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- Salut, tu es nouveau ici ? C'est la première fois que je te vois !

Elle est assise sur un banc à la peinture écaillée, un livre posé sur ses genoux gainés d'un jean fané. Ses longs cheveux cuivrés couvrent ses épaules comme une houppelande. Elle lève vers moi de beaux yeux, bleu pâle tirant vers le lilas. Un léger sourire relève la courbe sinueuse de ses lèvres.

Je réponds avec hésitation que je viens d'arriver sur le campus, que je ne connais personne. Elle m'écoute, attentive, curieuse, avec cette pointe de passion attisée par la nouveauté. Nous échangeons nos prénoms, nous en goûtons la saveur sur nos lèvres. Elle se propose de me faire visiter les lieux. Jusqu'au soir, elle sera là pour moi, rien que pour moi...

* * *

- Bonjour, tu viens d'arriver ? Je ne me rappelle pas t'avoir déjà vu !

Elle est installée sur un banc défraîchi, jambes croisées sous sa longue jupe, les cheveux noués en un chignon hâtif qui laisse échapper une brume de mèches brillantes. Elle a refermé son carnet, sagement accroché son stylo à la couverture ; elle lève vers moi son beau regard, couleur de lavande pâle.

Balbutiant un peu, j'explique que je suis arrivé la veille, que je peine à prendre mes repères. Elle me fixe avec attention, avec cette assurance de ceux qui sont en territoire connu, mais n'ont pas oublié l'époque où ils ont dû le conquérir. Nous nous présentons plutôt formellement. En rangeant son carnet dans son sac, elle propose de m'aider à m'y retrouver un peu. Pendant tout un jour, elle sera ma guide ; je la suivrai avec dévotion.

* * *

- Hello, c'est la première fois que tu viens ici ? Je ne me souviens pas de t'avoir rencontré !

Elle est posée au bord d'un banc qui a vu des jours meilleurs, jambes soigneusement serrées à cause de sa jupe courte, tenant à la main un bouquet de feuilles calligraphiées. Ses cheveux tressés la couronnent d'un diadème de bronze. Elle me fixe de ses prunelles claires, tirant subtilement vers le violet.

D'une voix intimidée, je reconnais que je débarque à peine et que tout ici me paraît terriblement étranger. Elle me considère avec commisération, mais aussi un léger amusement, plus affectueux que moqueur. Elle me rétorque que ce n'est pas bien grave ; juste aujourd'hui, elle m'accompagnera volontiers où bon me semble. Puis elle me demande mon nom. Jusqu'au soir, elle demeurera à mes côtés, telle une bonne fée veillant sur moi à chaque instant.

* * *

Quand le jour prend fin, que vient l'instant de la séparation, elle me permet de la remercier d'un chaste baiser sur la joue. J'ai plongé la main dans ma poche, puisant au creux de mes doigts un peu de poussière de fée ; dès qu'elle approche son visage du mien, j'ouvre ma paume et je souffle doucement une pluie pailletée vers elle.

Comme tous les soirs, je formule le vœu qu'elle m'oublie, comme si nos pas ne s'étaient jamais croisés.

Pour que le lendemain, à nouveau, notre rencontre garde toute la magie, toute l'intensité de la première fois.


Texte publié par Beatrix, 11 février 2020 à 00h18
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