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tome 1, Chapitre 22 « L’antre d’Asmodée (Part 3) » tome 1, Chapitre 22

Byleth déclina la proposition.

– Je vais attendre mon tour. Sans compter qu’il y a quelques petites choses dont je voudrais que nous discutions avant que l’un de nous n’ait la bouche trop occupée pour cela. Et puis, n’avez-vous pas bientôt fini ?

– Voyons, tu sais bien que nous pouvons nous occuper ainsi pendant des heures.

La sueur qui recouvrait les deux corps indiquait qu’ils se consacraient à cette activité depuis un certain moment. La fatigue n’empêchait pas Baphomet de se montrer des plus sauvages, et la présence de leurs invités ne le rendit pas plus délicat : ainsi, sans même un regard pour eux, il plaqua son amant plus durement contre la surface en bois. Picarel sursauta au choc, un peu effrayé. A cet instant, il se dit qu’il n’aurait aucun regret à ne pas être initié à leurs jeux. Trop violents à son goût, dont l’aspect ludique lui échappait totalement.

– Je suis sérieux, As’, insista Byleth avec un soupir, après avoir croisé les bras. Une pause de quelques minutes ne vous fera pas de mal, si ?

Un autre soupir vint faire écho au sien.

– Quelques minutes.

Byleth acquiesça d’un air distrait avant de se renfoncer dans son siège. Lorsqu’Asmodée leva la tête, Picarel nota que le côté de son visage ayant rencontré le bureau avait pris une légère teinte rouge. Cependant, l’extase qu’il exprimait laissait deviner qu’il était loin de lui en vouloir, ce qui demeurait un mystère pour Picarel, tout comme l’indolence de Byleth. Baphomet, lui, restait stoïque, mais il lui était difficile de décrypter ses traits de bouc, contractés en une moue concentrée. Il se sentit comme un extraterrestre et, un instant, il se demanda s’il n’était pas tout simplement en train de rêver cette excursion. Pourquoi Asmodée ne ressentait-il aucune gêne alors qu’il se livrait à une scène des plus intimes devant un public ? Si celle-ci n’avait pas plus de sens pour lui qu’au rez-de-chaussée, la pudeur inculquée depuis des siècles lui susurrait que ce n’était pas normal. Enfin, selon les critères angéliques.

Les joues rouges, il tenta de regarder ailleurs, sans succès ; les gémissements nullement discrets que poussait Asmodée l’incitaient à assouvir sa curiosité pour enfin saisir leur origine. En cherchant un appui auprès de ses accompagnateurs démoniaques, il s’aperçut que ces derniers étaient loin de partager son malaise. Au contraire, ils observaient la scène sans aucun scrupule et lorgnaient même sur les attributs offerts à leurs yeux avec une certaine avidité. Nul soutien à espérer de leur côté.

– Aaaah, mais que ferais-je sans toi ? susurra Asmodée d’un ton langoureux à Baphomet qui qui venait de s’immobiliser, après s’être bien enfoncé en lui.

Ce dernier jeta un coup d’œil plus bas, où du fluide s’était écoulé.

– Tu te branlerais tout seul ou t’essaierais de convaincre l’un de ces gars de baiser avec toi.

Après une seconde d’hésitation, il reprit ses va-et-vient sans qu’Asmodée ne protestât, bien au contraire. Il gloussa.

– Byleth ne serait pas difficile à convaincre.

– Sauf que je ne suis pas venu avec autant de compagnie juste pour cela.

– Autant de compagnie… ?

Asmodée se redressa et balaya la pièce du regard, ignorant Baphomet qui s’était figé contre lui avant de s’écarter, atteint par le même élan de curiosité. Picarel se mit à prier pour qu’un drap apparût de nulle part et les recouvrît, car leurs nouvelles positions rendaient leur nudité plus frappante encore. Evidemment, rien de tel ne se produisit. Il baissa la tête, la peau en feu.

– Tiens mais c’est vrai ! Byleth, tu m’as emmené de la visite ! Sytry, tu – c’est qui celui-là, à côté de toi ?

Il ne m’avait pas remarqué depuis le temps ? songea Picarel, perplexe. Sytry le poussa devant lui et il se sentit tout à coup un peu trop exposé. C’était un roi-démon, après tout, même à poil. Pas de quoi faire le malin.

– A voir sa tête, c’est à se demander ce qu’il fait là ; il fait très propre sur lui, fit Asmodée en le considérant avec une vague curiosité. Enfin, ce n’est peut-être qu’une impression… L’un de vous a envie de se joindre à nous ?

Baphomet n’attendit pas plus pour se réintroduire en lui et reprendre sa besogne avec une ardeur renouvelée. Les lèvres de Byleth se redressèrent en un sourire amusé.

– As’, tu es irrécupérable.

Pas de réaction, si ce n’était un rire. Sytry secoua la tête en signe de dénégation, affirmant que sa position de simple observateur lui convenait. Picarel, lui, écarquilla les yeux avec horreur. Asmodée soupira avec fatalisme.

– Ah, Baphi, tu as raison, je crois que j’aurais dû me débrouiller tout seul. Quelle tristesse.

– Et moi, alors ? protesta Byleth avec nonchalance.

– Je t’ai proposé mais tu ne veux pas !

– Je t’ai dit que je –

– Sérieux, As’, comment peux-tu prendre ton pied si tu te dissipes autant ? grogna Baphomet, exaspéré.

Asmodée pouffa tandis que Byleth roulait des yeux.

– Voyons, je suis le démon de la luxure, je peux le prendre avec n’importe quoi ! Et tu es suffisamment imposant pour que je ne t’oublie pas, ne t’inquiète pas pour cela ! ajouta-t-il avec un clin d’œil.

Baphomet émit un bruit sourd mais ne répliqua pas. Asmodée jeta une autre œillade à Picarel et, alors qu’il allait se détourner de lui au profit de Byleth, il le scruta soudain avec plus d’attention avant d’écarquiller les yeux.

– Mais c’est un ange ! Où l’as-tu récupéré, Byl’ ?

La respiration de Picarel s’arrêta à ces mots. Il jeta un regard paniqué vers Byleth. Il était repéré ! Cependant, ce dernier restait fidèle à lui-même, indolent et relax, et Picarel ne sut comment réagir. Il ne paraissait pas prêt à réfuter les propos de son condisciple. Pourtant, il devrait –

– Juste le hasard, répondit ce dernier. Je n’aurais pas cru que tu le remarquerais aussi vite.

– Voyons, entre anges, on sait se reconnaitre !

Picarel se retint d’intervenir. Il n’était plus un ange mais un démon, et pas sans raison !... Même s’il n’arrivait pas à se remémorer ladite raison. Encore quelque chose qu’il n’avait pas écouté en cours, à moins qu’il eût séché à ce moment-là.

– … Ne t’inquiète pas, je resterai discret à ce sujet, et tu connais Baphi.

Ce dernier garda le silence, les yeux rivés sur son fessier couleur crème brûlée. Personne ne fut certain qu’il eût réellement écouté. Ils n’obtinrent de lui que des claquements de chair sonores qui rythmèrent les quelques plaintes qu’Asmodée laissait échapper.

– Avec qui es-tu venu ici ? lui demanda soudain celui-ci avec intérêt.

Les yeux de Picarel s’agrandirent de surprise. Il désirait réellement lui faire la conversation dans un tel moment ?


Texte publié par Ploum, 24 juin 2021 à 15h09
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