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tome 1, Chapitre 2 tome 1, Chapitre 2

Quinze ans plus tard ...

L'ombre se déplaçait furtivement, pas un seul bruit ne rompait le silence de plomb qui s'était établi sur la ville. Elle se glissait dans la pénombre, elle ne faisait plus qu'un avec elle et s'enfonçait dans la noirceur, indétectable.

La cape sombre l'enveloppait comme une seconde peau, ne la gênant en rien dans ses mouvements. Elle embrassait la nuit, l'utilisait et la faisait sienne. Cette dernière l'accueillait avec joie en son sein, elles étaient de vielles amies après tout. La silhouette se déplaçait rapidement, furtive. D'un bond souple, elle crocheta une gouttière et s'élança sur le toit grâce à une torsion des reins. Elle retomba gracieusement sur ses pieds en émettant un léger son mat, presque imperceptible et fit un clin d'œil au chat qui l'observait avec calme. Il s'étira de toute sa longueur, se redressa sur ses pattes et se dirigea vers le rebord du toit, pour se remettre en boule, mais cette fois les yeux grands ouverts et les oreilles à l'écoute.

L'ombre haussa les épaules et continua son chemin, s'élançant sur les toits comme sur la terre ferme. Elle se retrouva rapidement devant un manoir imposant et sombre, sa cible en ce soir. L'immense bâtisse semblait sortir d'un temps ancien. La lourde porte en fer était parsemée de centaines de trous, sûrement dus à des attaques essuyées par le passé. La résidence était entièrement faite de pierre noire, totalement imperméable au déchaînement de l'éther. De grandes tours encadraient la maison principale, lui conférant un air majestueux et fier. Des gargouilles protectrices étaient disséminées sur les corniches au dessous des toits.

Elle sortit d'une poche un petit talisman qui lui avait été remis par son ancien employeur. Pour mener à bien sa mission, elle avait fait des recherches sur le lieu, et ses habitants, de sa mission et quel meilleur moyen de s'informer que de faire partie du personnel dudit manoir pour une durée limitée ? Pendant près d'un mois, elle avait joué la parfaite employée de maison, chambrière charmante et appliquée. Elle avait supporté avec une rare patience les regards lubriques et les sous-entendus salaces, ne rêvant que de pouvoir les transpercer de sa dague. Elle les voyait à ses pieds, le sang quittant doucement leur gorge.

Une véritable utopie, seule sa cible devait périr aujourd'hui, elle ne devait faire que le minimum de morts possible. Pendant ces quelques semaines, la brune avait réussi à acquérir toutes les informations importantes sur sa proie, analysant et préparant le détail des actions qui suivraient. Il était fou d'observer à quel point les gens ne prêtaient pas attention à cacher correctement leurs secrets, elle se demandait parfois si cela n'était pas fait exprès. A la fin du mois, on l'avait remerciée, son remplacement prenait fin. Elle avait alors malheureusement oublié de rendre le précieux pendentif qui permettait de passer devant les gargouilles sans dommage.

Elle s'élança par-dessus la grille, les mains passant parfaitement entre les pics, et son corps décrivit une parfaite arabesque. Les gargouilles n'émirent aucun bruit et ne se murent pas non plus. Rassurée, elle pénétra la demeure et se faufila dans les dédales de couloirs. Elle plia son poignet et une lame quitta son fourreau sur son bras pour atterrir en douceur dans sa paume. D'une vingtaine de centimètres, avec un équilibre parfait, la dague de jet était parfaite pour ne pas se faire repérer.

Elle inspira profondément et se détendit. La joie et la plénitude semblaient émettre d'elle par vague, l'ombre était enfin dans son élément. Un sourire malicieux apparut sur le visage légèrement éclairé par la lumière des bougies présentes dans le corridor. Il était temps. Un des protecteurs de sa cible apparut doucement au bout du couloir, parfaitement à l'heure pensa-t-elle avec ironie. Avant qu'il n'ait eu le temps d'activer la pierre de contact qui aurait révélé sa présence dans le manoir, la tueuse lança la dague. La lame fit un tour sur elle-même avant de se ficher en plein cœur, la chair de l'homme n'opposa aucune résistance.

