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Ignemshir, Tome 1 : L'Étincelle Mourante
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tome 1, Chapitre 48 « À cœur ouvert » tome 1, Chapitre 48

— Écoute, peut-être qu’on se trompe toutes les deux et qu’ils ne changeront jamais. Ils ont tous un bon côté, comme certains psychopathes peuvent en avoir. Mais cela n’en fait pas des gens bien.

— Je pense qu’ils font tout ce qu’ils peuvent pour gérer la pression de leurs familles et la difficulté de leur entraînement. C’est un véritable enfer qu’ils expérimentent depuis qu’ils ont huit ans. Huit ans, Charlie ! Et fatalement, Ils en ont gardé des cicatrices et beaucoup ont grandi avec beaucoup de failles émotionnelles.

— Et ils sont censé sauvé le monde, plaisanta Charlaine. Notre monde a vraiment perdu les pédales.

— Ce n’est nouveau pour personne, répondit son amie, très sérieusement. Le Tri... abîme beaucoup d’entre eux. Ceux qui survivent. Je l’ai vu avec mon frère. Lorsque Sam est rentré après avoir survécu à l’épreuve finale, au Raaek'a Daedalis. Il est devenu encore plus froid, moins... humain. Comme si son sang était réellement devenu de l’acier liquide, ainsi que son cœur. Il est devenu comme mon père à de nombreux égards. Je ne pouvais plus l’atteindre, je ne pouvais plus le comprendre. Une distance s’est installée alors qu’elle n’existait pas, avant.

— Je t’avoue que j’appréhende ce jour, plus qu’aucun autre...

— Mais nos plus grandes failles lorsqu’elles sont comblés peuvent devenir un moteur, une source d’énergie et de motivation insoupçonnée. Ils n’ont pas à rester brisé pour toujours. C’est pour cela que les amalias existent. Pour soulager, apaiser et rendre la chaleur et la vie à leur cœur glacé par la souffrance et les épreuves.

— Donc, si je comprends bien, tu veux soigner Lucas et panser ses blessures ? Dans l’espoir qu’il devienne un homme meilleur ? Celui-là, comme les deux autres, s’ils survivent, ils ne deviendront rien de plus que des corps sans âme. Tes intentions sont louables, mais je pense que tu te voiles la face... Et moi aussi... je me suis voilé la face...

Charlaine leva ses yeux vers le ciel bleu et les quelques nuages qui le tachetaient. Elles savaient que les taches vertes de ses prunelles s’amenuisaient ne laissant qu’un bleu profond et triste.

— On a choisi les pires, rajouta-t-elle en serrant les bras contre sa poitrine. On doit avoir de sérieux problèmes pour avoir été attiré par de pareils tordus.

Dans le fond, peu lui importait les autres, la jeune fille espérait simplement que Keiji et Evan lui reviendrait entier. Oui, ils ne changeraient pas. Le lien qui les unissait tous les trois dureraient éternellement. Ils se l’étaient promis. Et jusqu’à présent, ils avaient tenu cette promesse envers et contre tous.

— Tu es celle qui a un grain, Charlie, rétorqua Tessa en souriant, taquine. Tu n’as aucune obligation. Moi, si. Tu l’as choisi librement ton sociopathe.

Elle marquait encore un point. Quand elle avait appris pour le passage à tabac, elle s’était sentie profondément blessé car Baptiste lui avait assuré qu’il avait changé, qu’il était plus mature. Il avait semblé y croire réellement parce qu’elle n’avait pas discerné de mensonge sur son visage. Visiblement, le temps ne pouvait transformer positivement les gens en profondeur. On restait celui que l’on avait toujours été.

Dans son cas, un sale petit blondinet dévoré par un énorme complexe de supériorité, nourrit par une figure paternelle forte et asphyxiante et un grand frère dont les hauts faits restaient et resteraient toujours hors de sa portée. Ce qui le condamnait à pourrir dans son ombre, le cœur remplit d’amertume et de jalousie, et ce, pour l’éternité...

— Le seul à qui j’ai donné mon cœur est Evan, et il m’a rejeté sans raison, murmura-t-elle d’une voix qui se voulait égale mais Charlaine perçu des trémolos. Et il était tout pour moi. Il était tout ce que j’ai toujours recherché chez un futur gardien du Sang d’Harlec, chez un futur époux... Il n’avait pas vraiment de gros défaut. Il était décent. Convenable.

