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tome 1, Chapitre 19 « 2015 - Lilli et Guillaume » tome 1, Chapitre 19

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Chapitre 19

2015 - Lilli et Guillaume

"ILLIMITE !"

Ces années 2000 apportent le smartphone et les forfaits illimités ! C'est bien le mot de notre société, "illimité " : aucune limite à la bêtise, à l'indécence et à la futilité. Dans le package de l'imbécilité on peut aussi ajouter "les selfies" ! Les hommes et les femmes se regardent le nombril sur leur écran qui les avale tout entier maintenant. On se recoiffe devant son smartphone en " mode photo " en guise de miroir ! Et si ce n'était que cela ! Mais ils sont des millions à faire un selfie sur La Plage, où une star est venue tourner ! Résultat, plus un poisson, un écosystème bousillé et obligation de mettre une barrière de sécurité, pour protéger un coin de terre paradisiaque, d'un troupeau de selfistes irresponsables. Alors cap sur la Thaïlande à prix cassés, pour son petit tour à dos d'éléphant, avec un selfie au passage et on repart à Venise pour un selfie en gondole ! Les Vénitiens n'en peuvent plus de ces touristes saucissonnant à tous les coins de rue, tout comme à l'ombre des parcs de Barcelone ! Déjà dans les années cinquante, on bétonnait les plages pour les nouveaux vacanciers et on bâtissait des immeubles au pied des pistes, en balafrant les belles montagnes. Après le pétrole qui rapporte gros, le tourisme est maintenant la deuxième source de revenus qui utilise la stupidité des selfistes ! Pour tous ces voyageurs qui ne vont aucunement à la rencontre des autres et de leur culture, on sature les couloirs aériens dans un ciel de plus en plus sombre et les riverains des aéroports qui explosent dorment avec des boules Quiès. Les gens de notre époque se tournent toujours vers leurs écrans où la vie virtuelle est plus rose, que dans ce monde affligeant où il faudrait qu'ils se remontent les manches pour changer bien des choses...

Un peu en marge de l'agitation et des tracas, Lili pendant de temps avait fait un enfant. Ou plutôt, disait-elle avec son naturel : " il s'était choisi une maman" ! Dans l'air du temps, en 2015, on se passe souvent de Papa, alors elle l'élevait seule, avec la bienveillance de Laura. Bien sûr, elle écrivit quelques lignes à son bébé :

Voici ta mère ! Tu baignais en moi, à l'intérieur

Maintenant les amandes blanches de tes yeux me fixent

Et puis quand tu partiras, je serai toujours en toi

Ta maman, jusqu'au jour où la terre nous réunira

Elle écrivait en faisant des calligrammes, car elle avait rencontré Apollinaire dans la bibliothèque de Laura ! Elle pouvait maintenant accéder aux livres, elle faisait de si rapides progrès en français et sa chambre était constellée d'autant de post-it, que de nouveaux mots qu'elle connaissait. Elle, venue d'une culture à la tradition orale, se délectait de textes, de légendes anciennes et de poésie, comme on s'empiffre de pâtisseries ! Evidemment, elle en connaissait beaucoup par coeur, surtout les poèmes de Guillaume Apollinaire et Laura lui avait appris aussi, cette berceuse de Mozart, paroles d'un anonyme, qu'elle disait en se penchant au-dessus de la figure noire de son petit ange :

Mon bel ange va dormir

Dans son nid l'oiseau va se blottir

Et la rose et le souci

Là-bas dormiront aussi.

Elle avait appelé son fils, Guillaume, rien d'étonnant ! Ce nom, Guillaume Balibanga, faisait résonner sa part congolaise et sa part française. Il était nourri au sein et à la littérature. Elle voyait en lui l'homme bon, intelligent et courageux qu'il deviendrait. Elle lui apprenait sa langue et puis le français. Elle lui enseignerait comme la vie est fragile, belle et que nous y sommes d'éternels apprentis. Nous étions si heureux, nous les sapins de la Joux, d'entendre ces berceuses, ces leçons, ces poèmes, ces rêves, ces rires de nourrisson, quand elle venait s'asseoir sur le banc de métal dans la clairière, ce tout petit point perdu dans un coin de France, au milieu de l'Europe et de tout l'univers. Ce prénom, Guillaume, nous en rappelait un autre, bien sûr, amoureux d'écriture aussi celui-là et cette boucle confirmait bien que la vie et ses mystères sont un cercle sans fin.

Pourtant la fin et l'effondrement de cette civilisation n'est-elle pas imminente ? Les médias, la presse titrent sans cesse : " est-ce la sixième extinction du vivant ?" " L 'humanité va-t-elle dans le mur ?" Nous y sommes déjà dans le mur, avec soixante pour cent des espèces animales rayées de la carte, c'est de la folie ! et une trajectoire de cinq degrés supplémentaires par rapport à la révolution industrielle qui s'annonce, vu le manque de réaction, présage de sécheresses, de famines et de guerres dans l'avenir. Car les humains sont ainsi faits, qu'ils ne réagissent à l'inondation que quand ils ont les pieds dans l'eau ... Il y aurait matière à discourir cent sept ans, c'est ce que font les politiques justement, au lieu d'agir. Sans Dieu, sans cadre sérieux, le sérieux ne s'habillant pas forcément en costume-cravate d'ailleurs, sans espoir, les humains voguent à la dérive et tentent de l'oublier en s'adonnant aux derniers plaisirs qu'on leur propose, la mode, les espaces virtuels ou un SUV personnalisé...

Que de larmes nous aurons à verser pour notre inconséquence, comme un enfant gâté qui ne comprend pas son insolence. La nature, la planète asservies par la domination de l'Homme civilisé, d'un coup de lame, pourrait bien nous terrasser ! Requiem pour l'homme du vingt et unième siècle !

Les hommes, au fil du temps, sont devenus intelligents, sortant des brumes de l'ignorance. On se le demande, car ils agissent sans bon sens et leur pensée n'est qu'économique. Et encore en 2015, des climato-sceptiques continuent de nier et même parfois, dans les hautes instances. "Tout cela ce ne sont que des rythmes naturels.".. disent-ils. " L'univers a connu ces changements de climat, des périodes de grandes chaleurs puis des ères de glaciations.... On nous imagine des scénarios catastrophes ! ajoutent-ils : qu'un jour on pourrait manquer d'eau potable et même, quelle aberration, qu'un jour un virus pourrait envahir la planète toute entière ! "

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Des mots bien sombres de Diogène, merci pour tes 15 mots, qui ont servi ce texte acide...

Voici la petite liste que j'ai utilisée : rêve, figure, ange, légende, effondrement, brume, requiem, folie, ombre, matière, métal, larmes, lames, miroir, enfant.


Texte publié par Lisa D., 30 mars 2020 à 10h28
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