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Ignemshir, Tome 1 : L'Étincelle Mourante
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tome 1, Chapitre 41 « Le Quai » tome 1, Chapitre 41

— La colère… Ne te laisse pas dévorer par la colère, Evan. Tu serais alors comme un navire sans gouvernail au milieu des flots déchaînés, Une cité sans muraille, vulnérable face à un ennemi, un chalet en flamme consumé et condamné à être réduit en cendres. Ne laisse jamais ta colère te submerger, compris Evan ? C’est de la faiblesse.

Evan avait douze ans et il était dans le locus du penthouse, recouvert de sueur et l’arcade sourcilière tuméfiée. Ses joues étaient maculées de larmes de colère.

Princeton se tenait en face de lui, Il avait le teint cuivré et les cheveux lisses noir jais courts sur les côtés et plus long sur le sommet du crâne, brillant à la lumière blanche du plafond pyramidal. Il avait toujours un sourire narquois sur son visage aux pommette saillante et aux traits anguleux pourvus des yeux noirs d’un prédateur. C’était un bel homme mais depuis Malia, il était resté seul car il ne l’avait toujours pas oublié. Il ne l’oublierait jamais. Princeton, le Fils de la Foudre, l’Amérindien, le Tueur de Dragon Noir, le Cavalier foudroyant de ces nombreux tituli, était un des Haut-Centurions les plus craints sur les cinq continents, sa renommée avait même atteint le Fauve et le Cendré. Et il était également son tuteur et son magister primigenius. Princeton avait toujours eu un comportement bourru à son égard mais Evan avait toujours su qu’il le portait dans son cœur et qu’il était pour lui l’un des êtres les plus précieux qui soient.

— C’est ce que me disait toujours ton père, et je te le redis parce que c’est vrai. Alors arrête de te comporter comme une fillette. Maîtrise-toi. Domine le feu qui est en toi, garde la tête froide et réfléchis toujours. Regarde s’il n’y a pas une autre alternative que de te jeter rageusement sur ton adversaire. On te donne un coup, redonnes-en un. Ça c’est moi qui le dis. Ton père aurait sûrement dit que la violence engendre la violence mais qu’un homme sage est capable de calmer même la fureur de son ennemi. Mais bon, je ne suis pas sage alors… Allez petite panthère. Essuie-moi ces larmes. Des brutes comme les fils Harrow, Lechatel ou Livingstone ne te laisseront tranquille que si tu leur montres que tu es meilleur qu’eux dans un locus et plus tard dans une arène. Les Sha’Daigan ne pourront rien contre toi si tu deviens meilleur qu’eux. Alors devient meilleur. Suis l’exemple de ce petit rigolo de Jahandar. Ne voulais-tu pas devenir le plus puissant ignemshir que la terre ait connu ? Tu as promis à ta sœur de vivre, n’est-ce pas ? C’est un moyen de tenir cette promesse. Je peux t’assurer que tu en as le potentiel. OK ?

— D’accords Prince, balbutia-t-il en essuyant ses joues, le regard soudain déterminé. Je suis prêt.

Un large sourire illumina le visage de Princeton Jones et il s’exclama ses yeux noirs brillant de fierté et de satisfaction.

— Je retrouve enfin ma petite panthère déchaîné ! aller, on recommence ! Fais-moi un Blue Panther digne de ce nom !

Evan, mélancolique, observait les Barques. Elles semblaient flotter dans le ciel, embarcation mortuaire sur une mer sombre. Les grands couffins de BoisFer recouverts d’arabesques rouge-sang paraissaient flotter au-dessus de masses sombres et cotonneuses, et le ciel sombre, qui les surplombait, se tâchait progressivement de nuances de plus en plus claires.

Il était sur le Quai.

À plusieurs centaines de mètres du sol.

Le lieu où avait lieu les funérailles noguemiens.

Presque tous les ignemshirs qui étaient mort depuis l’époque des Précurseurs jusqu’à présent avaient été incinérés dans l’une de ces Barques.

Un Quai était constitué d’une grande plateforme circulaire en métal et polymère de carbone de trois cents mètres de diamètre en moyenne, dotée d’un toit sphérique couvrant en verre et reliée à un large disque de ver-miroir entouré de grande rambarde appelé le Lac. C’était au-dessus du Lac momentanément transparent que les Barques flottaient.