— Vraiment ? Lui demanda Charlaine amusé.

— Bien sûr. Evan n’est pas un psychopathe comme celui dont tu te languis.

— Déjà, je ne me languis pas, et ensuite, quand tu fais une telle affirmation à son sujet tu oublies une partie de sa personnalité. Tu sais quand il ne parle plus à personne pendant des jours...

— Tu parles des peintures ? Celle que tu brûles systématiquement ?

— Oh oui, répondit la jeune blonde en souriant. Je suis désolé mais dans ces moment-là, parmi tous les alumni, il est définitivement le plus flippant. Mais je l’adore mon petit Evan. Et qu’est-ce qu’il ferait sans moi ?

*

Tessa lui rendit un faible sourire. Elle n’avait jamais osé brûler ses peintures. Celle qu’il peignait lorsqu’il ne pouvait s’en empêcher. C’était toujours lorsqu’il passait par un moment particulièrement difficile ou que des souvenirs douloureux remontaient à la surface. Et le résultat de ce qu’il y avait à l’intérieur de son âme donnait toujours la chair de poule. C’était pour cela que Charlaine les brûlait toujours. Evan ne tentait d’ailleurs jamais de l’en empêcher. C’était comme si une fois qu’il avait fini, il n’avait plus de lien avec l’œuvre qu’il mettait parfois des jours à réaliser.

*

Les deux aspirantes scientis restèrent silencieuses quelques secondes à peine avant que Charlaine ne lui redemande en remarquant qu’elle serrait légèrement les poings :

— Tu en es vraiment sûr ?

— Je viens de te le dire Charlie. Je n’ai pas vraiment le choix.

Elle croisa les bras, le visage de nouveau impassible. Charlaine lui lança un regard inquisiteur.

— Pourquoi ?

— Tu sais bien, il y a beaucoup de paramètres que je dois prendre compte. Je ne suis pas vraiment libre. D’ailleurs, tu as travaillé sur les résultats des tests d’Evan ?

Charlaine les avait analysés en même temps que les pilules. Et en effet, elle avait remarqué une anomalie mais elle était si subtile que quelqu’un de moins consciencieux et doué qu’elle en Mécanique Arkarienne ne l’aurait pas constaté. Cette anomalie traduisait le vieillissement de son Kar’Cirkaem observé dans le laboratoire du magister Jasper Zal. Le prisme crépusculaire de l’école n’était pas aussi performant que celui du magister scientis. Elle ne savait pas si Evan voudrait qu’elle en parle à Tessa. Probablement que non… Elle ne pourrait parler que de ce qu’elle découvrirait toute seule.

— Oui, je pense avoir trouvé quelque chose mais c’est assez subtil. Il me faudra plus de temps. Pourquoi est-ce que… Tu espères quoi exactement ?

Tessa passa ses cheveux derrière son oreille et parut hésitante avant de dire.

— Je ne sais pas.

— Tu l’aimes toujours, n’est-ce pas ?

— Bien sûr.

Elle se tût un moment.

— Tu le sais bien. C’est lui qui ne veut plus de moi, lâcha-t-elle le regard baissé. Et non l’inverse. Et le pire est de ne pas avoir toutes les informations qui me permettraient de comprendre. Tu sais comme je suis, comme nous sommes. Je ne supporte pas de vivre dans l’ignorance. Surtout concernant quelque chose d’aussi important.

Charlaine observa Tessa, la mâchoire serrée et cette dernière voyant qu’elle était sur le point de craquer, lui prit la main et l’invita à marcher avec elle, plus à l’écart des autres filles qu’elles ne l’étaient déjà.

