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Ignemshir, Tome 1 : L'Étincelle Mourante
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tome 1, Chapitre 78 « Mystérieuse Apparition » tome 1, Chapitre 78

Evan passa le reste de son après-midi à dormir même si au départ, il voulut continuer d’explorer les graphes relationnels et autres schémas qu’avait produit Wazushendi, et les mémorisés tout en essayant de comprendre ce qu’ils signifiaient. Il supposa que la fatigue accumulée ces derniers jours et la sensation de détente qu’il ressentait après la visite de Jeremiah devaient être responsable de l’engourdissement qui l’avait submergé.

Lorsqu’il émergea, le crépuscule était déjà tombé sur Paris-la-Nouvelle. En s’étirant, il se rendit compte que son épaule ne lui faisait plus mal. Plus aucune douleur. Il se souvint du rêve qu’il avait fait sur Edward Lukeni. Il savait que les Lunes survivantes de la guerre avec les Reiishirins, avaient fini par se retourner contre les Sept Précurseurs alors qu’ils avaient toujours été leurs fidèles lieutenants. Car le Noguem, qui n’était pas une organisation politique, avait fini par en devenir une. Pour éviter une nouvelle guerre, Edward Lukeni avait voulu centraliser le pouvoir enlevant leur souveraineté aux états qui avait émergé après l’Ashayshin, malgré le désaccord de certaines Lunes. Les dirigeants de ces états avaient réussi à influencer les Lunes dépeignant le trop grand pouvoir ainsi obtenu par les Seigneurs Joviens comme une menace pour la paix et la liberté, et comme une tentative de s’accaparer le monde… comme les Reiishirins. Cela avait conduit à l’Emprisonnement des Premiers Immortels, l’Al’ik Sarhul Tanakim al’Renuka. Les Sept avaient été emprisonné chacun dans l’une des sept prisons inviolables du Noguem qu’ils avaient eux-mêmes construites… Et au lieu d’une ère de paix, ce fut la Guerre de l’Éclipse qui débuta à cause d’un conflit entre les deux plus grandes alliances étatiques, le Cercle des Nations Souveraines et la Grande Coalition, chaque camp recevant le soutien des Lunes Félonnes alors divisées. Les dégâts engendrés et les victimes collatérales furent encore plus importants que lors de la Guerre d’Airain.

Evan pouvait comprendre l’amertume de Lukeni. Être ainsi trahi… Il se souvenait encore de son cœur brisé. Il l’avait ressenti jusque dans les profondeurs de son être… Un tel désespoir… Comment cela était-il possible qu’il ait ressenti cela ? Pourquoi avait-il rêvé de cela ? Ce n’était pas normal… un profond malaise s’installa en lui. Devenait-il fou ? Etait-ce l’influence du Chuchoteur ? Un effet secondaire des pilules ?

Il soupira et alla se prendre une bouteille de mourch. Il revint s’asseoir au milieu des hologrammes de figures géométriques et des statistiques qui flottaient dans le salon et reprit son travail d’analyse des différentes projections.

Les documents les plus anciens remontaient à soixante-dix ans avant la Guerre des Deux Soleils. Même s’il y avait pas mal de données concernant Kai Yosuke, il était aussi question des deux autres Fléaux, Léonius Fold, le Ravageur et Kembo Sana, la Calamité Incarnée. Près d’un cinquième des données qui était lié de près ou de loin à la Guerre du Verre et du Dragon, et la même proportion à la Guerre des Deux Soleils. Comme si, d’une certaine façon, les deux guerres bien que séparées par près de cent-soixante ans, avaient un dénominateur commun.

Il devait trouver d’autres corrélations.

— Qu’essaies-tu de me dire, Franz ? Quelle image est censée ressortir de cet immense puzzle ?

Le malaise ne le quittait pas.

Il l’empêchait de se concentrer pleinement.

Une petite heure restait avant la fin du décryptage des données du premier. Peut-être devrait-il essayer de changer d’angle de vue…

Non, il n’arrivait définitivement pas à se défaire de ce malaise.

Il lui fallait des réponse et seul l’herboriste pouvait les lui apportées. Il enfila une veste shirag marron, ses Chesterfield de la même couleur et alors qu’il descendait les escaliers, Charlaine l’appela. Elle lui annonça qu’elle était avec sa mère en train de choisir une tenue pour le gala de l’Aurarquat. Elle voulut savoir si elle devait choisir une couleur particulière pour qu’ils fussent assorti.

