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Sur l'onde mourante - Morceaux épars
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volume 1, Chapitre 1 « Le bonheur du trajet en bateau (Léo, Ara) » volume 1, Chapitre 1

— Ne plus boire… ne plus jamais boire avant une mission !

Surtout si le trajet devait se faire en bateau. Une brusque contraction ébranla son abdomen et une fois encore, Léo se pencha pour régurgiter un peu de bile qui tomba directement dans l’eau. Quelques bulles ponctuèrent cette intrusion puis il n’en resta plus de traces. Pressé contre la balustrade, il se laissait aller contre elle, les mains serrées sur la barre de fer qui l’empêchait de basculer. Sans elle, son équilibre précaire sur ses jambes trop faibles l’aurait fait passer par-dessus bord depuis longtemps. Il songea que les mouvements de balancier du bateau étaient aussi reposants que malaisants. Un parfait mélange pour décuver le trop-plein de vin et de rhum consommés la veille.

Au moins avait-il de la compagnie pour cette besogne ; l’un des matelots, un membre de l’équipage de longue date, rendait le contenu de son estomac avec autant d’enthousiasme que lui. Ce dernier n’avait même pas bu ; il avait juste le mal de mer et ne supportait pas la houle lorsqu’elle était un tant soit peu agitée. Pour Léo, il devait être masochiste pour exercer un tel métier dans ces conditions. La réussite de son recrutement était également un mystère.

Un petit ricanement se fit entendre à ses côtés mais il s’efforça de l’ignorer. Pourquoi avait-il emmené l’agaçant animal avec lui ? Il en connaissait parfaitement la réponse mais en espérait une autre qui lui permettrait de se raviser et de le pousser pour une baignade improvisée.

— Tu es vraiment pathétique dans cette position. Et tu pues.

— Damien ? C-c’est ce chat qui a parlé ? demanda le matelot, ses yeux écarquillés tournés vers lui.

Couché sur la balustrade, ses quatre pattes serrées les unes contre les autres sous son ventre, le chat noir semblait se moquer d’eux rien que par sa position instable qu’il maintenait avec nonchalance. Son médaillon doré scintillait par à-coups sous la lumière du jour lorsque les reflets du soleil jouaient dessus. Léo le faisait passer pour son chat domestique et lui avait mis ce collier plus pour se moquer de lui que par nécessité. Une maigre consolation.

Il le fusilla du regard avant de soupirer, ignorant le sourire sarcastique qu’Araphyloménès lui rendit. Il faillit ne pas répondre mais se rappela à temps que Damien était provisoirement son nom et que par conséquent, la question lui était adressée.

— Les chats ne parlent pas. Et je t’informe que normalement, c’est moi qui ai bu.

Le matelot rougit avant de bredouiller des excuses et de reporter son attention sur les flots. Il rendit alors un filet de bile, du peu qui restait de son estomac bien vidangé. Après quoi, il finit par s’éloigner du bord en titubant pour tenter de reprendre son poste. Léo ne chercha pas à savoir s’il y parvint. Ses yeux retournèrent admirer l’étendue d’eau qui les entourait.

Déjà, se dessinaient à l’horizon les reliefs abrupts de l’ile qu’ils rejoignaient, dont les contours s’estompaient en partie sous la brume qui recouvrait toute sa surface. Quelques silhouettes de bâtisses étaient visibles par endroits, signant la présence d’une petite ville sur la côte. Il repensa vaguement à sa mission ; Bélial l’avait envoyé quérir un artefact là-bas mais l’avait dissuadé de s’y rendre par téléportation, car des anges occupaient actuellement le territoire. Il ne devait pas se faire remarquer, d’où cet inutile trajet en bateau car c’était la seule autre façon de gagner cette ile médiocre. Si la suite du programme ne l’enchantait pas, le simple fait d’arriver sur la terre ferme le ravissait. Il ne rêvait que d’herbe tendre et d’un bon lit douillet. Il s’attellerait à le chercher dès qu’il aurait posé pied à terre ; de toute façon, Bélial n’avait jamais précisé de délai et lui-même avait décrété que sa priorité était de laisser le temps à son estomac de se remettre de sa beuverie.

— … J’informe nos aimables passagers que nous atteindrons notre destination dans une vingtaine de minutes.

Sur ces mots, le capitaine retourna dans la cabine. Léo releva la tête pour souffler avec désespoir, se fichant de noter qu’il ne l’avait pas vu en sortir ni qu’il n’avait presque rien entendu de ses paroles. Vingt minutes ! C’était beaucoup trop ! Dépité, il croisa ses bras sur la barre et laissa tomber sa tête entre eux. Son compagnon à quatre pattes ne manqua pas de venir auprès de lui jusqu’à se coucher en partie sur son crâne, trouvant sans doute l’initiative très amusante. Lui la trouva juste exaspérante. Ses épaules s’affaissèrent. Qu’il avait hâte de dormir et d’oublier cet affreux trajet !


Texte publié par Ploum, 11 janvier 2020 à 23h47
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