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Ignemshir, Tome 1 : L'Étincelle Mourante
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tome 1, Chapitre 60 « Kani, le Clairvoyant » tome 1, Chapitre 60

Dix ans plus tôt…

Au centre de l’Amphithéâtre Mulowa aux élégants et imposants fauteuils à haut dossier flottants où une quinzaine d’Aurarques siégeaient, Kani se tenait droit et immobile. Ses invités attendaient en silence qu’il leur présenta les résultats de ses recherches. L’exposé qu’il avait préparé spécialement pour eux. Ils les avaient tous choisi avec soin. Pour leur faire parvenir l’invitation, il s’était appuyé sur le réseau de Ningsi, qui en tant qu’Etoile d’Or et Wazakumunua avait plus facilement accès aux Hauts Seigneurs de Sang et d’Airain du Noguem. Il les avait tous rencontré un jour ou l’autre au cours de ces vingt dernières années. Il avait ainsi étudié leur profil afin de déterminer s’ils faisaient déjà parti du complot qui se préparait dans l’ombre où s’ils en étaient des spectateurs ignorants.

Il avait confiance à son empathie qui associé aux connaissances accumulées dans son palais mental et complété par son instinct, constituaient un redoutable arsenal lui permettant de juger les autres avec une très haute fiabilité. Jusqu’à présent, il ne s’était jamais trompé. Son bot personnel, Janus, qu’il avait doté d’une intelligence artificielle très avancée afin de l’aider dans son travail lui avait donné une liste pratiquement identique à celle à laquelle il était arrivé. Deux candidats étaient sur la sienne et non sur celle de l’IA. Il avait choisi la liste la plus courte. Les quinze Aurarques présents étaient ceux qui, s’ils se montraient disposés à écouter ce qu’il allait leur dire, pourrait empêcher l’avènement des catastrophes qui menaçaient de s’abattre sur le Noguem.

Les Hauts Seigneurs de Sang et d’Airain le fixaient impassibles, leur regard tout en froideur et en intimidation. Il esquissa en sourire en se disant que si on n’était pas en plein saison sèche, il aurait volontiers juré qu’un hiver impromptu, et anormal, s’était invité à Kin. Ils étaient tout en éclat et en puissance dans leur glorieuse armure shirag constitué de plaques de BoisFer séraphique et sculpté de plumes moirées aux couleurs variables mais ayant en commun l’Ul Cirkaem de pourpre et de bronze au niveau du cœur. Il marquait leur position, couleurs du chef suprême des noguemis d’une nation. Et quant à leur atmosphaira… Il n’avait jamais ressenti une telle pression. Cela avait quelque chose de stimulant et ne faisait, en un sens, que confirmer que la partie s’annonçait très difficile. Kani aimait les défis, alors ça tombait bien.

— Bienvenue à vous, Aurarques du Noguem. Puisse le Soleil et la Lune, Témoins de l’Ashayshin toujours se refléter sur vos lames, Hauts Seigneurs de Sang et d’Airain. Je suis profondément honoré que vous ayez accepté mon invitation, enfin… ce n’était pas vraiment la mienne mais...

— En effet, coupa la voix glaciale de Temüjin, l’Aurarque d’Oulan-Bator, la moustache drue, la barbe tressée et le regard aussi perçant qu’une flèche et dont le siège flottait à trois heures. L’Étoile d’Or a requis ma présence pour discuter de choses essentielles à la survie du Noguem. Alors pourquoi est-ce un eretsin que je retrouve en face de moi ? Même si vous n’êtes pas n’importe qui, je n’en déteste pas moins les surprises, Haut Magister scientis Nakayi. Si le Colosse Onyx ne se montre pas dans le trente secondes, je me verrais dans l’obligation de vous soulager de votre tête afin que l’affront qui m’a été fait soit lavé. Et ce, même si le Skiantem tout entier pleurera votre mort prématurée.

— Il n’y a rien de telle qu’une mort prématurée… Le Dévoreur de Cendres est un parangon de ponctualité. Néanmoins, si vous mettiez vos menaces à exécution, votre haute-seigneurie, répondit Kani calmement d’un ton maussade, non sans avoir préalablement déglutit, comment les autres Hauts Seigneurs de Sang et d’Airain ici présents, laveront-ils-le leur ? Il faudra pour cela que l’on me décapite quatorze autres fois, ce qui est malheureusement impossible.

