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Ignemshir, Tome 1 : L'Étincelle Mourante
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tome 1, Chapitre 33 « Le Baron Noir » tome 1, Chapitre 33

Evan atteignit sans accroc les coordonnées du rendez-vous. Un gratte-ciel en ruine dans la partie ouest du Cimetière de Verre et de Métal à moins d’un kilomètre de la Muraille de Verre. En chemin, il avait eu le sentiment d’être suivi mais cette impression était récurrente dans le Cimetière. Il ne s’en était donc pas inquiété.

Le jeune homme hésita encore quelques instants avant de se résoudre à s’engager entre les grandes colonnes de béton. Il pénétra dans les entrailles du géant de métal décharné et s’avança dans le grand hall de l’immeuble plongé dans une obscurité partielle. Il sortit de sa besace une sphère qu’il fit coulisser d’un geste sec sur son axe. Elle s’illumina. Il la lança ensuite en l’air et elle se mit à flotter. La sphère répandit une lumière blafarde autour de lui. Au milieu du hall brumeux et glacial, ses Chesterfield enfoncés dans une neige épaisse, ses sens aux aguets, Evan enfila ses mitaines et caressa l’emblème en relief brodé dessus. Tendu comme une flèche, tous les muscles de son corps étaient prêts à réagir au moindre bruit suspect. Dans une zone d’ombre sur sa droite, il entendit un léger froissement de vêtement. Il prit instinctivement la posture du Lion, une main autour de la poignée de Wazushendi et tenta de discerner la source du bruit sans succès. La lumière de la sphère ne réussissait pas à dissiper complètement les ténèbres, le brouillard n’aidant pas.

Il ressentit des fourmillements au niveau de sa nuque. D’un mouvement vif et maîtrisé, il se retourna au moment où une grande silhouette aux vêtements sombres, à moitié cachée dans la pénombre des rares colonnes encore debout, lui lança d’une voix rauque et sifflante :

— Que la Terre soit sans péril.

— Que les cendres de l’Immortel vous protègent, répondit Evan en se redressant légèrement sans lâcher la poignée de son neshir qu’il tenait d’une main ferme.

L’homme fit quelques pas dans sa direction et Evan put le voir plus distinctement. Il portait un manteau noir à large capuche qui cachait complètement son visage. Il était plus grand que lui d’une dizaine de centimètres, plus costaud aussi. Un vrai colosse.

Au son de sa voix, Evan lui aurait donné soixante ans mais sa posture était clairement celle d’un homme beaucoup moins âgé. Il se tenait droit, immobile. Les effluves d’un parfum émanaient de lui. Evan parvint sans mal à identifier le parfum en question.

Spectral de Pourpre. Il sourit. Le parfum était bien choisi bien qu’il doutât que ce fût fait à dessein.

— Vous êtes Jekyll ? lui demanda-t-il.

Evan esquissa un sourire. L’homme n’avait jamais rencontré Franz Parker. Bien entendu…

— Je dirais plutôt que je suis Hyde, répondit-il.

— Je suis le Baron Noir.

Evan sentit à l’intonation de sa voix éraillée qu’il souriait.

— Qu’est-ce qui vous amuse ?

Il marqua un silence, probablement surpris par sa question.

— Je ne m’attendais pas à tomber sur un avorton entraîné ? Sûrement un excellent alumnus, tu dois être.

Evan haussa un sourcil, surpris. L’homme devait être également un ignemshir. Il remarqua alors qu’il portait des mitaines noires avec l’emblème de l’École Implacable.

— Je me débrouille.

— Je pense que tu fais même plus que cela. Je l’ai vu à ta posture et à la rapidité de ta réaction. Rares sont les ignemshirs capables de me sentir venir.

Evan ne répondit rien et attendit.

— As-tu l’objet en ta possession ?

— Et vous ? répondit Evan.

— Bien entendu. Le Baron Noir est un homme de parole.

Le Baron sortit de sous son large manteau une boite noire rectangulaire aux coins argentés.

— Puis-je l’inspecter ?

Le Baron ne dit rien pendant quelques instants puis fit deux pas en avant, déposa la boîte dans la neige avant de se retirer. Evan s’avança et lorsqu’il s’accroupit, il nota bien que la main droite du Baron tenait fermement la poignée de son neshir. Le jeune homme vit les armoiries dorées qui luisaient de l’orkin qu’il portait à l’auriculaire. La chevalière signifiant qu’un ignemshir était membre à part entière du Noguem et digne possesseur de son neshir. Ces armoiries n’appartenaient à aucun des collegiums de la Ligue d’Airain. Donc le Baron était un Écuyer Lignite et non l’un des redoutables Chevaliers Cendrés. Ce qui était une chance pour lui.

