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tome 1, Chapitre 7 tome 1, Chapitre 7

A présent, il lui fallait raccompagner la mère. Alors qu'elle y retournait, elle fut rejointe par un Romuald boitillant. Instinctivement, elle ralentit son allure, pour le laisser la rattraper.

-Bon, faut que je les rappelle cet après-midi. Évidemment, c'est la faute à personne, et le service fermait pour le déjeuné. Il ferme à 11h30, eux ! Enfin, c'est ce qu'ils disent, mais je suis sûr qu'ils voulaient juste se débarrasser de moi !

Déborah hocha la tête.

-Tu as appris quelque chose ?

-Ils me disent que la mère devait être trop jeune pour avoir développé des pouvoirs donc ils ne pouvaient pas savoir que le gamin serait mage…

-Elle n'avait pas de parents, la mère ?

Il haussa les épaules.

-N'en demande pas trop. Du coup, je me suis dit que ça serait pas mal de faire une recherche en hérédité avec l'empreinte magique du gamin. Je sais bien qu'on n'est pas là pour ça, mais j'aimerais bien tirer au clair, l'histoire de sa naissance.

-Pas sûr que Patrice aime tes initiatives, murmura-t-elle.

-Rien à foutre de Patrice ! J'ai un pressentiment…

La mage ne put s'empêcher de sourire, elle aimait tellement quand il était comme ça. Dommage que ça arrive si peu souvent. D'ailleurs, elle était étonnée par sa capacité à supporter le mélange alcool et médicaments.

-Je sais que tu feras ce qu'il faut, déclara-t-elle.

A ces mots, il fit courir affectueusement sa main sur son bras et descendit pour nouer ses doigts aux siens. Elle se dégagea.

-On est au boulot.

-On est seuls dans ce couloir.

-On ne le sera pas éternellement.

-A propos d'hier…

Elle l'interrompit.

-C'est pas le moment.

-On est seuls, répéta-t-il.

Elle secoua la tête.

-Je dois retourner voir la mère du gamin.

-Ca n'a pas l'air de t'enchanter.

Déborah soupira.

-Elle veut qu'on lui retire ses pouvoirs.

-Quoi ?! Mais c'est complètement con ! Je vais lui parler, moi !

D'un geste, elle retint Romuald.

-Pas comme ça. Ce n'est pas méchant. Elle pense que tout redeviendra normal, une fois ceci fait.

-Arf…

-Écoute, si tu veux m'aider, viens lui parler.

Il lui jeta un regard interrogateur.

-Pourquoi moi ?

-Tu es plus apte que moi, à lui faire ton numéro de charme.

Tout en disant cela, elle passa la main dans ses mèches brunes, avant de se rendre compte de ce qu'elle faisait et de se maudire. Prenant son geste pour une invitation, Romuald trouva rapidement ses lèvres, pour l'embrasser avec fougue. Elle avait tellement envie de répondre à son baiser, pourtant, elle trouva l’énergie nécessaire pour le repousser en douceur.

-On est toujours au boulot.

-Plus pour longtemps, lui souffla-t-il à l'oreille. C'est calme aujourd'hui. J'habite pas loin, on pourrait aller chez moi, pendant la pause déjeuné.

-Je mange avec les autres, ce midi !

Il souffla.

-Envoies-les chier !

-Mais je n'en ai pas envie. Ce n'est pas parce que tu es un asociale que tout le monde doit faire pareil. Tu n'as qu'à venir, toi !

Il hésita, avant de secouer la tête.

-J'aime pas leur façon de me regarder. Leur pitié, je n'en ai pas besoin. Ils peuvent se la garder.

-Ils ne savent pas quoi dire…

-Bah, alors qu'ils se taisent.

Elle secoua la tête.

-Qui t'énerve comme ça ? Ils n'ont pas un mauvais fond, tu sais. Laisse leur une chance.

Il ne lui répondit pas.

-Bon, tu me la présentes la mère du gamin ?

Elle hocha la tête. Tout était bon pour éviter de parler de ce qui fâchait.

Déborah lui fit signe de la suivre.

-Reste calme, d'accord ?

-Pourquoi tout le monde me dit ça ?!

Sa partenaire haussa les épaules.

-On se le demande vraiment…

Il ne lui répondit pas, ayant perçu la moquerie dans son ton.

Déborah rentra à nouveau dans la pièce où la mère l'attendait, celle-ci se leva et les fixa tous les deux. Romuald se dirigea tout de suite vers elle, et lui tendit la main.

-Romuald Chifenier, enchanté de faire votre connaissance.

Elle le regarda, sans dire un mot, surprise.

