Pourquoi vous inscrire ?
Ignemshir, Tome 1 : L'Étincelle Mourante
icone Fiche icone Fils de discussion icone Lecture icone 1 commentaire 1
«
»
tome 1, Chapitre 43 « La curiosité est un vilain défaut » tome 1, Chapitre 43

— Prends garde au ton que tu emploies lorsque tu t’adresses à moi, Célestin, prévint Tambwe d’une voix glaciale.

— Je reconnais, répondit froidement le magister scientis Vasco. Qu’à l’échelle du Noguem, un cinquième des neshirs des Guerrier Impériaux disparus au cours de ces dix dernières années n’ont pas été retrouvé. Parmi lesquels, aucun des rares Pulsars.

— Ce qui nous fait quoi, environ trois à quatre neshirs Impériaux perdus dans la nature, fit Tambwe d’une voix pensive. Ce n’est pas grand-chose.

— Au contraire, cela commence à faire beaucoup, le contredit Vasco. Mais pas suffisamment pour que l’on puisse aller dans ton sens Célestin.

— Et comment cela se fait-il qu’on ne les ait pas retrouvés ? s’exclama Rhodes d’une voix incrédule. On a les orkins associés, on devrait pouvoir les localiser.

— Ils ont tous disparu dans des zones à proximités de Territoire de Phobos. C’est pour cela qu’ils ne sont pas repérables. Que voudrais-tu ? En appelé au Conseil Onyx ?

— Peut-être…

— Et que diras-tu lorsque tu te retrouveras en face d’Heredogar, se moqua le magister Tambwe. Que tu penses qu’il y a un voleur de cadavres d’Impériaux quelque part dans la nature ? Tu n’as aucune preuve de ce que tu avances.

— Heureusement pour nous que le sang de six des Sept Précurseur subsistent encore. La Lumière de Lukeni brille encore mais pour combien de temps avant que le Tri…

— Encore ces fadaises sur la prophétie de Val Orian ? Les A’shua Meno du Roi au Sang d’Airain sont morts et lui également, et il n’est rien arrivé.

— Parce que leur descendant et leur Sang existe jusqu’à aujourd’hui. Je pense toujours que nous devrions leur accorder un statut particulier. Leurs existences repoussent l’arrivée de la Tempête de Ténèbres.

— Par la poussière et le sable d’Alexandria, marmonna la voix du magister Vasco. Ce ne sont que des suppositions. Bien que le Sagolem dans son ensemble soit parvenu à cette conclusion, tu sais bien que le Noguem s’y refuse, et les Six Sangs Primordiaux restant ont refusé le moindre traitement de faveur depuis l’instauration du Tri à cause de de l’Honneur Neshirien. Alors, ne parlons plus d’une affaire ayant déjà été réglée il y a plusieurs siècles.

— Mais...

— Pourrions-nous en revenir au sujet de notre réunion, fit calmement une voix apaisante qu’Evan reconnut.

C’était le magister Marshal qui avait la charge de l’enseignement du Neshirinshi aux deuxièmes années. Il était aussi dur que le magister Tambwe mais semblait moins sadique. Du moins c’était l’impression qu’il lui avait laissée.

— Tu as raison Olivier. Donc, comme nous le disions, il est vrai que le Phœnix Incandescent est au bord de l’implosion, fit le magister Vasco. Du moins vu comment les choses évoluaient jusque-là, mais avec le détachement d’Heredogar, avec à sa tête le Cavalier Foudroyant, et celui du Phœnix Ambré envoyé par Aurarque de Washington, Cassius Thunderwalker, les choses se sont calmés mais c’est le calme avant la tempête.