Ishanaeim, le Premier Tonnerre, nom donné au descendant de Willard Thunderwalker qui occupait la position de Gardien du Sang de cette Famille Ancienne, sourit puis dit :

— Je pense que ce jeune homme s’est donné beaucoup de mal pour nous réunir. Il n’a demandé que quelques heures de notre temps. Je vous propose Temüjin de laver votre affront après qu’il se soit exprimé, si vous l’estimez encore nécessaire.

Et se tournant vers Kani, il dit sans se départir de son léger sourire.

— Nous autre ne tirons aucune gloire à décapiter un eretsin et un scientis aussi honorable de surcroît… Il sera tout à vous.

Certains Aurarques hochèrent imperceptiblement la tête et deux allèrent même jusqu’à sourire, les autres restèrent aussi froids de que la glace. Si leur regard avait été des lances, Kani serait mort à son entrée dans l’amphithéâtre. La tension grimpa car l’Aurarque d’Oulan-Bator fixait, de ses yeux bridés et glaçant, Cassius Thunderwalker, comme s’il ne savait que faire de lui. Le décapiter ? L’éviscérer ? Il semblait partagé. Le descendant du premier Fulgator, grand et athlétique, le teint olivâtre, la peau sombre, les cheveux crépus rasés sur les côtés et volumineux et carré sur le haut de la tête, soutint son regard avec toujours un léger sourire sur ses lèvres charnues rehaussée d’une élégante moustache taillée. Il n’y avait aucune moquerie ni mépris sur son visage. Juste un franche et honnête amusement. Finalement Temüjin hocha la tête en direction de Cassius en lui rendant son sourire et le regarda lui, le sourire se volatilisant :

— Vous savez Nakayi, je ne vous ai jamais apprécié. Vous me faites toujours penser à ces panthères immaculées que l’on trouve dans le Désert Blanc. De vrais saletés, rapides comme le vent et féroces et teigneuses comme des femmes. On ne sait jamais comment elles vont réagir. On raconte que c’est le Désert Blanc qui les a rendus folles. Mais vous, qui vous as rendu fou ?

Kani ne répondit rien, se contentant d’un fin sourire. Temüjin fronça un peu plus ses sourcils avant de lui lancer en soupirant :

— Parle donc, Fils de la Terre !

— Merci, votre haute-seigneurie. Je vous ai rassemblé en ce jour car vous êtes ceux qui, d’après mes analyses, ne sont probablement pas liés aux diverses machinations qui se préparent dans les ténèbres et le grand secret à l’heure où je vous parle.

« Oui, il y a des acteurs, des personnes qui œuvres dans l’ombre. Et leurs actions pourraient avoir sur le Noguem et le monde des conséquences aussi graves que l’Ashayshin et replonger le cercle des Trois Mondes dans une autre Guerre de l’Éclipse, d’autres Années du Chaos. Et l’Humanité pourrait ne pas se révéler aussi chanceuse qu’à l’époque des Sept Précurseurs car ce n’est un secret pour personne que les Sept ne sont plus.

« Les Siècles des Naïvetés nous ont affaiblis mais grâce au Tri et à d’autres phénomènes que nous ne maîtrisons pas, nous sommes peut-être à l’aube d’un nouvel Âge des Immortels, nous avons de plus en plus de Pulsar, de jeunes alumni qui s’avèrent posséder un coefficient P supérieur à quatre-vingt-seize, et quelques pépites qui frisent les quatre-vingt-dix-sept. Un grand nombre qui parvient à s’élever avec plus de facilité que vos générations, vers l’Immaculé.

« Mais je crains qu’ils ne soient suffisamment matures pour pouvoir faire face à ce qui se prépare. Par ailleurs un degré de différence du coefficient P entre deux ignemshirs est un abîme surtout entre quatre-vingt-quatorze et quatre-vingt-dix-neuf, qui est le maximum. Laissez-moi vous rappelez d’ailleurs que Lukeni avait un coefficient P de quatre-vingt-dix-neuf et les six autres entre quatre-vingt-dix-sept et quatre-vingt-dix-huit, je vous laisse imaginer la complexité et la splendeur du Système de Shorun qu’ils formaient. Sans parler des Lunes, qui marchèrent en tout temps à leur côté avant la trahison de l’Al’ik Sarhul Tanakim al’Renuka.