La mage l'était aussi. Comment son compagnon arrivait-il à faire cet effet aux gens ? Il avait vraiment un charisme fou quand il le voulait. L'espace d'un instant, elle fut fière de se dire que c'était elle qui avait son attention. Seulement, la réalité la rattrapa rapidement.

-Bonjour, monsieur, vous êtes son supérieur hiérarchique ?

En entendant cela, Déborah grimaça. Heureusement que Romuald n'était pas le genre à profiter de la situation.

-Non, je suis son partenaire. Je tenais à vous rassurer à propos de votre fils.

-Oui ?

-Il est entre de bonnes mains, rassurez-vous.

-Mais pour le juge ?

-Il aura des circonstances atténuantes, compte tenu du fait qu'il n'avait aucune idée de l’existence de la magie. Il faudra par contre qu'il apprenne à se servir de ses pouvoirs.

Elle buvait littéralement ces paroles. Mais bon, la policière s'y était attendue.

-A ce propos, serait-il possible de lui retirer ?

-Retirer ses pouvoirs ?

-Oui. Est-ce possible ?

-C'est toujours possible, mais il le vivra comme une punition. D'ailleurs s'en est une. Je sais que c'est difficile pour vous, mais avec le temps vous le comprendrez mieux.

La femme hésita.

-Qu'est-ce que je peux faire pour le moment ?

-Etre là, pour le soutenir. Il vous en sera reconnaissant. Je suis sûr qu'il fera beaucoup d'effort, pour vous impressionner et maîtriser ses pouvoirs.

Elle hocha la tête.

-C'est un bon garçon !

-Je n'en doute pas.

-Merci monsieur pour votre attention. Qu'est-ce que je dois faire à présent ?

Romuald lui fit un sourire charmeur.

-Est-ce que vous avez de la famille ou quelqu'un chez qui allait ? Nous vous appellerons dès qu'il y aura du nouveau, pour votre fils. En attendant, même si c'est difficile, tenter de vous détendre. Il sera bientôt l'heure de manger, prenez un bon repas. Vous devez être au meilleur de votre forme pour pouvoir l'aider.

-D'accord. Mais vous me tiendrez au courant, s'il y a le moindre souci ?

-Bien sûr que oui, madame. Le bien-être de votre fils est une priorité.

Elle lui sourit.

-Merci beaucoup, monsieur.

La mère lui serra chaleureusement la main alors qu'il la raccompagnait vers la sortie. Elle en avait complètement oublié l’existence de Déborah. Pourtant, elle ne s'en formalisa pas. Elle préférait que la mère leur fasse confiance. Peu lui importait si cela passait par Romuald.

La policière le laissa raccompagner la mère du suspect. En attendant, autant retourner à son bureau. Elle voulait prendre des notes sur ce qu'elle avait appris de la bouche de son partenaire. Il la retrouverait bien vite de toute façon.

Un coup d'oeil à sa montre lui appris qu'il était bientôt l'heure du déjeuné. Sans savoir pourquoi la tension montait, alors qu'elle savait qu'elle allait devoir laisser Romuald pour son repas entre collègues. Entre ça et ce qu'elle allait lui annoncer à la fin de la journée, elle se sentait nauséeuse.

Enfin passé le stress, Déborah savait qu'elle irait mieux.

-Ca s'est plutôt pas mal passé, déclara son partenaire en arrivant à sa hauteur.

-Je savais que je pouvais compter sur toi et ton charme.

Il se pencha vers elle.

-Tu cherches à me séduire, lui souffla-t-il à l'oreille.

Elle haussa les épaules.

-La dame n'aurait sûrement pas dit non, si tu lui avais proposé ton numéro !

Il rit.

-Y en a qu'une qui compte pour moi.

C'était vrai. Là-dessus, elle n'avait jamais doué de la fidélité de son compagnon. Il ne s'était jamais intéressé à quelqu'un d'autre depuis qu'ils étaient ensemble. Ce n'était pas là qu'était le problème.

-Bon alors, tu manges avec nous ?

Il hésita, avant de finalement secouer la tête.

-Non, je vais dormir un peu...

-Tu rentres chez toi ?

Il haussa les épaules.

-Je peux dormir dans ma voiture aussi.

Elle ne répondit rien, et préféra se concentrer sur le rapport.

-Je vais noter ce que tu as appris avec ton coup de téléphone.

-Ok.

Il tournicota autour d'elle, avant de finalement, s'installer à son bureau.

Déborah releva la tête de ce qu'elle écrivait et aperçu Lise qui lui faisait signe. Abandonnant ce qu'elle était en train de faire, elle se leva.