— Je ne pense pas qu’il y aura une tempête, répondit Olivier. Je pense que tout cela, ce soi-disant Roi de l’Abîme n’est qu’une fumisterie. Des rumeurs suscitées à dessein… Je ne vois pas les Shedims Giancarlo et Karun renier leur serment…

— C’est un coup des oshaïnims, renchérit la voix aigre du magister Wong qui s’occupait du Neshirinshi de première année. Le Grand Conjurateur essaye sûrement de nous faire croire qu’il peut nous noyauter en un claquement de doigt, comme lors de la Pacesia de Sang. Le 5ème Imperator avait bien fait de livrer aux Exécuteurs tous les officiers en chef qui ce jour-là étaient chargé de la sécurité au sein de la cité. Ils étaient forcément de mèche avec les oshaïnims.

Evan avait gardé un mauvais souvenir de ce magister. Il lui avait toujours fait penser à un serpent.

— Je sais que tu les connais Olivier, continua-t-il. Mais dans le fond, qui sait si Giancarlo et Karun étaient réellement loyaux au Serment de l’Aurore et au Noguem ? Depuis la fin de la Guerre des Deux Soleils et du châtiment du 6ème Roi de l’Aurore à l’encontre de l’Incandescent et de l’Ambré, la pilule n’est pas bien passé auprès des Sha’Daigan et des Sha’Genji sud-américains, encore moins que pour les nord-américains. Bon après tout, ce fou a utilisé le Souffle d’Antarès.

— Nous devrions considérer les signes. Vous les ignemshirs, vous ne considérez jamais les signes, marmonna le magister-salomen Rhodes.

— C’est-à-dire ? Demanda la voix légèrement excédée du magister Tambwe.

— Eh bien, les choses ne sont plus les mêmes qu’il y a vingt ans, ou même dix ans. L’un des Yen’doshushim a été asservi. Pour la première fois depuis qu’ils ont été forgé par Les Trois Anciens dans le cœur de la Matrice Immortelle. Et son kaedenshir se trouve dans nos murs. Sans oublier la prophétie sur le Roi Sans-Nom.

— Tu penses que le kaedenshir est le Roi Sans-Nom ? Dit le magister Tambwe d’une voix moqueuse.

— Mais non, comment pourrait-il l’être ? Mais je pense toujours que cet abruti aurait dû être supprimé dès le moment où il a mis les pieds hors de la Caverne aux Épées…

Le cœur d’Evan se serra légèrement lorsqu’il se souvint de ce qui s’était produit lorsqu’il était ressorti de la Caverne…

Comment Princeton l’avait défendu en déployant une partie de sa puissance pour intimider des noguemis superstitieux et épouvantés et leur interdire de poser la main sur lui. C’était la deuxième fois qu’il le voyait ainsi utilisé ses capacités de Fils de la Foudre, en tenant à la main une lance faite de foudre solide qui palpitait comme une créature vivante. L’un des seconds du Maître des Soupirs, chargé de protéger les jeunes Compatibles des bêtes sauvages qui foisonnaient dans la Forêt des Soupirs, avait tenté de le tuer malgré tout et il avait fini transpercé par la lance, suspendu à un chêne-fantôme bicentenaire à l’écorce immaculée à plusieurs mètres du sol, tandis que son corps parcouru de spasme était réduit en poussière.

Le Roi de l’Aurore en personne était alors sorti de la forêt. Un jeune homme qui paraissait encore plus jeune que Princeton. Il avait fixé son tuteur de son regard écrasant pendant quelques instants sans que ce dernier ne bronche ou ne paraisse impressionné. Il avait même fait apparaître deux lances de foudre supplémentaires, une dans chaque main. Ur Kol l’avait ensuite fixé quelques instants. Evan s’était tétanisé à cause de la peur et du regard sinistre du jeune homme posé sur lui, priant pour que Princeton soit plus fort que le roi de tous les ignemshirs. Celui qui régnait sur le Noguem et les Trois-Mondes Le jeune Roi de l’Aurore avait alors souri puis dit : « quiconque touchera cet enfant sera puni de mort, le Tri décidera de sa valeur, et non pas l’ignorance et la sottise d’hommes apeurés ». Il était ensuite reparti sans rien dire de plus, suivi par un salomen vêtu de sa robe écarlate brodé de l’emblème de la Matrice Immortelle, qui était aussi celui de la Cité-Royaume d’Ulzayan.

