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tome 1, Chapitre 8 « 1802 - Victor » tome 1, Chapitre 8

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Chapitre 8

1802 - Victor.

"Ce siècle avait deux ans ...."

Et en ce matin du 26 février 1802, un bébé est né à Besançon :

- "C'est un garçon, Madame ! Félicitations ! Comment l'appellerez-vous ?

- Victor ! "

Dans la forêt des écrivains français, il est un arbre remarquable, au tronc massif, le foisonnement des feuilles qu'il a écrites est monumental et il domine en littérature, en poésie aussi bien que pour les pièces de théâtre, romans, dessins et même les discours politiques.

Victor Hugo a quasiment vécu un siècle, quatre-vingt-trois ans, il a marqué son temps et tous les siècles suivants : il est à lui tout seul, une légende ! Et les gens d'ici sont fiers qu'il soit franc-comtois !

A l'aube de ce siècle, j'avais atteint péniblement cent cinquante ans. Si ma cime restait ébouriffée, on ne la remarquait guère car elle culminait à plus de trente mètres. Depuis 1799, les hommes comptaient en mètres, car Napoléon avait fait instituer le mètre-étalon. Dans toutes les villes de France, ils utilisaient ainsi les mêmes mesures. Avec Napoléon, la France était devenue un Empire qu'il avait organisé et régimenté à sa façon. La Franche-Comté était depuis peu partagée en trois départements : le Doubs, le Jura et la Haute-Saône. On tenait bien à jour des livres de recensement, la population des hommes s'accroissait constamment. Les villes s'étendaient, Champagnolle était un bourg actif. L' artisanat s'y développait. Ici, grâce à notre bois, on fabriquait des pendules, toutes en hauteur, avec leurs cadrans haut perchés et le tic-tac de leur balancier. Ils les appellent des "comtoises ". Les moines ne sonnaient plus les cloches que pour les offices. Leur temps était passé... Il y avait aussi beaucoup d'artisans qui façonnaient le buis et le merisier pour fabriquer des pipes.

Dans ma clairière, il y avait justement un vieil homme qui marchait en s'appuyant sur sa canne jusqu'au banc ; ce dernier n'était plus de pierre, mais en planches de bois assemblées. Le vieillard méditait en fumant sa pipe dont s'élevaient des bouffées, à intervalles réguliers et l'odeur de son tabac, si particulière, nous dérangeait un peu, nous les conifères. Mais nous nous sommes habitués à sa présence. Parfois on l'entendait somnoler, je ne sais si je dois dire " ronfler" ou "ronronner", tant il était attendrissant. Il était beau malgré son grand âge, chevelure et barbe blanches, des yeux clairs encore vifs, il portait une veste et un pantalon noirs et un col blanc amidonné. Parfois il se réveillait en sursaut, sans doute en proie à un cauchemar, parfois il balbutiait en son sommeil, quelques mots ou je crois, quelques rimes. Il lisait des ouvrages joliment reliés, les hommes savaient aussi travailler le cuir. Ses livres parlaient de mathématiques, de médecine, de chirurgie et même de philosophie les hommes progressaient. Aimant aussi les romans, il lisait Emile Zola et puis les poèmes de Verlaine et de Rimbaud.

La grande forêt de la Joux bien que maltraitée de toutes parts réussissait à se maintenir, car des arpents entiers étaient replantés. Ce siècle réclamait beaucoup de bois et les troncs de nos frères abattus, partaient en de longs convois jusqu'à la rivière de La Loue, un peu plus au nord. Sur des bateaux ou simplement au gré du courant, tel les bois de flottage, les troncs étaient transportés jusqu'à une plus grande rivière, le Doubs, non loin de la ville de Dole. C'est d'ailleurs dans cette ville que naquit Louis Pasteur, qui trouva le vaccin contre la rage. Quand je vous le disais que l'humanité faisait des progrès, la science avançait et les arts aussi en profitaient.

