Mon heure n'est sans doute pas encore venue. Au bout de quelques secondes, je remarque que cette lumière sert en réalité à éclairer une pièce semblable à une chambre stérile d'hôpital. Malgré mon regard aveuglé par la lumière, j'arrive à distinguer l'espace dans lequel je me trouve. Mes mains sont bien attachées aux barreaux d'un lit. Un homme se tient debout à ma gauche. Il me regarde fixement à travers ses lunettes rondes. Je n'ai jamais vu quelqu'un transmettre aussi peu d'émotions. Il ne dit rien. Je rassemble toutes les forces qu'il me reste pour parler mais rien ne sort, hormis des débuts de syllabes chuchotées. Toujours rien, l'homme semble juste m'observer. J'ai envie de me débattre, de manifester mon incompréhension. Or, ne sachant pas pourquoi je suis ici et ce qu'ils me veulent, j'essaie de garder mon calme et de ne pas bouger. Deux hommes font leur entrée, l'un d'eux tient une seringue. Ils s'approchent de moi. J'ai alors comme une impression de film d'horreur. Ceux dans lesquels on prend des sujets au hasard pour faire des expériences douteuses, pour les transformer en monstres voire même les tuer, juste pour le plaisir. Le tueur à la seringue se met alors à se rapprocher de moi, devant le regard impassible de l'homme à lunettes qui n'a toujours pas dit un mot. Je me mets alors à me débattre, à essayer de me relever et à crier de toutes mes forces. Des sons finissent par sortir de ma bouche mais au fond, je sais que d'où je suis personne ne m'entendra. L'associé du tueur vient alors me plaquer contre le lit, ce qui ne m'empêche pas de continuer à bouger dans tous les sens.

- Je vous conseille de rester calme si vous voulez que tout se passe pour le mieux, finit par dire l'homme à lunettes.

Je m'arrête net et le regarde, les yeux mis clos. Je me sens tout à coup vidé, je viens de laisser partir mes dernières forces. Cet homme semble dégager plus de mystère que de danger mais je n'en suis pas plus rassuré pour autant. Était-il ce genre de médecin fou? Celui qui mène des expériences illégales sur des personnes prises au hasard dans la rue, comme je l'ai pensé quelques secondes auparavant ? Ou bien, suis-je moi même devenu fou au point que mes proches m'aient envoyé dans un institut spécialisé?

- Je suis le Docteur Alain Stoller, dit-il en s'approchant de moi. Vous nous êtes indispensables Monsieur Morton. La coopération est dans votre intérêt, surtout pour ce qui va suivre. Tâchez de vous reposer, termina-t-il en chuchotant presque au dessus de mon visage.

Il sortit sans rien ajouter. Qui est-il? Pourquoi suis-je indispensable? Que vont-ils me faire? D'ordinaire si calme, si posé, j'étais en train de céder à l'angoisse dans cette situation invraisemblable. Je n'ai pourtant pas le temps de paniquer bien longtemps. Je suis piqué au bras par la seringue. Mon esprit veut protester mais mon corps en est incapable. Je sens alors un liquide pénétrer dans mon sang puis tout redevient progressivement noir. J'espère que ce n'est qu'un mauvais rêve.