« Ce que j’essaye de vous dire c’est que si nous ne faisons rien maintenant, notre avenir reposera sur les épaules de vos fils et vos petits-fils qui auront à peine vingt ans lorsque tout commencera. Pour quelle raison ? Parce qu’ils seront encore remplis d’idéaux, loin de toute forme de corruption, ayant à cœur la protection des hommes. Car j’ignore à quel point le Noguem est gangrené. Ils seront donc les plus nombreux à pouvoir se dresser à vos côtés contre cet ennemi. Mais, encore loin d’avoir été capable d’atteindre le summum de leur véritable potentiel…

— Mais de quoi parlez-vous, Nakayi ? s’écria Temüjin avec impatience. Quel est cette menace ? Muishan’alm’er ? Merci, nous étions au courant !

— Non, je ne vous parle pas du Voile de la Mort. Ce n’est pas un phénomène climatique mais plusieurs organisations qui sont prêtes à tout à atteindre leur objectif. Mais le véritable problème est qu’elles ont toutes un but commun.

— Lequel ? Demanda posément Kenji Endo du haut de ses cent-quarante-cinq ans. Il en paraissait soixante, le regard d’aigle, les cheveux longs attachés en queue de cheval et la barbe pointue blanches comme la neige ; il semblait plus vif que jamais.

Kani savait que d’ici quelque année sa santé déclinerait de manière exponentielle. Il ne dépasserait jamais les cent-soixante-ans. C’était la limite à laquelle son Kar’Cirkaem pourrait aller. Comme il était le plus grand expert en Mécanique Arkarienne à l’heure actuelle, le Sang d’Asano l’avait convoqué dans l’hôpital princier Tomoko Niikawa à Nagoya afin qu’il l’ausculte, et ce, à de nombreuses reprises. Il aurait pu atteindre les cent-soixante-quinze ans s’ils n’avaient pas reçu lors de la Guerre du Verre et du Dragon la terrible blessure dont la cicatrice lui barrait encore le torse. Le fait qu’il y ait survécu ne faisait que confirmer l’ignemshir exceptionnel qu’il était car Kani savait exactement la nature de l’être qui la lui avait infligée. Et rare était ceux qui avaient survécu à un duel. A l’époque de sa jeunesse, et de son ascension jusqu’au rang d’Aurarque, il était reconnu comme étant le descendant le plus digne de l’héritage d’Asano et le plus proche de la puissance de son illustre ancêtre qu’aucun de ses ascendants depuis Yukimura Endo, le fils d’Aki. Il était donc probable qu’il soit déjà mort lorsque tout cela se produirait. Quel dommage… C’était vraiment dommage. Il aurait été d’une telle aide pour le Noguem. Le Gardien du Sang d’Asano, le Loup Immortel.

— Détruire le Pouvoir des Trônes et les Familles Anciennes mais je pense qu’au-delà de cela, c’est tout simplement le Noguem qu’ils désirent anéantir.

— Et qui est-ce ? Demanda à nouveau Kenji d’un air concerné.

— La première entité se nomme les Apôtres de Raaz…

— Vous parlez de ces illuminés qui se sont détournés de l’Existant et qui adorent les dieux neshiriens ? se moqua Fenrir Löw, l’Aurarque des Terres d’Alamans, le teint rougeaud et un sourire apparaissant au milieu de sa barbe blanche.

— C’est cela, leur culte est centré sur le dieu neshirien Raaz qui se tient au sommet de leur panthéon.

— Quel mal cela peut-il nous faire ? continua-t-il. Je pensais que les Inquisiteurs du Sagolem les avaient anéantis pendant l’Âge Sombre après les Révoltes Raaziennes ?

— Pas tous, répondit Kani. Même s’il est vrai qu’on n’a plus entendu parler d’eux depuis cette époque.