Ces simples mots lui avaient probablement sauvé la vie et évité à Princeton de tuer un grand nombre d’abrutis superstitieux comme le magister Rhodes. Evan était le kaedenshir dont il parlait. Ce mot signifiait premières cendres. C’était ainsi que l’on appelait le premier détenteur d’un neshir.

— Nous aurions dû le supprimer afin d’empêcher que la prophétie s’accomplisse mais bon, Ur Kol en a décidé autrement. Ce que je veux dire, c’est que je pense que le Roi de l’Abîme est le Roi Sans-Nom ou tout du moins, l’une de ses Lunes.

— A part ton imagination débordante, as-tu d’autres preuves qui soutiendraient tes convictions ?

— Eh bien, toutes les pistes doivent être exploré… fit Rhodes d’une voix embarrassée.

— C’est bien ce que je disais. Tu n’as rien, rétorqua Tambwe. Ce Roi de l’Abîme n’est rien de plus que le septième ou huitième crétin à prétendre lancer une révolution contre le Noguem et qui parvient à rallier quelques cités dotées de Shedims véreux et avides de pouvoir, tu m’excuseras Marshal, mais c’est sûrement ce qu’ils sont, ainsi qu’une petite armée de malfrats eretsins et de nihil, fit le magister Tambwe en ricanant. Ils seront défaits comme les autres et tous seront envoyés à Nihilo Andesi. Tssss ! Ces idiots de Sha’Genji font de piètre Shedim et de piètres gouverneurs, ils ne savent pas faire leur boulot.

— Les Sang de Fer ne sont pas en cause ici… murmura le magister Marshal d’une voix distraite.

Soudain il eut un silence. La seconde d’après, Evan se retrouva projeter violemment contre le mur de pierre, la porte ayant été littéralement arrachée de ses rails. Il voulut se lever, légèrement déboussolé pour s’enfuir mais il parvint tout juste à éviter un coup de poing foudroyant et à parer la lame destructrice d’un neshir dans les fumerolles argenté et pourpres relâchés par son neshir. Sans qu’il ne pût faire quoique ce soit pour l’éviter, une main se referma sur sa gorge comme un étau et le souleva sans difficulté, la semelle de ses bottes suspendues à près d’une vingtaine de centimètres du sol. Toutes les cellules de son corps étaient écrasées par un atmosphaira dantesque au-delà du Brasier. Plaqué contre le mur, sa nuque endolorie l’élança en plusieurs décharges douloureuses. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’ils croisèrent ceux de son assaillant. Derrière les verres de ses lunettes, les yeux marrons du magister Marshal le fixait avec un calme singulier qui n’allait pas avec la virulence des attaques qui avaient déferlé sur lui en un instant. Très étrangement au lieu d’être paralysé par la peur, Evan ne put s’empêcher de s’interroger. Sur des détails insignifiants à l’heure où sa dernière heure était très vraisemblablement sur le point d’arriver. Pourquoi portait-il des lunettes alors que les ignemshirs n’avaient pas de problèmes de vue ? Car il était clair que les lunettes du magister princeps Marshal n’étaient pas que des gadgets technologiques. Les rares fois où il les avait enlevés, se souvenait distinctement que ce dernier avait plissé les paupières jusqu’à ce qu’il les chausse de nouveau. Il les avait toujours eus d’aussi longtemps qu’il se souvenait. Il ne put s’empêcher de penser à l’étrange pathologie qu’il avait…

Y’avait-il un lien ?

D’autres détails lui revinrent également sans qu’il ne sache exactement pourquoi son esprit particulier les expulsait présentement à la surface. Il n’avait jamais vu le magister Tambwe aller au-delà du Crépuscule ou Wong alamer son neshir en leur présence. Il ignorait pour de bon la couleur de sa lame ce qui était très étrange lorsque la personne en question était un magister de neshirinshi.

