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tome 1, Chapitre 3 « Une maison » tome 1, Chapitre 3

- Thibault, sois gentil, dis bonjour.

Le garçon se replie sur lui-même et fixe Rem avec stupeur.

- Thibault, dis bonjour, insiste Eliote d’une voix ferme.

- Vous essayez de faire quoi, là ?

- Cht. Thibault, tu m’écoutes ??

- C’est bon. On était en train de vous menacer tout à l’heure, avec des armes, laissez-le un peu s’en remettre.

Rem ignore ce qui le contrarie le plus, entre les efforts agaçants de l’homme pour instaurer un dialogue et les regards pétrifiés de l’enfant vers lui, comme si c’était sa faute. Eliote repose le gamin, vanné, et sort. Le petit s’éloigne immédiatement. Il entend le monsieur méchant, Rem, dire quelque chose entre ses dents avant de partir lui aussi.

Thibault ne sait pas où aller. Il se sent comme si c’était lui l’étranger dans la maison et pas les deux hommes bizarres qui ont attaqué ses parents. Il a peur de rencontrer l’autre homme qui a pris l’arme de sa maman, même s’il a pas l’air aussi méchant que Rem. Maman, elle disait pourtant qu’ils seraient tranquilles avec papa, et que personne ne viendrait les embêter. C’est pas normal. Justement maman arrive derrière lui. Elle est debout, même si papa lui dit parfois de se reposer à cause qu’elle est blessée.

- Qu’est-ce que tu fais, Thibault ? elle lui demande.

- Je sais pas, dit Thibault. Je crois je vais aller jouer dans ma chambre.

Lena s’abstient de répondre. Elle ébouriffe simplement les cheveux du petit en le dépassant, pensive.

Bon. On dirait que les deux gus vont rester. Et le dénommé Rem, apparemment docteur, a décidé de la soigner, lui qui se foutait de la voir blessée. Elle ne comprend pas vraiment comment ces changements ont pu se faire, mais l’essentiel est que la situation se soit rétablie. Même s’ils doivent maintenant cohabiter avec ce tandem d’énergumènes sorti de nulle part, qu’elle aurait aimé ne pas avoir à fréquenter. Eliote a vraiment merdé sur toute la ligne, à croire qu’il le fait exprès.

Elle l’a vu justement avec Thibault et Rem dans le salon. Elle a attendu leur départ pour sortir afin d’éviter les questions gênantes. Maintenant qu’ils se sont dispersés, elle va pouvoir manger un morceau avant de retourner se coucher. Après ça, il faudra se remettre au travail, et Dieu sait que depuis que ce connard de clebs lui a déchiqueté la clavicule, il y a du boulot à rattraper.

Elle saisit un mouvement et, en levant le nez, aperçoit Rem entrer dans la cuisine.

C’est un homme à la quarantaine avancée, une silhouette lointaine, qui n’a rien d’avenant, dont les réflexions sont hautaines et l’amertume, glaçante. Un homme dont les traits semblent chercher ailleurs que dans ce qui l’entoure, non pas comme les rêveurs mais plutôt à la manière des flegmatiques. Son visage, encadré d'abondantes boucles, n’est pas désagréable à regarder, mais encore faudrait-il que son caractère aille avec. Ce qui, d’après ce qu’elle a observé, est loin d’être le cas. Ses yeux clairs, dont le bleu perçant est l’unique tache de couleur dans l’ensemble de sa physionomie, s’arrêtent sur elle.

- Qu’est-ce que vous faites debout ?

Il lorgne son assiette, remplie à ras bord.

- J’avais faim.

- Je vois ça, commente-t-il.

Un long silence s’ensuit. Rem jauge les placards, et, du coin de l’œil, Lena, qui réfléchit.

À la voir comme ça, il ne lui donnerait pas les trente ou quarante ans qu’il lui soupçonne d’avoir. Selon les instants, elle paraît en avoir quinze ou soixante-dix, tour à tour. La taille même n’aide en rien ; elle est grande, plus qu’Is, pourtant ses épaules qu’elle courbe l’écrasent. Quand elle commence à lui parler, interrompant sa contemplation, elle a un rude pivot mené par le menton, comme si c’était ce dernier qui dirigeait l’essentiel des mouvements de sa tête.

- En fait… dit-elle.

- Oui ?

- Où est votre ami ?

- Qui, Is ? Loin d’ici, si j’ai de la chance, ricane-t-il amèrement.

Elle ne sait pas quoi répondre, renvoyant à peine au sarcasme un froncement de sourcils perplexe. D’ailleurs, d’après ce qu’elle voit, Rem recherche plus avidement la nourriture que l’échange. Elle se lève et part retrouver Is, se dispensant d’avertir son interlocuteur.

Lena ne croise personne en bas : Thibault joue seul dans sa chambre et Eliote doit être dehors. Elle décide de monter.