Tous les membres des équipes ayant joué au championnat étaient invités et chacun pouvait amener une cavalière. Evan avait proposé à Charlaine de l’accompagner. Elle en avait été ravie car les deux fois précédentes, elle n’avait pu y participer. Lui était avec Tessa et Keiji se rapprochait de filles dont il ne se souvenait même plus le nom. Elle était la cavalière parfaite car il appréciait sa compagnie. Après tout, sans elle, il ne savait pas où il serait à l’heure actuelle. Charlaine l’avait sauvé de l’influence malsaine du Chuchoteur, c’était la moindre des choses que de lui offrir cela.

Le bal commençait à vingt heures. Il comptait passer la prendre une trentaine de minutes avant. Il lui restait une petite heure donc. Evan traversa les rues du Moulin en trottinant entre les piétons en vêtements chauds. Vêtu uniquement d’un tee-shirt métajustable bleu et d’une veste noir, il jurait au milieu des manteaux et des citadins emmitouflés. Il arriva rapidement dans le Cimetière, aux trottoirs quasiment vides. Une épaisse couche de neige recouvrait encore le sol du Cimetière. Les individus aux visages émaciés et aux cernes creusés qu’il croisait semblaient grelotter de froid dans leurs vestes rapiécées et leurs vieux manteaux. Certains étaient rassemblés autour de tonneaux transformés en source de chaleur alimentée régulièrement en combustible divers provenant des poubelles alentours. Ils le regardèrent passer en le fixant avec hostilité. Certains crachèrent sur son passage mais aucun ne tenta quoique ce fût car son neshir était bien en vue. Il arrivait parfois qu’il suscite ce genre de réaction mais il s’y était habitué.

Remarquant qu’il était suivi, il changea de destination. Il arriva près du gratte-ciel effondré où il avait rencontré le Baron. Des vapeurs blanches se formaient à chacune de ses expirations. Le ciel était d’un bleu sombre avec quelques traînées vaporeuses rouges foncés. Il enfila ses mitaines agrémentées dans leur dos du lion rugissant, l’emblème du Lon-Shirkairon et il s’avança dans l’entrée obscure puis se glissa furtivement derrière un amoncellement de blocs de béton. Il regarda en direction de l’entrée et aperçut une silhouette qui disparut. A pas de loup, il se rapprocha de l’ovale pâle donnant sur la rue moyennement éclairée. Il entendit un bruit sur la droite, derrière un monticule de béton et d’acier. Il bondit derrière le muret, plaqua son bras sur sa gorge de l’individu qui s’y cachait.

Evan murmura d’une voix dure :

— Qu’est-ce que tu fiche ici ?

— Tu… Tu m’as reconnu… Mais… mais alors pourquoi est-ce que… bredouilla le voyeur tout tremblant.

— Rassure-moi, tu ne t’es pas fait dessus, hein ?

Plus lassé qu’énervé, Evan le saisit par le col et le traîna hors du gratte-ciel effondré.

— Att… attend ! Mais pour… pourquoi est-ce que…

— Pour te filer la peur de ta vie, rétorqua Evan en le poussant devant lui.

Salman lui fit face en essayant de reprendre contenance, mais le tremblement de ses mains semblait incontrôlable. Il rajusta maladroitement ses lunettes sur son nez.

— Qu’est-ce que tu fais ici, Evan ? Dans ce lieu de débauche et de dépravation ? Seuls les criminels traînent dans le Cimetière.

Evan esquissa un rictus blasé et se mit à marcher vers le Moulin. Salman avait oublié que c’était surtout les plus démunies qui y vivaient en grande majorité…

— Ce n’est pas ton problème Salman. Je préférerai encore m’ouvrir les veines plutôt que de continuer de parler avec toi. Tu t’es empressé de crier au monde entier que j’avais perdu mon titulus alors lâche-moi.

— Réponds ! s’égosilla Salman d’un ton outré, probablement honteux qu’il se soit joué de lui. Sinon je… je dirais à tout le monde que tu viens ici ! Ils sauront tous que tu n’es qu’un dépravé. Tu n’auras plus la moindre chance de te trouver une amalia appartenant au Sang Ancien car aucun Gardien du Sang ne pourra le tolérer.

Evan s’arrêta et se tourna vers Salman qui esquissa un sourire mauvais avec un air triomphant sur sa face de vautour :

— J’aime mieux ça. Maintenant, tu comprends enfin la situation. J’ai ton avenir, ta réputation, entre mes mains, Evan. Si tu veux avoir une chance de t’établir au sommet du Noguem, réponds à mes questions et je ne détruirais pas à nouveau ta réputation. Tes performances lors de la finale t’ont permis d’avoir à nouveau la côte mais un autre article signé de ma main, eh bien…

Le jeune ignemshir regarda Salman sans pouvoir cacher sa surprise. Il l’ignorait capable d’aller jusqu’au chantage. Il l’avait toujours vu comme un petit aspirant scientis un peu trop collant mais il l’avait sous-estimé. Et visiblement, il n’était pas ici pour lui. Il voulait autre chose.