De la plateforme circulaire du Quai, on accédait au Lac par une large passerelle couverte grise et blanche.

Quelque fut le lieu où un ignemshir se trouvait, il lui suffisait simplement de prononcer la phrase suivante dans son orkin, la chevalière attestant qu’il avait acquis la propriété de sa neshir, Va’al A’Ceresh ishia’ Lon’n et un Quai descendait des cieux à sa rencontre.

On la traduisait généralement par : « Je dois dire adieu à mon frère ».

Les Quais sillonnaient constamment les cieux, parcourant la Terre, rendus invisibles par un camouflage en particule de ver-miroir et ils pourvoyaient ainsi, en quelque lieu qu’ils étaient, à tout ignemshir, un lieu de funérailles. Car selon la tradition ignemshir, on n’attendait jamais plus de deux couchés de soleil avant de brûler le cadavre d’un Fils des Cendres car en deux jours, le corps d’un ignemshir terminait de s’émailler, il ne connaissait pas la putréfaction à cause du Kar, or les Fils des Cendres devaient retourner aux cendres. La peau prenait l’aspect de la porcelaine et si l’ignemshir avait déjà incarné son neshir, ses cheveux devenaient d’un pourpre cuivré en se transformant en Sang de Solam, une matière extrêmement rare aux propriétés exceptionnelles. Il s’agissait de la matière la plus rare et la plus précieuse des Trois-Mondes

Depuis son entrée à la schola Kiona Paine, Evan était venu sur ce Quai au minimum une fois par mois. Cela se passait toujours un peu avant l’aube. La dernière fois, c’était pour les funérailles de Florian et Léo. Enfin, il ignorait si c’était le même Quai vu qu’il se ressemblait tous.

Il revoyait encore le visage grave des pères, tous deux des noguemis Centurions des Plumes Opales et les pleurs des mères. La promotion d’alumni au complet assistait toujours aux funérailles d’un des leurs, même celui qui était responsable de sa mort. Il devait faire face aux conséquences induites par la mort pour en considérer le poids. Il était facile de tuer mais beaucoup plus difficile de supporter les conséquences que produisaient le passage d’Ishirin’Ral’Eriok. Dévoreur de Cendres. L’allégorie de la mort. Cette barbarie dans laquelle ils étaient plongés constamment sous couvert de nécessité lui donnait envie de vomir…

Un noguemi faisait toujours face à ses responsabilités, il affrontait toujours les choses sous leurs aspects le plus complet, ne craignant pas la vérité déplaisante ou la réalité blessante qui pouvaient en sortir. En générale l’alumnus en question se tenait loin des Barques par respect mais il se devait d’être présent. Cette fois-ci, c’était les funérailles de quatre alumni. Ils étaient morts la veille. Deux avaient de bons classements aux alentours de la trentième place et les autres étaient positionnés entre la cinquantième et la soixantième place. Ils étaient tous morts lors du Jeu du Gladiateur.

Une nouveauté du magister princeps Tambwe. La promotion avait été divisée aléatoirement en quatre groupes hétérogènes en faisant fi de la règle des dix places, qui empêchait un alumnus de combattre un autre qui avait plus de dix places au-dessus de lui afin d’éviter les duels trop inégaux et donner l’opportunité à chacun de s’améliorer avant de se frotter à plus fort que lui lors d’un duel d’honneur ou au cœur d’une mêlée.

Plusieurs loups blancs géants avaient été attachés à la périphérie de l’arène et par groupe de trente, ils s’étaient retrouvés dans des arènes similaires. Toutes les deux minutes, un loup blanc géant était relâché et des flèches enflammées jaillissaient d’une manière aléatoire des murs sous les gradins.

Il y avait deux équipes par arène et la première qui arrivait à prendre l’étendard de l’autre et à la ramener dans son camp avait gagné. L’épreuve avait été d’une violence inouïe et d’une immense difficulté. Il avait dû déployer un trésor de stratégie en organisant les alumni de son équipe qui l’avait choisi sans qu’il ne se soit proposé, comme capitaine. Aller savoir ce qui avait bien pu leur passer par la tête. La grande arène avait été aménagée avec des butes et des remparts avant l’épreuve.

