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tome 1, Chapitre 1 tome 1, Chapitre 1

Rosa ne parvenait pas à se concentrer. Cette appréhension qu'elle cachait en elle depuis plusieurs semaines, venait à présent de se transformer en certitude. Ce qu'elle redoutait le plus au monde venait d'arriver. Il lui fallait faire quelque chose, avant que tout le monde ne soit au courant. Enfin surtout deux personnes...

Elle ne savait même pas ce qui était le pire pour elle, que son frère l'apprenne et la regarde autrement ou alors que l'autre le découvre, et propose à nouveau de l'épouser. Sérieusement comme si elle allait considérer sa demande. Pour qui se prenait-il ? Qu'il aille se faire voir. Tout ce qu'elle faisait, c'était avant tout pour Dvan. Il était le seul à mériter son amour. Les autres hommes ne faisaient que lui courir après pour obtenir ce qu'ils voulaient.

Dire que cela réjouirait sans doute ce crétin. Que croyait-il ? Qu'il l'aimait ? C'était faux. Quand on aime quelqu'un, on ne lui fait pas de mal, on veut le meilleur pour lui, pas le plier à tous ses désirs.

Elle posa la main sur son ventre. Elle se sentait faiblir. Pourquoi tremblait-elle dans un instant aussi critique ? Ce n'était pas le moment de faire preuve de compassion. Jusque là, elle s'en était bien tirée dans sa vie d'errance. La jeune femme aurait dû savoir que cela n'aurait qu'un temps. D'ailleurs, elle l'avait toujours su. Seulement entre savoir quelque chose et agir, il y avait une marge.

Rosa sentit les larmes lui piquer les yeux. Ce n'était pas le moment. Il ne fallait pas que Dvan la voit comme ça. Il s'inquiéterait sûrement, et lorsqu'elle lui aurait dit la vérité, il était possible qu'il s'énerve. S'il venait à lui demander de partir que ferait-elle ?

La porte s'ouvrit avec fracas, la faisant sursauter.

-Désolé.

Encore une fois, il ne connaissait pas sa force.

Elle ferma les yeux. Il était temps d'affronter sa plus grande peur. Seulement avant qu'elle ne puisse dire le moindre mot. Dvan était sur elle. Comme à son habitude, il l'embrassa tendrement sur le front. Pourquoi est-ce qu'il était le seul homme doux avec elle ?

-J'ai une surprise pour toi !

Aussitôt, il plongea la main dans sa poche et en ressortit une pomme bien verte qu'il plaça sous ses yeux. Elle la fixa sans un mot. En un tout autre jour qu'aujourd'hui, elle aurait apprécié l'attention, mais ce soir, elle en était incapable.

-Ca ne va pas ?

S'il prenait cet air gentil avec elle, nul doute qu'elle ne pourrait pas retenir ses larmes.

Il la prit dans ses bras, et elle se laissa aller contre lui. Pourquoi les choses étaient-elles toujours aussi simples avec Dvan ?

-Parle-moi, Rosa.

Devant sa tristesse, son frère ne pouvait pas rester insensible.

-Je…

Les larmes jaillirent d'elles-mêmes sans qu'elle ne puisse les arrêter.

-Rosa.

Il caressa tendrement son visage.

-Dis-moi ce qui se passe. Je t'aiderais, tu le sais.

Non, elle ne pouvait pas lui dire. C'était trop dur. Mais alors qu'elle pensait cela des paroles lui échappèrent.

-Je suis… je suis enceinte.

Sa main s'arrêta sur sa joue. Il lui en voulait, c'était certain. Il allait lui demander de partir.

-Qui t'as fais du mal ?!

C'était donc à ça qu'il pensait en premier. Il ne lui avait pas demandé si elle aimait quelqu'un ou pourquoi elle avait été imprudente. Non, il pensait tout de suite qu'un homme s'en était pris à elle.

-Dis-moi qui, Rosa ! J'irai le voir, et…

Elle posa le doigt sur sa bouche, en secouant la tête. Malgré les rumeurs qui couraient dans le camp, il n'était au courant de rien. C'était bien Dvan, ça. A croire qu'il vivait dans une grotte, alors les autres n'osaient pas parler en sa présence, du fait de sa carrure.

Il resserra sa prise sur elle. Elle se blottit un peu plus contre lui. Elle se sentait bien. Il la rassurait. Pourquoi est-ce qu'il était le seul homme avec lequel elle se sentait bien ? Dans ses bras, Rosa n'avait jamais peur.

