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tome 1, Chapitre 18 « 2000 - Lili » tome 1, Chapitre 18

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Chapitre 18

2000 - Lili.

... SIX, CINQ, QUATRE, TROIS, DEUX, UN.... BONNE ANNEE !

En ce premier jour de janvier 2000, on fêtait une nouvelle année, mais aussi un nouveau siècle, mais encore plus : un nouveau millénaire ! Sur la Terre entière, on s'échangeait les messages de "Bonne Année !" A Paris, sur les Champs Elysées, on faisait péter les bouchons de champagne et les feux d'artifice, tout comme à Londres, Madrid, Rome, New-York, Sidney ou Tokyo. A Champagnole aussi, le champagne coulait à flot ! Quel unisson pour célébrer l'occasion !

Laura songeait souvent que si tous les hommes des cinq continents égrenaient ce décompte pour lancer, ensemble, une grande action, quelle portée elle aurait ! : nettoyer les océans, assiéger les abattoirs ou les usines de pesticides, libérer les animaux, ouvrir les cages des visons, des lapins, des poules, des veaux entassés en prison...

Laura avait cinquante sept ans et elle hébergeait Lili, une jeune congolaise qui travaillait dans le hameau, à l'élevage des moutons. Laura l'appelait " la belle bergère ! " Lili avait dû fuir son pays où une multi-nationale toute puissante rasait la forêt primaire du Congo, qui est aussi un des trésors international et inestimable de notre planète. Les petits agriculteurs Bayakas étaient expropriés, on leur volait leur terre pour planter des palmiers afin de produire de l'huile de palme, comme en Indonésie. L'huile de palme est mauvaise pour la santé car elle engraisse les organismes, mais elle engraissait aussi les revenus des profiteurs-pollueurs sans scrupule, contre lesquels on ne pouvait rien.

Marlyatou, ou plus simplement Lili, s'était réfugiée en Afrique du Nord avec sa famille, mais tout s'était mal passé et elle était la seule survivante que les hasards de la vie avaient amenée jusqu'ici. C'est sur le banc en tubes d'aluminium de la clairière que Lili venait chercher dans l'écriture un peu de paix. Avec son "français tout frais", nouvellement appris, elle vénérait la nature et utilisait des tournures surprenantes pleines de charme et de fantaisie, à faire craquer les écorces les plus rudes ou bien elle écrivait ceci :

Ecoute la femme noire qui berce sa douleur

et la flèche de son cri qui vise la peur.

Regarde sur sa joue couler son coeur.

Arbre d'ici, console moi de mon pays !

Lili cuisinait simplement, se réjouissait d'un rien. Après une année de tristesse, elle parlait et riait volontiers maintenant. Elle se cultivait et cultivait un petit potager, qu'elle partageait avec Laura. Elle avait appris à prendre soin des moutons et de la bergerie, elle savait tondre la laine aussi. Elle gardait de son pays, bien des souvenirs et toutes ces mélodies qu'elle chantait en travaillant. Et puis aussi cette habitude de mettre je ne sais quelles graines à la porte de sa chambre pour éloigner les mauvais esprits...

Laura aurait bien aimé poser au seuil de la planète de quoi éloigner ces mauvais esprits qui menait la consommation à outrance, remplissant les mers de bateaux-containers et de plastiques, envahissant le ciel d'avions et saturant la Terre de déchets et de pollutions. On parlait à présent du réchauffement climatique et de ses effets affolants, la fonte des glaciers, la montée du niveau des océans. Les sécheresses, les inondations, les ouragans, le déchainement des vents n'étaient plus des phénomènes rares. Pourtant bien des gens niaient encore la responsabilité des hommes dans ces dérèglements. Les grandes questions restaient sans réponse : comment vivre bien sur Terre pour plus de sept milliards d'humains ? Peut-on enterrer des déchets radioactifs sans danger pour les générations futures? Allons-nous vers une extinction du vivant, la fin d'une civilisation? Des grèves, une voix venue de Suède, celles des scientifiques ou des artistes, des films parlaient de demain et aussi des ouvrages, des études par centaines, mais toutes ces sonnettes d'alarme étaient si peu entendues.

Laura pensait qu'il fallait changer radicalement la relation des hommes avec leur environnement. La nature n'est pas juste un stock de ressources à consommer. Les êtres humains étaient manipulés par la publicité, par de faux désirs pour des futilités. L'homme était esclave d'une incroyable machine qui n'était que du vent. Il fallait se reconnecter à l'essentiel, être heureux de peu, manger mieux et sain, ne pas maltraiter ni les gens, ni les bêtes et que la vie soit une fête. En épuisant la planète, en allant au bout de ses ressources, le pétrole n'en avait plus pour longtemps, il n'y avait qu'une poignée d'hommes qui vivaient heureux, en se moquant de l'avenir de tous.

Lili, elle, faisait des progrès. Elle écrivait chaque jour un mot nouveau sur un petit papier de couleur qu'elle collait sur les murs de sa chambre. Pour noël, elle avait demandé un livre avec beaucoup de photos de son pays. C'était l'exil, sa douleur et la perte de sa famille qui déchirait son coeur. Elle se consolait en caressant et en câlinant ses moutons. Elle ne mangeait quasiment jamais de viande mais elle était gourmande et ne refusait jamais les gâteaux ! Ensuite elle demandait à apprendre comment préparer un éclair au chocolat ou un moelleux aux amandes. Et Laura songeait à son père et comme Corentin aurait aimé avoir Lili pour apprentie. Laura lui avait montré comment tricoter, indispensable pour une bergère ! De plus, Lili n'était pas habituée aux grands froids. Bien qu'au fil du temps, les rudes hivers dans le Jura s'étaient bien adoucis et rares devenaient les noëls où les grands sapins de la Joux restaient longtemps recouverts de neige. En cette époque troublée, il se trouvait encore des francs-comtois attachés à leurs racines et qui depuis plus de quarante ans élisaient dans la forêt de la Joux, le "Sapin -Président ". Cette année, c'est le bel épicéa, qui avait reçu ce titre et Lili composa quelques lignes pour marquer l'évènement à sa façon :

Tu piques comme une pelote d'aiguilles,

et tes branches trainent en lambeaux.

Tu as le goût des bonbons dorés.

Sapin président règne sur ton peuple

et garde la forêt des mauvaises gens.

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Nous arrivons bientôt à l'époque actuelle et à la fin de cette histoire. Comment finira-t-elle, totalement sombre ou avec une lueur d'espoir ? En tout cas, les 15 mots de Diogène viendront parsemer le prochain chapitre...


Texte publié par Lisa D., 29 mars 2020 à 11h29
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