-A tout à l'heure ! déclara-t-elle à l'attention de Romuald.

-J'ai pas le droit à un baiser.

Elle hésita. D'un côté, elle ne voulait pas lui donner de faux espoirs, mais de l'autre, elle se sentait mal de le repousser aussi fortement alors qu'il était gentil avec elle. Finalement, elle recula et l'embrassa sur le front, avant de repartir en courant.

-C'est tout ?

Mais il n'obtint pas d'autre réponse.

Elle se doutait bien que son compagnon ne se contenterait pas de si peu. Seulement, elle ne se voyait pas lui mentir. La vérité n'en aurait été que plus difficile à accepter.

Finalement, la jeune femme passa un bon moment en compagnie de ses collègues. Même si ceux-ci s’interrogèrent sur l'absence de son partenaire. Après leur avoir dit le peu qu'elle savait, la conversation dériva sur autre chose et tout le monde passa un bon moment, Déborah y comprit.

Sans savoir pourquoi elle se prit à penser à François. Que faisait-il en ce moment ? Elle espérait que lui ne s'ennuyait pas trop. Après tout qui connaissait-il à part elle dans cette ville ? La mage chassa ses pensées et se concentra sur ce qui se passait autour d'elle.

Lorsqu'elle regagna son bureau, elle se sentait en pleine forme et prête à affronter tous les problèmes qui pourraient se poser. En tournant la tête sur le côté, elle remarqua l'absence de Romuald, et ne put s'empêcher de soupirer. Où était-il encore passé ?

Elle se leva et décida d'aller voir si elle le trouvait. Après un coup d'oeil à sa montre, elle vit qu'il n'était pas encore en retard. Tout du moins pour le moment… Il fallait qu'elle le retrouve avant qu'il n'est des ennuis.

C'était incroyable comme elle ressentait le besoin de le protéger à chaque instant. Sûrement son coeur qui parlait pour le coup. Après tous les moments qu'ils avaient passé ensemble, c'était difficile de se défaire de lui.

Elle quitta rapidement le bâtiment.

-Tu vas où ? lui demanda Clémence.

-Je cherche Romu et pas moyen de lui mettre la main dessus.

-Je ne l'ai pas vu. Je te souhaite bon courage pour le retrouver.

Déborah hocha la tête.

La première chose à faire, c'était de trouver sa voiture. Si elle n'était pas là, ça voulait dire qu'il était chez lui. Pas une bonne nouvelle pour elle qui n'avait pas de véhicule aujourd'hui. Elle n'allait pas en emprunter un de police pour le retrouver. Sûr que Patrice serait ravie de l'apprendre. Restait la magie qu'elle n'était pas cessée utiliser pour faire n'importe quoi.

Heureusement pour elle, une berline noire attira son attention. En s'approchant, elle vit que son partenaire s'était endormi contre la vitre. Un effet secondaire des médicaments ? Elle l'espérait. Sinon cela pouvait vouloir dire qu'il avait bu… Cette idée la fatigua d'avance.

Elle frappa au carreau, attendant qu'il se réveille. Comme cela ne marcha pas du premier coup, elle recommença. Finalement, à force de persévérance, il finit par ouvrir les yeux, et se tourna vers elle, avant de lui faire un sourire. Déborah n'y répondit pas. Elle était trop inquiète pour ça.

Il ouvrit la porte et descendit difficilement de la voiture.

-Il est quelle heure ?

-L'heure d'y aller !

-Déjà ?!

Elle hocha la tête, avant de tourner les talons.

-Attends-moi.

Il referma le véhicule et fit un petit pas, qui lui arracha une grimace de douleur. La position qu'il avait prise pour dormir ne devait pas se révéler des plus confortables.

Sans attendre, il fouilla dans sa poche et en tira un tube de médicaments, qu'il avala rapidement. La mage se retint pour ne pas demander, combien il venait d'en prendre d'un coup. De toute façon, ça ne servait à rien. Elle n'obtenait jamais de réponse, et ils ne faisaient que s'énerver tous les deux sans raison.

-Tu comptais te réveiller comment ?

Romuald passa la main dans ses cheveux.

-Je savais bien que tu viendrais.

Son air confiant la mit en colère. C'était un peu facile comme solution d'attendre toujours d'elle, qu'elle s'occupe de tout.

Pour ne pas montrer son humeur, elle accéléra le pas. Il aurait du mal à la suivre et ce serait tant mieux, comme ça, elle serait tranquille. Sans prononcer le moindre mot, elle regagna son bureau.