Il nota également que le pommeau de son neshir représentait une tête d’aigle royal. Il n’était pas un Guerrier Impérial comme lui mais un Guerrier Royal, ce qui était toujours au-dessus du simple Plébéien. Ça aurait pu être pire mais ce n’était pas la situation la plus idéale.

Evan murmura :

— Wazushendi, vois.

Luisant comme des diamants, les yeux perçants de la tête d’aigle impérial de Wazushendi émirent une lueur violette. Dans le même instant le murmure neshirien lui permis de voir l’intérieur de la boite. Sa constitution. Il percevait trois fentes sur sa partie supérieure, plusieurs couches de composants électroniques, et enfin une structure centrale imperméable à son scanner qui ne laissait pas entrevoir ce qu’elle renfermait. Quand il eut fini, la lumière violette s’estompa et la boîte redevint opaque. Il constata qu’elle était recouverte de rayures. Son aspect général laissait penser qu’elle était très ancienne. Il la reposa sur le sol et se releva.

— Cet Atomium Adamantis est tout ce qu’il y a de plus authentique. J’ignore ce qu’il contient mais il était exactement où tu avais dit qu’il serait. J’espère pour toi que tu sais comment l’ouvrir parce que ces coffrets sont réputés indestructibles. On n’en fabrique plus depuis l’Âge des Immortels.

Evan sourit :

— J’ai ma petite idée.

— Maintenant montre-moi.

Le jeune homme sorti la carte de la clé. Il la tendit à son interlocuteur. Ce dernier la prit et demanda :

— Qu’est-ce que c’est ?

— Les informations que vous recherchez sont dissimulés dans l’image.

— On va voir ça.

Il sortit son R-Tatoo et scanna la carte. Si ses déductions étaient exactes, le scan devrait rediriger son R-Tatoo sur un serveur. Ce dernier stockait normalement l’équivalent de l’image de la carte. Et les bits composants cette image numérique contenaient des données cryptées. De la sténographie informatique. Quoi de plus logique après l’utilisation de l’écriture infra-rouge qui était également de la sténographie mais analogique. Franz Parker cachait ses énigmes dans des énigmes. Cela lui ressemblait bien.

Le Baron resta silencieux pendant quelques instants, le temps que son R-Tatoo décrypte l’image en testant les algorithmes de cryptographie les plus courants. Si jamais l’algorithme utilisé était particulier, Evan savait qu’il serait fichu.

Son interlocuteur émit un murmure approbateur et dit :

— Les métadonnées ne mentent pas. Les pages décryptées datent bien de l’époque des Hydrargyres. Le sceau Aldekei au bas de chaque page est bien celui de la famille Edelweiss. Oui, ce sont bien les dernières pages des Chroniques Impériales des Edelweiss. Comme quoi, cela valait la peine d’aller chercher votre Atomium Adamantis dans les grottes des chutes de Kiubo. Ce qui n’a pas été une mince affaire comme c’est à la limite des Contrées Maudites de la Forêt des Esprits…

Un sceau Aldekei ? Evan fouilla dans son palais mémoriel. Il s’agissait d’un sceau électronique datant l’ère pré-Ashayshin et qui ne pouvait être contrefait… ni copié. Le Baron avait récupéré l’Atomium Adamantis sous les chutes de Kiubo, la cité disparue au sud de l’Union Kongo ? Mais qu’est-ce qu’il pouvait bien contenir ? Evan fit deux pas en arrière, s’accroupit et prit la boîte.

— Pas si vite. Je n’ai que deux des six pages que vous m’aviez promises. Où sont-elles ? demanda-t-il d’une voix menaçante en posant une main sur la poignée de son neshir.

Evan s’immobilisa et réfléchit rapidement…

Le piège que Franz Parker lui avait tendu, lui apparût alors dans toute sa lumière… Ou plutôt, l’aspirant scientis le mettait face à un énième défi qu’il n’était pas sûr de pouvoir remporter. L’Atomium Adamantis avait trois fentes dont la taille correspondait exactement aux dimensions des cartes de jeu. Il devait donc partir d’ici avec la boîte et les trois cartes…

— Je les ai en ma possession. Avant de vous les donner j’aimerai que nous nous entendions sur quelque chose.