Le magister Marshal faisait plus d’un mètre quatre-vingt-dix, avait les cheveux bruns courts, le teint pâle et un bouc au menton. Il était impressionnant comme tous les magisters par son aura imposante dans son impeccable veste shirag doté d’un ruban noir chatoyant qui partait du Cercle de l’Univers couleur de bronze cousu sur sa poitrine et remontait vers l’épaule gauche jusqu’à sa manche.

— Monsieur Kupenda, fit-il calmement tandis qu’Evan suffoquait. Vous rendez-vous compte de ce que vous venez de faire ? Écoutez indûment une réunion de magistri… C’est irrespectueux et très dangereux… Toujours aussi doué au cirkaem movi à ce que je vois. Nous avons tous mis un moment à nous rendre compte de votre présence.

Le magister Tambwe observait la scène avec un sourire carnassier et le magister Wong avait le visage fermé. Impassible et dur comme les versants dénudés d’une montagne.

— Visiblement les années, ne vous ont pas rendu plus sage et réfléchi…

Vasco et Rhodes, ainsi que la demi-douzaine de magisters salomens et scientis étaient stupéfaits. Tout s’était déroulé en moins de trois secondes. Ils étaient tous assis autour d’une table ronde en verre noire et de fine épaisseur. Au centre trônait un projecteur 3D. Au-dessus de ce dernier flottait un hologramme de la terre. Un carré de lumière diffusait un agrandissement d’une partie de l’Amérique du sud.

L’Union de Janeiro.

— C’est inadmissible ! s’exclama soudainement le magister Rhodes, rouge de colère en postillonnant généreusement sur la table, les narines frémissantes en pointant un de ses doigts tordu vers Evan. Aux Puits ! je veux que le kaedenshir damné passe une semaine complète dans les Puits ! sans eau, ni nourriture. !

— Ce serait un châtiment trop… commença le magister Wong le visage aussi inerte qu’un reptile. Doux… Se moquer ainsi des magistri est un crime qui ne peut être expié de cette manière, Célestin. La décapitation me paraît plus judicieuse.

— Livrons-le à un Exécuteur plus tôt, proposa Vasco, le visage impassible à l’exception de ses sourcils épais qu’il agitait comme si par intermittence un gamin invisible et espiègle projetait un faisceau de lumière sur son visage.

— Je crois qu’Olivier à une autre idée derrière la tête, fit Tambwe en se levant l’air de rien de sa chaise métallique matelassé à sustentation dotée d’un haut dossier gravé de signes soloméniques. Elle était identique à celle des autres magistri.

— Le Tri doit continuer, n’est-ce pas ? Demanda finalement le magister Marshal d’une voix si calme qu’elle donna des sueurs froides à Evan qui avait la gorge en feu et tentait de se libérer de la prise de fer du magister.

Sans crier gare, il lui enfonça une droite dans l’estomac. Le geste fut si vif qu’Evan douta que la douleur insupportable qui venait d’exploser dans son abdomen en était la conséquence. Il avait si mal qu’il avait l’impression qu’un de ses organes avait éclaté. Ses bras retombèrent mollement le long de ses flancs tandis qu’il avait l’impression que la pression montante dans ses globes oculaires menaçait de les faire éclater. Sa vue se troublait.

— Le Tri doit continuer, confirma le magister Wong alors qu’un sourire cruel apparaissait sur son visage.

C’est là qu’Evan comprit ce qu’il en était. Soit il se sortait de là tout seul, et surmontait cette énième épreuve, soit ce jour serait son dernier. Mais face à un magister, il n’avait aucune chance. Il était déjà à sa merci et à moitié évanoui. Les trois magistri princeps avaient le rang de Général. Deux rangs en dessous de celui d’Imperator. Ce qui n’était pas rien. Ils avaient combattu lors des nombreuses guerres et conflits qui avaient eu lieu au sein du Phœnix Pourpre et dans le reste du monde.

