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tome 3, Chapitre 7 tome 3, Chapitre 7

Le club de Dominique était méconnaissable. La lumière du jour l’avait comme asséchée. Plus de clients, plus de musique, plus d’ambiance, il planait juste dans l’air des sentiments totalement absents habituellement : la peur et la honte.

Seule deux personnes étaient présentes. Elles partageaient la même table malgré leur différence. Dominique arborait toujours sa tenue jugée excentrique voir obscène pour certains. Lui faisait face l’homme parfait. Il était beau dans le sens respectable du terme. Aucune arrogance ou provocation émanait de lui comme Benny.

Sa beauté était sobre, et altière. Son complet bleu marine et ses manières indiquaient la bourgeoisie. Pas celle des parvenus, l’ancienne qui avait eu le temps d’établir des usages bien précis auxquels la plèbe devait se conformer sans jamais y parvenir complètement.

Qu’est-ce que ce modèle de conformité faisait dans un endroit pareil ? Il tremblait. Ce n’était pas à cause de la fraicheur matinale mais de la peur. Pas la simple crainte face à un imprévu. C’était une peur bien supérieure. Celle qui vous ronge de l’intérieur, vous obsède au point d’être incapable de ne penser à rien d’autre.

Dominique n’en était pas encore à ce stade. L’air troublé et le visage plissé elle encaissait pour le moment.

« Elle t’a rappelé ! » Répéta-t-elle abasourdie à John.

Comment aurait-il pu avoir un autre prénom à part James à la rigueur ?

« Oui. » Bredouilla-t-il les yeux baissés. « Elle a même augmenté la somme. Parce que je ne suis pas allé au rendez-vous. Benny avait dit que.....»

« Je sais. » Coupa Dominique dans un premier temps compatissante envers son client.

Puis vint la colère. Luciano et Benny n’étaient clairement pas des amateurs. Une petite faute de parcourt pouvait passer. Par contre cette nouvelle erreur signifiait un travail bâclé. Et dire qu’elle avait cru être des leurs. S’ils acceptaient leur argent, ils méprisaient tout de même elle et les siens comme le reste de la société.

John continua de parler. Même s’il payait, rien ne garantirait que le chantage s’arrête. Et sa femme risquait de se rendre compte de l’absence de tant d’argent. John était marié, père de famille, et baptiste assidu.

Il ne se permettait qu’une petite déviance environ tous les deux semaines chez Dominique. Même ces quelques flirts sans lendemain, étaient de trop dans cette société bien-pensante.

Dominique sut alors ce qu’il fallait faire.

« Nous allons nous en occuper. » Affirma-t-elle avec assurance.

****************************

Une petite ruelle sombre et isolée. Chaque ville dans le monde en contenait au moins une. Même dans les campagnes il existait un petit bois ou des ruines où personne ne venait du moins officiellement. Évidemment New York ne faisait pas exception.

On trainait dans ce genre d’endroit uniquement en quête d’un mauvais coup. Ce qui impliquait une certaine discrétion. Visiblement la femme pénétrant dans la rue ne l’avait pas compris. Aucun chapeau dissimulait son visage. Ses talons claquaient sur le sol. Sa tête ne pivotait pas constamment à droite et à gauche en quête d’un témoin gênant.

Elle donnait l’impression d’une actrice ayant oubliée son texte. L’homme à l’autre bout de la ruelle se montrait bien plus consciencieux. A son couvre-chef, s’ajoutait un manteau au col relevé. En bon petit espion il demeurait silencieux et immobile.

Une fois de plus la femme négligea les conventions. Qu’est-ce qu’était censé faire une femme croisant ce genre de personne dans une ruelle sombre ?

Elle fit exactement le contraire à savoir se rapprocher. Une fois parvenue à sa hauteur l’inévitable se produisit. Une première frappe partit à l’aide d’une barre de fer, qui projeta la femme à terre. Surprise par ce dénouement pourtant si prévisible, elle ne cria pas au secours mais parla à son agresseur ou plutôt tenta de le faire.

Les coups continuèrent avec régularité et méthode. Le ventre, les bras, les jambes, mais jamais la tête. L’agresseur prenait son temps, bien qu’il n’y éprouve aucun plaisir.

Malgré tout la presse qualifierait cette affaire comme l’acte d’un déséquilibré. Après tout la victime avait toujours son argent sur elle, et ne présentait aucune trace d’agression sexuelle. Il s’agissait donc juste du plaisir de tuer.

Décidément le New York officiel ne pourraient jamais comprendre son frère officieux. A moins qu’il ne le voulait pas. Cette honnête femme que faisait-elle dans cette ruelle à cette heure tardive ? Personne ne se posa la question.

La seule personne à se poser des questions demeurait Vicky couchée sur le sol à voir lentement sa mort venir. La fameuse collègue insatiable d’Eva l’était plus encore que prévu. En l’écoutant et le localisant elle avait compris la teneur de l’appel et décidé de reprendre l’affaire à son compte.

Ce qui paraissait malin à première vue, se révélait être un acte irréfléchi dans lequel les conséquences éventuelles avaient été négligé.

L’une d’entre elles avait été l’effondrement de John. C’était un homme éduqué et informé. Il connaissait les lois sur la sodomie. Qu’arrivait-il en prison aux hommes condamnés sur ces faits ? Il n’osait même pas l’imaginer. Lors d’un coup de panique il s’était jeté sous le métro.

Cet acte de désespoir avait ôté à Vicky tous ses moyens de pression. Ce qui permettait à Dominique de la faire expier. Elle ne se prenait pas pour une justicière malgré tout. Même si ses confrères la rejetaient comme les autres, elle était bel et bien une criminelle.

Alors elle défendait son territoire, son business, et son gang. Derrière tout çà il y avait aussi la rejetée, qui jouissait du plaisir si rare de rendre les coups.

« On prend le plaisir là où on le trouve. » Lui avait dit Séraphine un jour.

Puis Vicky cessa de réagir. Dominique alors se releva partit en quête d’autres ombres où se dissimuler.


Texte publié par Jules Famas, 10 mai 2020 à 16h43
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