— Quoi donc ?

— Vous prenez les pages en photo mais vous me laissez les cartes…

Le Baron se mit à rire :

— Ah les jeunes. Vous êtes tellement avides. Tu aimerais pouvoir les revendre à un autre ? Ce sont les uniques clés d’accès à ce serveur, c’est ça ? Donc toi aussi tu as dû fouiner pas mal pour retrouver ces cartes… des serveurs à clé imprimé, c’est une vieille technologie… C’est parfait. Cela prouve leur authenticité. Ma réponse est non. Je refuse que tu revendes ces pages. Je veux l’exclusivité. Mon client n’apprécierait pas car je ne pourrais prouver leur authenticité qu’avec le fichier d’origine infalsifiable. De simple photo… n’importe quoi… Je serais moins payé en plus…

Evan ne montra pas son agacement, conservant un visage impassible… Franz savait que cela ne marcherait pas. La réponse du Baron était la plus censée. Lui-même aurait refusé à sa place…

Il pouvait toujours ouvrir tout de suite l’Atomium Adamantis mais comme il ignorait ce qu’il contenait, il y avait un risque que le Baron Noir, voyant que cela avait plus de valeur que les pages des chroniques impériales tentent de s’en emparer…

Franz le forçait à choisir entre la vérité et sa vie. Il voulait voir à quel point il était déterminé à aller au bout de tout cela, et ce, même sans vraiment savoir complètement de quoi il en retournait. Ce scientis était tordu… Malgré cela, Evan savait qu’il ne partirait pas sans la vérité. Il ne pouvait pas. Tout cela avait forcément un lien avec le projet Odiani et ces pages des chroniques impériales constituaient probablement aussi une part du puzzle. Le monde dominé par l’Empereur Malfaisant, Charles Edelweiss, avait été réduit en cendre par l’Ashayshin. Un châtiment qui était venu des cieux. Le parallèle avec Odiani était vite fait. Après toutes ces semaines à tourner en rond, il avait enfin un moyen d’en apprendre plus. Il ne pouvait pas abandonner.

Il ne pouvait risquer un duel car d’une, il était blessé et de deux, il n’était plus aussi fort qu’avant. Sans parler du Baron qui était un noguemi aguerri avec quarante à cinquante années d’expériences imprimées dans chaque fibre de son corps. Cela ne voulait pas forcément dire qu’il était très fort mais en tout cas, il était certain qu’il était plus fort que lui, avec son niveau actuel. Il maudit intérieurement Franz. Comme si sa vie n’était pas déjà suffisamment compliquée.

Evan prit une profonde inspiration et se plongea dans le cirkaem movi. La main du Baron se crispa et il maugréa trop tard, alors que la besace d’Evan et l’Atomium Adamantis heurtaient dans un bruit mât le tapis de neige :

— Espèce de… !

Evan était déjà sur lui. Des étincelles jaillirent au contact de leurs lames. Le cœur battant à tout rompre et son Kar’Cirkaem au Crépuscule, Evan enchaina deux momentums, Flot Rugissant suivit de Croc du Lion. Entre les étincelles éphémères, sa lame fendit d’une entaille profonde le torse du Baron qui battit en retraite avec précipitation avant d’enchaîner un momentum dans un éclair mais avec cinq millièmes de secondes de retard.

Evan dévia la lame adverse qui perça le vide et supprima complètement l’Air passant même sous le Vide, aux abords du Point le plus bas du Cercle de l’Univers. Le tissu de la réalité parût s’effriter à cause de cette brusque variation d’atmosphère qui fit à nouveau perdre quelques millièmes de secondes de réaction à son adversaire. Evan, de nouveau au Crépuscule, enchaîna d’un coup de pied latéral en réalisant Cri du Roi.

Lorsque le dos du Baron heurta violemment l’une des rares colonnes de béton qui se recouvrit de craquelures, le neshir d’Evan lui avait traversé la poitrine brisant une côte au passage. Dans l’instant qui suivi, lâchant son neshir, Evan lui tordit violemment le bras, celui qui tenait son neshir, et d’un coup de pied, envoya valser l’épée de cendres dans les ténèbres du hall.

