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tome 1, Chapitre 1 « Sur la route » tome 1, Chapitre 1

Option taille 500 mots / Objet : « bulle » / Emotion « haine » / Couleur « azur »

Extrait à venir de la Nef Blanche... où Herezan n'est pas à son aise ! ^^

Par souci de discrétion, j'avais choisi de rentrer à Trazettia en empruntant les voies terrestres plutôt qu'aériennes. Je n'avais plus vraiment l'habitude de me faire bringuebaler dans une diligence aux roues cerclées de fer, sur des routes plus ou moins bien entretenues. Encore moins de m'entasser dans cette bulle d'inconfort total en compagnie d'individus variés qui, pris indépendamment, auraient sans doute été supportables... Mais ensemble, ils s’associaient dans une alchimie de pure nuisance. Au gré des relais, certains partaient, d'autres arrivaient, mais quelques-uns semblaient décidés à m’imposer leur présence tout au long du trajet. Un petit fonctionnaire impérial imbu de lui-même, qui m'avait toisé avec le plus grand mépris jusqu'au moment où il avait appris que je voyageais avec mon serviteur – ce qui impliquait un certain statut à ses yeux... Une mère de famille qui rentrait de chez sa tante malade, et qui n’ouvrait la bouche que pour se plaindre. Enfin, un agent commercial qui travaillait pour un fabricant de blagues à tabac et se sentait obligé de vanter ses produits dès qu’il entrait dans la conversation. Au bout d’une demi-journée, mon indifférence s’était muée en énervement, puis en détestation. Le soir venu, c’était de la haine pure et simple.

Jamais, de toute ma vie, je n'avais souffert du mal des transports qui accablait certains passagers, par voie des eaux, des airs ou de terre, mais le balancement heurté de l'habitacle me rendis rapidement nauséeux. Je me consolais de cette faiblesse en me disant que je n'étais pas au mieux de ma forme, ce qui expliquait sans doute ce malaise dont jamais auparavant, à ma souvenance, je n'avais été affecté.

Assis en face de moi, mon valet m’observait d'un regard un peu trop scrutateur à mon goût. Klehon possédait un don véritable pour déchiffrer mes humeurs. Il se pencha vers moi – ce qui n’était pas si difficile, car nos genoux se touchaient presque.

« Vous devriez vous asseoir à côté de la fenêtre, après la prochaine étape... »

Je haussai les épaules ; cela ne changerait rien. Il ne s’agit pas d’un des modèles luxueux qui sillonnaient l’Empire, avec ses différents compartiments et ses fenêtres vitrées, mais une voiture vétuste où nous étions tous tassés les contre les autres, avec juste des rideaux du cuir pour nous protéger de la poussière… au détriment de la lumière. Et cette poussière aurait sans doute constitué tout le paysage visible, de toutes les façons.

Je parvins miraculeusement à garder mon repas à sa place, et ma dignité avec. Je réussis même à somnoler un peu… pour m’évader dans des bribes de rêves où j’avais de nouveau quatorze ans, et où je me trouvais pour la première fois perché dans les gréements d’un bateau volant, avec pour seul horizon l’azur à perte de vue, à peine troublée par quelques nuées blanches. Je respirais à plein poumon un air pur, d’une fraîcheur piquante. Sous le vent qui fouettait mon visage, mes yeux avaient commencé à larmoyer brouillant ma vision. Bien accroché aux haubans et assuré par un cordage autour de ma taille comme le voulait le règlement, je n’éprouvais pas la moindre once de peur…

Quand je m’éveillai, je me demandai si je n’avais pas été changé jusqu’au fonds de mon corps et de mon âme… je n’étais plus destiné à ramper au sol.


Texte publié par Beatrix, 24 avril 2019 à 02h01
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