Lorsque son partenaire arriva, elle faisait semblant de relire de manière consciencieuse ce qu'elle avait écrit. A la vérité, c'était ce qu'elle aurait voulu le faire mais se trouvait incapable de se concentrer. Sa seule envie était de hurler après Romuald. Elle avait accumulé beaucoup trop de frustration et cela finirait par ressortir, si elle n'y prenait pas garde. Or, elle ne voulait pas le blesser plus que raison.

-Tu aurais pu m'attendre !

-Et toi, tu aurais pu te bouger pour être à l'heure au lieu de compter sur ma bonté. Tu aurais fais comment si je m'étais fait écraser par une voiture ?!

Il la fixa.

-Qu'est-ce que j'en aurais eu à foutre d'être l'heure dans ses conditions ?!

Elle ne répondit pas. Toute cette conversation ne menait à rien. Elle n'avait qu'une hâte que la journée se termine pour rentrer en vitesse, dans son appartement. En espérant qu'il n'y est aucun événement imprévu qui vienne tout décaler.

La mage réfléchit aux derniers romans qu'elle avait lus. Elle voulait sélectionner les meilleurs. Après, deux ou trois seraient sûrement largement suffisant. Après tout, François repartait vendredi. Sans savoir pourquoi elle sentit son coeur se serrer. Cela n'aurait pas dû tant l'affecter, il n'y avait rien entre deux. Ils étaient juste deux personnes qui s'étaient rencontrés au hasard et qui ne se reverraient sûrement plus jamais. Sa vie était ici alors que celle de François était à Deulse avec sa femme et son fils. D'ailleurs, elle ne savait même pas pourquoi elle pensait à ça en cet instant.

Son attention se concentra à nouveau sur les affaires en cours. Après réflexion, elle se tourna vers Romuald.

-Bon, tu rappelles les autres pour l'adoption, et tu vas voir ce que ça donne cette histoire d'empreinte magie. Moi, je m'occupe d'aller voir Patrice pour lui expliquer l'affaire. Il faudrait savoir quoi faire du gamin, avant ce soir.

Sans lui laisser le temps de répondre, elle disparu vers le bureau de son supérieur son dossier à la main. Déborah n'avait pas franchement envie d'y aller, mais il fallait clairement trouver une solution pour que le garçon puisse rentrer chez lui, ce qui était pour le moment impossible. Il devait maîtriser ses pouvoirs.

Elle frappa à la porte et une voix l'invita à entrer.

-Déborah. Tout va comme vous voulez ?

Elle se contenta de hocher la tête avant de parler de ce qui l'intéressait vraiment.

-Je suis là, pour l'affaire de l'hôtel. Nous sommes face à un gamin qui ne savait pas qu'il avait des pouvoirs. Il a été adopté. Du coup, il n'a aucun soutien et ne sait pas se servir de sa magie.

-Puissant ?

-Environnementaliste, prometteur.

-Je vois. Ca serait dommage de le brider.

Déborah ne pouvait qu'approuver.

-Que disent les parents ?

-La mère. Elle est pour lui supprimer totalement ses pouvoirs, mais je m'oppose fortement à cette décision. Il a juste besoin d'apprendre.

Patrice la regarda en hochant la tête.

-Le problème, c'est qu'il ne pourra pas rentrer chez lui tant qu'on ne serra pas sûr qu'il n'est pas une menace…

-Que préconisez-vous ?

Elle soupira.

-Malgré la difficulté de la chose, je propose qu'il soit bridé temporairement, pour qu'il puisse rentrer chez lui. Ensuite, il aurait des cours obligatoires à suivre. Quant à la punition, je ne suis pas juge. Seulement, je ne pense pas qu'on puisse le garder jusqu'à ce qu'il passe au tribunal. Après, je doute qu'il s'enfuie ailleurs, surtout si on lui fait comprendre qu'il retrouvera ses pouvoirs, une fois qu'il aura fait preuve d'un comportement exemplaire.

Elle avait l'impression d'outre passer ses droits en faisant cette proposition, mais elle voulait avant tout aider le garçon.

Son supérieur paru réfléchir.

-Très bien, je me fis à votre jugement. Appeler Charles, et la mère, et faites préparer les papiers.

-Bien.

-D'ailleurs, à ce propos, j'espère que votre partenaire vous est d'une quelconque utilité.

Cette remarque lui hérissa le poil.

-Bien sûr. Depuis ce matin, il est occupé avec le service des adoptions pour veiller à ce qu'il n'y est pas eu d'erreur supplémentaire.

Patrice la fixa sans rien dire.

-J'attendrais les résultats alors.