Un poing heurta rudement le jeune ignemshir dans la mâchoire. Il fût projeté deux mètres en arrière et atterrit lourdement dans la neige, sonné. Cette force. Le corps d’un ignemshir se renforçait à mesure que les années passaient. Sans qu’il n’eût à exploiter l’Air, le Baron avec son âge, plus de la soixantaine il supposait, avait probablement la force de quatre Tanakim. Un Tanakim équivalait à la force d’un homme de vingt-cinq ans en excellente forme physique. En se redressant sur un genou, la mâchoire douloureuse, Evan vit le Baron porter une main à son torse ensanglanté et la lame de Wazushendi se vaporisa en cautérisant au passage sa seconde blessure. Le jeune homme sentit un frisson familier lui remonter l’échine tandis que sa poitrine commença à se comprimer douloureusement de manière sporadique.

— C’était absolument magistral, dit la voix rauque du Baron alors que sa vue se troublait. Vraiment. À un âge aussi jeune. Une manipulation de l’Étincelle impressionnante bien que tu te sois surtout servi de l’effet de surprise pour combler un manque de vitesse… Et ton cirkaem movi. Je dois dire que…

La Baron grogna puis toussa en se tenant la poitrine, la main souillée de sang. Evan sentit la crise qui refluait, la douleur dans son torse qui s’atténuait. Il avait été extrêmement violent dans son Kensh’en Or’i. Vu l’état de son Kar’Cirkaem, il était certain de l’avoir encore plus fragilisé. C’était pour cela que le fait qu’il eut une deuxième crise le même jour ne le surprenait pas. S’il avait continué à se battre avec un Kensh’en Or’i aussi intense plus longtemps, Evan était convaincu qu’il aurait réduit le temps qu’il lui restait à vivre, si ce n’était pas déjà fait. Son Kar’Cirkaem ne tiendrait plus très longtemps s’il se battait encore à son maximum. Lorsque sa vue lui revint complètement, il vit que le Baron était à mi-chemin. Il tendait une main en direction de son neshir mais rien ne se passait.

— Ta maîtrise de l’Air était d’une fluidité et d’une précision presque digne de celle d’un magister. Qui t’a enseigné ce que tu viens de faire ? Ahh ! mais qu’est-ce qui se passe ?

Evan n’aurait su dire comment il le savait mais en passant brusquement du Crépuscule à en-deçà du Vide, il avait fragilisé la structure quantique de tout tissus énergétiques imprégnés d’Ark se trouvant dans le champ de son atmosphaira. Le coup qu’il lui avait donné dans la poitrine avait eu pour but de détruire son Ikin Ardent mais, il n’avait pas pu garder le contrôle suffisamment longtemps. Il avait manqué le point d’équilibre central du système spectral de son adversaire mais au moins, il avait rendu instable son Akai Noir, le lien d’énergie indestructible qui liait un ignemshir à son neshir. Il suffisait à ignemshir de le contracter pour que son neshir vint à lui. Ainsi, un ignemshir ne pouvait jamais perdre son neshir. Evan avait perdu le contrôle de son Kensh’en Or’i un millième de seconde avant qu’il ne termine son momentum. C’était pour cette raison que la lame de Wazushendi s’était vaporisé mais pas uniquement. L’état de son Cercle Intérieur devait aussi y être pour quelque chose. Il aurait peut-être dû viser le cœur… D’ailleurs, il ne savait même pas comment il s’était débrouillé pour deviner l’emplacement exacte de l’Ikin Ardent du Baron…

— Très peu de personne se battent de cette manière. Cette façon de combattre requiert une flamme d’une rare pureté…. Qui es-tu ?

Evan se redressa difficilement et sentit un liquide chaud couler sur son ventre. Les agrafes résorbables avaient sauté à cause de ses mouvements violents. La blessure que Lucas lui avait infligée saignait à nouveau. Le Baron lui saisit rudement par le col et lui donna une droite si violente qu’il perdit brièvement la vue, la tempe brulante et irradiant toute sa tête d’une vive douleur.

— Qu’as-tu fait à mon neshir ? Pourquoi est-ce que…

— Cherche toujours, maugréa-t-il avant de se dégager d’un geste rapide.

Evan enchaina deux directs éclairs, un dans l’estomac et l’autre là où la côte du Baron était cassée. Ce qui lui arracha un grognement de douleur alors qu’il enchaînait avec un vif uppercut, Evan sentit la mâchoire du Baron claquées dans les os de son bras. Ce coup fit tomber sa capuche en arrière. Evan eut un mouvement de recul, se figeant, les poings levés, frappé de stupeur par la vision qui s’offrait à lui. Le visage du Baron était brûlé. Sa peau était parcourue de figure de Lichtenberg. Les traces d’un affrontement avec un des redoutable fulgators, les Fils de la Foudre.

