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tome 1, Chapitre 1 « Dans la forêt lointaine... » tome 1, Chapitre 1

"Fleur d'épine" Lisa D. (tous droits réservés)

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Chapitre 1

Dans la forêt lointaine.

En 1321, j'étais encore fort jeune. A peine deux mètres, mais le tronc bien droit, beau, bien proportionné, les branches bien équilibrées, je vivais parmi mes frères les grands sapins, au bord d'une clairière.

Dame Nature était alors resplendissante, en ce temps de printemps, la sève nous tournait la tête, toutes les espèces forestières ressentaient l'appel du renouveau : bourgeons sur les châtaigniers, nouvelles pousses dans les hêtraies. On voyait de jeunes faons tout juste nés, des renardeaux, des bébés-écureuils, c'était la merveilleuse fête de la nativité, pour nous, les arbres, ce n'est pas Noël, c'est le printemps enfin retrouvé. De jeunes oisillons se posaient sur les branches, à l'arrache, encore bien maladroits. Les sous-bois bourdonnaient d'insectes que le joli mois d'avril venait de réveiller.

Ici, il ne venait pas beaucoup d'humains. Pour eux, la forêt était un danger. Rare, l'homme qui s'aventurait pour venir ramasser des branchages jusque dans ma clairière. Le plus souvent, ils restaient à l'orée du bois, craignant les loups, les sorcières et tout un peuple malfaisant. Mais depuis quelques années, ils avaient bâti un monastère dans le petit village de Champagnole. J'entendais au loin sonner mâtines, angélus, vêpres et parfois, des moines convaincus de la bienveillance d'un Créateur, n'hésitaient pas à marcher dans les sentiers et sous les hautes futaies, pour venir admirer toutes les beautés que leur Dieu avait créées.

- " Dépêche-toi, Thibault ! Maître Mérance nous a bien dit, d'être de retour pour le déjeuner !

- Je sais, je sais, pourquoi on ne s'installe pas ici ?

- Il fait trop frais, nous serons mieux dans la clairière. Un brin de soleil n'est pas pour me déplaire. Ce n'est pas loin, viens..."

Les deux jeunes hommes, en tuniques écrues, à capuche, sur des pantalons de toile brune, avançaient sur le chemin en pente. Ils avaient sur le dos, leur mallette de bois retenues sur leurs épaules par des sangles de cuir, à la façon des sacs à dos. Je les vis s'asseoir sur le tronc d'un vénérable ormeau qui était tombé au sol, lors de la terrible tempête de 1318.

- " Où en es-tu de ton histoire, Guillaume ? Moi, j'ai dû tout recommencer. ! Maitre Mérance a déchiré mon parchemin...

- Il n'était pas proprement écrit ou bien, ton récit n'était pas réussi ? "

Alors, Thibault imitant son précepteur et agitant l'index comme pour une leçon de morale, dit d'une voix dictatoriale :

- "Jeune homme, si vos phrases décrivent la nature et sont empreintes de poésie, soit ! Mais elles doivent toujours glorifier celui qui est à l'origine de toutes choses. Ré-écrivez ce texte, mais que cette fois, il soit une ode à notre Seigneur ! Et Thibault donna un grand coup de pied dans une motte de terre, mécontent et grognon.

- Ne soit pas marri ! Tu le sais bien, nous avons de la chance ! Nous avons appris à lire et à écrire. Maintenant, si nous voulons devenir écrivains, il nous faut de la patience et en passer par ces textes remplis de litanies religieuses. Tu verras, Thibault, un jour viendra, nous quitterons le monastère ! Nous irons par les routes de Francie proposer nos services. Ecrire des lettres pour les marquis ou les marchands, des lettres d'amour aussi, que sais-je !

- Moi, je lirai les ouvrages des grands poètes et comme eux, je chercherai les plus belles rimes. On dira mes poèmes à la cour du Roi et je serai célèbre dans toute la Francie, en Helvétie et en Germanie.

Guillaume souriait en ouvrant sa petite mallette, son écritoire et commençait à préparer son encre dans un petit godet et sa plume d'oie , finement taillée. Il connaissait les rêves de grandeur de son compagnon. Il est vrai qu'il est habile à manier les vers, que son style est clair et sa prose raffinée. Qu'il trouve de belles comparaisons, qu'elles sont tournées de belle façon et que du rythme de ses poèmes, on pourrait aisément faire de belles chansons.

- Allez, mets toi à l'ouvrage, Thibault. Il nous reste deux petites heures. Je te sais assez fin, pour glisser toutes tes impressions dans un beau texte. Regarde autour de nous, comme cette clairière est source d'inspiration ! Il te suffit, de temps à autre, de faire rimer les fougères avec prières, des oiseaux, le chant mélodieux avec miséricordieux et alléluia avec acacia !"

Et je vis, les deux jeunes gens, penchés sur leurs écritoires, levant le nez de temps à autre, pour s'émouvoir du bruissement des feuillages malmenés par le vent frais, pour recueillir une nouvelle sensation et enrichir, leur texte qui s'écrivait peu à peu, avec soin, en pleins et en déliés.

Ils quittèrent bientôt ma clairière, quand la cloche, au loin se mit à sonner et je les entendis rire , tandis qu'ils passaient près de moi.

- " Et tu sais, Maître Mérance, a quand même dit que nous faisions des progrès ! Il va même nous donner un nouvel exercice.

- Ah bon ?

- Mais oui, tu sais bien. Nous aurons une liste de quinze mots et il faudra les utiliser, dans l'ordre, en imaginant une histoire.

- Et pas besoin, d'y mettre des "Amen, des Ainsi-soit-il" et tout le tralala ?

- Thibault, tu ne devrais pas parler comme ça ! Allez , celui qui arrive le premier à la grille du monastère, donne son quignon de pain à l'autre.

- Pari tenu ! "

Et je les voyais courir, leurs bottines soulevant la poussière du chemin, leurs écritoires bringuebalant derrière ! Je les aimais bien, ces deux apprentis écrivains et ils prenaient souvent ma clairière comme cadre de leurs sorties. Quand ils furent partis, la forêt redevint plus silencieuse. Mais pour qui sait écouter, c'est tout un monde qui vivait là : herbes, feuilles, épines, champignons et bêtes, comme un grand corps avec ses battements, ses respirations, ses aspirations, ses rêves. La forêt est un lieu magique et je comprends qu'elle puisse inspirer bien des écrivains, qu'ils soient aguerris ou simples apprentis...

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Dans le prochain chapitre Thibault et Guillaume utiliseront la première liste que m'a confiée Loune, faite " sur mesure ", à ma demande, avec un vocabulaire du Moyen-âge, puisque notre histoire commence à cette époque. Merci beaucoup Loune.


Texte publié par Lisa D., 14 mars 2020 à 14h06
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