Elle remarque tout de suite l’une des premières portes, qui est entrebâillée. Elle entre dans la pièce et voit un des livres de la bibliothèque traînant à terre, dont elle se désintéresse. Pas de trace d’Is, à part ça. Elle jette un regard dans la chambre, intacte, ferme derrière elle. Elle ouvre machinalement la porte de la salle de bain et s’arrête sur le seuil.

Is, qui lui tourne le dos, observe fixement son reflet, appuyé contre le bord du lavabo. Ses mains tressaillent, mais il semble essayer d'en maîtriser le tremblement. Il se retourne en la voyant dans le miroir et jette un coup d’œil à la porte.

- Salut, dit-elle calmement. Is, c'est ça ?

- C’est ça, bredouille-t-il. …vous devriez pas rester au lit, vous reposer ?

- Ça a pas l’air d’inquiéter le docteur que je me balade, j’imagine qu’on n’a pas à s’en faire.

- Ah, oui. Pardon pour lui, hein, il est…

Lena n'est pas sûre de savoir ce que Rem est, mais la grimace qu'Is esquisse se passe de mots. Il est embarrassé. L’homme assuré auquel elle faisait face quelques heures auparavant ne semble qu’un lointain souvenir, mais il faut dire qu’elle-même a relativement changé d’humeur. Elle ne comprend toujours pas ce qu’Eliote leur veut, et elle pourrait les éjecter de chez eux, du plat de la main, d’une minute à l’autre, ce n’est pas faute de le vouloir. Mais la curiosité l’emporte.

- Merci pour tout à l’heure en fait, finit-elle par dire. D’après ce que j’ai compris, vous nous avez aidé ?

- Rem ne vous aurait pas fait de mal, objecte Is.

- Merci quand même.

Il hausse les épaules et sourit, quoique sourire soit un grand mot pour ce petit étirement de bouche qu’il esquisse et qui aurait tout aussi bien pu être une moue triste. Le cœur de Lena se serre. Elle lui propose de descendre et il la suit dans les escaliers.

oOo

De nouveau dans le salon, Lena se repose, bercée par l'activité de ceux qui l’entourent. La nuit est tombée. Leurs regards vont occasionnellement se perdre à la fenêtre, parmi les maisons abandonnées en face de la leur, ou plus loin, au gré de leur nostalgie.

Si son épaule la lance encore, ce n’est rien comparé à ce qu’elle a vécu ces derniers jours. Elle se masse nerveusement l'omoplate, sentant avec confort la tiédeur de sa peau sous les bandages réchauffer le bout de ses doigts. C’est cette heure où il fait froid partout, pour ceux qui sont encore debout. Cette heure où le ciel gris s’éteint. Il serait temps qu'elle aille se coucher.

- Thibault, bonhomme, je t'ai dit de pas toucher la radio.

- Pardon, papa, grommelle l'enfant.

Lena n’a pas le temps de jeter un œil aux deux garçons qu’un bruit l’en détourne : Is, le regard vide, vient de déchirer d’un coup sec les pages d’un des livres qu’il aidait à ranger. Elle se redresse, alerte. Eliote et Thibault le regardent faire, sous le choc.

- Qu’est-ce que vous faites ? bredouille Eliote, qui n’ose pas faire un pas.

Is chuchote quelque chose, vivement.

- Quoi ? bondit Lena.

- … tout a disparu. C’est comme… comme ça (il frotte ses mains dans deux claquements sonores, avant de sourire nerveusement). J-j’ai rien pu faire, j’ai…

Quels que soient les mots qu’il ait voulu articuler, ils disparaissent dans un murmure indistinct, avant qu’il ne se voûte pour laisser éclater ses sanglots. Lena n’ose ni quitter Is des yeux, ni lui parler, stupéfaite. Son regard tombe sur les pages déchirées, à ses pieds. Une édition à peine jaunie de Macbeth, à sept euros.

- Is, qu’est-ce qui vous prend ? tente de le calmer Eliote.

- C’est de ta faute.

Il se redresse et se jette sur Eliote. Ce dernier a le temps d'un “Hé !” de surprise avant de basculer. Eliote est plus fort qu'Is, leurs statures parlent d'elles-mêmes, pourtant il le maîtrise difficilement. Is hurle de plus en plus fort, faute de pouvoir se dégager pour frapper l'homme qui le maintient. Thibault crie aussi et tente d’intervenir, mais Lena le tire à l'écart.

- Rem !! appelle-t-elle.

Le docteur arrive et constate, jure et quitte immédiatement la salle. Lena pense un temps qu’il va fuir loin d’eux et de cette horreur, mais il revient vite avec une gibecière qu’il dépose près d’Eliote et Is. Ce dernier se dégage pour se tasser contre le mur :

- Non, pas encore…

- Écoute-moi. Is, écoute-moi !! appuie Rem au-dessus de ses marmonnements hystériques. Ça va aller, tout va bien, tu restes avec moi, tu…

- Je voulais pas !

