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Voici la petite liste que nous propose Diogène. Des mots qu'il sort tout droit de ses histoires, pour me les prêter gentiment, le temps d'un petit texte. J'apprécie ce geste généreux, soit en remercié ! C'est un peu pompeux !! mais très sincère.

enfant, miroir, ombre, regard, ange, minuit, solitude, saison, chose, guerre

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Quand j'étais enfant, je jouais en m'imaginant mille et un univers où j'étais tour à tour Reine d'un royaume enchanté ou bien prisonnière des corsaires, orpheline abandonnée ou princesse face à son miroir.

- "Miroir, mon beau miroir, dis-moi si je suis jolie ? Et si Mathieu, dans ma classe de CM2, va me remarquer un peu, un de ces jours ? "

A l'adolescence, j'ai laissé de côté mes jeux de déguisements et mes théâtres imaginaires, pour commencer, déjà, à écrire maladroitement quelques histoires, mais j'ai continué à questionner mon miroir. Seize ans, c'est l'âge où l'on ne sait pas encore qui l'on est...

Ce visage que mon reflet me renvoyait, me convenait mieux avec quelques artifices : une ombre à paupières mauve pour donner un peu de mystère à mon regard que je soulignais aussi d'un trait noir. Moi, qui avait plutôt une nature d'ange, douce et naïve, je pensais cacher ma gentillesse et ma docilité, en noircissant mes yeux pour me donner des allures de femme froide voire dangereuse. Il me semblait que dans le groupe des étudiants qui m'entouraient, il valait mieux annoncer tout de suite la couleur, pour éviter de se faire marcher sur les pieds.

Puis j'ai grandi, j'ai obtenu la permission de minuit. Sorties avec les amis de fac, étourdissements dans les soirées entre copains. Mais au bout du compte, je me retrouvais face à ce miroir, ne ressentant qu'une gluante solitude. Impossible de trouver celui qui serait sur la même longueur d'ondes ou celle qui saurait voir le monde à ma façon.

Dans le miroir le temps passait. Après la saison de l'adolescence et le départ des rêves de l'enfance, vient le temps des réalités. Un voile gris recouvre alors les choses, on sent qu'il n'est pas rose, le monde qu'on nous propose. Il faut chercher une petite place, se trouver un métier, affronter les incertitudes et les difficulté s'amoncellent, plus de temps pour interroger les miroirs... On prend l'habitude de serrer les poings, déterminée à gagner toutes les guerres, pour essayer de trouver qui est vraiment cette jeune femme et quel sera son avenir.

Ensuite viennent des saisons plus douces. La jeune maman devant la glace de la salle de bain regarde un ventre, si rond et qu'elle ne connait pas. Elle n'interroge plus le miroir, elle sait. Et quand arrivent les enfants, alors plus loin dans le temps, suivront les cheveux blancs.

- Miroir, mon beau miroir, est-ce que je suis encore jolie ?

La vie s'écoule, nous apaisant. Bientôt, on évitera les jeux de miroirs et on ne se posera plus de question. Au-delà de notre apparence, nous saurons faire la différence. Nous verrons l'agitation du monde avec d'autres yeux. Nous utiliserons à nouveau quelques artifices comme au temps de nos seize ans et nous saurons puiser le plaisir de vivre, sans s'inquiéter de séduire. Nous goûterons le temps présent, les petits bonheurs un peu comme des enfants, car la vie est un éternel recommencement...

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...j'abandonne un instant les listes de 10 mots, pour commencer une plus grande histoire, émaillée de récits écrits avec 15 mots. Quinze mots pour 15 bougies ! Car c'est en mars, l'anniversaire de notre site favori : Les Conteurs !