Déborah se demanda comment elle était censée prendre cette phrase.

-Bien. Je vais faire ce que nous avons convenu.

Après avoir donné son rapport à son supérieur, elle quitta son bureau sans un mot.

Romuald s'était éclipsé, mais elle ne s'en formalisa pas. Il devait sûrement être parti voir ce que donnait cette histoire d'empreinte magique aux archives. Un bon moyen d'éviter le téléphone. En tout cas, elle, elle ne pourrait pas y couper.

En premier lieu, elle allait appeler Charles, un exécuteur. C'était lui qui se chargeait de restreindre les pouvoirs magiques de ceux qui enfreignaient la loi. En l'occurrence, là, se serait avant tout pour aider le garçon, mais cela ne rendait pas les choses plaisante pour autant.

Se saisissant du combiné, elle composa le numéro et compta les sonneries, en espérant qu'il finisse par décrocher. Étant donné qu'il était un des seuls mages de sa catégorie à se servir de ses pouvoirs, il était très demandé. Les exécuteurs supportaient généralement, mal leurs capacités et renonçaient à s'en servir. L'accueil qu'il recevait de la part des autres mages ne les aidaient pas non plus à accepter ce qu'il était.

-Allo ?

Une voix féminine assez jeune tira Déborah de ses pensées.

-Bonjour, je suis bien chez Charles ?

-Oui, mais pépé n'est pas là. Je réponds au téléphone.

La policière se demanda qui lui parlait actuellement. Même si elle savait l'exécuteur grand-père, elle ignorait l'âge de ses petit-enfants et celle-ci paraissait assez jeune.

-Sais-tu s'il rentre bientôt ?

-Non, mais je dois prendre un message.

Elle entendit un bruit de page qui se tourne.

-Très bien. Tu peux lui dire de rappeler l'hôtel de police de Dunkick, département RM ? Normalement, il connaît le numéro, mais je vais te le redonner.

Elle attendit que la gamine note et lui donna les chiffres.

-D'accord. Je lui dis quand il rentre.

-Merci pour ton travail. Au revoir.

-Au revoir.

La petite-fille raccrocha.

Bon, tout cela n'arrangeait pas Déborah, qui regarda au Phil et Yves partir en mission. Elle aurait bien échangé sa place avec la leur. Là, il lui restait la paperasse et les coups de téléphone. Comme elle ne pouvait pas appeler la mère, avant d'avoir la réponse de Charles, elle lança l'impression des feuillets dont elle avait besoin.

Une fois, ceux-ci sortis, la mage entreprit de les remplir avec attention. Si elle se trompait, elle était bonne pour recommencer la procédure depuis le début donc autant se concentrer.

Sa tâche effectuée, elle jeta un coup d'oeil sur le bureau de Romuald. Il n'avait laissé aucune note indiquant où il pouvait se trouver. Bien sûr, elle avait sa petite idée sur la question. La jeune femme hésita. Finalement, elle prit la direction des archives.

Elle y retrouva Romuald qui discutait avec Denis, un mage identificateur, d'un film qui venait de sortir. Ca ne les aiderait sûrement pas pour l'enquête, mais elle devait avouer que gagner par l'exaspération, elle n'avait qu'une envie que la journée se termine.

C'était ça, de ne pas dormir la nuit. Déborah était trop vieille pour ce genre de chose. Elle espérait que François ne serait pas dans le même état qu'elle. Sinon la soirée promettait d'être rapide. Ils allaient s'endormir dans leurs assiettes. A moins, qu'elle ne se réveille justement à ce moment-là, et est du mal à dormir ensuite.

Elle s'approcha des deux hommes.

-Alors ? demanda-t-elle simplement.

Ils se tournèrent vers elle.

-Ca cherche, déclara Denis. Pour le moment, y a pas de correspondance. Mais ça peut prendre du temps.

-Vous avez ciblé une tranche d'âge ?

Les deux hommes échangèrent un regard, mal à l'aise.

-Mais c'est pas vrai ! Vous le faites exprès ?!

-On y a pas pensé, c'est tout, répliqua Romuald.

-Mais je peux changer ça, repris l'identificateur.

-Encore heureux !

Il ne lui prêta pas la moindre attention et se dirigea vers l'ordinateur, avant de s'asseoir devant.

-On prends quoi comme tranche d'âge ?

-Je dirais l'âge du gamin, plus douze.

-Douze ?

Romuald la regarda surprit.

-Tu veux mettre toutes les chances de ton côté ? Alors douze.

-Tu penses vraiment qu'elle aurait pu l'avoir à douze ans ?!

-J'en sais rien.