Is le saisit par les épaules. Ses ongles rongés s’enfoncent à travers le tissu dans la peau du docteur, qui grimace et le repousse pour fouiller dans sa sacoche remplie de livres et de boîtes. Il en sort une petite bouteille ambrée, qui contient une demi-douzaine de pilules blanches. Rem en extrait une.

- Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que vous faites ?? s’exclame Lena en voyant le médicament qu’il tend à Is.

- Un neuroleptique.

- Vous le droguez ??

- Je le soigne.

Il finit après plusieurs imprécations par faire prendre le médicament à Is. Lena consulte Eliote, mais l’homme la rassure d’un geste ; après plusieurs minutes, tandis que Thibault s’agrippe à la jambe de la femme, Is paraît s’être calmé. Sonné, il ne se retrouve plus au milieu des yeux qui l'observent jusqu’à ce qu’il comprenne ce qu’il vient de faire. Alors son visage se fige :

- Je suis désolé.

- Allez, c’est bon, frémit Rem, l’aidant à se relever.

- Vous m’avez dit qu’il était fou, tout à l’heure, se souvient Eliote, essoufflé.

- Oui, je pense que vous l’avez constaté par vous-même.

Il y a un je ne sais quoi de glacial dans la voix de Rem. Ça n'a pas la franchise du reproche, mais c'est suffisant pour qu'Eliote se sente coupable de ce qui vient d'arriver.

- Je comprends pas, marmonne Lena, désemparée, comment vous pouvez le laisser dans cet état-là ?

- S'il vous gêne, signale Rem, on peut toujours l'enfermer quelque part.

Lena le frappe. C’est venu tout seul, la pensée la traversait à peine que déjà sa main éclatait sur son crâne. Un éclair traverse le regard du docteur, qui la gifle à son tour. Is fait quelques pas inquiets vers elle, mais elle l’écarte pour hurler à Rem :

- Vous êtes complètement abruti, ou quoi ?? C’est quoi, cette suggestion, vous le prenez pour quoi ?!

- Mais j’ai dit ça par fatigue, c’est tout, j’en ai juste marre. Vous comprenez pas que ça fait un an que je me le trimballe ? C’est facile, pour vous, de se farcir les crises d’un cinglé ? Je peux pas faire des erreurs ? Je peux pas oublier, juste une fois, de lui faire prendre un médicament parce que j’ai dû, je sais pas, m’occuper de quelqu'un d’autre ? Ça vous parle, ça ?

- S’il vous plaît, ne vous disputez pas… tente faiblement d’intervenir Is, sans succès.

- Et tout à l’heure, vous ne pouviez pas y penser au lieu de fouiller dans nos placards ? réplique Lena.

- Mais j’avais faim, je peux pas penser à lui tout le temps !

- C’est votre ami !

- Qui vous a dit que c’était mon ami ??

- Calmez-vous, s’il vous plaît…

Voyant Is renoncer, ses supplications restant sans résultat, Eliote sourit :

- Vous n’êtes pas autoritaire, vous, hein ?

Le regard d’Is le traverse comme une balle. Eliote tressaille, glacé, et esquisse un geste de défense sans y penser.

- Rem a raison, remarque posément Is, vous êtes futé.

oOo

- Je suis vraiment désolé pour tout à l'heure, je vous jure, je…

Lena lève la main pour l’interrompre.

Ils sont assis à la table de la cuisine, un meuble rectangulaire en bois brut qui fait tache dans le décor impeccable de la pièce. Thibault joue à l'écart, les yeux détournés d'Is. Ce dernier se triture les mains.

- Vous êtes malade, c'est ça ? dit calmement Lena.

- Oui, articule Is avec un hochement de tête, ses pupilles fixant ses doigts entremêlés. Je...

Il écarte les mains, paraît ignorer comment finir sa phrase. Lena hoche la tête pour se donner une contenance :

- Et vous savez ce que vous avez ?

- On sait pas vraiment, c’est juste un... (il paraît coupable) Un genre de comportement violent, je, j’suis désolé...

- Votre ami ne peut pas vous aider ?

Is sourcille à peine à la question, évitant toujours son regard :

- C’est... on n’est pas amis, pas vraiment. Il aime pas qu’on dise ça, en tout cas.

- Vous êtes quoi, alors ?

- On voyage juste ensemble.

Elle soupire, masquant son agacement derrière la fatigue :

- Et il ne peut pas vous aider ?

- Il peut pas faire grand chose, il est généraliste, je crois. Vous savez, les médecins d’hôpitaux, c’est plus les maladies physiques, il m’a expliqué. Faut se spécialiser pour ce qui est…

Il fait un vague signe vers sa tête, mais elle comprend parfaitement le message.

- … mais j’ai ces trucs, qu’il m’a donné tout à l’heure, c’est des pilules, ça me calme. Je dois les prendre tous les soirs. On a été distraits.

- C’est bon à savoir, si on veut habiter ensemble, relève Lena.

