Pourquoi vous inscrire ?
«
»
tome 1, Chapitre 54 « D'émouvantes retrouvailles (Part 1) » tome 1, Chapitre 54

– Cesse de triturer tes cornes. Tu vas finir par les décrocher.

– Ce n’était clairement pas utile de les mettre –

– Bien sûr que si, comme tout le reste. Nos têtes, et surtout la tienne, sont bien trop connues.

L’art du déguisement était la base de l’infiltration, selon Uriel, et Michael en avait conscience. Cela n’empêchait pas ce dernier de s’y plier de mauvaise grâce, outré d’être accoutré de la même façon que son ennemi. Ranger son auréole étincelante et masquer ses ailes avait déjà plombé son moral, transformer son visage avec l’aide de tours de passe-passe et d’accessoires était vécu comme un affront. Uriel avait profité de sa silhouette massive pour en faire une sorte de minotaure, comme Shrapnel, qui passerait presque pour son jumeau. Lui avait opté pour quelque chose de plus discret. Son regard froid et son attitude détachée effrayaient assez pour que l’on évitât de se poser des questions à son sujet.

Les deux Archanges avançaient le long d’une allée bondée, Shrapnel sur leurs talons. Michael était frustré. Voir toutes ces boutiques colorées et savoir qu’il s’agissait de l’antre de Léviathan suffisaient à lui donner envie de le dénicher pour lui frapper le museau en guise de salutation. Le pire était qu’il n’avait aucune idée de la raison pour laquelle Uriel avait tenu à localiser cet endroit. Ils cherchaient Picarel et, surtout, l’artéfact qu’il avait emporté avec lui ; ils ne venaient pas acheter des babioles démoniaques comme des chauves-singes hurleurs ou des instruments de torture !

– Et pourquoi sommes-nous ici, et non pas ailleurs ? Je croyais que tu avais parlé d’informateurs –

– Et où veux-tu qu’ils soient ? Les démons vendent de tout, ici, y compris des informations. Il suffit juste d’aller au bon endroit et de savoir marchander.

– Je –

– Je m’en occuperai. Si je te laisse faire, il ne leur faudra pas dix minutes pour qu’ils nous démasquent – si tu ne les as pas tués avant et que tu n’en serais encore qu’à les frapper.

Michael s’abstint de tout commentaire. Uriel avait raison. Sa patience, déjà fortement éprouvée par ses pairs imbéciles, n’existait plus en de tels lieux. Il serait incapable de tenir un échange à peu près courtois – ou du moins, qui n’impliquât pas de lame ni de poing – avec un démon plus de quelques minutes.

– Si Picarel est mort et que l’artéfact se balade actuellement entre leurs mains…

– Alors cela ne devrait pas être dur de le savoir, compléta Uriel. C’est dans le cas contraire où cela risque d’être plus délicat, si Picarel l’a perdu, surtout. Mais pour l’instant, retourner toutes les pierres de l’Enfer ne nous avancera pas, ajouta-t-il à l’attention de Michael.

Ce dernier fronça le nez.

– Je me doute bien. J’imagine que l’étape suivante serait de repérer des événements auxquels il pourrait être lié. En espérant qu’il ne soit pas juste mort bêtement dans un coin sombre et oublié et que l’artéfact, non identifié, ne soit pas perdu quelque part dans une ruelle, une décharge ou sur une étagère.

– Oui.

Énoncer ce simple fait les minait. Pour les deux Archanges, ce scénario était plus que probable.

– S’il est vivant et que nous réussissons à le ramener lui et l’artéfact –

– C’est sacrément optimiste, lâcha Michael, désabusé.

– Je sais… Mais si cela s’avérait être le cas, il faudrait le changer d’affectation. Ce genre de maladresse –

– Je sais, soupira-t-il, ennuyé.

Pourquoi avait-il été transféré dans son service à lui, à la base ? Il ne se souvenait même plus. Ah oui, un vague espoir de sa part de réussir à les recadrer, Cockatiel et lui, en plus du fait que personne n’en voulait. Les plaintes de Gabriel avaient fait peur à tout le monde – excepté Uriel, mais son regard peu amène avait dissuadé quiconque de lui refiler le bébé.

Il allait falloir qu’il sévît et forçât la main à un des Chœurs pour le récupérer, et l’allouer à un rôle peu sensible. Ou alors, en faire un ange nettoyeur. La tâche était peu reluisante mais, au moins, à part lui reprocher une propreté douteuse, il ne risquait pas de provoquer de catastrophes nécessitant une intervention militaire – et il n’aurait certainement plus de prétexte à se rendre en infiltration en Enfer pour l’obliger ensuite, lui, à lui courir après.

Il devait garder l’idée en tête.

Comme Michael s’était perdu dans ses réflexions de reconversion pour les deux anges crétins – si Picarel était toujours en vie –, qui vaudrait pour tout ange du même acabit – soit aussi incapables qu’eux, et ils n’étaient malheureusement pas si rares –, il ne s’aperçut pas du brusque arrêt qu’Uriel marqua et heurta son épaule. Il marmonna une vague excuse mais aucune protestation ne fut émise. L’Archange fixait un point devant lui et Michael en suivit la direction pour voir ce dont il s’agissait – car ce devait être quelque chose. Il se figea. A quelques pas à peine, devant eux, Picarel et Cockatiel discutaient avec un démon aux longs cheveux bleus qu’ils identifièrent aisément – le Prince Sytry. Picarel était donc vivant ! Et que faisait là Cockatiel ? Michael balaya vite la question. Ils les observèrent quelques secondes mais aucun doute n’était possible ; c’étaient bien eux, et ils n’étaient pas prisonniers. La colère enfla en lui. Il le savait !

– Les traîtres, siffla-t-il entre ses dents.

Uriel posa brusquement la main sur son avant-bras alors qu’il s’apprêtait à bondir en avant pour réduire les deux anges mineurs en chair à pâtée. Plus Sytry, en prime, et les éventuels démons qui oseraient intervenir dans leur affaire.

– Pas de conclusion hâtive. Un tas de choses peut expliquer la situation actuelle –

– Comme quoi, à part la traîtrise ? Ne me dis pas que le Prince Sytry croit parler à un démon !

– … Non.

– Ah ! Tu vois –

– Mais cela ne veut pas dire pour autant que Picarel et Cockatiel sont des traîtres.

– S’ils discutent avec…

– Et rien ne dit que leur position a à voir avec cet objet. Et, de toute façon, ce n’est pas le lieu pour les confronter, le terrain est à notre désavantage.

– Exploser cet endroit ne sera pas un problème, répliqua Michael avec froideur.


Texte publié par Ploum, 15 octobre 2022 à 16h17
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 54 « D'émouvantes retrouvailles (Part 1) » tome 1, Chapitre 54
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2628 histoires publiées
1176 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Defghard
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés