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Cette fois, c'est Yumon qui nous propose une dizaine de mots, merci, pour cette histoire d'un autre temps ...

peuplier, templier, volage, sobre, orbe, hommage, spectrale, tombale, sommeil et réel.

****

Pour la fête de la Saint-Jean,

Un vieux conteur fut invité

Dans le château de Monbazan,

En une lointaine contrée.

La soirée était bien avancée,

On lui réclame une autre histoire !

L'homme finit par accepter,

Tandis qu'on lui propose à boire.

"Mais je crains d'effrayer ces dames,

Ce récit est triste à mourir :

C'est l'agonie d'une pauvre âme !

Ensuite, elles ne pourront dormir ... "

Mais l'assistance l'encourage,

On s'approche, curieux et toute ouïe,

Et en ce temps du Moyen-âge

Il commence ainsi, son récit :

Que l'on soit simple manant ou que l'on ait des titres de noblesse, parfois le destin s'acharne, nous fait ployer sous le désespoir, alors le chagrin nous déchire les tripes et nous accable sans pitié.

J'en veux pour preuve le triste chemin qu'a suivi Guillaume, vaillant chevalier, aujourd'hui un homme fatigué, à la silhouette de peuplier, grand, maigre et efflanqué.

Il va au pas de son cheval gris pommelé et sous l'astre de la nuit, arrive aux portes de la noble cité d'Albi. A cette heure tardive, elles sont fermées, mais le vieillard trouve en lui quelques ressources pour clamer haut et fort, son nom qu'il claironne devant le lourd battant de bois.

" Ouvrez séant, je suis Guillaume Gonthier de Chanzac, de l'ordre de l'Hospital ! "

Le garde alerté par la voix sépulcrale s'approche de l'oeilleton et distinguant la croix rouge pattée des Templiers si reconnaissable, il s'empresse d'ouvrir grand, l'accès à la ville endormie. Guillaume franchit le porche et les épaisses fortifications, saluant d'un geste las, il s'éloigne au pas lent de son cheval et l'écho des sabots résonne de par les rues pavées, plongées dans l'obscurité.

Arrivé à la grande bâtisse sombre qui fait ici office de commanderie et où il est attendu, Guillaume met pied à terre. Il monte mécaniquement les marches, ankylosé par plus de trente lieues de chevauchée et c'est une jeune fille fraîche et à la peau délicieusement blanche qui l'accueille en haut des escaliers. Guillaume ne lui prête guère attention, depuis longtemps il n'est plus d'humeur volage. Seul, perdu dans ses pensées, il mange peu, ne parle guère, sa vie est sobre pour ne pas dire austère. Il n'a de cesse de chercher dans sa mémoire le cher visage de son plus jeune fils, mort à la guerre, celle-là qui dura cent ans.

Toujours, il parcourt les allées de son passé, pour revoir en songe son fils aîné, mais la douleur est trop vive, qui l'étreint, puis il revoit le doux visage de celle qui lui donna ces deux solides garçons, sa bien-aimée que la maladie, cruelle, lui a ravi.

Alors, utilisant le peu de force qui lui reste, Guillaume quitte la maison pour aller jusqu'au petit cimetière, sous l'orbe paisible de la lune. Chaque fois, qu'il revient dans cette vieille demeure, il ne saurait manquer de venir rendre hommage à ses chers défunts.

C'est la mort de son fils aîné et par ses propres mains, qui l'anéantit au plus au point. Il n'y a que deux années que le drame est arrivé. Son grand âge ne lui permet plus d'entendre bien et de voir finement. Et se voyant attaqué, à vesprée, par cinq marauds sur le chemin de Lourdes La Belle, il s'est défendu, épée en main, avec vaillance. Il était seul contre ces coquins, tellement à manier la lame du mieux qu'il pouvait, qu'il n'a pas vu qu'un chevalier s'ajoutait à la bataille et il ne l'a pas entendu, alors que tout en combattant, il lui lançait :

- " Père, je viens à votre rescousse et il n'est pas de manants qu'à nous deux, on ne repousse ! "

Mais Guillaume tout à sa lutte, pourfend l'un, tranche le cou de l'autre et transperce au coeur celui qu'enfin il reconnait. Son enfant est à terre, il se vide de son sang et le père qui a frappé aveuglément, ressent alors et encore maintenant, tout le poids de l'univers sur ses épaules, un chagrin indicible, insoutenable. Il ne peut regarder sa main, celle-là qui vient d'ôter la vie à cet être que tant il chérit, se maudissant éternellement et bien plus encore.

Un halo spectral inonde de douceur la pierre tombale où il se laisse choir, en proie au désespoir, meurtri, sanglotant comme un enfant. Il prie le Dieu de Miséricorde de le rappeler à lui car il n'a plus goût à la vie, ici bas tout n'est plus que douleur et il supplie que de son trépas, sonne l'heure. Cette faute l'écrase, le broie, le laisse sans courage, lui Guillaume Gonthier de Chanzac, il n'a plus de joie, il a perdu la quiétude et aussi le sommeil, à tout jamais.

Vous qui passez par ici, plaignez le vieux chevalier, sa peine est sincère, son chagrin est bien réel et si vive est sa douleur.

Et le vieux conteur se tut,

L'assemblée était consternée...

Les hommes avaient l'air abattu.

Les dames, doucement, pleuraient.

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Oyez, oyez ! Braves lecteurs ! Déposez ici une dizaine mots et j'en ferai, si vous le souhaitez, une autre histoire...


Texte publié par Lisa D., 16 février 2020 à 18h44
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