— Qu’est-ce que tu veux Salman ? Ce n’est pas vraiment moi qui t’intéresse n’est-ce pas ?

— En effet, si tu me dis ce que la Regina Pourpre faisait dans le Cimetière de Verre et de Métal, j’oublierai tout ce que je sais sur toi.

— De quoi parles-tu ?

— J’ai des photos de toi avec elle, lors de ce qui semble être une altercation avec un gang. J’ai fait quelques recherches. Il s’agit du gang des Sauvages. Je pars du principe que tous ceux qui viennent dans le Cimetière sont forcément des gens douteux. Ayant des choses à cacher. Si elle était ici, c’est qu’elle aussi doit avoir un cadavre dans le placard et je suis sûr que tu sais ce que c’est.

— Tu cherches une exclusivité si je comprends bien.

— C’est bien ça. Si je sors un article révélant la face cachée de la Regina avec preuve à l’appui, je deviendrais incontournable dans le milieu.

— Quelle preuve as-tu ?

— Des photos d’elle dans le Cimetière, habillée de manière à ne pas attirer l’attention. Cela suffira amplement pour appuyer mon histoire. Elle a déjà une réputation de tête-brûlée, n’en faisant qu’à sa tête. Elle n’a même pas d’amalia ce qui aux yeux des Familles Anciennes est tout aussi louche que le reste.

Evan observa pensivement Salman. Il n’avait pas grand-chose à faire pour le mettre sur la piste. S’il lui révélait qu’elle était un oshaïnim, il pousserait ses investigations et parviendrait très probablement à le prouver. Pour avoir pu obtenir une photo de l’altercation avec les Sauvages, il devait avoir un réseau assez étendu, et ce jusque dans le Cimetière. D’ailleurs, le seul fait qu’il fut présent ici, indiquait que ce n’était pas la première fois qu’il poussait en personne une investigation jusqu’à cet arrondissement de la cité. Il remarqua d’ailleurs au niveau de sa ceinture, sur le côté, une légère déformation de son manteau trahissant la présence d’un incapaciteur.

Malheureusement pour Salman, il lui était profondément antipathique. Peut-être même plus que la Regina. Il n’aurait su dire.

— Je n’ai rien à te dire, Salman. Et je me contrefiche que tu salisses ma réputation parce qu’honnêtement, une tâche de plus ne changera rien. Mais pour ton propre bien, rentre chez toi, en sécurité dans les arrondissements intérieurs. Ce quartier est dangereux.

— Je ne suis pas un novice. Je connais des milieux dont tu ignores l’existence. Je sais aussi que Franz Parker est en vie. Je te le dis. Tu ne te débarrasseras pas de moi si facilement ! rétorqua l’autre.

L’ignemshir ne put à nouveau s’empêcher de cacher sa surprise :

— Et tu sais où il se trouve ?

— Je te le dirais en échange de tu-sais-quoi

Evan leva les yeux au ciel puis marmonna :

— Je ne te dirais rien.

La densité de l’air changea brusquement. Evan frissonna alors que son corps était déjà habitué au froid. Voilà qui était nouveau. Inhabituel. Il se retourna brusquement, sondant les immeubles sombres et craquelé de la rue déserte car il avait eu l’impression d’être observé. La même impression qui revenait assez régulièrement ces derniers temps mais depuis l’épisode avec l’Ojin, cela ne s’était plus reproduit. Et Evan commençait à se douter de ce que c’était désormais…

— Tu cherches quoi comme ça ? Demanda Salman.

— Salman, je pense que tu dois vraiment rentrer chez toi. Ce n’est pas sûr. Cet endroit n’est pas sûr du tout.

— Tu crois que je l’ignore, je te l’ai déjà dit…

— Ton incapaciteur ne te sauvera pas.

— Mais comment sais-tu que…

— Il va falloir que je te raccompagne, sinon tu risques d’avoir des ennuis sur le chemin du retour.

Il lui attrapa le bras et le poussa devant lui. Evan ne voulait pas avoir sa mort sur la conscience même si sa présence dans le Cimetière était entièrement de sa propre faute.

