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tome 1, Chapitre 27 « Mauvaises surprises (Part 2) » tome 1, Chapitre 27

Michael se figea, glacé d’effroi à l’entente de ces quelques mots, avant d’être parcouru d’un frisson. Ces deux idiots ? Non, ils n’avaient pas – même disparu, il parvenait encore à –

– J’ai déjà interrogé Cockatiel à ce sujet et organisé une fouille de ses quartiers, poursuivit Uriel, indifférent à ses états d’âme. Rien. Il ne se rappelle même pas avoir eu l’objet entre les mains. D’après lui, c’est son collègue qui l’avait. J’ai également fait fouiller les quartiers de Picarel mais cela n’a rien donné. Le plus probable est que ce dernier soit parti en Enfer avant de le déposer et, par conséquent, qu’il soit parti avec.

– Quoi ?

Etait-ce donc cela ? Picarel avait-il eu dans l’intention de les trahir et de livrer l’objet aux démons ?

– Michael, Picarel n’est pas un traitre…, souffla son collègue, qui avait deviné l’hypothèse qui s’était dessiné dans son esprit, d’une voix lasse.

Observer ses traits et ses yeux exorbités suffisait à s’en faire une idée.

– Et comment peux-tu le savoir ? lâcha le Prince dans un grognement, agacé malgré lui par la remarque.

Ce n’était pas Uriel qui se coltinait l’imbécile à chacune de ses bévues ! Cela était-il arrivé au moins une fois, d’ailleurs ?

– Il n’y a nul besoin de l’avoir sous ses ordres pour comprendre que cet ange est paresseux et distrait, répondit Uriel, comme s’il avait lu dans ses pensées. Le plus probable est qu’il soit parti pour une raison quelconque et qu’il ait oublié de déposer cet objet avant. Combien de fois as-tu dû lui courir après pour les récupérer ?

– … Ce n’est pas faux, avoua Michael au bout d’un moment, dépité.

Presque tout le temps, en fait.

Il bomba le torse, le visage ferme. L’heure était grave. Cela faisait… combien de temps, depuis le départ de Picarel ? Ciel, qu’il aurait préféré ne pas avoir à se souvenir de lui ! Rien que d’y songer, il sentait émerger une migraine. Il aurait aimé s’en détourner et tout oublier, mais la situation ne lui laissait qu’une seule option.

–Uriel, convoque une réunion d’urgence ! Pour tout de suite !

Uriel soupira. Comment ne s’en serait-il pas douté ?

**

– C-c’est inadmissible ! Ce qu’ils leur font, c’est… c’est écœurant !

Picarel était difficile à choquer et, cette fois, il en venait à bégayer. Sytry lui tapota l’épaule en signe de sollicitude. Peut-être aurait-il dû lui expliquer la scène ? Pas sûr que cela aurait arrangé les choses et arrêté la diatribe que l’ange répétait en boucle – ni qu’il y aurait compris quelque chose, tout un pan de la vie lui était visiblement étranger. Malgré cela, un sourire goguenard s’étirait sur ses lèvres et trahissait son amusement. Cependant, comme il marchait juste à côté de Picarel, ce dernier ne s’en était pas aperçu.

– Tu l’as déjà dit plein de fois, tu le sais, n’est-ce pas ?

Picarel ne releva pas. Confronté à son silence, Sytry fit la moue. Il en venait presque à avoir pitié de lui… ce qui était complètement idiot ! De plus, il était en Enfer, à quoi s’était-il donc attendu ? Bien sûr que la zoophilie y était pratiquée, les humains le faisaient bien eux-mêmes sur Terre ! Et la maltraitance était également légion mais Sytry n’avait osé le lui dire à aucun moment, de crainte de le déprimer davantage. Une absurdité de plus ; il n’était pourtant pas d’un naturel compatissant… Cependant, le plonger dans un état pareil n’avait rien d’amusant pour lui, ce devait être pour cela.

Réussir à l’extirper de la salle aux gastéropodes n’avait pas été une sinécure. Même si Picarel avait rapidement confirmé qu’aucune des limaces présentes n’était Nana – mauvaise espèce, trop claire et trop fine –, il s’était mis en tête de les récupérer en vue de les ‘sauver’. Convaincre l’ange de sortir sans les bestioles et convaincre en même temps les clients démoniaques, fâchés par cette interruption et ces jérémiades, de ne pas massacrer le blondinet pour cet outrage avait relevé du miracle. Le trainer derrière lui dans tout le quartier d’Asmodée puis en dehors n’avait pas été simple non plus. Heureusement, le bâtiment qu’il visait n’était plus qu’à quelques pas d’eux. Il ne s’était pas vu le ramener à la demeure de Byleth, beaucoup trop éloignée à son goût. De toute façon, Picarel avait besoin d’un petit remontant, autant pour cet échec dans sa pseudo-quête que pour le choc engendré par sa découverte.

– Je ne comprends pas… comment peut-on faire une chose pareille à des animaux ? C’est de la maltraitance, de…

Sytry roula des yeux. Combien de fois l’avait-il entendu ? Cinq, peut-être six ? Au moins !

– Qu’en sais-je ? Je ne suis pas un adepte de ces pratiques-là non plus ; j’imagine que j’ai une sexualité plutôt classique en comparaison.

Picarel s’arrêta pour le considérer avec perplexité.

– Sè… Sèksualithé ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Et quel rapport ?

Sytry pinça les lèvres pour retenir un gloussement. Etait-il réellement étonné ? Toute la visite dans le quartier de la luxure avait démontré à quel point Picarel n’avait aucune idée de ce qu’était un rapport sexuel. Les anges étaient-ils donc frigides au point de refuser d’entendre parler de tout cela ? Le fait d’avoir Michael à leur tête n’y était peut-être pas étranger, cela dit, vu le personnage… Et tout cela ne le rendait que plus enthousiaste. Ce serait si drôle de l’inviter à s’y pencher ! Picarel n’était innocent que par ignorance, après tout, et un innocent… cela se corrompait ! Quelle tête ferait donc Michael s’il récupérait son ange perverti ? Rien que l’idée le distrayait. Ah, qu’il était heureux de l’avoir rencontré ! Les jours à venir promettaient d’être des plus intéressants !

Et il était presque sûr que Picarel l’en remercierait, quand il en aurait noté les avantages.

– Peu importe, ronronna le prince démon, les yeux plissés. Nous sommes arrivés.

Ce ne fut qu’à cet instant que Picarel se rendit compte qu’il n’avait pas prêté attention à leur destination. Perplexe, il jaugea la devanture colorée qui se dressait devant eux.

– Où sommes-nous ? Nous ne sommes plus chez Asmodée ?

– Non ! Nous avons quitté son quartier il y a un moment, déjà, tu ne t’en es même pas rendu compte ?

– Bah, non…

– Peu importe. Ceci appartient à Bibesia.

Sur ces mots, Sytry le poussa et ils pénétrèrent à l’intérieur. Picarel tiqua, stupéfait, tandis qu’il observait son nouvel environnement. Il connaissait ce genre d’endroit pour en fréquenter sur Terre.

– Un bar ?!


Texte publié par Ploum, 26 septembre 2021 à 21h32
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