Et malheureusement pour les quatre, soit ils s’étaient retrouvés face à des membres du primum agmen ou à des alumni se trouvant au-delà de la vingtième place, et malgré cela, ils avaient décidé de les combattre plutôt que de battre en retraite, soit, les loups blancs les avaient blessés grièvement ou tué sur le coup. Deux n’avaient pas survécu le temps du Jeu à leur blessure car elles étaient trop grave et qu’exceptionnellement aucune équipe médicale d’aspirant salomens et scientis n’avait été autorisée à intervenir avant la fin de l’épreuve.

Son équipe avait remporté l’épreuve face à celle de Jin et Joaquin. Jeff, le nouveau decimus, et membre de son équipe, l’avait vraiment surpris. Keiji n’avait malheureusement pas été tiré au sort dans la même équipe que lui et heureusement pour lui, il ne l’avait pas eu comme adversaire non plus. Keiji s’était retrouvé dans une autre arène face à l’équipe d’Alejandro et de Lucas. Son équipe avait également remporté l’épreuve. Ce qui était une sacrée performance avec le Rex Pourpre comme adversaire, mais le Shogun au Regard d’Aigle n’était pas en reste.

Alejandro et Marlon se tenaient au dernier rang. Les yeux bleu turquoise d’Alejandro étaient durs et froids et ceux brun de Marlon étaient austères comme son visage. Il était douzième et avait vaincu Guillaume en lui infligeant des graves blessures.

Les corps étaient déjà dans les barques. Vêtus d’un costume shirag d’un gris chatoyant dont la veste possédait un Cercle de l’Univers gris cendré au niveau du cœur, un ruban de soie rouge y naissait pour se terminer au niveau de la manche gauche. Autour de leur cou, une lavallière shediméenne de soie pourpre dotée d’un écusson en acier représentant les armoiries de leur famille respective avait savamment été nouée.

Tous les quatre semblaient dormir paisiblement dans les Barques, allongés sur les bûchers qu’elles contenaient, mais ils n’étaient plus.

Evan était en première ligne. Sa promotion se tenait du côté droit du Quai et les familles étaient de l’autre côté. Ils se tenaient dans un silence respectueux pendant que les amalias, les parents, les magisters primigenius et les amis proches faisaient leur adieu à leur proche décédé. Quand ils furent tous revenus sur la plateforme, un magister salomen entouré par quatre salomens, deux filles et deux garçons, tous dans le manteau rouge traditionnel frappé du Phœnix Pourpre, invita à nouveau les mères à s’avancer.

Les salomens donnèrent à chacune un pot rempli de la terre d’El Misti, la montagne où les alumni ayant survécu au Tri prêtaient le Serment de l’Aurore pour devenir des membres à part entière du Noguem. Elles se rapprochèrent des corps et versèrent autour de ces derniers la terre ocre et dirent chacune à son tour, la voix vibrantes d’émotion :

— Tu as combattu pour ton héritage et tu l’as payé de ta vie, héritier de la Terre. Tu deviens ainsi à ton tour un héritage pour ceux qui te suivront. Un exemple d’abnégation et de courage.

Elles déposèrent un baiser sur leur front et se retirèrent vers le Quai, les joues mouillées de larmes.

Ensuite, ce fut autour des pères.

On leur donna à chacun un pot où brulait un fruit de l’Arbre de Feu. Un arbre à pain qui poussait sur El Misti et dont le fruit produisait un suc à la température d’auto-inflammation si basse, qu’à cinquante degrés, il s’enflammait. Il y en avait beaucoup aux abords de la Forêt des Esprits et non loin des Pics des Ténèbres. Les feuilles et le tronc étaient ignifugées donc les fruits brûlaient puis tombait sans que l’arbre entier ne finisse en cendres.

François, le trente-deuxième, qui avait fait face à Alejandro au cœur du Jeu du Gladiateur, n’avait plus de père. Ce fut donc à son grand-père de s’en charger.

Evan ne put s’empêcher de se dire, morose, qu’il n’y aurait personne d’autre que Princeton, pour faire cela à ses funérailles.

Peut-être Jeremiah…

Mais bon, une fois que l’on était mort, les funérailles ne nous concernaient plus vraiment. Il avait plus pour but d’apaiser les vivants car les morts n’en avaient cure de ce qui se passait de ce côté-ci. Ils marchèrent jusqu’aux cadavres et déposèrent les pots près des corps en disant à tour de rôle :

— Ta force venait du feu, un héritage qui te vient des Hommes. Ta flamme brûlera toujours comme le feu du phœnix, l’éclat de l’Ark qui rayonne dans l’univers depuis l’aube des temps.