— Je refuse ! tant que tu ne m’auras pas répondu…

— Avance, rétorqua Evan en le poussant en avant. Je répondrais à toutes tes questions me concernant. Je te raconterai même mes plus noirs secrets mais par pitié, avance.

— Tu ne m’auras pas !

— Tu commences vraiment à me gonf…

Le jeune ma’nkel se figea. La pancarte sur la porte de l’herboristerie avait changé. Désormais, elle annonçait « ouvert ». Il remercia l’Existant de tout son cœur s’apprêtant à y aller mais se rappela la présence de Salman. Il fallait qu’il le sorte du Cimetière rapidement, il ressentait toujours cette étrange lourdeur dans l’air mais cela faisait si longtemps qu’il attendait le retour de l’herboriste ! Et puis si sa vision du futur était exacte, Salman ne mourrait pas ici. Surtout pas si lui était présent.

— Allez suis-moi.

Il s’empressa d’aller vers l’herboristerie en entraînant Salman. Avec les Olympeons imminents, il avait plus que jamais besoin de ses pilules et il fallait vraiment qu’elle l’éclaire sur son songe. En rentrant, une clochette tinta. Tout était exactement comme la dernière fois mais il n’y avait personne au comptoir de l’entrée.

— Il y a quelqu’un ? Demanda-t-il à voix haute.

— C’est chez qui ici ? Pourquoi une herboristerie ? Tu te drogues ? C’est ça ? Tout s’explique ! C’est comme cela que tu as réussi à revenir dans le top du primum agmen. Une fois que j’aurai publié mon article, tu seras fichu, Evan. Pour de bon ! Sauf si tu me dis ce que je veux savoir…

Evan passa une main dans ses cheveux crépus en maugréant des jurons à voix basse. Quand il pensait que c’était pour la sécurité d’abrutis de son genre qu’il souffrait dans la Fourmilière, cela avait le don de le mettre en rogne.

— Non, c’est bon, fit-il sombrement. Tu peux révéler aux Trois-Mondes que je suis un drogué.

— J’ai aussi des informations sur Jahan. Des choses qu’il faisait avant de disparaître.

Evan fixa brusquement Salman intrigué et ce dernier sourit, comprenant que son hameçon venait de prendre.

Soudain Nour apparut de la porte du fond non loin du lit chirurgical sur lequel elle l’avait rafistolé.

Le regard vide, la vieille aveugle dit :

— Encore vous ? Vous n’en avez pl…

D’un coup, elle se crispa et le pointa du doigt en hurlant :

— Vous avez été en contact avec lui !

Son visage ridé transpirait l’effroi.

— Sortez ! vociféra-t-elle. Le Chuchoteur avait…

Evan eut des fourmillements dans la nuque et ressentit dans le même instant, un sentiment de terreur qui s’insinua au plus profond de son être. Il se retourna, son neshir à la main, n’entendant même plus les paroles que criaient la Vierge quand un éclat aussi aveuglant que le soleil illumina la rue et une rivière de flamme vermeil s’engouffra dans l’herboristerie et engloutit Salman tandis qu’un souffle infernal le projeta dans les étagères remplies de bocaux qui explosèrent dans un concert de verre brisé et de bois craqué.

Quelques secondes après explosion assourdissante qui avait suivi, le souffle coupé, l’air brulant au point que les liquides répandus sur le sol poisseux bouillonnaient en s’évaporant, Evan roula sur le côté faisant tomber autour de lui les débris qui le recouvraient. Des éclats de verre brulants s’enfoncèrent dans la chair brulée de ses paumes. Il réussit à se redresser et s’adossa à une des étagères encore debout. Ne comprenant pas ce qui se passait, plongé tel qu’il était dans l’épaisse fumée, Evan, la respiration précipitée, tenta trouver l’origine de l’attaque. Le sentiment de détresse et de peur qu’il ressentait était d’une intensité anormale. Il n’en avait jamais ressenti de telles au sein de la Fourmilière. Il ne comprenait pas non plus pourquoi il n’avait plus de force dans son corps ? Et cette fumée ? Elle ne venait pas de l’explosion… Son aspect était étrange. Non, c’était autre chose. Tout à coup, Evan comprit que c’était un atmosphaira. Il était sur le point de s’évanouir quand il relâcha son atmosphaira, qui comme un coup de vent, balaya la brume noire, lui permettant de voir à travers et de respirer plus librement mais il était toujours sans force. Son atmosphaira révéla derrière la brume, la présence d’un grand individu, à la peau blême et aux prunelles dorées, qui portait un vieux masque noir rayé et fissuré lui cachant le nez et la bouche. Il étranglait Nour, qui suspendue à un mètre du sol, se débattait en essayant en vain de respirer. Il tenait un neshir dont la lame s’était muée en un brasier vermeil relâchant des filets de poussière cramoisi. Evan voulut crier, lui hurler d’arrêter mais aucun son ne sortit de sa gorge. Comme si ses muscles s’étaient transformés en ciment. Il reconnût sur la poitrine de la veste shirag noire élimée que portait l’assassin, à la lumière dansante des flammes, une marque qu’il aurait préféré ne jamais voir en dehors des cours d’Histoire.

