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tome 1, Prologue « Prologue [Corrigé] » tome 1, Prologue

La société des Immortels a connu ses prémices bien avant la naissance du premier Mortel.

Elle connut ses débuts aux balbutiements de la Création, du temps où les Dieux et Déesses n'étaient encore que des enfants s'amusant à utiliser leur don de Création ici et là au gré des idées qui les traversaient. Les Premiers Immortels non-divins, qui naquirent peu après, n'avaient alors pas d'apparence humanoïde, n'étant que pure énergie. Néanmoins ils ont, d'instinct, cherché à s'organiser, se comparer, se dominer les uns les autres.

Les Clans se formèrent rapidement par affinité et catégories de dons, s'harmonisant en autant de systèmes politiques qu'il n'existait de race. Malheureusement, les différences et l'instinct territorial des plus gros prédateurs déclenchaient des conflits dévastateurs... Jusqu'au jour où la Déesse, la plus puissante des Divins, s'opposa à eux, ces créatures sauvages et têtues, désespérant de les voir saccager la faune et la flore qu'elle leur avait créées.

Elle donna à certains Clans, les plus éclairés, un but, une mission : Elle leur apprit à aimer, à chérir leurs semblables. Puis, lorsque l'Amour fut acquis, Elle leur présenta avec fierté Ses propres Enfants, les Hommes, les Mortels, nés d'un soupçon de Son Essence et des résidus de la puissance du Chaos Originel.

Au début, les Mortels n'étaient que des animaux à peine plus intelligents que les autres aux yeux de la majorité de ceux qui allaient, plus tard, se faire appeler Anciens, mais pour certains, ils étaient pourvus d'une qualité précieuse : une curiosité dévorante qui les rendait... Intéressants. Suffisamment, en tout cas, pour que les Clans cessent leurs conflits séculaires pour étudier et imiter les humains qui se multipliaient bien plus rapidement qu'eux.

L'équilibre était ténu mais des temps paisibles s'annonçaient. Des civilisations humaines voyaient le jour, évoluaient, changeaient le monde.

Jusqu'à ce qu'un jour, il y a plusieurs dizaines de milliers d'années avant notre ère, une Vague Magique, semblable à celle qui avait donnée vie aux Anciens Immortels, ne s'écrase sur la Terre, chassant les divinités, y compris la Déesse, de ce plan d'existence, et ravage le monde en détruisant presque tout ce qui fut construit. Heureusement, la Vague offrit un nouveau don à la Terre en retour : un tiers des enfants mortels à naître ayant subis cette Vague dans le ventre de leurs mères naquirent avec le don de l'Immortalité. Cette nouvelle immortalité n'était en rien comparable avec celle des Anciens et des Dieux, ils restaient plus fragiles et faciles à tuer, mais elle fut accompagnée d'une arme redoutable qui leur permis de survivre et de prospérer : chaque enfant fut doté d'un formidable esprit, capable de comprendre les mystères de l'univers au point de pouvoir en exploiter la Magie, cette énergie qui régissait les lois naturelles, qui pouvaient faire basculer le Paradis vers l'Enfer et bousculer les esprits les moins ouverts.

Trois Grandes Ecoles naquirent au fil du temps sous le regard amusé et un peu perplexe des clans Anciens pour qui la Magie était aussi naturelle que respirer. La Première rassemblait les manipulateurs de Runes, ces signes qui capturaient l'énergie pour la modeler selon l'envie du jeteurs de sort. La Deuxième réunissait les chanteurs de Formule, ceux qui savaient s'improviser bardes, et qui consistait à découvrir le véritable nom de chaque chose pour lui imposer sa volonté. Et enfin, la dernière école comptait parmi elle les Maîtres en Potion, qui avaient compris que la Terre était la première ressource en sortilège et en utilisaient les composants naturels.

Plusieurs appellations furent données à ces enfants Immortels en fonction des caractères et des affinités aux éléments magiques : chaman, médium, mage, sorcier, devin, guérisseur, invocateur, ensorceleur, et bien d'autres. Les Clans Anciens ne comprenaient pas vraiment ce qui différenciaient les uns des autres, ils étaient tous des Enfants de Mortels, pour eux. En revanche, ils avaient compris une chose... c'était que la présence de ces nouveaux Immortels avait ébranlé l'équilibre du Monde.

Et un jour les Anciens assistèrent, impuissants, à l'effet pervers que de tels dons pouvaient avoir sur une âme destinée à être mortelle.