C'est à cette époque, en effet, qu'un peintre amena sur ma clairière son chevalet et ses couleurs. Le tube de peinture facile à transporter était né. C'était un drôle de personnage avec sa large blouse toute peinturlurée de tâches bleues, noires ou vertes et sa casquette à visière qu'il portait toujours sur le côté. Ils se croisèrent et puis discutèrent, le vieux et le jeune homme. Et un beau jour, j'ai même vu le peintre tirer le portrait du vieillard, à son insu, alors qu'il dormait ! Il mélangeait ses couleurs sur une palette, rinçait ses pinceaux dans une soucoupe et de toutes mes branches au vent, je me penchais pour essayer de voir ses tableaux. C'était cette nouvelle tendance de la peinture qu'ils appelaient " impressionnisme ". Après des siècles où les peintres n'avaient droit qu'à des scènes religieuses ou représentaient des portraits de notables et de monarques, l'homme du XIX ème siècle essayait de reproduire ses émotions face à la nature. J'ai vu sur des toiles qu'il laissait sécher des ciels magnifiques, des arbres dont chaque petite touche de peinture était une feuille où plutôt le jeu de la lumière sur les feuillages. Le peintre racontait à son ami que c'est dans la Vallée de la Seine, que Monet, Pissaro et bien d'autres défendaient face aux critiques, le renouveau de leur art. Ils sont nombreux ceux qui se moquaient de leurs nature mortes, des pommes, des carafes et de toute la vaisselle ! disaient-ils, qui figuraient sur ces nouveaux tableaux.

Il faut dire que les grands de ce monde n'avaient plus besoin des peintres pour que leur visage passe à la postérité. Un certain Daguerre, mais aussi Niépce avaient inventé près de Paris les débuts de la photographie. Et un certain Nadar, photographe, était réputé pour avoir immortaliser, vers la fin de ce siècle, grâce la photo, les présidents de la Troisième République, Thiers, Mac-Mahon et les grands artistes de l'époque, comme Monet et Victor Hugo.

Ce dernier toute sa vie durant avait eut cinq enfants, il était aussi le père d'une montagne de livres et inlassable défenseur, après Voltaire cent ans plus tôt, de cette idée humaniste faite de tolérance, dans le combat de l'injustice, de la haine et de l'ignorance. D'ailleurs en 1882, l'école laïque s'ouvrait de plus en plus à tous les enfants de France. Les hommes deviendront -ils plus sages en étant plus cultivés ?

Sur le banc, le vieil homme achevait sa digestion. Sur le rabat du livre posé à côté de lui, on pouvait lire : "Les écrivains au fil des siècles ". Il ignorait ce vieil homme qu'ici même où il se reposait, ils étaient nombreux à avoir essayer de bien manier la plume. En ces temps qui ne connaissaient pas la télévision, la littérature, la peinture, la musique, les arts et les sciences avaient toute leur importance. De Thibault à Pedro avec sa guitare, en passant par Gilles pour qui l'écriture était si difficile, la vie des hommes est un bien grand livre , un si long roman.

Victor Hugo a écrit la vie des empereurs mais aussi celle des pauvres gens bien sûr, dans son oeuvre majeure :" Les Misérables ". Il est mort un soir de mai, il est enterré au Panthéon, nous laissant tant de poèmes splendides sur la beauté du monde, sur les arbres et la nature. Il aimait sincèrement la forêt et dans ces derniers vers, il faisait le souhait d'être enterré sous nos ramures. Si son corps n'est pas ici, son esprit restera éternellement auprès de nous, les grands sapins de la forêt de la Joux. Voici, dans cette langue si belle, comment il avait exprimé ce souhait :

" Forêt ! C'est dans votre ombre et dans votre mystère

C'est sous votre branchage auguste et solitaire

Que je veux abriter mon sépulcre ignoré

Et que je veux dormir quand je m'endormirai. "

Victor Hugo.

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Ce chapitre 8 a été relaté avec les mots de Serenya, merci beaucoup pour cette liste : ronronner, cauchemar, chirurgie, aimant, bateau, tirer, soucoupe, droit, vaisselle, digestion, rabat, télévision, guitare, difficile, roman.

Le chapitre 9 s'écrira avec la liste des 15 mots de Yumon et nous emmènera au tout début du XXème siècle...


Texte publié par Lisa D., 19 mars 2020 à 11h21
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