La silhouette s'approcha du cadavre et le traîna dans un des placards, attenant au couloir. D'un geste, elle retira l'arme de jet, elle la nettoya sur sa cape et rangea la dague dans son étui. Elle tira ensuite de son fourreau de hanche son épée. Elle frissonna de plaisir au contact du pommeau dans sa main. L'acier semblait chanter pour elle. Un véritable bonheur.

Chapitre 01

Quand elle se remit en mouvement, elle ne semblait plus vraiment humaine, on ne voyait dans ses mouvements que sauvagerie retenue tel un grand félin parti en chasse. Ses yeux firent une brève apparition et on put voir de grands yeux améthyste où un éclat étrange brillait. Tous les muscles du corps de la jeune femme semblaient crier d'impatience, les longs doigts fins semblaient attendre seulement la vue de leur proie. Elle avisa une grande porte en chêne massif, elle ouvrit sans bruit la porte et pénétra dans la pièce richement décorée. De lourdes tentures vertes cachaient les fenêtres, les rayons des deux astres lunaires ne parvenaient pas à passer à travers. La cheminée faite de marbre pur s'imposait par sa masse et un feu joyeux flambait dans l'âtre. Elle embrassa du regard la pièce et repéra sa cible, assise confortablement dans un fauteuil. Silencieusement, elle se glissa vers lui.

L'homme était imposant, même assis. Ses courts cheveux noirs semblaient combattre le passage du peigne. Son visage possédait des traits communs, mais une marque permettait de le reconnaître à coup sûr : une immense balafre barrait sa face. Elle partait de sa bouche pour remonter tout le long de sa mâchoire jusqu'à rencontrer son œil gauche. Peu de personnes arrivaient à garder un visage impassible face à lui. La messagère de la faucheuse restait impassible, elle avait déjà vu bien pire, des figures estropiés et défigurés, par sa main souvent. De nombreuses rumeurs circulaient sur le pourquoi de cette cicatrice. Certains prétendaient qu'il l'aurait reçu lors d'un duel contre un autre noble avant de le tuer. D'autres disaient qu'une jeune femme l'aurait défiguré par dépit amoureux.

La réalité était bien plus sombre. Cet homme était aux rênes d'une organisation illégale, qui trempait dans le trafic d'être humains et d'armes. Il avait écopé de la marque au cours d'un règlement de comptes avec un autre gang qui trouvait que le réseau prenait un peu trop d'ampleur. Au cours de la guerre mafieuse qui avait suivi, le chef adverse avait réussi à le marquer dans un combat. Le sang avait jailli après le passage de la lame. Aveuglé par la douleur et le sang, le blessée avait attrapé son ennemi et l'avait fait lourdement chuter en lui brisant le genou d'un coup de talon derrière celui-ci.

Une fois à terre, il avait agrippé les cheveux et avait fait rencontrer la tête contre le sol. Un bruit sourd et profond ponctué de gémissements de douleurs à peine audible . Ce rythme avait résonné dans la cour où le combat avait lieu. La complainte de la victime avait heurté les oreilles de tous les guerriers. Même après la fin du chant funèbre, il n'avait pas cessé de briser la tête. Tout autour de lui, des morceaux de cervelles étaient éparpillés, le sang se répandait tout autour de la victime. Le regard fou du balafré après voir fini sa besogne avait glacé les hommes. Les combats avaient cessé et tous s'étaient ralliés au vainqueur.

La jeune femme sortit avec délicatesse de sous sa cape une rose aux épines particulièrement longues et acérées. Une lueur s'alluma dans le regard de l'homme et avant qu'il n'ait eu le temps de faire un geste, la silhouette se posta devant lui :

« Alors vous êtes venu. Je ne pensais pas qu'ils auraient l'audace de mettre un contrat sur ma tête. Je n'aurais surtout jamais cru qu'ils enverraient une simple femme pour me liquider ! Enfin à quoi pensaient-ils ?

— Je suis la Faucheuse, je viens prendre votre vie, car vous avez failli, le coupa-t-elle d'une voix froide. Il est temps de recevoir le paiement promis à mes maîtres.