La marque maudite.

Les Disque Jumeaux d’Erion.

L’emblème des Fléaux.

Il enfonça la lame dans la poitrine de Nour qui cessa instantanément de bouger. Un hurlement monta au dedans de lui mais il ne franchit pas sa gorge. Son impuissance. Evan maudît son impuissance. Les flammes dévorèrent en un instant le corps de l’herboriste et il n’en resta rien. Elle avait été effacée de la surface de la Terre. Le cœur d’Evan battît de plus en plus fort à ses tempes, au point qu’il eut l’impression que sa tête allait exploser et subitement, l’étrange paralysie qui l’avait jusqu’alors empêché de bouger, se brisa comme un enchantement. Ivre de colère, sachant qu’il allait probablement finir vaporiser, il poussa un cri rageur en bondissant sur la créature qui s’évanouit, son neshir ne rencontrant que de la brume noire qui se dissipa progressivement. Il se précipita dans la rue, haletant, neshir au poing mais nulle trace de la créature aux yeux dorés. Il poussa un hurlement de colère et de rage qui se perdit dans la rue déserte et enneigée, surplombée par le ciel sombre d’hiver et la lumière de la lune fantomatique.

Nour ! Salman !

Il entendit alors le bruit des aérocars de la Police de la Cité. Ils avaient été alertés par l’explosion. Il se retourna vers l’herboristerie, bouleversé. Il n’avait rien pu faire pour eux… rien du tout ! C’est alors qu’il remarqua un signe près de la sonnette. Un malaise grandit en lui à mesure qu’il se rapprochât. Il déglutît en découvrant les deux cercles qui se croisaient.

Comment ne les avait-il pas reconnus la première fois ?

Encore les Disque Jumeaux d’Erion.

Pourquoi l’herboriste l’avait-elle sur sa devanture ?

Le bruit des sirènes se rapprochait. Il devait partir. Il valait mieux qu’il disparaisse. Evan ne saurait même pas expliquer ce qui venait de lui arriver. Il courut dans la ruelle adjacente et fit un grand détour en enchaînant plusieurs ruelles étroites avant d’arriver dans le Moulin hors d’haleine à trois pâtés de maison de son Penthouse. Il s’adossa au mur craquelé et se laissa glisser jusqu’au sol enneigé, essayant de se calmer. Ses mains tremblaient comme elle n’avait jamais tremblée. Il regarda la paume de sa main droite, toute écorchée. Ses blessures palpitaient. Il prit un mouchoir de la poche avant de sa veste et banda sa main avec. Il se releva ensuite, de nouveau maître de lui-même et épousseta ses vêtements. Mais la veste était tâchée et risquait d’attirer l’attention sur lui. Il la mit sous le bras, fourra sa main blessée dans la poche de son pantalon et remonta la rue en se fondant parmi les passants. Les évènements tournèrent en boucle dans son esprit jusqu’à ce que la porte de son penthouse se refermât derrière lui et qu’il soufflât. Il laissa tomber sa veste marronne sur le sol et s’assit dans son canapé, une main sur le front.

— Salman… Nour…

En un instant, ils étaient passé de la vie à la mort. Sans hésitation, il s’était servi de Brasier de Résurrection contre des eretsins désarmés et sans défense.

Même si Evan ne se considérait pas comme un défenseur de l’Humanité dans le sens du Noguem, il ne pouvait accepter l’idée de se servir de son neshir de cette manière. Cela le remplissait de rage. Les neshirs n’avaient pas été créé pour ce but ! Une telle indignité ! Cela lui donnait envie de vomir.

Qui était cet être aux yeux dorés ?

Pourquoi son atmosphaira était-il visible ?

Et pourquoi l’avait-il laissé en vie ?

Salman. Il était mort… Pourtant, il l’avait vu dans sa vision du futur… Ce qu’il avait vu était-il faux ? Ou cela ne faisait que confirmer ce que Nour lui avait dit.

Que les choses ne se passerait probablement pas comme il les avait vu...


Texte publié par N.K.B, 18 décembre 2019 à 14h59
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