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tome 1, Prologue « Prologue 1: Le vide » tome 1, Prologue

Le vide. Je ne l'ai jamais autant vécu qu'à ce moment précis de mon existence. En ouvrant les yeux, c'est ce que je vis. Le vide. Il n'y a rien, hormis le noir absolu, le néant. Je peux déplacer mon regard dans n'importe quelle direction, je ne vois absolument rien. Étais-je devenue aveugle? Ou était-ce cela, la mort? Je n'ai jamais eu aussi froid. C'est comme si on m'avait enveloppée dans une couverture de neige ou pire encore, dans un cercueil de glace. Mon corps est nu, seulement recouvert par un tissu qui me rappelle aussitôt celui de la blouse d'hôpital que l'on m'avait fait porter lors de mes nombreuses hospitalisations pour coliques néphrétiques. Or, j'ai la certitude que ce n'est pas pour ces foutues reins que je suis ici. D'ailleurs, que fais-je ici?

Je ne me rappelle de rien. Le vide. Malgré mes pensées qui commencent à divaguer, il se réinstalle en moi. Une partie de ma nuque commence à me démanger comme à chaque fois que je me mets à réfléchir trop profondément pour me rappeler de quelque chose. Ma main ne parvient pas à atteindre mon cou. C'est à ce moment que je remarque qu'elles sont attachées.Impossible de bouger... et ce n'est pas à cause du froid contrairement à ce que j'ai pu penser en premier lieu. Mais que se passe-t-il bon sang??!! Je me souviens d'être allée tranquillement rejoindre des amis dans un bar pour fêter notre diplôme. On a un peu bu puis dansé... Et ensuite? Que s'est-il passé? Me suis-je téléportée comme par magie dans ce monde sombre et glacial? Impossible... nous ne sommes pas dans un roman de science fiction. Je chasse rapidement ces idées farfelues de mon esprit.

J'essaie de parler voire même de crier mais rien ne sort. Je n'ai plus aucune force, même pour essayer vaguement de secouer mes bras comme pour me défaire des liens qui me retiennent prisonnière. La panique se propage dans mon cerveau pendant quelques instants. Je pense aussitôt à ma mère, qui est mon repère dans la vie, la source de mon apaisement. Elle me disait de sa douce voix «Dès que la peur te submerge, chante une chanson que tu apprécies dans ta tête ou même à vive voix si le contexte te le permet. Et n'oublie pas de te dire que tout est possible». Aussitôt, l'une de mes chansons préférées submerge mon esprit et bientôt tout mon corps. Je réussis presque à la chuchoter. Malgré son titre, la chanson Neige de Dionysos réussit à me réchauffer un peu.

Soudain, je vois, au loin, une petite lumière rouge clignoter. Est-ce bon signe? Je m'arrête net de chanter, attendant que quelque chose se passe. Quelques instants plus tard, j'entends une porte s'ouvrir mais le vide est encore là. Le voyant rouge s'éteint. Des bruits de pas s'approchent de moi, crescendo. Je n'ai jamais entendu des pas aussi clinquants. "C'est sans doute une femme" pensais-je. Un bruit pareil ne peut provenir que de talons aiguilles avec lesquels il faut un bon équilibre pour tenir debout. Ce son fracassant s'arrête. Je ne perçois cependant toujours pas la personne qui s'est approchée de moi. Puis, comme une renaissance, la lumière revient. Elle est éblouissante et d'une blancheur extrême. Mes yeux se ferment automatiquement à sa vue. Le passage du noir au blanc est insupportable. Je ne vois toujours rien.


Texte publié par KmilleHope, 2 mai 2020 à 18h46
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