L’expression d’Is s’éclaire, et cette fois, il parvient à la regarder dans les yeux :

- Ça vous dérangerait pas qu’on reste ?

- Honnêtement je sais pas. Eliote m’a pas franchement demandé mon avis, et on a l’habitude d’être que nous deux, avec le petit. Mais si vous avez besoin de réserves et nous d’être avec d’autres gens, juste pour se défendre… Avec lui qui est docteur, en plus… Je pense qu’on peut bien passer un marché.

- Même... même avec moi ?

Elle ne prend que quelques secondes pour y réfléchir :

- Si vous avez vos trucs et que vous les prenez, vous faites pas de crise ?

- Non, dit-il. Si je les prends dans les temps, je... enfin, Rem trouve que...

- On va voir comment ça se négocie, le coupe-t-elle d’un geste.

Rem observe les matelas, masquant son malaise derrière un air impassible, tandis qu’Eliote, sans lui demander son aide, extirpe des couvertures pliées à la va-vite d’un placard. Le docteur attend un peu, avant de lui filer un coup de main pour s’occuper l’esprit.

La chambre de l’étage est simple, un genre de salle comportant deux lits défaits, sans draps ni housses d’oreiller, chacun appuyé à un mur, l’un côté porte, l’autre en face. Une chaise croulant sous des vêtements laissés en pile négligée, une armoire dont une porte manque, des papiers et de la poussière sont son seul mobilier. Ils ne se parlent pas tandis qu’ils font les lits, à part quelques monosyllabes, pour se diriger.

Alors même qu’il travaille à ce que le lieu devienne habitable, Rem peine franchement à croire qu’Is et lui vont vivre là avec les deux autres. Il n’espérait pas mieux que de filer sitôt des réserves trouvées, d’une fois encore vagabonder en quête d’un abri pour le lendemain. Seuls. Et malgré la chance et la garantie que c’est, l’endroit le débecte. Il n’a aucune envie de s’attarder là. Ils ne connaissent même pas les deux autres, il y a un gosse, la ville pas loin. Il fronce le nez en jetant une question :

- Ça fait combien de temps que vous êtes là ?

Eliote interrompt son geste, lève les yeux vers le plafond, ses lèvres remuant vaguement tandis qu’il compte, pensif :

- Sept mois, je crois ? On est arrivés, ça devait être en juillet.

- Y a des passages ?

- Des quoi ?

- Des gens qui viennent, s’explique Rem. Des personnes qui passent, quoi.

- Personne, non. C’est paumé, ici. On voit même pas de trucs depuis la ville. On a un poste, mais il merde un peu.

Rem acquiesce en finissant d’installer le lit du fond.

- Dites, reprend Eliote, il a de la poigne, votre copain.

- C’est pas mon copain, crache Rem.

- Pardon, pardon. Ça a l’air d’être un sacré numéro, c’est tout. C’est... comme un patient ? Vous vous occupiez de lui, avant ?

- Pas vraiment.

Eliote s’interrompt, acquiesce encore, pensivement. Rem est soulagé de ne pas l’entendre formuler plus de questions et d’inepties, et ils redescendent en silence pour prévenir Is et Lena que la chambre a été préparée.

- Tu viens, Thibault ? appelle Eliote d’une voix tranquille.

Rem hausse un sourcil, un regard éloquent traînant du côté d’Is. Ses yeux passent à Lena. Ils se fixent en silence, pendant quelques trop longues secondes, avant que le mouvement du petit, qui s’exécute, les rappelle à l’ordre.

- Bon, dit l’homme blond en regardant les autres en souriant, on est tous d’accord, alors ?

- À propos de quoi ? maugrée Rem.

Le petit tire la main d’Eliote, qui comprend le message et le prend dans ses bras :

- Vous restez ici ? poursuit-il. Comme ça si y a un problème avec la blessure de Lena, quelqu’un peut s’en occuper, et vous, vous avez un toit et ce qu’il faut ?

Lena hausse un sourcil. Elle ne dit clairement pas ce qu’elle pense, mais son impatience n’échappe à personne.

- Thibault, appelle-t-elle, ignorant Eliote, viens ici.

Eliote repose le petit pour qu’il s’exécute. Is baisse la tête, silencieux, alors que l’enfant va s’asseoir sur les genoux de la femme, et Rem se tait. Le sourire d’Eliote disparaît, l’homme hésite :

- Oui ou non, alors ?

- Vous êtes sûrs de l’isolement de votre baraque ? grommelle Rem, bras croisés.

À l’air d’incompréhension d’Eliote, il réplique par un coup de menton en direction des fentes des fenêtres renforcées avec de vieux vêtements. Son regard court sur les vitres où ont été fermement scotchés d’épais morceaux de carton ; il semble osciller avant que ses yeux ne reviennent à ce qui le préoccupe :

- Parce que vos tissus, là, s’il y a des infiltrations... qui s’en occupe ?