— La Faucheuse... Je vois. Alors je ne peux rien faire. Pourtant, je ne me laisserai pas faire comme... »

Elle s'était mise en mouvement si vite qu'il ne put que cligner des yeux avant de voir une longue épée se planter dans son corps, la lame le traversait de part en part. Il la regarda les yeux ronds, avant d'exhaler un soupir et de cracher une ultime gerbe de sang. Si vite... Comment avait-elle fait ? Il était si près du but, il... Les paupières de l'homme ne luttèrent plus et il mourut sans n'avoir rien pu faire. Cela avait été si rapide, au moins, le maître serait content. Elle soupira et retira sa lame du corps. Elle la fit glisser le long des vêtements de l'homme pour enlever toute trace du liquide poisseux dessus. La jeune femme rangea ensuite la lame dans son fourreau. La porte s'ouvrit brusquement et elle entendit distinctement :

« Père, je vous... »

Elle ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase et d'un geste rapide et précis fit tomber dans sa main sa seconde dague de jet, sur son bras gauche. Dans le même mouvement, elle l'envoya filer vers sa proie impromptue et le poignard pénétra la gorge de l'adolescent. Avant qu'il n'eût fini sa chute, elle rattrapa le cadavre et le tira à l'intérieur de la pièce, tout en prenant soin de refermer la porte. Elle jura et maudit les dieux pour cette interruption. Elle avisa les grandes armoires présentes dans le salon et traîna le corps vers l'une d'elles. Elle ouvrit les deux battants et réussit à entreposer l'adolescent dedans, utilisant les clous qui la composaient au mieux. Cela donnait un résultat plutôt artistique.

Chapitre 01

La garde n'allait pas tarder à revenir et aussi forte qu'elle était, elle ne pourrait pas réussir à venir à bout d'une cinquantaine d'hommes parfaitement entraînés. Elle accéléra le pas, se mit à courir dans les dédales, toujours aussi silencieuse. Elle atteignit la cour au moment où les gardiens de son hôte retournaient dans le hall. Elle souffla et se détendit. La morsure du froid fit du bien sur la peau brûlante, elle apaisa la chaleur que son corps dégageait. Elle s'avança furtivement au fond de la propriété, où un immense parc surplombait la ville. La cité s'étendait sur la plaine, les sinueux réseaux des quartiers, guildes et familles se découpaient au loin.

La jeune femme posa les mains sur le tronc de l'immense draka, le laissant lui donner les informations qu'elle souhaitait. Les yeux fermés, elle analysa les données. Personne ne se trouvait dans les rues adjacentes et aucune protection éthérique n'empêchait la sortie. Du bout des doigts, la jeune femme dessina un sigle particulier et l'arbre sembla s'ébrouer pendant quelques irréelles secondes. Un voile se brisa autour du végétal et elle commença alors à grimper avec précaution et fluidité. Elle sentait ses muscles répondre à la moindre de ses sollicitations, lui conférant une sensation de liberté incomparable. Parvenue à une branche assez haute, la silhouette s'accroupit et s'élança par-dessus le mur gardien après avoir jeté son amulette protectrice.

Les gargouilles se réveillèrent pendant les quelques instants où la fragrance de l'intruse arrivèrent jusqu'à elles. Leurs corps de pierre se mirent à trembler et une dizaine de paires d'yeux rouges s'ouvrirent simultanément. La rage et la soif se lisaient en eux tandis qu'elles quittaient leur corniche et s'étiraient, prêtes à la chasse. Leurs appendices nasaux ne se constituaient que de deux fentes mais cela leur suffit pour se précipiter vers l'arbre pour débusquer l'envahisseur.

Les cousines des chimères scrutèrent le médaillon avant de s'élancer vers l'arbre et de tenter de grimper dedans. Au moment où leurs pattes griffues se posèrent sur l'écorce fragile, un violent champ de force les projeta loin de son tronc, les sonnant. Aveuglées par la rage, elles concentrèrent leurs maigres ressources de mana pour les envoyer sur l'arbre. La protection de l'arbre ne broncha pas et l'onde de choc se répercuta en dehors, détruisant toute forme non-naturelle, donc l'amulette. L'herbe ne fit qu'onduler, comme secouée par un vent de nord. Les gargouilles, privées d'énergie, perdues car l'essence étrange avait disparu, retournèrent sur leur corniche et se rendormirent, attendant la prochaine alerte.