— J’aimerai tellement comprendre pourquoi est-ce qu’il a changé comme ça, dit-elle brusquement, la voix tremblante. Pourquoi prendre une telle décision. Je passe mes nuits à réfléchir à ce que j’aurais pu faire ou dire qui l’aurait blessé au point qu’il décide de se détacher de moi mais je ne trouve pas. Tout cela n’a aucun sens. Tout se passait bien et brusquement du jour au lendemain, il me l’a annoncé de but en blanc. Pas comme un rustre mais avec toute la prévenance et la gentillesse dont il a toujours fait preuve à mon égard. Je n’ai pas su quoi répondre car cela n’avait aucun sens… Je pensais d’abord à Jahandar parce que ses résultats n’ont cessé de baisser après ce qui lui ait arrivé, cela l’a vraiment secoué et j’ai cru qu’il s’en voulait tellement qu’il ne savait plus du tout où il en était mais… j’ai l’impression que c’est lié à ce qui lui est arrivé après son duel avec Lucas parce que… Je lui ai demandé si c’était la première fois… Il a dit que c’était le cas mais je pense qu’il m’a menti. Parce que si ce n’était qu’une affaire de baisse de performance, cela ne peut justifier sa décision. Au moment où il l’a prise, la baisse était minime. Et cette certitude qu’il a toujours eue depuis, que son Étincelle était morte alors que rien ne le laissait supposer… Il ne pourrait pas être le quintus du la meilleure schola du monde avec une Étincelle inexistante. Cela signifie qu’il a toujours su quelque chose… Pourquoi est-il si certain qu’il n’a aucune chance de remonter la pente et pourquoi ne même pas me laisser une chance de l’aider ?

La jeune scientis hocha la tête en jouant pensivement avec ses boucles blondes. Elle ne pouvait rien lui dire. Assurément qu’il y avait un lien entre son Cercle Intérieur qui vieillissaient plus vite que la normale et ses crises. Les magistri, qu’ils avaient vu, avaient dit que c’était l’effondrement de son Cercle Intérieur qui arrivait à sa phase finale. Il en avait eu trois en une journée. Ce qui marquait une accélération. Le Kensh’en Or’i accélérait le phénomène. Par contre, elle ignorait si c’était la première fois. Probablement que non… Evan était du genre à ne pas en parler. Et il était trop perspicace. Il avait probablement compris dès les premiers symptômes que ce qui lui arrivait ne pourrait être guéri… par des moyens conventionnels. Charlaine ne perdait pas espoir. Elle trouverait une solution, elle aurait bien voulu en discuter avec Tessa mais, elle savait qu’Evan ne voudrait pas. Il ne voudrait pas lui donner de faux espoirs car elle se jetterait à corps perdu dans ces tâches quitte à ce que cela la consume complètement. Et elle ne gérait pas très bien les déceptions et les déconvenues. Evan ne voudrait pas la jeter au bord du désespoir.

— J’aimerai pouvoir faire tout ce que je peux, continua Tessa, les yeux embués. Trouver une solution, si c’est à cause de cela qu’il se comporte aussi étrangement. Mais il ne me laisse pas l’aider.

— Essaye de parler avec lui.

— Tu sais bien comment il est… S’il ne veut pas parler de quelque chose…

Les deux aspirantes scientis restèrent silencieuses et pensives

— Pourquoi disais-tu que tu n’avais pas le choix ? Par rapport à l’autre serpent aux yeux gris ?

Le visage de la jeune Harlec retrouva sa froide neutralité alors qu’elle essuyait ses yeux humides avec un mouchoir en tissus.

Charlaine remarqua qu’il portait les initiales d’Evan. Sans savoir pourquoi, elle se sentit encore plus triste pour Tessa qu’elle ne l’était déjà. Sa capacité à cacher ses émotions même les plus vives avait toujours suscité en elle une certaine admiration à son égard car elle ne pouvait pas le faire à cause de ses yeux. Elles se connaissaient depuis toujours et aussi longtemps que Charlaine remontait, Tessa avait toujours été ainsi. Mais cacher ses émotions ne signifiaient pas forcément que l’on était capable de les gérer.

— Vois-tu, Sam est en mission pour le Phœnix Pourpre non loin du Désert Blanc. Une mission longue et dangereuse et il n’a pas eu d’enfant pour le moment. Donc s’il meurt là-bas. Il ne restera que moi pour assurer à ma famille de garder son statut de Famille Ancienne.

Charlaine connaissait la hantise qui régnait dans le cœur de chaque patriarche Sha’Daigan, de chaque Gardien du Sang, perdre ce statut inestimable et rare auquel toute la famille tenait tant et dont elle tirait fierté, légitimité et pouvoir. Un statut qui ne pouvait être retrouvé lorsqu’il était perdu. Il suffisait d’une génération et la branche concerné était considéré comme une branche morte de l’arbre généalogique. Une branche rouillée à qui tout le reste de la famille tournait le dos.