- J’le fais, intervient Lena. Mais là avec mon épaule, j’ai dû reporter. Il y a des outils dans le garage, je pensais m’y remettre d’ici demain, ou dans deux jours.

- Ouh là, trois-quatre, plutôt, réplique Rem. Laissez-lui le temps de se remettre.

- Si c’est si urgent, ça va pas attendre.

- Vous pouvez pas vous en charger, vous ? s’enquiert le docteur, interpellant Eliote.

- Il s’y prend pas vraiment comme il faut.

Eliote blêmit. Il bafouille, honteux :

- Non mais, je peux essayer, hein, c’est juste que...

- Je peux m’en occuper.

Les regards se tournent vers Is, qui baisse immédiatement les yeux, comme honteux d’avoir parlé.

- Je suis désolé pour tout à l’heure. Je pense que je peux au moins faire ça pour vous.

- Alors vous restez ? s’éclaire Eliote.

Cette fois, c’est Rem qui attire les yeux, et dont on attend la réponse. Il soupire, mains sur les hanches :

- Ouais, admet-il finalement. Ça pourrait bien le faire, ouais.

Le sourire du blond est sincèrement ravi, et Is ne peut s’empêcher de s’éclairer aussi, de soulagement. Lena acquiesce, calmement, et rééquilibre Thibault sur ses genoux d’un mouvement de jambe :

- Bonhomme, murmure-t-elle, ils vont rester, d’accord ?

Thibault rentre la tête dans les épaules. Rem lève les yeux au ciel et Is se tourne vers eux. Aussi absurde que ça paraisse, il se ratatine devant le regard même de l’enfant :

- Je suis vraiment désolé qu’on t’ait fait peur. Ça recommencera plus.

- T’as attaqué mon papa, dit le petit.

- Oui, je sais. Pardon. Je suis très malade, et si je ne me soigne pas, je peux faire n’importe quoi. Je suis désolé, je ferai très attention, maintenant, d’accord ?

Thibault se réfugie dans les bras de sa mère, mais elle l’encourage d’un tapotement dans le dos :

- Pourquoi tu es malade ?

- Je ne sais pas. Je ne me souviens de rien.

- Ça aussi c’est dans ta maladie ?

Is jette un œil à Rem. La conversation semble ennuyer profondément le docteur.

- Oui, c’est aussi dans ça. Mais j’ai des médicaments. Je ne recommencerai plus, répète Is.

- Tu promets ?

Le silence est tendu dans la pièce. Une étrange solennité s’empare de l’expression de l’ancien soldat, qui hoche la tête et tend la main :

- Je promets.

Le petit sourit, soulagé, et lui en tape cinq.

- Vous parliez de garage. Vous avez une bagnole, ou c’est pour l’aménagement ?

- Non, non, on en a une. On s’en sert pas énormément, elle a des pètes, la plupart du temps.

Rem se gratte la joue en hochant nerveusement la tête. Eliote est allé faire visiter à Is, comme il s’en est chargé plus tôt avec le docteur. Le gosse les accompagne ; il a vite toléré Is, après sa petite promesse. Lena, assise à table, semble épuisée. À cette heure-ci, ils attendent seulement que les autres aient fini leur boucan pour rejoindre leurs lits ; pour le moment, ni Lena, ni Rem ne veulent aller se coucher avant l’autre.

- Et niveau eau et électricité ?

- On se démerde pour le jus, on a un générateur. Pour l’eau, ça va, elle est encore courante, mais y a beaucoup de coupures, alors la plupart du temps on stocke dans des bidons et on fait aller.

- On pourra vous emprunter la salle de bains, si, je sais pas, Eliote nous montre comment ça marche ?

- Bien sûr, sourit-elle jaune. Faites comme chez vous, vous gênez pas.

- Très aimable, réplique-t-il.

Il se dirige vers l’étage, mais un “Eh” de Lena le rappelle.

- Juste, avant que vous commenciez à croire que je vous dois quelque chose : merci pour mon épaule, articule-t-elle.

- Pas de soucis.

Il se renfrogne, paraît chercher une répartie et, en souriant, la trouve :

- Désolé pour la claque, j’imagine ?

- Excuses acceptées.

Il hausse les sourcils :

- Vous vous excusez pas pour celle que vous m’avez mise ?

- Ah non. C’était mérité.

- Bon. On s’attache aux gentils, hein ? ricane-t-il en se passant une main dans les cheveux. Vous protégez le pauvre amnésique innocent du méchant corbeau ?

- Non. J’aime bien quand les gens se traitent décemment, c’est tout.

Elle cille quand il s’appuie brusquement sur la table. Malgré l’espèce de tension dans ses bras, ses épaules arquées et son regard glaçant, il maintient un certain calme, audible jusqu’au fond de ses intonations :

- Ça fait un an que je vis avec, ma vieille. Va falloir vous faire à l’idée que je le connais un peu mieux que vous.