Les larmes la reprirent, mais elle se sentait soulagée. Le géant ne lui en voulait pas. Il n'allait pas la rejeter ou l'obliger à épouser ce type.

Brusquement, il la souleva du sol. Il faisait cela avec une facilité déconcertante.

-Il faut que tu t'allonges !

-Je n'ai même pas fait à manger…

-Je me débrouillerai. Ce n'est pas le plus important. Le plus important, c'est que tu te reposes.

En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, Rosa se retrouva sur le lit avec son frère qui faisait revenir sur elle une couverture.

-Attends. Je suis encore habillée.

Elle se releva et commença à retirer ses vêtements. Se rendant compte que Dvan la fixait. Elle s'interrompit dans son geste, surprise de le voir si intrusif. Finalement en suivant son regard, elle comprit. Il contemplait son ventre.

-Dvan ?

-Comment tu sais ? murmura-t-il.

-A quel propos ?

Il s'approcha, comme s'il voyait mal, ce qui était peut-être le cas.

-Pour le…

Il s'interrompit avant de reprendre.

-Pour le bébé…

Elle eut presque envie de rire de sa naïveté. Avant de se souvenir, que c'était un peu sa faute.

Comment pourrait-elle lui expliquer ça ? Aller au plus simple serait peut-être le mieux.

-Ca fait plusieurs mois que je n'ai pas été indisposée.

-Ha ?

Il attendit la suite qui ne vint pas.

-Mais pour le bébé, reprit-il.

-Dvan, ça veut généralement dire qu'on est enceinte.

-Pourquoi ?

Elle ne savait quoi répondre à cette question.

-Je ne sais pas, c'est comme ça.

-Quand est-ce que tu auras…

Il hésita.

-Oui ?

-Quand est-ce que ton ventre sera…

-Ca prend un peu de temps.

-Pourquoi ?

Avec un soupire, elle invita Dvan à s'asseoir à côté d'elle sur le lit.

Elle prit sa main et la posa sur son ventre.

-Il va se développer et grandir petit à petit. C'est à ce moment-là que ça se verra.

-Du coup…

A nouveau un blanc, à croire que le géant marchait sur des œufs.

-Tu peux parler franchement.

-Il va savoir alors ! Ce type ?

A ses mots, Dvan serra les poings. A croire qu'il espérait que celui-ci vienne lui parler pour lui dire sa façon de penser.

Elle baissa la tête. Il avait raison. Elle était si préoccupée par l'instant présent, qu'elle n'avait pas pensé à la suite. Sûr que l'autre serait trop content. Il voudrait absolument qu'elle l'épouse. Chose qu'elle ne désirait pas. Elle voulait bien être sa maîtresse pour éviter les risques à Dvan, mais lui appartenir, très peu pour elle.

En plus, les choses risquaient de dégénérer en bagarre, s'il venait à en discuter avec le géant. Pour lui, si elle ne pouvait pas en parler, c'était parce qu'il s'agissait d'une agression. Mais peut-être était-ce le cas ? Certes, elle était consentante, mais seulement parce qu'elle savait que cela lui apportait quelque chose. Si elle n'avait pas pris les devant, que se serait-il passé ? La même chose sans avantage…

-Tu as peur ? lui demanda Dvan, en passant la main autour de ses épaules.

-Oui, lui avoua-t-elle.

Il posa sa main sur la sienne et rapidement, elle se laissa aller contre lui.

-On va partir, déclara-t-il soudain.

-Quoi ?! Mais pour aller où ?!

-Je ne sais pas, mais je ne peux pas te laisser comme ça. Tu ne peux pas le croiser chaque jour, et faire comme si de rien n'était. Ce ne serait pas juste, pour toi.

A nouveau, elle sentit les larmes lui piquer les yeux. Il était si gentil et si attentif avec elle. Dvan ne s'était pas énervé, en apprenant la nouvelle, il s'était inquiété. Personne n'avait fait ça pour elle. Il était le seul. Elle sentit une vague d'amour réchauffer son coeur et ses bras l'enlacèrent tendrement. Rosa n'avait jamais peur quand elle était avec lui. Elle pouvait venir se blottir contre lui, sans craindre qu'il ne lui fasse du mal.

-Tu ne veux toujours pas me dire qui c'est ?

-Qu'est-ce que tu feras, si tu le sais ? murmura-t-elle.