Ils déposèrent un baiser sur le front de leur fils ou petit-fils et revinrent. Evan vit le père de Guillaume Dupontel, le vingt-huitième, un scientis aux lunettes à monture d’écaille, qui luttaient pour ne pas verser de pleurs. Ce fut enfin le tour des magisters primigenius, à qui l’on présenta les pandores. Des boîtes en BoisFer gravée du signe soloménique des Cendres sur le couvercle. Ils servaient à conserver les neshirs orphelins et leurs orkins associés.

Vêtu de leur vestes shirag cousues de ruban aux couleurs variables (selon leur Plumes) le long de la manche et au Cercle de l’Univers vert foncé, bleu foncé ou marron foncé selon leur position hiérarchique au sein du Noguem, ils prirent le neshir et l’orkin que leur disciple n’aurait obtenu qu’après avoir été accepté au sein d’un collegium. Après avoir prononcé le Serment de l’Aurore sur El Misti. Ils marchèrent jusqu’aux corps, le visage dur et grave puis glissèrent les neshirs délamés sous les paumes de leurs mains croisées sur leur poitrine. Ils leur passèrent ensuite la chevalière des noguemis autour de l’index gauche et dirent chacun à leur tour :

— Par l’acier, tu as forgé ta volonté, fils des cendres. Iganeshem al Shirin. Ton amour a aiguisé ta lame, ta poignée était ton dévouement, ton courage la garde de ton neshir et le sacrifice de ta vie au service des autres, tel était ta volonté. Il en a été ainsi, disciple, jusqu’à ce que ta lame fût brisée. Par ta lame, tu as lutté pour les hommes. Comme le gardien d’un ordre nouveau. Tu demeures à jamais, un héritier de l’acier. Un héritage pour toutes les générations. Et tu brûleras une dernière fois de toute ta force, devant le soleil et la lune, les Témoins de l’Ashayshin.

En effet, la lune était encore visible tandis que le soleil, incandescent, commençait à percer l’horizon. L’heure était venue. Cela faisait exactement huit minutes depuis le lever du soleil. Soudain, les prunelles des rapaces des pommeaux s’illuminèrent et les neshirs s’embrasèrent sans l’aide d’aucune main. Les corps, de même, se mirent à brûler comme si le feu venait de leur chair inerte. Ce phénomène de combustion spontanée dû au contact entre le neshir et le corps émaillé de son maître était appelé la consomption de Malorée. De grandes flammes s’élevèrent des bûchers projetant des grands éclats sur le ver-miroir du Lac, par endroit réfléchissant. De véritables brasiers consumèrent les corps. Les flammes dansaient, vrombissaient et crépitaient.

Pendant que les corps brûlaient, une voix s’éleva du milieu du Quai. Puis une autre. Ce fut une demi-douzaine de voix qui entonnèrent un chant doux et funèbre. Des jeunes salomens, vêtues de longues et larges robes de soie qui les couvraient totalement du cou jusqu’aux pieds et de voiles sombres qui leur cachaient partiellement le visage, s’avancèrent d’un même pas vers le Lac.

Ce chant saturnien qu’elles interprétaient avait une sublime beauté mélancolique qui touchait intensément le cœur. Ébranlait les entrailles. Comme si le désespoir habitait le cœur même de ces six jeunes filles qui se tenaient en cercle au centre du Lac, se tenant par la main, leurs visages tournés vers les Barques.

Elles semblaient flotter, fantômes funestes et magnifiques, au-dessus d’un océan de flammes immaculées qui embrasait l’horizon et l’azur, illuminant des trainées cotonneuses et brillantes dans l’aurore.

Leurs voix de sopranos magistrales semblaient ne former qu’une unique entité, un unique instrument dédier à la lamentation mais aussi à l’espoir, à la vie qui pouvait malgré tout jaillir de la mort. Comme un écho au soleil qui au loin, franchissait la ligne absolue de l’horizon, comme un guerrier ardent et aveuglant, chassant l’obscurité et la mort.

C’était Elyakareim, ce qui signifiait « Celui qui règne sur la mort et sur la vie », un des noms de l’Existant. Ce chant de Von Karlight, avait été composé pour les funérailles de l’Empereur des Immortels, appelé aussi Le Roi au Sang d’Airain, Edward Maisha Lukeni, le meneur des Précurseurs et qui depuis était chanté lors de tous les funérailles noguémiens.