Le mage serra les poings.

-Si c'est le cas, cette pourriture…

Elle posa la main sur son bras, comme pour le rassurer. Il passa ses doigts sur les siens. Elle savait que le sujet était sensible pour lui. Sa sœur était tombée enceinte à seize ans et même si cela s'était réglé par une fausse couche, cela avait marqué son partenaire. D'autant plus qu'elle n'avait jamais voulu dire qui était le père du bébé.

-Pour le moment, on ne fait que des suppositions.

Il hocha la tête, mais il paraissait plus touché qu'il ne voulait le montrer.

-Il faudrait faire commencer les recherches en 1966, comme année de naissance.

Denis hocha la tête.

-Ok, pas de souci. Par contre, toutes les empreintes n'ont pas été numérisé donc ça ne sera pas simple…

-Ho, putain, lâcha Romuald.

-Je peux aller vous chercher les boites si vous voulez, proposa l'autre avec un petit sourire, en coin.

Lui avait l'air de bien rigolait et ne s'était pas rendu compte du trouble de son partenaire. Pour l'empêcher de s'énerver, Déborah reprit l'affaire en main.

-Il est né où le gamin ?

-Comment ça ?

-Il est né à Dunkick ?

-Je ne sais pas. J'ai pas demandé. Ils ont passé leur temps à me bassiner en me disant qu'ils ne pouvaient rien me dire et que c'était confidentiel.

Elle lui jeta un regard et il comprit aussitôt.

-Pitié, non.

Déborah hocha la tête impassible.

-Je te donne tout ce que tu veux pour que tu le fasses à ma place !

-Pas de fausse promesse. Va les appeler.

Il leva les yeux au ciel.

-Tu es sans pitié, avec moi. J'espère que j'aurais au moins une récompense.

-Pour quoi ? Avoir fait ton boulot ?

Il soupira.

-Obéis à ta femme ! railla Denis. Moi, je le ferais à ta place.

Déborah lui lança un regard noir.

-Bon, je vais aller faire un tour à la recherche de vos empreintes. Dire qu'en plus, c'est un mélange… Ca n'aurait déjà pas été simple avec une empreinte parfaite à rechercher…

Il continua à marmonner en s'enfonça dans les profondeurs des archives, les laissant seuls.

Romuald fit un sourire engageant à sa partenaire.

-Retour au travail, déclara-t-elle.

Il fronça les sourcils.

-Qu'est-ce que tu as, aujourd'hui ?

-Rien.

Elle était fatiguée et stressée par ce qu'elle devait lui dire. Le voir être agréable comme ça, lui donnait envie de renoncer, mais elle savait bien que c'était juste reculer pour mieux sauter. En plus, le quitter alors qu'il était au plus mal, la culpabiliserait encore plus.

-J'ai appelé Charles qui ne répond pas. Je vais retenter. Toi, tu t'occupes du service des adoptions.

-On ne peut pas inverser.

-Sers-toi de ton charme !

-Au téléphone ?

-Je ne doute pas de tes capacités !

Romuald croisa les bras, cherchant un moyen de retarder l'échéance.

-Je t'offre un café ?

-Mais arrête de traîner pour ne pas faire ton travail. Je n'ai pas l'intention de dormir ici, moi.

Il l'attrapa par le bras.

-Tu comptes dormir où ?

-Chez moi.

C'était la vérité. Elle ne voulait pas se retrouver dans la même situation gênante que la veille.

-Du coup, tu n'es pas pressée. Mangeons ensemble, ce soir !

Elle secoua la tête.

-Désolée.

-Qu'est-ce que tu as aujourd'hui, à la fin ? Tu n'arrêtes pas de me repousser !

Déborah serra les poings.

-S'il te plaît, ce n'est pas le moment. Pour le moment, on va faire notre travail et ensuite, seulement ensuite, on parla de ça.

Il s'arrêta.

-Tu as un rendez-vous ?

Elle se figea. Elle ne faisait rien de mal, mais pourtant elle se sentait coupable. Il était temps de se reprendre.

-Oui, avec mon appartement. Maintenant, on peut travailler ?

Il lui lança un regard peu convaincu. Si jamais, elle lui disait qu'elle allait dîner avec François dans sa chambre, cela allait rapidement dégénérer en n'importe quoi. Raison pour laquelle, elle ne dirait rien.

-Déb !

-Quoi ?!

Elle avait répondu de façon plus violente qu'elle ne l'aurait voulu.

-Je vais les appeler au service adoption, puisque tu ne veux pas le faire. En attendant, tu n'as qu'à tournicoter, fumer, boire ou faire ce que tu veux ! Ce n'est pas mon problème !