— Et même s’il en restait, comment une bande d’illuminés adorant les dieux abominables que les Précurseurs ont annihilé, pourraient-ils porter atteinte à notre oligarchie ? Les Inquisiteurs ont riposté d’une manière disproportionnée certes, mais les Apôtres de Raaz n’ont rien pu faire. Leur culte qui était jusqu’alors toléré mais méprisé a été interdit et en l’espace de quelques semaines, tous ceux qui n’avaient pas renié ces faux-dieux ont été exécutés ou emprisonnés.

— Eh bien, je n’ai pas toutes les données en main, je les aurais d’ici à quelques mois.

— Alors pourquoi nous réunir maintenant ?

— Les Apôtres haïssent tout ce qui constitue l’héritage des Sept Précurseurs. A l’époque de l’Âge des Immortels, ce culte polythéiste était relativement pacifique avec les Reiishirins pour divinité et Raaz au sommet. Il ne cultivait pas une haine contre le Noguem parce qu’ils croyaient en une histoire différente de celle que l’on raconte. Selon cette dernière, les Reiishirins et les Précurseurs étaient des alliés qui avaient lutté pendant la Guerre d’Airain contre le Grand Conjurateur et ses Héritiers du Néant à la tête d’armées de Faucheurs Muets. Il considérait les Précurseurs comme des dieux.

— Mais après la répression féroce qui a suivi les Révoltes Raaziennes, il n’est plus resté un seul partisan de cette branche pacifique du culte de Raaz, c’est cela ? Demanda Kenji Endo.

— En effet, il n’est resté que les extrémistes, les héritiers de ceux qui ont initié les révoltes, la Paume. Le problème est qu’ils se sont déjà infiltrés parmi nous. Jusque dans les plus hautes sphères et que vous l’ignorez. Vous quinze êtes les seuls Aurarques dont je peux dire avec certitudes que vous n’appartenez pas aux Apôtres de Raaz. Que vous n’êtes pas des membres de la Paume. Je ne connais pas le futur. Je vous ai réuni ici pour vous ouvrir les yeux sur cette menace et afin que vous sachiez qui sont vos alliés au milieu de la multitude de Seigneurs et de Hauts Seigneurs qui vous entourent.

— Penses-tu Nakayi que nous te laisserons décider de cela ? s’exclama Xiao Lin, le Haut Seigneur de Sang et d’Airain de Quinn, tel un tonnerre. Il était chauve à l’exception d’une unique natte qui descendait dans son dos. Hum ? Fils de la Terre ? Un simple eretsin qui ose nous dire à nous les Fils des Cendres, ayant atteint le paroxysme du neshirinshi, le sommet de nos nations, s’étant hissé aux cimes de ceux qui sont plus que des hommes, le pinacle du Tri, penses-tu que nous allons simplement dire oui ? Sans la moindre preuve ?

— Des preuves, j’en ai un certain nombre, qui a mes yeux sont limpides mais qui pour vous, pourraient paraître… circonstancielles. Ils se cachent bien. Ils ont la discrétion d’une vipère et la patience d’alligators. Je pourrais rajouter autre chose. Quelque chose que j’ai découvert, il y a peu. Dans les vestiges de la grande bibliothèque de la cité d’Alexandria au sein de la Communauté du Nil. Elle a été rasée par la Niera, quelques mois après la Chute des Dix Dômes.

— Qu’est-ce donc ? demanda Moca Malone, qui arborait le visage d’un élégant et séduisant trentenaire, les cheveux noirs peignés impeccablement sur le côté, le teint hâlé et les yeux sombres.

Avec ses quarante-neuf ans, il était le plus jeune des Aurarques présents.

— Ous est en vie.

Tous les Aurarques réagirent à cette nouvelle. La plupart par des haussements ou des froncements de sourcils mais aucun ne demeura de marbre. Aucun n’aurait pu.

— C’est impossible, murmura Moca Malone. Ce Reiishirin a été vaincu par Yoan Soli et Orion Eldar, les deux plus puissantes Lunes de l’Empereur des Immortels. Il est l’un des six plus puissants dieux neshiriens. Yoan Soli y a laissé la vie. Il était la plus anciennes des Lunes du Seigneur Jovien de l’Originel, Edward Lukeni.