-Il regrettera de t'avoir touché.

Elle hocha la tête.

-C'est trop dangereux. Je ne veux pas qu'on te fasse du mal !

-Mais Rosa !

Elle cacha son visage dans sa chemise. Pouvait-elle lui dire que s'il voulait frapper chacun des hommes qui l'avaient touchée, il en aurait pour longtemps.

-Qu'est-ce que je ferais, moi, s'il t'arrivait malheur ? Seule, je serais à la merci du premier venu.

Au fond, elle ne mentait pas. Sans lui, elle n'aurait pas la force de vivre.

Il resserra sa prise sur elle.

-Tu as raison. Je suis stupide comme d'habitude. Je ne pense qu'au présent, alors que toi, tu vois toujours plus loin. C'est moi qui serais perdu sans toi.

L'espace d'un instant, ils se regardèrent sans prononcer une parole, collant leur front l'un à l'autre. Ils étaient si proches. Plus que d'habitude… C'était peu dire vu qu'ils dormaient ensemble chaque soir. Enfin, ceux où elle n'allait pas retrouver l'autre.

-Partons, murmura-t-elle.

Ce n'était pas la chose importante qu'elle voulait dire, mais c'est tout ce qui sortit de sa bouche.

Dvan lui embrassa le front.

-Prépare tes affaires nous partirons un peu avant l'aube.

-Si tôt ?!

-Sinon ils le sauront.

L'espace d'un instant, Rosa eut peur que l'autre tente de la retenir. Le géant avait raison, il fallait agir vite. Au moins, on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas être spontané.

Elle hocha la tête.

-Je m'en occupe !

Alors qu'elle se levait toujours à moitié vêtu, il la rappela à lui.

-Rosa ?

-Oui ?

-Est-ce que ça ira compte tenu de la situation ?

-Ne t'en fais pas. Pour le moment, ça va.

Il se leva et la rejoignit.

-Je ferais mieux de faire toutes les tâches à ta place, ça sera plus sûr.

-Mais tu as travaillé si dur, Dvan. Il faut bien que je fasse quelque chose pour t'aider.

-Souris-moi, et ça me suffira.

Il passa tendrement la main sur son visage.

-Je suis sérieuse.

-Moi aussi.

Elle ne put résister et vint à nouveau se blottir dans ses bras.

-Je vais rassembler nos affaires.

-Je vais nous préparer à manger avec ce qu'on a.

Ils hochèrent la tête en même temps, et Rosa passa à nouveau son chemisier. Devant lui, elle n'avait pas honte de se montrer presque nue. De toute façon, ils dormaient ensemble depuis qu'ils vivaient seuls.

Finalement, ils se dépêchèrent de manger le peu qu'ils avaient, avant de s'allonger pour quelques heures de sommeil. Comme à chaque fois, Dvan la prit dans ses bras et elle se laissa faire, heureuse. Plus que sa chaleur, c'était sa présence qui était bienvenue. Elle se retourna pour lui faire face, et posa sa main sur la partie de son visage qui avait été épargnée par le feu. Dire qu'elle était la seule à pouvoir faire ça. En un sens, cela lui plaisait. Ainsi, elle était unique.

-Est-ce que ça va ? lui murmura-t-il.

-Tant que tu es là, ça ira.

-Je ne partirai pas.

Il lui embrassa tendrement les cheveux.

-Repose-toi, tu en as besoin.

Il avait raison.

Sans savoir pourquoi, elle prit sa main et la posa sur son ventre. Il ne la retira pas, pour son plus grand plaisir. Ce simple contact lui faisait un bien fou.

-Dvan…

-Oui ?

Elle se mordit les lèvres. Qu'avait-elle failli dire ? Il s'en était fallu de peu qu'elle lui demande s'il avait envie d'être père. Quelle drôle d'idée.

-Est-ce que tu m'aideras pour le bébé ?

-Tu sais bien que oui. Je prendrais soin de lui et de toi.

Rosa n'en avait jamais douté. Elle connaissait son côté protecteur avec sa famille. Avec lui, elle ne risquait rien. Non plutôt, avec lui, ils ne risquaient rien.

-Dors, maintenant.

Il continua à lui caresser tendrement les cheveux. Elle ferma les yeux. Entourée de douceur, elle pouvait enfin se laisser aller au repos. Avec le géant, elle était en sécurité.


Texte publié par Nascana, 10 juin 2019 à 15h15
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