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Charlotte avait la sensation de ne pas pouvoir se lever de sa chaise. Elle avait l’impression que tous les yeux étaient braqués sur elle, l’accusaient tour à tour de traîner des pieds, de ne pas savoir la réponse, d’être nulle.

Le regard de la maîtresse était lui beaucoup plus doux, plus sincère et rassurant. Presque maternel.

Pourtant, elle avait l’impression qu’à chaque pas, ses semelles s’ancraient au sol pour la retenir et l’empêcher de répondre à la demande qui lui avait été faite. Sa robe marron accrocha sur la table, pincée entre le pied de la chaise et le support métallique du meuble dont elle se servait pour écrire.

« Et bien, jeune fille. La question ne va pas se traiter toute seule ! »

Le temps ralentissait et Charlotte était assaillie par un millier de possibilités, un million de questions supplémentaires s’interposait entre elle et le tableau.

Après un effort qu’elle pensa surhumain, elle se hissa sur l’estrade plongeant sous le tableau noir et saisit la craie blanche tendue par l’institutrice. Les yeux inquisiteurs plongeaient toujours vers elle comme s’ils avaient pour mission de la traquer, de lui donner tort lorsqu’elle ouvrirait la bouche pour donner sa réponse ou au moment même où elle déciderait d’écrire les chiffres sur l’immense ardoise.

Charlotte n’osait pas se retourner, mais elle vit en projection sur la surface noire grandir l’ombre d’une personne qui se trouvait dans son dos ; la lumière orangée de la fin d’après-midi allongeait les membres de la présence, lui donnait des proportions à la frontière de l’étrange, comme si la chose se transformait à vue d’œil en son pire cauchemar.

Elle se remémora ses rêves, oubliant la question de l’institutrice et ses camarades aux visages ternes assis à leur pupitre ; lentement, ses idées noires avaient refait surface, quelque chose de sombre et de malveillant s’était réveillé et ajoutait à l’hystérie qui sévissait dans son esprit pour mieux la déstabiliser.

« Charlotte ! »

La voix de l’institutrice s’était mue en quelque chose de caverneux, un souffle rocailleux et lent qu’elle avait du mal à reconnaître. Seule son intonation lui avait permis de mettre un visage sur ces mots.

« Charlotte… »

La fillette se redressa avec précipitation sur sa chaise, les yeux collés et encore à la frontière des rêves. La maîtresse se trouvait au tableau tandis qu’elle n’avait pas bougé de son pupitre d’élève. Son crayon roula sur la tablette et tomba dans un bruit sec sur le sol de la salle de classe.

Tout ceci n’avait été qu’un rêve. Une fois de plus.

Maman l’avait pourtant avertie d’être attentionnée aux détails, aux indices que son esprit n’était pas apte à les reproduire tel qu’ils existaient dans le monde réel. Décidément, être une songeuse n’avait vraiment plus rien d’amusant.


Texte publié par Théâs, 3 avril 2020 à 10h17
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