Elle chasse ses mains d’un geste.

- Et vous avez des trucs à m’apprendre, puisque vous comptez rester ?

- Puisque je compte rester ? appuie Rem avec un sourire goguenard. Vous décidez de rien dans votre baraque ?

- Ce coup-là, on dirait pas, non. Par contre commencez à nous poser des problèmes et là, vous pourrez voir le genre de décisions que je prends.

- On menace si tôt ? s’amuse-t-il.

- Ce n’est pas une menace, répond-elle simplement. C’est un avertissement.

Le sourire de Rem fond.

- J’attends, repart Lena.

- Vous attendez quoi ?

- Je vous ai demandé ce qu’il y a d’autre que vous puissiez me dire sur Is. On doit s’attendre à d’autres mauvaises surprises ? Et avant de répondre, le coupe-t-elle. Je m’en fous, de lui. Je le prends pas en pitié. Mais j’ai un gosse, et je veux pas qu’il lui arrive des emmerdes à cause de vous.

- Vous avez un langage fleuri, dites, pour une mère.

Lena croise les bras. Rem hoche la tête pour lui-même :

- Non, y a rien d’autre à savoir.

- Me mentez pas, j’ai pas le temps pour ces conneries.

- C’est rien qui vous regarde, s’agace-t-il. Écoutez, Is c’est mon affaire, je gère, d’accord ?

- Comme vous avez géré tout à l’heure ? souligne Lena.

Rem inspire profondément. Elle sentirait presque la veine saillir à sa tempe, mais il pèse le pour et le contre et, aussi réticent qu’il paraisse à lui donner ce point, il hoche la tête, avec une lenteur délibérée :

- Ok. J’ai plus l’habitude, mais à partir de maintenant, je vais faire gaffe. Tant qu’on a ce qu’il faut.

- Niveau médocs, vous pensez que ça va aller ?

Il acquiesce :

- Ouais. Ouais, pour l’instant. On en a encore une dizaine, et c’est un chaque soir.

- Qu’est-ce que vous allez faire, après ?

- J’aurais le temps de retourner lui prendre ce qui manque dans l’intervalle. On s’était posés pas loin d’ici, à quelques kilomètres. On a laissé des trucs là-bas.

Il comprend le sifflement grimaçant qu’émet Lena entre ses dents :

- Oui, je sais, mais on les a planqués, vous en faites pas. On se démerde depuis un an, et ça nous est déjà arrivé de devoir laisser des affaires derrière nous.

- Et c’est où ?

Il balaye d’un geste.

- Je vous en parlerai quand j’irais, pour l’instant c’est pas la priorité.

- Et c’est quoi, la priorité ?

- Vous êtes chiante, vous, hein ?

- Ouais. Mais je survis. C’est quoi la priorité ?

- Dormir. Demain, si on peut, se laver, ce serait bien. Et discuter bouffe et médicaments, au passage. Vous devriez vraiment faire le tri dans votre pharmacie, vous avez des trucs à jeter.

- Vous avez déjà fouillé ? On s’en sert pas trop, d’habitude.

- Ça se voit.

Le docteur file avec un ricanement moqueur, laissant Lena à soupirer, agacée.

oOo

L’éclat d’un tir l’a réveillé, et Is réprime son cri avant que celui-ci ne perce le silence. Ses mains serrent les couvertures brûlantes, il écoute, ses yeux filant dans le noir à la recherche d’un appui solide. Sa poitrine se soulève vite alors que l’endroit étranger s’entremêle au danger de son rêve ; il lui faut quelques secondes pour réaliser où il est.

L’ex-soldat se lève d’un bond pour rejoindre le lit d’en face et réveiller Rem. Le docteur grommelle et se tourne dans son lit, soupire en croisant son regard :

- Rem, j’ai entendu des coups de feu.

L’homme fronce les sourcils et se redresse vivement. Pendant un instant, les deux hommes écoutent en silence, tandis que la main de Rem tâtonne pour saisir son arme. Is a la gorge serrée ; il n’est soudain plus sûr de ce qu’il a vu, et la voix lasse du docteur précède sa pensée :

- C’était un cauchemar ?

Is se souvient de la lumière de son rêve et des cris et des coups. Quand il revoit le visage de Rem et ses bras qui l’empoignent, une éternité auparavant, il confirme, en un hochement de tête piteux :

- Désolé.

- Rendors-toi, réplique sèchement le docteur.

Is n’a pas le temps de s’éloigner qu’il se rallonge déjà, rabattant la couverture contre lui d’un geste sec. L’ex-soldat fait craquer ses phalanges d’un mouvement discret. Il rêve souvent de ce jour-là, quand il ne fait pas de cauchemars, et dans les deux cas, ça lui arrive souvent de réveiller Rem, par peur qu’ils courent un vrai danger. Il y a assez de risques pour que Rem admette systématiquement le doute ; même si en général, Is s’avère avoir seulement déliré ou rêvé. Alors ils se recouchent, à chaque fois, et à chaque fois, fermer l’œil devient pratiquement impossible.