— Baliverne ! s’écria Fenrir Löw, le visage empourpré de colère. Montrez-nous la preuve ! Nakayi. Autre chose que vos belles paroles !

Kani fit apparaître les pages manuscrites jaunies et partiellement brûlées du livre multi-centenaires retrouvés dans le sable du désert. C’était du solominon. Plus précisément du solominon archaïque, la pure langue d’Ishar. La plupart d’entre eux n’avait que des notions approximatives à l’exception de Xiao Lin et de Salazar Essowédéo Lukeni, le Haut Seigneur de Sang et d’Airain de l’Union Kongo et Gardien du Sang de Lukeni.

Essowédéo était un homme grand, la morphologie svelte mais athlétique. Il était rasé vers l’extérieur du crâne mais à mesure que l’on se rapprochait du sommet, ses cheveux crépus et ébènes gagnaient en longueur et en épaisseur avant de se terminer en une série de locks brunes attachées en queue de cheval à l’exception de deux qui retombaient sur le côté du visage. Il avait une barbe noire comme la nuit, volumineuse et épaisse. Il posa ses prunelles marron foncé sur la grande image en trois dimensions qui venait de s’afficher au-dessus de Kani.

La plupart des Aurarques possédaient des lentilles leur permettant d’avoir accès par la pensée à une série d’information, souvent de très haute sensibilité qui s’affichaient devant eux en réalité augmentée. Cela leur permettait de gagner un maximum de temps car l’information était une denrée précieuse et stratégique. Par ailleurs la mise en place de ces lentilles contrôlées par la pensée nécessitait une opération et l’autorisation d’accès passait par leur neshir ce qui les rendait impossible à pirater, même si l’Aurarque était capturé et que l’on lui prenait les lentilles et le récepteur implanté dans la boîte crânienne. Cela évitait de passer directement pas le murmure neshirien qui pouvait s’avérer trop dangereux si les informations transférées dans la psyché étaient trop importantes.

Kani sut que la plupart d’entre eux se servaient de leur lentille pour traduire les signes soloméniques, mais les deux Aurarques regardèrent à peine l’image avant de se plonger dans leur pensée.

— Cela veut tout et rien dire, Kani… lui fit remarquer Essowédéo, un moment plus tard.

— « Le détenteur de la divine lumière (Ous) est en vie, même s’il demeure mort, condamné à une fin et une soif éternelle de puissance. », dit sentencieusement Xiao Lin avant rajouter en secouant la tête, Et alors ? Quelqu’un a voulu faire un peu de poésie. Je crois que je vous couperais la tête en brûlant la politesse au Haut Seigneur Temüjin.

— Ce livre est l’un des douze livres censés se trouver dans le Hall de la Connaissance.

Kenji Endo déjà droit, se redressa un peu plus en disant :

— Ne me dites pas que c’est…

— Ushen O’ Nim, Néant et Chaos de Kiona Paine.

Kani changea l’image et la couverture abîmée par le temps, le sable et le feu s’afficha. Grâce à une analyse spectrale, il était parvenu à faire ressortir l’encre restant sur la couverture et des lettres en solominon s’affichaient et confirmaient ce qu’Kani venait de leur dire.

— Comment cela se fait-il qu’il ne soit plus dans le Hall ? Demanda Moca Malone.

— Durant l’Âge Sombre de nombreuses choses ont été perdues et ont disparu. Et visiblement les Gardiens du Hall n’ont pas estimée important de le préciser.

— Il n’y a plus de Gardien du Hall depuis que les Salomens du Verre et du Dragon ont été massacré par les Seigneurs Blancs, dit sombrement Kenji Endo.

— Exactement. Donc, personne ne peut plus répondre à cette question. Mais, il y a plus. Ce livre n’a pas été brûlé par la Niera.

— Comment cela ?

— Quelqu’un a volontairement mit le feu à ce livre. La Niera, lorsqu’elle consume la matière, laisse des traces caractéristiquement au niveau moléculaire. Et ce livre n’a pas été touché par la Niera, ainsi que ceux de la même strate alors qu’ils sont brûlé tandis que ceux découvert au-dessus l’ont été.