Makel Rolsin.

— Tu penses vraiment que cela va changer quelque chose ? Vous êtes riches, influents et puissants depuis presque un millénaire. Le statut de Sha’Daigan ne changera rien à tout cela.

— C’est là que tu te trompes. Depuis la fin de l’Âge des Immortels toutes les branches de Familles Anciennes aussi riches et puissantes qu’elles ont été, ont tout perdu quelques décennies après avoir perdu leur statut. Les Yung en sont le parfait exemple. Quand on le perd, tu sais bien que c’est pour toujours. Je ne peux pas risquer de laisser ma famille devenir une branche rouillée. Donc, je n’ai pas le choix, je dois être l’amalia d’un ignemshir afin d’être sûr que nous ayons une autre génération d’ignemshir après moi. Mon père préférait qu’on lui coupe la tête plutôt que la branche principale dont il est le chef ne rouille.

— Il y en a d’autres, des ignemshirs. Pourquoi choisir celui-là ? Tu ne vas pas me dire que c’est parce que c’est un Sha’Daigan. Evan n’en est pas un.

La jeune fille, la mine pensive, répondit en le regardant courir sur le terrain :

— Evan est un Pulsar et un Impérial. En ce qui les concerne, quelques soit la Compatibilité de leur partenaire, ils ont quatre-vingt-dix-sept pourcents de chance d’avoir des enfants Compatible mais Lucas n’en est pas un donc les chances sont moins importantes, de l’ordre de quatre-vingts pourcents mais suffisantes. Néanmoins, ce n’est pas la raison de mon choix, la famille Lechatel a déjà un Compatible pour leur génération suivante le fils de la grande sœur de Lucas ainsi, par mon union avec Lucas, ma famille conservera également son statut au cas où aucun de mes enfants ne le soient même si c’est peu probable mais je ne veux pas courir de risque. Avec la fièvre rouge… C’est ce que l’on appelle un volshi, un pont. Et puis, les Lechatel veulent se rapprocher des Harlec, mon père et celui de Lucas ont déjà leurs idées arrêtées…

— Mais si vous aviez un enfant, ce serait un Lechatel ou un Harlec ?

— Les deux, mais nos petits-enfants ne compteraient uniquement que pour les Lechatel vu que c’est Lucas, l’ignemshir. Même si le nom des Harlec se dissolvait dans celui des Lechatel, ce sera toujours mieux que de devenir Makel Rolsin… Si cela avait été Evan, mon père aurait exigé que notre fils porte le nom des Harlec, même si moi j’aurais porté le sien. Cela faisait partie de leur arrangement.

Charlaine soupira en se disant que les Familles Anciennes et les règles régissant le statut de Sha’Daigan étaient un sujet inutilement alambiqué. Elle compatissait pour son amie à cause toute la pression qu’elle subissait. Charlaine l’a serra subitement contre elle. Tessa se laissa aller contre elle en la remerciant, le visage plongé dans son épaule.

La jeune blonde vit Evan dans sa chemise blanche cintrée tâchée de traces d’herbe et de terre, un nœud grand-duc marron au col, qui regardait en leur direction, l’air songeur. Elle vit plusieurs des filles que Keiji avaient ramené, glousser en lui lançant des regards ou des sourires. Certaines lui faisaient signe de la main. C’était à se demander dans quel zoo Keiji avait bien pu les ramasser. C’était exactement le genre de filles qui donnaient de bouton à Evan bien que certaines étaient vraiment jolies. D’ailleurs, il ne leur accordait aucune attention. Charlaine était convaincu qu’en réalité, il ne les avait même pas remarqués. Il en était capable...

Avec une Compatibilité comme la sienne, il était étonnant qu’il ait trouvé la force de rompre la promesse. Elle-même n’avait jamais compris la raison de son choix jusqu’à ce qu’ils fussent allés chez le magister Jasper Zal. Il avait déjà compris la gravité de ce qu’il avait depuis plusieurs mois. Elle se sentit encore plus morose. Oui, elle trouverait une solution. Il le fallait. Le magister avait été clair. Si le vieillissement de son Kar’Cirkaem continuait, comme les très vieux ignemshirs, il finirait par perdre ses capacités de régénération après la mort de son Étincelle, et il mourrait.