- C’était encore ce jour-là, dit Is.

Il regrette sitôt ces mots prononcés, mais la réplique de Rem ne tarde pas :

- Le jour où je t’ai trouvé ?

- Ouais.

Rem acquiesce pensivement, le bras passé derrière la tête.

Il n’y a plus vraiment grand chose à en dire. Un an s’est écoulé, et sans jamais s’attarder vraiment sur les raisons les ayant poussé à partir tous les deux des Caves, ils ont eu tout le temps de s’en faire la rétrospective. Le vol de l’ambulance et des caisses, les mois d’errance et les crises. Is a demandé mille fois pardon, et l’a remercié presque autant. Le silence de Rem ne le retenait jamais de parler.

Pourtant, quelque chose a changé. Ils sont en sécurité, ils sont avec des gens. Ils ont parfois croisé des gars isolés, se laissant quelques jours avec eux avant de filer aussi sec. Is se sent déjà un poids sur la poitrine à l’idée de quitter Lena, Eliote et Thibault.

- On... on est pas mal, ici, non ? murmure Is, espérant décider Rem à parler.

- Mouais, reconnaît l’autre.

- Et, eux, ils... je sais pas, j’ai…

- On va voir comment ça file.

- Ouais.

Ils passent le reste de la nuit à fixer le plafond en silence.

oOo

- Il neige ! Maman, il neige !

Le regard égaré d’Is s’illumine légèrement quand il se pose sur la fenêtre.

- C’est vrai, bafouille-t-il, il neige !

Eliote rit tandis que l’homme va coller son nez à la vitre, un sourire crispé aux lèvres, abandonnant le vieux poste de radio qu’il essayait sans succès de réparer. L’amnésique et le petit garçon semblent aussi émerveillés l’un que l’autre devant les flocons qui volettent sereinement. C’est le tapis blanc et semblable à la laine qui s’est déposé sur l’herbe et le sable ras qui émeut Is. Il y a surtout quelque chose d’intact, dans cet ensemble pas encore foulé, qui le fascine.

Après quelques jours de vie ensemble et de coopération, les langues ont fini par se délier. Du moins, chacun y allant à sa manière, Eliote curieux, Lena indifférente, Is précisant autant que possible, Rem éludant autant que possible.

Tout comme eux, Eliote et Lena se sont abrités dans les Caves lorsque les bombes ont été utilisées en dernier recours. À vrai dire, Rem et Is n’ont encore jamais croisé de survivant qui ne soit issu des Caves et qui ne porte comme eux la chemise distribuée comme rechange à tous les réfugiés. Alors que celle de Rem, immaculée comme au premier jour, porte à la manche gauche le bandeau des médecins, celle d’Is, toujours emmitouflée dans sa saharienne, est parsemée de salissures, notamment une large tache brune à la poitrine et deux plus petites, noirâtres, sur chaque revers du col.

Le nom de chacun est noté au crayon, sur la bande retroussée surmontant la poche de poitrine, elle-même imprimée d’un grand C. Mais les taches rendent celui d’Is tout à fait illisible, à l’exception, en fait, de deux lettres, au début, qui se suivent. IS. Le propre nom de Rem est barré par les trois lettres de l’appellation qu’il s’est donnée, en majuscules, évoquant à Lena un lointain groupe de musique. À côté de ça, elle se sent étrangement vulnérable, et elle n’a pas pu s’empêcher de l’interroger là-dessus.

- Évidemment que je me suis donné un surnom, s’est-il contenté de répondre. J’allais pas laisser Is en possession de quelque chose que j’avais pas de lui.

- Il ne peut pas vous donner son nom, il est amnésique.

- Et j’ai pas envie de lui donner le mien, je suis borné, a-t-il ricané.

Ces jours passés avec l’homme, la femme et l’enfant, dans cette espèce de grand terrain silencieux, où les seuls passages sont ceux des bêtes, ont été étranges. Non pas étranges comme ont pu l’être leurs mois d’errance, au contraire ; pour Is, tout sentait le vécu, et quant à Rem, bien qu’il n’en dise rien, chaque pas dans cette maison meublée dans le goût d’autrefois provoquait un frémissement de malaise. Et, souvent, de longs blancs ponctuaient leurs conversations d’une banalité étonnante, où sous couvert de reprendre les mots du quotidien pré-guerre, ils jouaient à se dissimuler les uns aux autres. Mais, chacun de leur côté, ils ont plus ou moins fini par se faire à ce train de vie commun.

- Rem ! appelle Is en se précipitant vers le docteur, Rem, vous avez vu ??

Le docteur lève les yeux pour scruter brièvement l’extérieur.

- C’est à moitié fondu, ça, estime-t-il d’un ton égal en se replongeant dans sa lecture, ça tiendra pas.