— Vous supposez que ce sont les Apôtres de Raaz ? Demanda Temüjin.

— En effet. Ils ont profité du chaos ambiant résultant de la chute du dôme d’Alexandria pour s’introduire dans la bibliothèque et la brûler. Lorsque la Niera a balayé la cité, la bibliothèque n’était déjà plus qu’un tas de cendres.

— Et pourquoi ? Pourquoi aurait-il fait cela ? Pourquoi ce livre les effrayerait-il à ce point ? Ce n’est qu’un livre poétique. Néant et Chaos est un ouvrage de littérature, c’est bien connu. Je ne comprends même pas ce qu’il faisait dans le Hall.

— Kiona Paine est la disciple des Trois Anciens la plus brillante qu’ils aient eu. Mulowa disait parfois qu’elle était plus douée et brillante que lui. Ce qui n’est pas rien. Swordsteen et elle ont toujours partagé une admiration réciproque. Je vous rappelle que les Précurseurs ont choisi les tableaux de Kiona Paine pour emblème des six premiers Phœnix. C’était une femme aux multiples talents, connaissant les origines des neshirs et étant la seule personne, après Les Trois Anciens, qui détenaient les secrets de la Matrice Immortels. Elle a été auprès des Précurseurs pendant la Guerre d’Airain. Elle en a été témoin. Si le Grand Conseil des Témoins a estimé que la place de ce livre était dans le Hall, cela signifie qu’il renferme bien plus de chose qu’il n’y paraît.

— Est-il même authentique ? Demanda l’Aurarque d’Aotearoa.

— Mon scribe, Daniels Pool, est l’un des meilleurs. Il l’a certifié.

Il eut un silence. Peut-être bien que cette réunion allait être un succès…

— Si Ous était réellement en vie, comme Kiona Paine le prétend, à supposer que l’on prenne le texte littéralement, ce que je trouve assez grotesque pour ma part, commença Xiao Lin. Je doute fort qu’il serait resté sagement assis dans son coin pendant neuf cents ans. Je ne sais pas. Dites-moi si je me trompe.

— Exactement. S’il n’a rien fait pendant un millénaire, c’est sûrement parce qu’il ne le peut pas. Après tout, il demeure mort, condamné...

— Vous ne trouvez pas que vous vous contredisez un tantinet, Nakayi ? éructa Fenrir Löw. Il est mort ou vivant votre Reiishirin ?

— Vous parlez comme un fichu salomen, à affirmer une chose et son contraire avec la même effronterie, rajouta Xiao Lin.

— Dis-moi, Kani. Pourquoi le Roi tombé du Ciel, les Précurseurs et leurs Lunes auraient-ils épargnés les Seigneurs du Chaos ? demanda brusquement l’Aurarque de l’Union Kongo avec une froideur soudaine. En supposant que ce texte n’ait rien de poétique ?

— Je l’ignore… Mais cela amène une question importante. Je suis sûr que vous voyez où je veux en venir. Chacun d’entre vous.

— Si Ous est en vie… commença Kenji Endo.

— Alors, Raaz l’est peut-être aussi, continua Temüjin.

— D’où votre inquiétude par rapport aux Apôtres de Raaz… Vous pensez qu’ils projettent de le réveiller, ou quelque chose de similaire, et ce quel que soit l’endroit où il se trouve, n’est-ce pas ? Demanda l’Aurarque de Janeiro.

— Exactement, confirma Kani, la mine sombre.

Il y eut un silence puis Xiao Lin se mit à rire. Il fut le seul à rire et les autres ne le regardèrent même pas se contentant de fixer Kani à l’exception de Temüjin, Malone et Endo qui étaient absorbé par leur pensée.

— Vous avez failli m’avoir. Mais tout cela n’est qu’un conte de bonne femme, vous devriez avoir honte de nous faire perdre notre temps avec ce genre d’élucubration. Oui, je vous décapiterais bien, là, tout de suite.

Il venait de se lever de son siège. Et Kani sentit l’atmosphaira de l’Aurarque de Quinn se répandre dans l’amphithéâtre alors qu’il lâchait un soupir. Au moins, il aurait essayé…


Texte publié par N.K.B, 19 novembre 2019 à 09h26
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