Evan ferma ses yeux douloureux et tenta de se plonger dans le cirkaem movi mais c’était comme vouloir remonter à la surface d’un océan avec une ceinture de parpaing. L’aura écrasante du magister, le manque d’air et la douleur dans son estomac étaient autant d’obstacles qui lui embrouillaient l’esprit. Ils l’empêchaient de reprendre le contrôle de son neshir. Il l’empêchait de saisir l’Air et de maîtriser de nouveau son Cercle Intérieur. Ses poumons étaient en feu sur le point d’exploser. Une violente migraine semblait vouloir lui fendre le crâne. Il voyait des paillettes sous ses paupières closes. Il se sentit perdre connaissance. Il n’avait plus d’énergie. Il allait mourir là, bêtement… Dans le tohu-bohu de douleur et d’émotion dans lequel son être entier était plongé, une image lui apparut, jaillissant du néant. Des flammes, que des flammes.

Qu’est-ce qui brûlait ainsi ? Les flammes voraces dévoraient sans pitié leur proie. Celle dont elles s’étaient emparées. Le temps d’un éclair, il comprit. C’était lui-même. Son cœur allait cessée de battre.

Des cendres…

Il ne voyait plus que des cendres…

Mort…

D’une mort si stupide…

Il ne restait plus rien…

Vivre…

Naître...

Renaître…

Sans trop savoir vraiment comment, son esprit se plongea dans le cirkaem movi et il reprit les rênes de son Kar’Cirkaem, le Cercle Intérieur, qui commandait son atmosphaira. Tout n’était peut-être pas perdu mais, il ne sentait même plus son corps. Il avait l’impression d’être un esprit privé de sa tente de chair.

Il tenta d’accéder aux Richesses du Vide. Il voyait le Monde des Richesses. Il était dans ce désert de sable coloré. Il arrivait à lever la fameuse tempête, mais il n’arrivait pas à contrôler chacun des grains. Son contrôle était gauche. Il les saisissait par paquet, incapable de former une fresque digne de ce nom. La fameuse fresque qui lui donnerait accès à la Richesse du Vide qu’il recherchait. Elle lui était inaccessible.

Des cendres froides…

Tu dois…

La voix cristalline et pressante de sa sœur résonna en écho dans son esprit

Tu me l’as promis !

Cette fois-ci même si la voix parut appartenir à Sue, elle lui parut plus mature…

Une étincelle…

Oui, il l’avait promis.

S’embraser…

Soudain une flamme s’alluma dans les ténèbres.

Son contrôle s’affina de plus en plus jusqu’à ce que chaque grain de sable du gigantesque puzzle rocheux se retrouve à sa place et ne forme enfin la peinture tant désirée.

Il l’activa.

A la surprise générale, principalement celle du magister Marshal dont le cerveau perturbé mit un moment (une seconde) à se stabiliser, il parvint à se sortir de l’emprise du magister qui avait cru que tout était sur le point de se terminer.

Il n’apprécia donc pas d’avoir été ainsi trompé face aux autres maîtres et Evan vit un éclat meurtrier briller dans ses pupilles alors qu’il avait fait deux pas, à reculons, dans la direction d’où il était venu.

Ses jambes et ses bras étaient engourdis.

Malgré cela, Evan s’éleva à une vitesse qu’il ne se souvenait pas avoir atteinte du Vide au Crépuscule et sa lame heurta violemment celle du magister.

C’était un neyoshirion, pratiquant de l’École Ecrasante.

Ils n’échangèrent que cinq bottes.