Elle l'abandonna dans le couloir, avant de regagner son bureau.

Déborah savait qu'elle avait été dure dans ses paroles, elle ne voulait pas avoir de conversation avec lui, sur ce qu'elle avait fait la veille et ce qu'elle allait faire ce soir.

Elle se saisit du téléphone, prête à composer le numéro, mais s’aperçut qu'elle ne le connaissant pas. Elle se hâta de le récupérer sur le poste de travail de Romuald. Celui-ci ne se montra pas. Il devait faire la tête dans un coin. Tant mieux, elle n'avait pas envie qu'il lui pose des questions supplémentaires.

Au moment où elle allait poser le doigt sur le premier chiffre, le téléphone sonna. Elle décrocha.

-Déborah Aubry, police département RM, déclara-t-elle machinalement.

-Madame Aubry, c'est Charles. Vous avez voulu me joindre ? C'est ma petite-fille qui m'a dit ça. En ce moment, elle s'exerce au métier de secrétaire. Vous n'allez pas m'arrêter, pour avoir fait travailler une enfant, j'espère.

Elle reconnut sans mal la voix un peu roque de l'homme, et se prit à sourire. Il ressemblait un peu au père Noël avec sa corpulence et sa barbe blanche. On était loin de l'image de l'exécuteur. D'ailleurs, elle se demandait s'il ne faisait pas exprès de se montrer comme ça.

-Charles, je cherchais justement à vous joindre. J'aimerais connaître vos disponibilités.

-Tout dépends pourquoi faire ?

-Je vous explique : hier, nous avons arrêté un jeune garçon, qui ne savait rien de ses pouvoirs. Il est prometteur, mais ne maîtrise pas sa magie. Il ne pourra pas rentrer chez lui, dans l'état actuel des choses.

-Je vois… Il faudrait le brider ?

-Temporairement oui. Après, avec un enseignement adapté, il pourrait devenir un mage puissant.

Un silence accompagna la révélation de Déborah. Il lui semblait que son interlocuteur réfléchissait à ce qu'elle venait de lui dire.

-Très bien et quand auriez-vous besoin de moi ?

-Le plus tôt serait le mieux, mais nous nous adapterons à vos disponibilités.

-Très bien, alors j'arrive. Disons que je serais là, pour 17h.

-Merci beaucoup, Charles. Je préviens la mère.

-A tout de suite.

-Oui. A tout de suite.

Elle raccrocha. Au moins une bonne chose de faite.

A présent, il lui fallait prévenir la mère. Celle-ci devait se trouver à côté du téléphone puisqu'elle répondit à la deuxième sonnerie. Aussitôt mise au courant des nouvelles, elle se proposa de venir sur le champ. Mais Déborah réussit à la convaincre de ne venir qu'une demi-heure avant l'arrivée de Charles. Elle enverrait bien, Romuald l'accueillir, en espérant qu'il accepterait.

Elle se concentra ensuite sur l'appel au département adoption. Après avoir eu plusieurs interlocuteurs, elle finit par trouver quelqu'un qui consentit à la renseigner un minimum. Ils n'avaient pas le dossier du garçon donc ce n'était pas une erreur de leur part. La mage se demande pourquoi ils ne l'avaient pas dit plus tôt au lieu de faire perdre leur temps à tout le monde. Elle remercia chaleureusement la personne et raccrocha.

Du coup, cela voulait dire que la mère ne devait pas être capable de faire de la magie. Elle sourit. De ce fait, l'empreinte magique du gamin devait être presque semblable à celle de son père. Cela faciliterait les recherches.

Déborah jeta un coup d'oeil sur l'heure. Le temps avait filé si vite sans qu'elle s'en rende compte. Presque une heure de passé, à téléphoner à tout le monde.

Maintenant, il lui restait deux choses à faire : prévenir le garçon et retrouver son partenaire. Elle hésita. Dans les deux cas, elle risquait de rencontrer un accueil peu favorable. Finalement, elle choisit Romain. Il aurait besoin d'être rassuré et elle aurait besoin d'être calme pour le faire.

La mage quitta son bureau et gagna les cellules. Le gamin paraissait somnoler sur le lit mis à sa disposition. Cependant, il ouvrit les yeux lorsqu'elle ouvrit la porte, pour venir se positionner devant lui.

-J'ai des nouvelles pour toi.

-Je vais rentrer chez moi ?

Elle hocha la tête et un sourire éclaira le visage du gamin.

-Cependant il y a des conditions !

Il attendit en silence. Il était bien différent du garçon dont ils avaient fait la connaissance le matin même.

