante». Qu'ai-je donc de si exceptionnel? J'ai toujours vécu une vie plus que normale donc comment puis-je me retrouver dans une telle situation? Au fur et à mesure que j'entends des portes s'ouvrir, la peur m'envahit de plus belle. Et s'ils me mentaient? Et si on m'emmenait pour me tuer? Rien ne me dit que je dois leur faire confiance. Ma respiration s'accélère. L'infirmier pose une main sur mon épaule, sans rien dire. Ce geste devrait être rassurant mais c'est pire. Il le sent et la retire tout en me disant de me détendre. Quelques minutes plus tard, le lit s'arrête et j'entends un « bip »puis des portent s'ouvrent. Nous continuons notre route pendant quelques mètres puis le lit s'arrête de nouveau. On me retire le bandeau. Je me trouve dans une salle où une énorme machine (peut-être de torture) m'attend ainsi que le docteur Sinclair. Elle s'approche de moi en affichant un charmant sourire. Elle dégage quelque chose de rassurant, ce qui m'apaise un peu.

-J'espère que vous avez pu vous reposez Eleanore, dit-elle en me détachant.

Elle me désigne ensuite la plateforme et, je compris que c'était une invitation à m'installer

-Si j'accepte de m'allonger, vous me direz pourquoi je suis ici? demandais-je avec une larme sur la joue qui avait coulée lors de ma petite crise de panique.

-Après les résultats, je pourrai vous en dire un peu plus, répondit-elle avec toujours ce même sourire. Détendez-vous, il n'y a pas de quoi avoir peur.

-Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai envie de vous faire confiance.

Son sourire s'agrandit à mes propos et je m'exécute. Cela me fait bizarre de toucher le sol, j'ai l'impression de ne pas avoir était debout depuis des jours. Une fois bien installée, la plateforme glisse à l'intérieur du scanner. Je suis à la lettre les indications du docteur. J'arrête ma respiration quand elle me le demande. Une pluie d'étoiles vertes se met à tournoyer autour de moi, le bruit de la machine me donne l'impression d'être dans un vaisseau spatial.

Tout se passe bien jusqu'à ce que je commence à ressentir comme des courants électriques en moi. C'est assez étrange. A certains endroits, c'est comme des petits coups de jus puissance dix. L'un d'eux me fait lâcher un petit « Argh » de douleur. Le Docteur Sinclair me demande si tout va bien mais je ne peux répondre. C'est comme si le courant passait à l'intérieur de moi. Les secondes passent et cela devient de plus en plus intense. Certains spasmes sont agréables mais la plupart sont très douloureux. Certaines parties de mon corps se mettent à clignoter. C'est comme si mes veines étaient devenues des fils électriques rouges luisants. Je me mets à hurler de douleur.