C’était un cancer en phase terminale mais tout n’était pas perdu. Il devait forcément y avoir un moyen...

Evan fut interpellé par Keiji qui juste après le heurta violemment de l’épaule en riant alors qu’ils étaient dans la même équipe. Elle entendit Evan grogner, étendu sur le sol tandis que Keiji se moquait de lui. Son ami lui saisit la jambe et le fit trébucher avant de se jeter sur lui et de lui faire une clé d’étranglement. Keiji le visage empourpré mais conservant un sourire terni par la douleur, le supplia d’arrêter.

— J’ai dû batailler contre mes parents, surtout mon père pour qu’ils me permettent d’accepter son anneau de bois. Malgré le fait qu’il soit un Pulsar, mon père ne l’a jamais vraiment accepté, mais je crois qu’avec le temps, il le regardait avec moins de mépris. Mais je ne saurais dire. Et lorsque je lui ai annoncé qu’il allait rompre sa promesse. Il m’a simplement dit qu’il m’avait prévenu qu’on ne pouvait pas compter sur les ma’nkel. J’aimerai juste qu’il revienne sur sa décision. Je serais prête à me battre pour lui et à convaincre mon père, une fois de plus, s’il le fallait.

— Peu importe ce qui pourrait arriver ? Demanda Charlaine alors que Tessa s’écartait un peu et essuyait ses joues humectées.

— Comment ça ?

— Eh bien… Je vois bien qu’Evan a encore des sentiments pour toi, mais s’il a décidé de renoncer à toi malgré cela, ce n’est pas bon signe.

— Comment cela ?

— Il a réagi comme quelqu’un qui sait que quelque chose de grave va lui arriver. Comme s’il ne voulait pas que tu en souffres ou parce qu’il pense que tu pourrais lui tourner le dos si cela lui arrivait. C’est un Pulsar, Tessa. Le lien affectif amoureux qu’ils tissent sont extrêmement forts. Encore plus que pour un Guerrier Impérial normal si c’est même possible. Ce n’est pas pour rien qu’on appelle ceux qu’ils épousent Katai’A’Shi.

— C’est vrai, murmura-t-elle d’une voix triste. À part la mort, je ne vois pas ce que ça pourrait être… mais Evan ne peut pas mourir.

*

Tessa se détourna et regarda Evan qui courait agilement à travers le terrain improvisé. Il évita deux membres de l’équipe adverse filant à toute vitesse. Il semblait intouchable comme une comète traversant le vide mais il fut violemment percuté par le grand et solide Alejandro. Si violemment que le bruit du choc lui donna des frissons et qu’elle et Charlaine se crispèrent en même temps, les poings serrés, retenant leur respiration. Dans le silence qui s’installa, la balle rebondit et roula dans l’herbe humide. Les deux aspirantes scientis avaient eu un mouvement de recul et grimaçaient imaginant sans mal la douleur que ce dernier devait ressentir. Les filles s’étaient toutes tus, des expressions horrifiées sur leur visage, certaines se tenant la gorge. Les alumni s’étaient immobilisés sur le terrain.

Soudain, un rire profond et chaleureux s’éleva. Evan riait à gorge déployé bien que son visage exprimât néanmoins une profonde douleur. Ce qui était un spectacle assez troublant. Alejandro riait également alors qu’il se mettait sur ses genoux. A quelques pas d’eux, Keiji se tenait les côtes, incapable de s’arrêter. Les autres joueurs secouèrent la tête, dépité pour certains et d’autres esquissaient des sourires amusés. Jordan ramassa la balle en parlant entre ses dents et le match reprit comme si de rien n’était.

Alejandro tendit son bras à Evan qui le saisit et il le tira vers lui l’aidant à se remettre sur ses pieds.

— C’est la première fois depuis longtemps que je les vois rire tous les trois ensembles.

— Oui, c’est vrai depuis la mort de Jahandar, ils ne sont plus les mêmes, confirma Charlaine avec un sourire léger.

— Oui, c’était la belle époque, renchérit Tessa avec nostalgie. Tout était tellement mieux.


Texte publié par N.K.B, 29 octobre 2019 à 10h07
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