Persuadés d'être nés pour régner sur les mortels, leurs enfants prodiges se firent Rois et Reines sans même consulter ceux à qui la Déesse avait confié la protection de Ses humains si fragiles.

Une guerre finit par éclater entre Anciens et Nouveaux Immortels. Une guerre qui ne cessa que des milliers d'années après, alors que chacun avait oublié les différences fondamentales entre chaque espèces Immortelles, que tous ressemblaient aux mortels dont ils se battaient la garde et que les sangs se furent mêlés par l'entremise d'une Déesse qui, si elle ne pouvait plus intervenir physiquement, choisissait ses Héros pour accomplir sa volonté.

La rédaction des Lois fut une révolution, et la société telle qu'on la connaît aujourd'hui apparut : les Anciens veillaient à ce que les Mortels s'épanouissent, restant néanmoins à l'écart, pour le bien de tous, et les Enfants de Mortels régnaient parallèlement aux gouvernements humains, en évitant autant que possible les interactions avec eux.

Un Ministère fut mis en place, avec à sa tête un Conseil. Au fil du temps, les Chambres Secondaires, des succursales du Conseil, destinées à prendre des décisions locales, apparurent sur les différents continents, et les plus puissants s'y installèrent pour satisfaire leur soif de pouvoir.

Néanmoins, l'immortalité continuait de pervertir les âmes toujours plus nombreuses des descendants des Enfants de Mortels. Les Lois commencèrent à leur sembler obsolètes. Ils oublièrent l'extrême puissance des Anciens, oublièrent la terreur qu'ils étaient sensés ressentir dans le noir et oublièrent même que l'apparence et le caractère facile d'une personnalité factice pouvait cacher un prédateur si puissant et affamé qu'il pouvaient dévorer sans effort des milliers des leurs. Ils ne voyaient que le nombre très peu élevé de ces créatures comparé au leur, à leur apparente nonchalance vis à vis du monde, en oubliant que cet état n'était pas synonyme de victoire s'ils venaient de nouveau à rentrer en Guerre. Qui plus est, les humains avaient eux aussi commencé à gagner en puissance grâce à leur curiosité, qui les avait conduit à fabriquer des armes de plus en plus dangereuses, mises dans les mains de mortels de plus en plus nombreux, devenant ainsi une troisième faction capable d'influer sur les destinées.

C'est ainsi qu'apparut, grâce à un Conseil bien au fait des conséquences qu'une nouvelle guerre pourrait provoquer, les premiers Exécuteurs et les premiers Enquêteurs. Les Uns imposaient les Lois aux plus arrogants, d'une façon sanglante et irrémédiable tandis que les Autres veillaient à ce que les coupables de méfaits soient démasqués et jugés pour leurs crimes.

Les Anciens prirent cette opportunité pour glisser quelques membres de leurs clans dans les rangs du Ministère, soucieux de se voir oubliés, relégués à de simples monstres de légendes.

Les limites de brouillèrent. La société des Immortels se faisait plus dangereuse et traîtresse.

La Déesse, depuis son plan d'existence, ne trouvait plus de Héros assez puissant pour aider les peuples dont elle avait soit été la Mère soit été la Guide.

Alors, un jour, Elle prit deux âmes destinées à de grands pouvoirs. Elle les lia si fermement, avec tant de férocité et de désespoir que jamais dans l'Histoire on ne connaîtrait des âmes-sœurs aussi fusionnelles.

Elle offrit la première à la descendance d'un clan Ancien oublié et vorace, qui n'avait survécu que grâce à la reproduction avec les Enfants des Mortels, une lignée arrogante, attachée à la politique, imprégnée de ce désir de dominer les faibles.

Puis Elle tourna son regard vers ses plus anciennes amies, ces créatures faites de foudre et de feu, de vent et de pluie, puissamment liées à la Terre qui répondaient à leurs chants et qui, si elles avaient possédé le don de Création, auraient été parmi divinités qui l'auraient suivi dans sa prison actuelle pour la charger de rire et de dispute, de joie et de colère. Elle trouva enfin la combinaison génétique parfaite bien après avoir déposé la première âme, un corps immortel capable de supporter une âme aussi extraordinaire que celle qu'Elle lui avait choisi sans en dénaturer la valeur.

La Déesse avait agi. Et Elle attendait de voir les changements qu'allaient apporter ces deux êtres sur qui elle avait déposé sa marque.


Texte publié par ManueM, 11 septembre 2019 à 17h32
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