Rouge comme les feuilles des arbres qui tombent en automne, par centaines voir par milliers. Toutes dans un panel de cuivré. Un mélange de couleurs chaudes qui me donnait du baume au cœur, là où certains dépriment. Automne, notre saison, t'en souviens-tu ?

Rouge comme tes joues dévorées par le froid, alors que tu marchais courageusement pour aller travailler lors d'une grève des transports en commun.

Rouge comme mon écharpe moqueuse et joueuse qui s'était sauvé pour mieux te rejoindre. En tournant la tête, je t'avais aperçu et j'avais su que plus jamais tu ne quitterais mon esprit. Je voulais déjà que tu fasses partie de mon monde.

Rouge comme ton vernis à paillettes, celui que tu aimais tant. Celui pour lequel tu t'es énervée quand tu ne l'as plus retrouvé.

Rouge comme tes pieds ce soir-là, à cause de la marche forcée et de tes chaussures hautes d'une dizaine de centimètres. Plus jamais, je te revis avec.

Rouge comme la marque de ton rouge à lèvres sur mon miroir, symbole de ton passage que je m'étais résolue à ne jamais effacer tant il avait marqué mon âme. Une trace trop vite disparu par l'effet de ta magie.

Rouge comme tes colères qui faisaient ressortir le pire de toi-même. Un démon qui s'apaisait difficilement. Mais une fois ceci fait, il ne revenait pas avant longtemps, caché dans les tréfonds de ton âme, attendant son heure.

Rouge comme cette robe que tu chérissais tant. Celle que tu gardais précieusement dans ton armoire, même si tu ne pouvais plus la mettre. Parfois, tu la sortais pour la placer devant ton corps dans le vain espoir que les choses changent brusquement et que tu retrouves comme avant.

Rouge comme le rubis à ton doigt. Preuve de ma folie, de mon attachement pour toi. Cadeau inespéré que tu n'avais jamais osé imaginer. Je le voulais unique. Unique comme mon amour pour toi.

Rouge comme moi, après la chute. Mon regard voilé par le sang qui s'échappait avec hâte de ma tête. Et moi, qui ne ressentais plus rien. Qu'importe que l'on me parle, ma seule pensée était ton visage. Un visage qui devenait de plus en plus rouge, se noyant dans le fluide vital, disparaissant de mon esprit malgré mon acharnement pour le garder à mes côtés. J'avais tant de choses à te dire. Mais j'y repense...

Rouge comme le bout du pistolet encore chaud sur ma tempe. Dernière action dans un monde de haine. Un dernier pied-de-nez au destin.

Rouge comme mon sang dans toute la pièce. Souvenir d'une vie qui fut et qui n'est plus.

Rouge comme la plus belle des choses qui soit. Mon cœur qui bat. A chacun de ses battements, je sens ton odeur, j'entends le son de ta voix, je revois ton visage sévère mais tendre à la fois. Ce cœur...

Mon cœur, c'est dans ta poitrine qu'il bat maintenant et à chacun des battements, c'est un message d'amour pour toi, pour que tu n'oublies jamais qu'un homme t'aimait tellement qu'il a donné sa vie pour toi.