— Qui es-tu ? gronda le Baron avant de fondre sur lui.

Il lui étreignit la gorge de ses grandes mains, tentant de l’étrangler. Evan parvint à se dégager, la gorge endolorie et lui donna un coup de boule. Son front se révélant plus dure qu’il ne s’y attendait.

— Oui, je te reconnais…

Une douleur explosa dans son estomac et une droite l’atteignit à la tempe. Le jeune orphelin eut l’impression de se prendre une batte de garoway de plein fouet et manqua de s’effondrer sur le sol, l’abdomen en feu. Le Baron, la respiration à peine précipitée, eu un sourire immonde révélant des dents jaunies et dorées tachées de sang. Evan essuya le sang qui coulait de son nez et de sa bouche puis cracha sur le sol déjà taché d’écarlate pas son propre sang.

— Tu frappes comme une gonzesse.

Les yeux froids et gris du Baron se plissèrent. Evan dévia le poing destructeur de son adversaire puis pivota et lui enfonça violemment le coude dans le sternum. Ce dernier lâcha un gros râle de douleur. Evan enchaîna deux directs alternés, les poings ensanglantés, suivis d’un coup de genou dans l’estomac. Un gémissement étouffé sortit de sa gorge. Le jeune homme s’écarta de quelques pas, sa blessure au ventre le lancinant. Son adversaire se rua alors sur lui et le heurta violemment de l’épaule en le prenant à bras-le-corps. Il le souleva. Evan sentit les quelques agrafes restantes sautées douloureusement. Sa blessure embrasa son abdomen d’une douleur aiguë. Le dos et la nuque du jeune ignemshir heurtèrent durement l’une des colonnes de béton nue et craquelée. Son adversaire se déchaîna sur lui. Des morceaux de béton se décrochaient de la colonne à chaque coup qui la faisait vibrer.

Au sixième coup de poing, profitant d’un court instant de lucidité et rassemblant toute l’énergie qu’il lui restait au milieu de cette mer de douleur, il évita le poing du Baron qui heurta rudement la colonne. Des craquelures se répandirent du point d’impact. Il s’élança alors et lui cogna rudement la tempe de son coude. Son adversaire déboussolé, recula et il le frappa ensuite à la glotte, il suffoqua en portant ses mains à son cou, titubant en arrière. Evan enchaîna derechef avec un coup de pied retourné fulgurant sur la même tempe. Le Baron tituba vers la droite avant de s’immobiliser en le fixant de son regard fou. Evan crut qu’il allait contrattaquer mais son regard se troubla et il tomba à genou en fixant hagard un point devant lui. Evan se glissa dans son dos et d’une clé de bras, compressa son cou.

L’ignemshir au visage brulé, aux cheveux clairsemés, se débattit pour respirer. Il lui enfonça deux coups de coude dévastateurs dans l’abdomen. Sa blessure saignait déjà abondamment. Le jeune orphelin, le visage meurtri et crispé, supporta la vive douleur au point d’avoir le vertige. Il maintint sa prise malgré tout, les dents serrées, jusqu’à ce que son adversaire perde connaissance. Ses bras retombèrent faiblement le long de ses flancs après qu’il eût tenté d’attirer son neshir à lui. Ce dernier retomba dans la neige à mi-chemin.

Il n’avait fallu que quelques minutes à l’Akai noir pour se stabiliser…

Evan ne sentit plus ses bras et lâcha le Baron malgré lui. Il s’écrasa lourdement dans le tapis de neige en même temps que s’effondra en morceau dans la neige la colonne sur laquelle s’était acharné le Baron. A genoux, le souffle court, il poussa un cri de rage dont les réverbérations se propagèrent dans tous les recoins du gratte-ciel sombre et abandonné avant de lui revenir comme une lointaine réponse approbatrice et compatissante.

Il était à bout…

Le paysage des ruines enneigées teintées des éclats et des couleurs flamboyantes et chaudes du crépuscule s’imposa à lui. Comme il le voyait de la terrasse de son penthouse. Il avait toujours voulu capturer la quiétude de ces paysages avec l’espoir qu’à force de la saisir avec son appareil, elle s’immortaliserait dans son âme.

Un vain espoir. Son âme ne connaissait pas la paix… et ne la connaitrait probablement jamais…


Texte publié par N.K.B, 15 octobre 2019 à 09h21
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