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Le jour où Alex m’a embrassé, j’étais complètement perdu car que je le veuille ou non j’avais apprécié son baiser si court soit-il... J’ai pris mes affaires et suis parti sans rien dire. Dans ma famille ce genre de choses est mal vu, j’ai une cousine qui a été banni de chez elle, quand elle leur a dit qu’elle était tombée amoureuse d’une femme. Mes parents sont catégoriques sur le sujet, pour eux ces gens sont atteints de maladie mentale et devraient être enfermés. Les mots malsain, pervers, pédophile ont aussi souvent été cités. Devant eux je suis obligé de confirmer leur dire, mais je me retiens de leur dire le fond de ma pensée. Sinon ce serait un retour de flamme assuré. Je prends sur moi malgré le niveau de leur connerie.

C’est en classe que j’ai entendu pour la première fois parler de l’homosexualité. Quand les membres d’une association anti-homophobie, sont venus nous tenir un discours, je me suis fait ma propre opinion. À cette époque-là je n’aurais jamais imaginé être concerné. Je n’ai rien contre eux mais je ne voulais pas que ça m’arrive à moi. J’étais vraiment en colère contre Alex, j’étais persuadé qu’il allait me rendre comme lui, ses lèvres étaient si douces... Je ne voulais plus jamais avoir ce genre d’expérience alors j’ai agi comme un vrai con, j’ai tout fait pour qu’il me déteste.

En effet dès le lendemain je suis allé trouver les trois bourreaux du collège et je leur ai tout raconté. On a commencé par de légères bousculades et des insultes. Puis un jour, ils ont décidé de lui piquer ses fringues dans la douche, j’ai réussi à les convaincre de les déposer pas trop loin. Et il y a eu cette première fois où ils lui ont mis la tête dans les WC, je ne supportais pas de voir ça. Je me mordais la lèvre pour ne pas pleurer, je me haïssais, je n’ai même pas essayé de les empêcher. Quand on l’a enfin laissé tranquille, il s’était recroquevillé dans un coin et ne bougeait plus. Mon cœur m’a hurlé de le prendre dans mes bras, mais Lucas et les deux autres m’ont tiré par le bras et on est sorti des toilettes. Je me suis senti tellement minable...

Je voulais tout arrêter alors je leur ai dit, mais ils n’ont rien voulut entendre. Le lendemain, ils m’ont chopé et m’ont menacé de me faire subir le même traitement. Comme ils ont vu que ça me faisait ni chaud, ni froid, ils sont passé à la vitesse supérieure. Henri m’a montré une photo de moi nu, qu’ils avaient pris dans les douches. Si je n’acceptais pas de leur obéir, tout le collège la recevrait. Et si j’osais encore une seule fois refuser, il pourrait arriver des mésaventures à Alex. Je ne voulais pas qu’il lui arrive des choses bien pire que ça. Je suis resté dans leur clan, au moins je pensais pouvoir les calmer et j’avais osé espérer ne pas me retrouver avec eux au lycée. Mais mes vœux n’ont pas été exaucés, alors j’ai continué à canaliser leur violence, enfin c’est que je croyais...Jusqu’à hier matin.

Ils étaient pas très loin quand Mme bilancourt m’a donné deux heures de colle, ils m’ont fait comprendre d’un signe de tête qu’ils allaient s’en occuper. Je pensais qu’ils allaient lui faire les crasses habituelles mais la journée s’est passée et ils n’ont rien fait...C’est ce que je croyais. Quand j’ai vu le visage d’Alex hier matin, j’espérais vraiment qu’il me dise qu’il s’était fait ça tout seul. Mais quand il m’a fait comprendre que c’était Adam, Lucas et Henri qu’il lui avait ça, j’ai déchanté, j’avais qu’une envie leur refaire le portrait ! Et quand il m’a dit qu’il avait failli se suicider à cause de moi, j’ai eu l’impression qu’on me transperçait l’âme et le cœur. Mes larmes sont montées et je suis parti en courant avant qu’il s’en aperçoive.

J’aimerais tant tout lui dire, mais ils me tiennent. Et vu la violence dont ils ont fait preuve, il faut que je reste avec eux pour éviter que ça se reproduise. Pour le moment ils sont exclus pendant trois jours, je trouve cette sanction vraiment faible. Mais c’est moi la pire ordure dans l’histoire, je me dégoûte...chaque soir je verse des torrents de peine tellement ça me fait mal, ça me détruit, et hier soir c’était horrible par mes conneries j’aurais pu le perdre à jamais, et la vie sans lui, c’est pire que tout. Comme Alex dit si bien je ne suis qu’un minable et encore le mot est faible.

Ce premier mercredi depuis le début des cours, j’arrive plus tôt que lui, et j’en profite pour déposer un petit mot dans son casier. Dorénavant je vais le suivre partout pour que jamais plus, je risque de le perdre définitivement. Si quelqu’un mérite de mourir, c’est pas lui, c’est moi. La seule raison qui fait encore que je suis en vie, c’est parce que je veux le protéger, et ne pas devenir plus lâche que je le suis déjà.