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tome 1, Chapitre 10 « 1914 - 1918 Pierre » tome 1, Chapitre 10

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Chapitre 10

1914 - 1918. Pierre

"Français, Françaises,

La patrie est en danger.

L'ennemi est à nos portes.

La guerre est déclarée"

C'est ainsi que le 4 août 1914, le Président Raymond Poincaré s'est adressé au peuple de France .

Ce n'était pas la première guerre ! Depuis toujours, de la Guerre de Cent Ans du Moyen-âge jusqu'aux guerres napoléoniennes, les hommes se sont livrés bataille, le sang a coulé si souvent.

Mais c'était la première guerre mondiale où, par le jeu des alliances entre pays, la France se trouvait mobilisée. 14 /18, deux nombres indissociables. Une guerre meurtrière et épouvantable.

L'annonce dans les journaux et sur les affiches : "La guerre est déclarée "! a terrassé mon père.

Moi, Pierre, du haut de mes quatorze ans, je n'ai pas tout de suite compris. J'ai vu pleuré ma mère et puis Félix est parti et avec lui beaucoup de jeunes hommes de Franche-Comté, mais aussi de Provence, d'Auvergne et de tout la France. Maman suivait dans le journal les nouvelles du front, elle écrivait des lettres, elle envoyait des colis. Elle avait proposé de travailler à la ferme et bien lui en a pris. Le ravitaillement manquait de plus en plus et nous étions bien contents quand elle ramenait de la ferme, du lait, des oeufs et même une fois, un poulet.

En 1915, les Allemands et les Français vivaient ou survivaient dans des tranchées, creusées dans la terre, dans la boue. La guerre était statique. J'ai encore les lettres que mon père nous écrivait. C'est souvent sous le sapin de la clairière que j'allais les lire et les relire, la forêt m'apaisait :

Ma Jeannette, mon Petit Pierre,

Votre courrier a bien mis trois semaines, mais il est arrivé. Que ces quelques mots me font du bien ! Et qu'il est important pour moi de savoir que vous allez bien. Après un an dans ces tranchées, la vie devient insupportable. Mais nous ne sommes pas tant à plaindre. On entend dire que du côté de Verdun, les combats sont acharnés et la situation désespérée.

Ma main a fini par cicatriser et j'ai moins mal. Et puis avec le début du printemps, nous avons moins froid.

Je pense si souvent à toi, ma Jeannette. Et toi, je ne devrais plus dire "Petit Pierre", mais c'est ainsi que je me rappelle ce temps heureux près de vous deux. Je me demande si cette guerre absurde finira un jour. Je vous embrasse tendre ment.

Félix - mars 1916

Ma mère se fatiguait au travail des champs. Qu'elles ont tenu leur rôle, les femmes, à assurer la besogne quand les hommes étaient absents ! On a même fait appel, dans la forêt de la Joux, à des bûcherons canadiens pour épauler l'effort de guerre et continuer à produire du bois.

C'étaient de grands gaillards. Ils ont construit des baraques dans la forêt et ils ont massacré l'herbe pour faire un terrain de base-ball dans la clairière ! Il ne parlait pas beaucoup français et même si ma mère me disait de ne pas traîner avec eux, je passais des après-midis entières, en leur compagnie, parmi les sapins.

Juin 1917. Nous ne recevions plus de lettres. Le climat tout à coup, à la maison, s'assombrissait. Comme elle pleurait ma mère et je faisais tout mon possible, pour essayer de lui changer les idées. Les nouvelles du front étaient mauvaises. Mutinerie, désespoir, le nombre des déserteurs augmentaient. Le Maréchal Pétain faisait de beaux discours ! La Nation glorifiait les vaillants "poilus " ! Mais ces pauvres bougres, soldats malgré eux, n'en pouvaient plus.

Début 1918, les journaux expliquaient que les premiers avions, des biplans avec leur frêle allure et les chars Renault s'ajoutaient à la bataille. Mais des nouvelles de mon père, nous n'en eûmes jamais plus...

Le onze novembre 1918, la France a fait la fête, mais pas Jeannette. Mais pas moi.

Je retourne depuis, chaque jour, relire la dernière lettre et je pleure toujours à la fin :

Ma Jeannette, mon Pierre,

Le courrier finit par arriver, mais le ravitaillement manque cruellement. Le froid nous laisse tranquille et c'est la faim qui nous fait souffrir maintenant. Mon ami Ernest dont je vous ai souvent parlé s'est fait avoir avant hier, mon moral a baissé. Après Verdun et le Chemin des Dames, on pensait y arriver. Mais cette guerre ne finit jamais.

Je n'ai pas pu écrire avant mais je pense bien chaque jour à vous deux. C'est la seule chose qui me tient debout, vous revoir un jour et revenir à Champagnole quand tout ça sera terminé. Qu'il me tarde de te serrer dans mes bras Jeannette, qu'il me tarde de vous embrasser tous les deux. Prends bien soin de ta mère, Pierre, je vous écrirai dès que je peux.

Félix - mai 1917

Bientôt au pays, sont revenus, des hommes usés, mutilés, avec des bras, des jambes en moins ou des visages complètement défigurés. Certains ne vécurent pas longtemps, les poumons ravagés par ce terrible "gaz-moutarde". D'autres, des années après, gardaient ces yeux hagards car les obus n'avaient jamais cessé d'éclater dans leur tête, les empêchant de vivre et de dormir. Je ne l'ai jamais dit à ma mère, mais je ne sais pas si j'aurais supporté de voir mon père, ainsi diminué.

Les bûcherons sont repartis et dans tout le pays, on critiquait la "coupe canadienne " ! Il est vrai que les souches m'arrivaient quasi à la taille ! Car pour ne pas se pencher, ces piètres travailleurs, laissaient des "champs de bouts de troncs " ! La forêt de la Joux était dans un triste d'état !

La Grande Guerre a tué un tiers des jeunes gars de ce pays. Un monument aux morts fut érigé à Champagnole sur la place de la mairie comme dans toutes les communes de France. Les noms de ceux "Morts pour la Patrie " étaient gravés dans la pierre. Celui de mon père, aussi.

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Ce sont les mots de Lilitor qui seront utilisés dans le chapitre suivant, le journal intime de Pierre, qui me permettra, pour changer un peu, d'écrire au présent...


Texte publié par Lisa D., 21 mars 2020 à 12h37
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