L'ombre avait attendu de ressentir l'onde de choc avant de quitter définitivement les alentours du manoir. Les gardiennes de ce type avaient toujours le même mode opératoire, les tromper n'étaient pas des plus compliqués avec le bon tempo. Non seulement, elle avait réussi à affaiblir les défenses des gardiennes, mais en plus, elle avait pu détruire la seule preuve la reliant de près ou de loin à l'assassinat du chef de mafia. La jeune fille aux yeux violets sourit. Elle allait enfin pouvoir rentrer.

Quelques rues plus tard, elle retira sa cape et continua son chemin, indifférente aux regards. D'un geste fluide, la brune sortit sa pierre de contact et se décida à faire son rapport de mission au chef de sa guilde. D'une simple pression, la pierre s'éleva dans les airs et se plaça devant elle. La jeune femme énuméra alors une série de chiffres et de lettres avant d'attendre quelques instants.

Rapidement, le visage d'un homme apparut devant elle. Les cheveux blancs d'os, de grands yeux noirs et bordés de longs cils, le sir Lugos Rennan était le parfait représentant de sa race, les Shanren. Ces derniers étaient passés maîtres dans l'art de la chasse à l'homme, ils étaient considérés comme de grands guerriers, leur prédisposition pour l'utilisation de l'éther ne pouvant que les aider. La voix de l'homme la ramena à l'ordre et elle écouta attentivement :

« Mission réussie je suppose, au hochement de tête de la brune, il continua, très bien. J'ai une nouvelle mission pour toi, toujours dans cette ville. Il semblerait que certaines... personnes prévoient des attaques contre la deuxième sphère. Il ne faut en aucun cas que quoi que ce soit n'intervienne pendant les négociations actuelles que nous menons avec elle. Les discussions ne doivent pas être dérangées par je ne sais quels problèmes mineurs, tu devras donc découvrir qui cherche à saboter nos entrevues et pourquoi. Ensuite, débarrasse-toi du problème. Je t'envoie les Alecta pour t'aider, je pense que tu auras besoin d'eux.

— Je pourrais très bien ...

— C'est non Damna ! Ils iront avec toi, coupa sèchement l'homme, autre chose ? »

La jeune femme marmonna quelques mots indistincts et se referma sur elle, stoïque. D'un geste de la main, elle indiqua qu'elle avait compris. Satisfait, le Shanren coupa la communication après lui avoir transféré le montant gagné par sa mission. Damna pesta, ce sale petit... le sifflement appréciateur d'un homme lui permit de défouler sa rage. Les quelques cris se perdirent rapidement dans la nuit et la tueuse quitta l'endroit malfamé pour se diriger vers le quartier des auberges, où une chambre l'accueillerait pour la nuit.

Non loin, deux grands yeux ambrés la fixaient avec curiosité dans la pénombre, ils semblaient attendre quelque chose.

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Glossaire :

Shanren : race proche de l'être humain, ce sont des guerriers capables de maîtriser à la fois l'éther et les armes plus conventionelles. Redoutable, il n'est jamais bon d'entraîner un Shanren dans un bagarre d'ivrogne, ils sont souvent les gagnants. Grands séducteurs, ils adorent jouer de leur charmes qui sont souvent important.

Draka : Arbre séculaire des temps anciens. ils empêchent les êtres de grimper sur leurs branches grâce à un champs de force que personnes ne peux briser. Seulement, un certain sigle permet de se faire accepter par l'arbre, il faut avoir aussi fait une autorisation délivrée par le conseil des Drakas supérieur. Il détecte en outre les différents sort lancés, en sommeil ou actif et connaissent grâce à leurs racines de précieuses informations.

> Alors alors, qu'est ce que vous en pensez ? J'espère ne pas avoir forcé et ne pas non plus vous avoir dégoutée ! Que pensez-vous qu'il va se passer ? Qui sont donc les Alecta ? Quels sont donc ces deux yeux jaunes ? Comment trouvez vous le personnage de Lugos Rennan ? Tant de question et si peu de réponse pour le moment, qu'en pensez vous alors ?


Texte publié par Psychée, 28 décembre 2013 à 17h42
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