-Je vais t'expliquer : tu as devoir suivre des cours pour maîtriser ta magie.

-D'accord.

-Mais avant cela, il va falloir passer par un bridage de ta magie.

-Mais…

D'un geste de la main, elle l'interrompit.

-Je sais que ça sera difficile, mais c'est avant tout pour toi. De cette manière, on sera sûr que tu ne seras un danger pour personne. Du coup, tu pourras rentrer chez toi, tranquillement. Bien sûr, il faudra attendre le jugement pour en savoir plus.

-Je ne peux pas rentrer comme ça ?

Elle secoua la tête.

-Non. C'est avant tout pour ton bien que l'on fait ça. C'est pour que tu ne sois pas un danger ou toi-même et pour les autres.

Le gamin hésita.

-Je peux refuser ?

-Oui. Mais normalement, c'est à ta mère de décider pour toi.

Il soupira.

-Elle va dire que j'ai pas besoin de ça, pour vivre.

-On lui a parlé. C'est dur pour elle de comprendre, mais on lui a expliqué à quel point la magie était importante pour toi.

-Et qu'est-ce qu'elle a dit ?

-Elle accepte d'entendre tes arguments.

Le gamin parut soulagé.

-Du coup, il va m'arriver quoi ?

Déborah lui fit un sourire encourageant.

-Une personne va venir, c'est son rôle de retirer la magie aux autres. En général, il s'en sert sur ceux qui font du mal aux autres avec leur pouvoir.

-Moi, j'ai pas fait de bien… Je le croyais, mais en fait, non…

-Tu n'es pas un criminel. Tu as compris ton erreur et tu y réfléchis.

Il haussa les épaules.

-Oui, mais seulement parce qu'on m'a attrapé, sinon j'aurais continué.

-Parfois, un rappel à l'ordre suffit, lui expliqua-t-elle.

Le garçon hocha la tête.

-Est-ce que je peux refuser qu'on me bride ?

-Oui, mais ça va faire des procédures à n'en plus finir et tu risques de te retrouver en centre de détention à attendre qu'on statut sur ton sort.

L'idée lui arracha une grimace.

-Je devrais faire quoi ? demanda-t-il brusquement.

Déborah lui sourit.

-J'ai plaidé ta cause. Tu devrais accepter ce qu'on te propose. C'est dur, mais pour le moment, c'est temporaire et ça t'aidera à aller mieux. Une fois que tu maîtriseras ta magie et que tu auras prouvé ta bonne foi, tu pourras retrouver ta puissance.

-Mais si je suis bridé, y a des sorts que je ne pourrais plus faire, c'est ça ?

-Oui.

-Je pourrais plus courir vite ?

-Je ne sais pas. Ca dépend de toi et de tes ressources magiques. Certains ne seront jamais capable de faire ce sort. D'autres le font avec une facilité déconcertante.

-Et vous ?

-Moi, je l'ai appris dans les cours de magie que j'ai suivi.

Le garçon se pencha surpris.

-Mais si moi, je peux le faire comme ça, ça veut dire que je suis plus fort que vous.

Elle rit de son air ahuri.

-Je ne sais pas. Nous verrons bien. Mais c'est possible.

-Ca vous fait pas bizarre ?

-Non, pourquoi ?

-Vous allez vous dire, c'est qu'un gamin, mais il peut faire des trucs formidables.

-Tu sais, je suis issue d'une famille de mage. Du coup, je sais que tout le monde n'a pas les mêmes pouvoirs. Certains sont plus doués, d'autres ont plus de ressources magiques. Ca dépend vraiment des personnes.

-Et vous ?

-Moi ?

-Vous vous situez où dans tout ça ?

Elle sourit à la question.

-Je dirais dans le milieu haut.

-Ha ouais, quand même !

Déborah se releva.

-Il faut se dire qu'il y aura toujours plus fort que toi !

Le garçon parut réfléchir à ça.

-C'est comme les super-héros !

-Si tu veux. Bon, je vais préparer le tout pour ta sortie. Dis-toi qu'il n'en a plus longtemps.

-Ok, j'attends.

Il se redressa comme s'il voulait prouver qu'il était fort. Le gamin n'en paraissait que plus attachant, et elle eut une pointe au coeur à l'idée de le brider, mais elle n'avait pas le choix. La loi était la même pour tous.

Déborah referma la porte de la cellule. A présent, il fallait retrouver Romuald pour lui faire part de ses avancées. En espérant qu'il aurait terminé de bouder ou d'être en colère.


Texte publié par Nascana, 2 juin 2019 à 16h36
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