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tome 1, Chapitre 6 « Hiver 1678 » tome 1, Chapitre 6

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Chapitre 6

Hiver 1678

A Champagnole, c'était la misère !

Beaucoup d'hommes ont péri dans le terrible incendie et ont rejoint le cimetière... Bien des sapins furent abattus pour fabriquer les cercueils des disparus. Les hommes, curieusement, associent le sapin, aux fêtes, aussi bien qu'à la mort !

Bien d'autres sont partis essayer de se bâtir une nouvelle vie, ailleurs. Depuis ma clairière, j'entendais les coups de marteaux de ceux qui sont restés pour reconstruire leur maison. Les uns étaient logés au monastère, le temps des travaux, les autres vivaient sous des abris de toile, en cette belle saison. Mais bientôt le froid de l'hiver aggrava la situation. De pauvres gens qui n'avaient plus rien, trainaient dans les parages et c'est un drame qui arriva ...

Il y avait toujours du passage sur la grande route qui menait à Pontarlier où les sapins sous la neige étaient si beaux à regarder. C'est un riche équipage qui, un matin de décembre, longea la forêt. La route était à peu près déneigée par les allées et venues des chevaux, mais à ce moment, les environs étaient calmes et un groupe d'hommes affamés et miséreux, stoppa le bel attelage d'une calèche portant les armes et le blason d'une noble maison. Le cocher ne put rien faire et fut vite maitrisé.

La dizaine de ventre-creux assiégea la calèche, vidant les malles, ouvrant les sacs de voyage. On fit prisonnier l'unique passager. Il s'agissait d'un ambassadeur tout droit venu de l'Italie. Il n'imaginait pas, en partant de Turin, l'avant-veille qu'il serait victime d'un enlèvement ! Il ne transportait que peu de vivres, mais plusieurs sacs de bons écus et dans un petit coffret, des parchemins roulés, mais qu'aucun des gueux n'aurait su déchiffrer.

Ne sachant que faire du bonhomme, on décida de l'emmener. Le cocher s'étant sauvé pendant le pillage, un des malfrats saisit les rênes et prit une allée forestière en tournant un peu plus bas. La calèche serait un bon abri pour deux ou trois des gars, les chevaux pourraient être vendus un bon prix. C'est plus au nord de la forêt, vers Nozeroy cette fois, que dans un massif de jeunes sapins, on cacha la calèche et le butin. L'ambassadeur, pour le moment assommé, pourrait peut-être, contre rançon, être échangé... Sur les huit hommes, quatre partirent pour Pontarlier, faire savoir aux autorités que si elles voulaient éviter un incident diplomatique, il faudrait traiter avec eux. Deux autres restaient et surveillaient le précieux otage et les deux derniers se dirigèrent vers Nozeroy bien contents d'avoir de beaux écus en poche, pour le ravitaillement !

La neige s'était remise à tomber. Nos feuilles, nos aiguilles, recouverte de blanc avaient bien du mal à filtrer l'air. Car les arbres sont des usines à purifier l'atmosphère, ils stockent dans leur tronc l'oxyde de carbone et grâce à l'échange du soleil avec leurs feuilles, redonnent à ce monde, ce bien vital qu'est l'oxygène. L'ambassadeur lui, peinait à respirer, tout bâillonné et ligoté qu'il était !

Trois jours et deux nuits étaient passés. Les quatre larrons revinrent avec un autre qu'ils appelaient "Capitaine" ! Je ne sais pas s'il avait été marin, mais il semblait assez malin ... C'est lui qui maintenant prenait les choses en main. Déjà, du Lac Léman à celui de Neufchâtel, la rumeur de l'enlèvement circulait de bouche à oreille, dans les villes et jusque dans les campagnes. Il ne fallait pas trop trainer. Le plan n'était pas mal ficelé : le Comte de Longueville était alerté. Il dirigeait la Province et apparemment, des messagers avaient été dépêchés sur Versailles. L'affaire était de taille ! Mais elle ne fit pas grand bruit. Les gendarmes débusquèrent vite les malandrins. La marchande trouvait curieux de voir ces miséreux payer leurs grands paniers de victuailles avec de beaux écus dorés ! Ils purent filer à temps, emportant quand même le butin dans leurs bagages mais ils durent abandonner leur otage. On avait, sans le savoir, éviter une autre guerre d'Italie !!

Heureusement ma clairière restait calme. Mais en ces temps d'hiver , un nouveau fléau menaçait la forêt. Cette tradition venue de la lointaine Alsace et qui voulait que l'on fête Noël en décorant un sapin. Si au début, dans les jardins, nous étions parés de mille boules, grelots et décorations, c'est maintenant sans scrupule, que tout à chacun venait couper dans les bois, un sapin pour qu'il trône près de l'âtre et égaye la maison. Combien sont tombés dans nos rangs pour cette futile tradition ! Et qu'il est triste le sapin, en train de mourir à petit feu, dans un coin du salon !

Le printemps apaisa nos peines et plus que jamais nous veillions sur nos rejetons ! C'est ce printemps 1679, justement, qu'il se produisit une autre affaire, pour émouvoir la contrée et tout le royaume de France. L'affaire des Poisons, en effet, s'ébruitait dans la capitale. Ce sont des notables venus séjourner dans la région des lacs qui ont rapporté que sur des bases scientifiques et l'analyse de flacons, la Marquise de Brinvilliers était accusée d'avoir empoisonné sans hésiter, son père et son frère, pour s'assurer toutes les parts de l'héritage ! Et il n'y a pas que dans la noblesse, que le scandale éclaboussait : la femme Montvoisin surnommée La Voisin fut trainée devant le tribunal pour rendre compte du meurtre de ses enfants ! La première sera décapitée et La Voisin périra sur un bûcher. On dit que c'est de Franche-Comté que le bois fut acheminé...

La folie des hommes ne faisait que commencer ! Partout la Cour, Versailles étaient critiquées, les hommes protestaient, la Royauté était menacée. Nous les arbres, impuissants, nous sentions un vent de révolte jusque sous les frondaisons. Mais avant que n'éclate une vraie révolution, il passerait encore longtemps de l'eau sous les ponts.

Pour l'heure, dans ma clairière, à l'opposé du banc vinrent s'aligner plusieurs grandes boîtes. Je compris bientôt que c'était là, des maisons pour les abeilles. Les moines se faisaient "apiculteurs" ! Ils venaient, au début de la matinée, encapuchonnés de drôles de grillages, récolter dans les ruches, un miel doré et parfumé. Il ne nous déplaisait pas, ce petit bourdonnement incessant, qui depuis peu emplissait la clairière. Nous sommes des résineux et la cire des abeilles, ne nous semble pas si étrangère !

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Merci Kahlan pour tes 15 mots qui contribuent à ce chapitre 6 : cimetière, ambassadeur, enlèvement, parchemin, nuit, usine, marin, rumeur, bagage, hiver, lac, scientifique, meurtre, boîte, matinée.

Le chapitre 7 se déroulera bien sûr, sous le ciel tricolore d'un autre siècle !


Texte publié par Lisa D., 18 mars 2020 à 11h31
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