Evan fixait les jeunes filles habillées de noir. Leurs robes de soie et de dentelles étaient recouvertes de signes soloménique : les Cendres, le Vide et le Crépuscule. L’une d’entre elles étaient Dorcas et elle regardait la Barques où brûlait le corps de François avec un regard vide. Il ne lui avait pas reparlé depuis l’incident. Elle continuait de l’éviter, s’obstinant même à ne jamais croiser son regard. Quand il l’interpellait à fin d’un cours, aussi furtive qu’une anguille, elle filait hors de la salle. Il aurait bien aimé avoir plus de détails sur ce fameux Chuchoteur…

Il doutait malgré tout qu’elle ait la moindre information pertinente.

Soudain, une colonne de lumière d’une blancheur irréelle jaillit de la Barque de Claude et trois autres s’élevèrent des autres Barques vers le ciel, laissant une image rémanente faisant vaguement penser à un gros rapace qui prenait son envole, ses ailes déployées. Dans le même instant, quatre cris stridents rappelant celui d’oiseau de proie mais avec une tonalité céleste et souveraine déchirèrent l’air, tandis qu’une onde neshirienne parcourait l’assemblée et le quai se répandant dans le ciel. Les eretsin protégés de ses effets sur le côté gauche frémir seulement mais les alumni eurent tous la chair de poule qui remonta le long de leur bras, leur dos, leurs jambes, avec une telle intensité que la sensation en était douloureuse au niveau de chacun des pores de leur peau, mais aucun ne broncha. En même temps, un sentiment d’affliction s’infiltra au plus profond de leur chair. Les choristes et le magister salomens se trouvaient également derrière une barrière protectrice. Lorsque les colonnes disparurent, il ne restait plus dans les Barques que de la cendre.

Les salomens s’étaient tus.

— De nos cendres, nous surgirons, toujours ! firent en cœur les magistri primigenius qui se tenaient toujours près des barques.

— De nos cendres, nous surgirons, toujours ! répétèrent tous les ignemshirs présents sur le Quai.

Même si tous les phénomènes qui venaient de se produire avaient une explication parfaitement scientifique, même la forme rémanente que d’autres aurait pu associés à autre chose qu’un phœnix prenant son envol, cela n’enlevait rien à la beauté et aux mystères de ce phénomène. Le Chant du Phœnix. Bien qu’il s’agît plus d’un cri que d’un chant.

La mort…

Avec son Kar’Cirkaem qui s’effondrait, il ne lui restait pas un temps infini avant qu’il ne se retrouve dans l’une de ces Barques…

— Je dois la retrouver, dit-il brusquement à Keiji qui se tenait à côté de lui.

Son ami resta silencieux quelques secondes avant de lui répondre :

— Et tu feras quoi ? la tuer ?

— Finir ce que j’ai commencé. Il me faut l’Atomium Adamantis.

— Je sais, je l’ai bien compris mais… Je pense que tu devras prendre ton mal en patience. En considérant les choses avec un peu de bon sens, s’attaquer à Nora Zal alors qu’elle est chez elle, à Lugdunum, ne serait pas une décision très judicieuse. Tu finirais par te faire tuer ou pire, entre les mains des Exécuteurs.

— Ça m’est égal de mourir, je veux juste…

— Savoir, oui Evan. Comme je te le dis depuis deux jours, je ne te permettrais pas d’agir d’une manière aussi stupide. Soit patient, A’shua Meno. Quand le temps viendra, nous nous débarrasserons du nihil qu’elle est devenue. Sois patient.

Evan croisa le regard de Keiji et y vit exactement ce qu’il avait vu dans sa vision. Ce même regard implacable qui vous transperçait par sa froideur et l’insondable mépris qu’il refermait. Son cœur se sera alors qu’il regarda de nouveau le Lac où les magistri et les salomens s’activaient. Il ne fallait pas que cela se passe comme dans sa vision. Quel que fussent les évènements qui étaient censés se produire à Persépolis.

Persépolis.

La cité dont le grand-père de Nora était le Shedim. Le Sultan Écarlate régnait sur la cité de Persépolis.

Y’avait-il un lien ? Probablement…

Décidément, Crocus avait raison. Cette fille semait le malheur autour d’elle.


Texte publié par N.K.B, 22 octobre 2019 à 09h10
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