Personne ne prend sa remarque en compte. On apprend vite à ignorer ses piques quand on le côtoie plus de quelques heures, pour éviter des conflits aussi houleux qu’inutiles.

- Oh maman, on pourra jouer dehors ? enchaîne d’ailleurs Thibault.

- Dehors ? Thibault, avec les particules qu'il y a, ça va pas être possible, tu sais bien, le raisonne délicatement Eliote.

- Oui mais les masques…

- Ils ne tiennent pas bien, c’est trop dangereux, sourcille Lena. On vient de régler l’isolation, tu peux jouer à l’intérieur.

- Mais y a pas de neige, à l’intérieur...

Is, retourné à son poste, a tout entendu et suggère :

- On peut rectifier la taille des lanières, si c’est que…

- Is, le coupe Rem, le concept d’autorité parentale ça te dit quelque chose, ou ça aussi tu l’as oublié ?

L’ex-soldat lui jette un regard scandalisé mais se remet à manipuler la radio.

- Ne profite pas qu’on ait accueilli Rem et Is pour réclamer tout et n’importe quoi, reprend Lena après un coup d’œil furtif au docteur.

- On fera une petite soirée chant comme chaque fois, ça te va ? ajoute Eliote pour détendre l’atmosphère.

- Ouais !

- Une quoi ? grimace Rem.

Is a simplement levé les yeux à l'évocation, mais son attitude transpire l'intérêt plus encore que celle de Rem le mépris. Eliote le remarque et explique, encouragé par ce soutien inattendu :

- Puisque les fêtes, ce n'est plus trop ça maintenant, Lena et moi on a décidé que pour chaque jour où il neigerait on ferait une petite soirée chant. Pour le gamin. Comme ça, Thibault profite aussi de ce qu’on a pu vivre avant, et nous, ça nous fait du bien de nous détendre un peu de temps en temps. Il y a mieux, vous me direz, mais...

- Mais qu'est-ce que vous voulez dire ? le coupe Is. C'est vous qui chantez, ou vous vous servez d'un poste ?

- Non non. Notre poste ne capte pas très bien, on évite de l’utiliser trop souvent. Si on le manipule mal, on pourrait donner notre position sans le faire exprès. Une pote m’avait expliqué, avant qu’on se perde de vue, un truc sur la triangulation, je crois qu’elle appelait ça comme ça.

- C’est pour ça, votre épaule ? s’enquiert Is auprès de Lena. Quelqu’un vous a repéré et s’en est pris à vous ?

- Non, ça n’a rien à voir, intervient Rem.

- C'est moi qui chante, poursuit Eliote comme si de rien n’était, et je joue de la guitare en même temps. J'apprends à Lena, aussi. Mais elle se débrouille un peu moins bien que moi, honnêtement. Faut dire que j’ai de la pratique.

- Ah oui ? l’encourage Is.

- J’étais surveillant dans un lycée, avant tout ça. Parfois, ça m’arrivait de participer à des concerts organisés par l’établissement, ou de jouer un peu pour les élèves. C’était sympa.

- Il était doué, à ce qu’il paraît, se moque Lena.

Elle lui assène une bourrade et il marmonne :

- Désolé, je radote. J’avais pas envie de vous embêter avec mes vieilles histoires.

- Mais non, c’est intéressant ! proteste Is.

- Dans ma tête, j’y suis encore. Je ne sais pas comment vous faites, mais moi, je ne me suis jamais vraiment habitué à tout ça. La guerre, les gens qui changent, songe Eliote, comme chagriné, en reboutonnant correctement la chemise de Thibault. Enfin bref, si vous êtes intéressés, vous pouvez descendre, on fait ça dans le salon. Qui sait, vous pourrez peut-être nous gratifier de vos propres talents, ajoute-t-il avec un clin d'œil à Is.

Ce dernier se gratte la nuque, évitant le regard des autres, avec néanmoins un sourire ravi.

- J’aime bien danser, en fait.

- Le plus utile de ses talents cachés, commente Rem sans lever les yeux de la pièce qu'il lit.

- Et vous ? s’enquiert Lena, désœuvrée, se tournant vers le perturbateur dont elle connaît déjà la réponse.

Ce dernier hausse les épaules avec une moue acariâtre qui en dit long : il ne faudra pas compter sur lui.

- Eh, Rem, vous avez quand même sauvé Lena. On ne va pas vous forcer à faire un truc aussi ennuyeux, s'exclame Eliote en lui tapotant brièvement l’épaule gauche avant de reprendre le rangement.

Is voit la surprise du docteur face à ce geste familier, et le sourire de sympathie qu’il réprime.

- Évitez de faire trop de bruit, rétorque-t-il avec son mordant coutumier, comme pour donner le change.

Is se sent lui-même satisfait, bercé par quelques grésillements encourageants qui se font entendre à la radio. Bon. Ça se détend, tout ça.


Texte publié par Malike, 18 juillet 2019 à 11h15
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