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tome 1, Chapitre 58 « Quête accomplie (Part 1) » tome 1, Chapitre 58

– Eh bien, ce n’est pas comme s’il nous restait beaucoup d’options, de toute façon…

Comme le trio s’était senti à l’étroit dans la chambre de Picarel, ils avaient migré sur le toit pour se vautrer sur des transats inoccupés. Une chance que les chats ne s’étaient pas précipités dessus à cette heure ; ils devaient manger ou roupiller ailleurs. Cependant, ils avaient droit à leurs poils, excepté Sytry qui les avait virés d’un geste de son support, sans leur rendre la politesse. Un oubli, sans doute.

Mahalath se prélassait à quelques pas d’eux et ne les écoutait que d’une oreille distraite. Elle avait accompagné Asmodée, qui était venu rendre visite à Byleth. Une visite impromptue pas si impromptue car Asmodée avait envoyé un mail, que Byleth n’avait jamais lu. Pas que cela le dérangeât, cependant. L’habitude était prise depuis plusieurs siècles.

Devant le regard suppliant de Picarel, Sytry haussa les épaules.

– Honnêtement, nous avons épuisé l’essentiel des lieux aisément accessibles où elle aurait pu se trouver. Nous pouvons continuer de fouiller les animaleries et les autres sites de vente, bien sûr… Si nous voulions aller jusqu’au bout, il faudrait aller dans les propriétés privées, mais cela risque d’être assez difficile. Sinon, elle peut se balader de manière sauvage en Enfer… et alors là, une limace, pour la repérer, bonjour, et elle peut être n’importe où. Bien sûr, tout cela, c’est dans l’hypothèse où elle existe encore.

– Une limace ? Tu cherches une limace, Pika ? s’exclama soudain Mahalath, qui s’était redressée dans un mouvement vif.

Picarel sursauta, un peu surpris par cet élan enthousiaste, puis il acquiesça. À force, il aurait cru que tout le monde en Enfer ou presque était au courant.

– Oui. En fait, je cherche –

– Oh, j’adore les limaces ! J’adore les gastéropodes, en fait – et les oursins !

– Oh, vraiment ?

Le vif intérêt de Picarel accrut la passion de la démone, qui hocha vigoureusement la tête.

– Oui ! J’en ai plein chez moi, d’ailleurs ! Je dois avoir exactement mille cent dix-huit limaces de quarante-deux espèces différentes, dont plusieurs endémiques de l’Enfer –

– Oh, ouah ! Tant que ça ?

– Oui ! J’ai aussi neuf cent quatre-vingt-six escargots de treize espèces différentes, cent vingt-deux oursins de –

– Pour les limaces, certaines viennent de la Terre ?

– Bien sûr ! Je vais les récupérer là-bas directement, une fois qu’elles sont mortes ! Ces humains, je vous jure, ils ne font attention à rien, la plupart meurt écrasée sous leurs sales pieds ou sous les roues de leurs voitures !

Seul Cockatiel tiqua à cause de ces statistiques sorties de nulle part et s’interrogeait sur leur véracité. Picarel, lui, buvait ses paroles et acquiesçait, traumatisé par la mise à mort de Nana à laquelle il n’avait pas assisté – mais la responsabilité devait revenir un humain, assurément, ces monstres inconscients !

– Donc, vous vous adonnez au trafic de limaces ? s’exclama Cockatiel avec un temps de retard, soudain horrifié.

– Quoi ? Mais non, certainement pas ! Ceux qui font du trafic les revendent souvent pour la consommation – cette bande de monstres, c’est tout simplement immonde de faire ça à de malheureuses petites limaces ! Alors que moi, je les sauve !

– Les sauver ? Elles auraient pu aller au Paradis si vous ne les enleviez pas ! s’écria Cockatiel, indigné.

– Et quel intérêt pour elles d’aller là-bas, hm ? Est-ce réellement le paradis pour elles de se prendre des sermons incompréhensibles à tout bout de champ et de se faire réprimander parce qu’elles ne croient pas en Dieu, les pauvres petiotes ?

– Je ne savais pas que ça se passait comme ça, fit Picarel.

– Parce que ça ne se passe pas comme ça, rétorqua Cockatiel en se frappant le front.

– Ah oui ? Et ça se passe comment, pour elles, alors ?

– Je…

Cockatiel se rendit compte que le sujet était glissant, car il n’en avait aucune idée.

– Alors que moi, je les dorlote –

– Comment pouvez-vous dorloter plus de mille limaces en même temps ?

– Je ne le fais pas en même temps, ne sois pas stupide ! râla Mahalath avant de se retourner vers Picarel, plus joyeuse : Tu veux que je te les montre ?

– Quoi ?

– Mes limaces ! Je peux te les présenter, si tu veux. Tu verras, elles sont adorables !

Picarel jeta un coup d’œil à Sytry qui l’enjoignit d’un signe de tête silencieux à accepter. Pourquoi pas, après tout ? Ses chances étaient maigres mais c’était l’occasion de rayer une possibilité de la liste. Autant ne pas la rater.

– J’en serais ravi !

**

– Ça ne ressemble à rien.

– En même temps, c’est le quartier de Byleth, seigneur de la paresse et de l’ignorance. Attendais-tu réellement de lui et de ses suivants qu’ils habitent des œuvres architecturales ? Je dirais que c’est déjà bien que cela ressemble à des habitations à peu près correctes –

– Correctes ? Regarde-moi ces dimensions, c’est du n’importe quoi ! Et la disposition des fenêtres, et –

– Cela tient et cela ressemble à des maisons, même un peu fumeuses. C’est déjà bien. C’aurait pu être une sorte de bidonville sous la menace perpétuelle de l’effondrement tant ils auront été paresseux pour construire de bonnes bases.

– Hm.

Le trio d’anges avançait nonchalamment à travers les rues du quartier de Byleth, vides comme à leur habitude. Pourtant, ils sentaient le poids d’une attention particulière sur eux. Quelques coups d’œil sur le côté leur permettaient de croiser des pupilles fendues qui disparaissaient aussitôt repérées. Aucun ne doutait que Byleth avait déjà connaissance de leur présence ; ses chats, affreux musiciens, faisaient de bien meilleurs guetteurs. Quand ils étaient réveillés et qu’ils avaient une motivation relative à travailler, ce qui constituait une faible fraction de leur journée. Cependant, ils étaient suffisamment nombreux pour se relayer et ainsi exercer une surveillance omniprésente.

Si Michael se défiait d’eux et balayait constamment des alentours d’un œil acéré, Uriel restait indifférent. Dans ce désastre, ils avaient eu de la chance que la paire se fût réfugiée chez ce Roi en particulier ; les chances pour qu’il les attaquât était infime, et pas seulement parce qu’ils déambulaient dans leur quartier à l’heure de la sieste. Mais parce que s’attaquer à deux des quatre Archanges lui ferait une bien mauvaise publicité auprès du Ciel et de Dieu.

– Où est donc son foutu manoir…, siffla Michael entre ses dents.

Il n’était pas le seul à s’agacer de la situation. Uriel aussi en avait assez d’avancer sans itinéraire. Comme la logique n’était pas une priorité chez Byleth, aucune organisation n’était visible, et ils n’étaient même pas sûrs de pouvoir se fier au postulat selon lequel son manoir serait le plus imposant parmi toutes les habitations. Deviner sa localisation était une véritable gageure. Pourtant, ils n’avaient plus de temps à perdre.

Il avait désormais bon espoir de rentrer avant l’heure du souper, et il comptait bien que ce fût le cas.


Texte publié par Ploum, 15 octobre 2022 à 20h08
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