Les tempes d’Evan cognèrent violemment, l’adrénaline pulsa follement dans ses veines alors qu’un feu brûlait dans sa gorge et dans son estomac mais en dépit de cela, il tint bon. Et même plus, à la quatrième estocade, Evan, puisa au fond de lui une force qui sembla momentanément n’avoir aucune limite, embrasant son être entier. Elle éclipsa même la souffrance qui irradiait de différentes parties de son corps, et l’engourdissement de ses bras causé par la violence des coups d’épée du magister Marshal.

Il parvint à lui porter un coup en combinant instinctivement deux momentums parmi les plus rapides du 1er aisma et de l’aisma Interdit du Lon-Shirkairon, Blue Panther et L’Éclair Fou.

Cette combinaison, personne ne la lui avait apprise.

Mais il l’avait déjà réalisé.

Oui, il s’en souvenait parfaitement du rythme et des mouvements.

Face aux loups blancs géants dans le Cimetière…

La vitesse d’exécution était surréaliste. Sans savoir comment ce dernier y parvint, le Magister Marshal fit une parade face à sa botte improvisée. Evan écarquilla les yeux en se rendant compte qu’il n’avait réussi qu’à faire au magister Marshal une misérable égratignure au niveau de l’épaule.

Le jeune orphelin vit alors venir, impuissant, le cinquième coup. La réplique du Magister Marshal. Alors que ses forces le quittaient, que son corps redevenait lourd, douloureux, il comprit que sa tête allait être séparée de son corps.

Les magistri ne l’étaient pas par hasard. Ils méritaient leur place. Ils avaient gagné leur titre. Ils s’étaient hissés jusqu’à leur rang.

Etait-il mort ?

Puisqu’il pouvait se poser la question…

La lame s’était figée contre sa jugulaire.

Il crut d’abords que le magister Marshal était revenu à son bon sens mais il se rendit compte que Tambwe et Wong s’était littéralement téléporté à ses côtés tant leur mouvement avaient été rapide. Evan avait perçu les émanations de leur deux atmosphaira, qui n’avaient rien à envier à celui de Marshal. Ils l’avaient immobilisé l’empêchant de faire le moindre mouvement.

— Je pense que la petite marque que tu as sur l’épaule, montre que le jeune Kupenda mérite d’être gracié. Tu ne penses pas Olivier ? Lui demanda le magister Wong en plissant ses yeux de serpent en le fixant lui.

Le feu dans le regard de Marshal s’éteignit brusquement, comme si quelqu’un venait souffler sur la flamme d’une bougie. Son atmosphaira disparut et ses pairs le lâchèrent. Les leurs s’envolèrent également. Le magister Tambwe jubilait. On aurait dit qu’il ne s’était pas autant amusé depuis des lustres et que le calvaire qu’il venait d’endurer avait été la plus divertissante des distractions. Il arborait encore un de ses sourires de prédateurs :

— Aller dégage, Evan, lui lança-t-il bourru. Je pense que tu as retenu la leçon. La prochaine fois, tu ne t’en sortiras pas. Tu le sais maintenant, n’est-ce pas ?

Le jeune homme déglutit douloureusement en hochant lentement la tête, las. Il se sentait exténué comme à l’issue du Jeu du Gladiateur qui pourtant avait duré une journée entière. Il fit une révérence fébrile en disant avec un soulagement non dissimulé.

— Puissiez-vous renaitre de vos cendres, magistri.

Ses bras tremblaient. Il serra les poings pour qu’ils cessent de vibrer comme des cordes de guitare.

— Puisses-tu brûler de toute ta force, alumnus, répondit calmement le magister princeps Marshal en l’observant avec une curiosité nouvelle. Oui, de toute ta force…

Evan évita son regard en se redressant respectueusement. Il fixa le sol et s’en alla sans demander son reste. Il entendit alors les éclats de rire du magister Tambwe et sentit couler le long de son cou, une goutte tiède et solitaire.


Texte publié par N.K.B, 23 octobre 2019 à 12h19
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 43 « La curiosité est un vilain défaut » tome 1, Chapitre 43
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2628 histoires publiées
1176 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Defghard
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés