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tome 1, Chapitre 46 « Séquelles post-pré-catastrophe (Part 1) » tome 1, Chapitre 46

Byleth aimait bien Sytry. Vraiment. Un démon l’admettait difficilement quand il éprouvait même une vague sympathie envers quelqu’un – et certainement pas de vive voix, il ne fallait pas pousser – mais il l’aimait bien. C’était bien pour cela qu’il le laissait parasiter son domaine pour ses siestes et ses orgies de sucreries. Toutefois, il détestait quand il lui faisait ce genre de coup foireux, soit lui refourguer son problème de la sorte. Déguiser un prétendu démon en ange, il n’avait pas trouvé mieux ? Il allait passer pour quoi, lui, auprès de la communauté démoniaque ?

D’une certaine façon, il était soulagé que Belzébuth fût dubitatif devant une telle excuse. Cependant, et la simple perspective lui arrachait des sanglots en lui-même, il lui fallait confirmer cette parodie grotesque afin de couvrir les deux anges. Car, désormais, une certaine suspicion s’était éveillée à l’égard de Picarel, aussi. Byleth aurait pu les laisser se débrouiller, et il avait hésité à le faire ; mais c’était dire adieu à son ticket de sortie. Petite consolation, il en aurait deux pour le prix d’un. Et puis, il aimait bien Picarel, et savoir qu’il risquait de finir en rôti ou à la broche le chiffonnait un peu, surtout après tous les efforts qu’il avait déployés pour le protéger. Malgré tout, la pilule restait dure à avaler. Cela allait jaser sur son compte pendant un moment.

Et en plus, il lui avait fallu récupérer Adamanth, accusé d’attentat et d’exhibitionnisme vocal médiocre – il n’avait pas trop compris les chefs d’accusation, nombreux et incohérents. Les seuls points clairs étaient qu’il avait fini ivre, qu’il avait été trouvé en train de rire aux éclats en chantant à la gloire du paradis – comme la chanson était plutôt scabreuse, tout le monde avait suspecté qu’il ne s’agissait pas du Paradis céleste – et en faisant une sorte de pièce montée avec des ustensiles de cuisine, à proximité du lieu d’une explosion. Il avait été évident que Sytry l’avait laissé derrière lui. C’était son jour de malchance. Et il n’avait rien à sa disposition qui fût susceptible d’adoucir l’humeur de son comparse. Un concert de chats trompettistes ? Il risquait davantage de déclencher une guerre.

Tout cela, Sytry finirait par le lui payer, tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre. Quand il lui remettrait la main dessus parce que, bien entendu, le petit futé était parti se planquer chez lui. Sans doute qu’il ne le reverrait pas pointer le bout de son nez avant quelques jours, le temps que la situation se tassât. Comme par hasard.

– Un malentendu, donc ?

– Je le confirme.

Belzébuth plissa les yeux, acérés. Étant donné son domaine de prédilection, l’on s’attendrait à ce qu’il fût gros par la quantité incommensurable de nourriture qu’il ingurgitait. Le Roi de la Gourmandise était pourtant grand et filiforme, plutôt maigre, de sorte qu’on lui aurait plutôt attribué des problèmes d’anorexie. La maigreur de son visage, qui avait vaguement la forme de la tête d’un crapaud, faisait ressortir ses yeux globuleux à facettes, d’un noir métallique. Ils ressemblaient un peu à ceux de ses mouches.

La langue de Belzébuth, longue et mince, sortit et s’allongea pour lécher un de ses yeux avant de retourner dans son antre buccal. Byleth grimaça. C’était dégoûtant. Déconcentré par la scène, il se força à poursuivre :

– C’était…

– Oui ? Je suis tout ouï.

Il lui fallait absolument un terme adéquat à trouver ! Quelque chose pour limiter les dégâts pour sa réputation ! Ne pas devenir la risée de l’Enfer pendant des mois voire des années !

– Une expérience.

– Une expérience ?

– Une expérience.

Belzébuth secoua la tête, atterré.

– Mais pourquoi ?

– Ah, pourquoi… telle est la question !

– C’est celle que je viens de te poser. Pourquoi.

Belzébuth n’était définitivement pas déterminé à le laisser en paix – pas qu’il en fût étonné. Une telle absence de précision appelait à une telle réplique. Il avait fallu que cela tombât le jour où il se sentait fatigué, lassé, en manque d’inspiration, avec une envie de jouer au paillasson, la totale !

Sytry l’avait fait exprès, c’était évident.

Sytry, tu es un démon mort.

– Pour… afin de voir les possibilités de recréer un ange à partir d’un démon. Précipiter un peu les choses, tu vois…

Il sentait qu’il s’enfonçait, et il détestait cela. Intérieurement, il était rouge de honte. Pourtant, Belzébuth paraissait plutôt troublé, désormais. Peut-être avait-il une chance… ?

– Tu connais mon désir de retourner au Paradis, je ne l’ai jamais caché.

Belzébuth renifla avec dédain. Il disait vrai. La plupart des démons ne comprenait pas un tel désir. Ni ne voyait comment il espérait y parvenir, car sa conduite était loin de celle d’une âme pénitente qui tentait de s’absoudre de tout péché. Byleth baignait dedans. La paresse, la gourmandise et la luxure en particulier. Personne n’y croyait.

Hormis Byleth lui-même.

– Donc, si j’arrive à concevoir un ange à peu près potable…

– N’en dis pas davantage, c’est inutile, lâcha Belzébuth dans un soupir.

Il se gratta le menton, songeur, avant de poursuivre :

– Je ne te cacherai pas que je trouve cette initiative complètement stupide, mais soit.

Les épaules de Byleth se détendirent, tandis que lui-même peinait à croire en sa chance – une chance bien amère. Belzébuth avait réellement gobé l’excuse ? Quel soulagement !

– Il est vrai que j’ai été étonné lorsque mes hommes m’ont informé de la présence d’un ange qu’ils ont capturé, seul et sans défense, que le Prince Sytry a ensuite embarqué. Que faisait ce dernier avec l’un de tes démons, d’ailleurs ?

– Oh, ils se sont rencontrés… chez moi. Pika a une lubie idiote que Sytry trouve amusante. Je crois que ça l’amuse de le balader partout, c’est son passe-temps du moment – tu le connais. J’imagine que Pika aura reconnu Pouik en passant dans tes cuisines.

Une fois encore, il maudit Sytry. N’aurait-il pas pu choisir mieux, comme nom ? Il l’avait fait exprès, c’était évident ! Il devait, à chaque fois, se retenir de ricaner en le prononçant, à présent !

– … Je vois. Cela ressemble bien au Prince. En tout cas, que ce soit l’un des abrutis qui garnissent ton quartier me parait plus plausible qu’un ange débarqué seul en Enfer.


Texte publié par Ploum, 13 octobre 2022 à 21h19
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