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tome 1, Chapitre 33 « Au cimetière, les cavadres... » tome 1, Chapitre 33

-Je suis désolé…

C’était tout ce que Dvan avait pu dire.

-De quoi êtes-vous désolé ? Je m’y attendais. On ne peut tout de même pas laisser une femme seule, encore moins s’il y a des biens en jeu. La pauvre serait incapable de se débrouiller. Je le savais. Mon père m’avait prévenu. Il ne faut pas croire, il avait bien conscience du problème. De ça, et du fait que me marier aller être compliqué…

-Compliqué ? Pourquoi compliquer ?

-Parce que je…

Elle se tue brusquement, serrant les dents. Après un petit moment de silence, elle reprit.

-Je ne veux pas laisser le cimetière… Il connaissait mon avis sur le sujet…

Dvan fronça les sourcils.

-J'ai l’impression que ce n’était pas ce que tu voulais dire.

-Quelle importance au fond… Je dois rester au cimetière, c’est chez moi. C’est tout ce qu’il y a, à savoir.

-Et ton père…

-Vous voulez savoir s’il approuvait ? Avait-il le choix ?

Ils entrèrent et à nouveau la grille grinça, annonçant leur retour.

Le géant trouva la réponse de la jeune fille particulièrement étrange. Il ne posa pas d’autres questions pour ne pas la gêner, mais il avait la sombre impression qu’elle ne lui disait pas tout.

-Enfin, avant de parler mariage, parlons cadavres. Il y en a cinq qui nous attendent.

Dvan ne répondit rien. D’une part, parce qu’il ne voyait pas quoi répondre, et d’autre part parce qu’elle avait raison, la priorité se trouvait dans l’atelier.

Lynette ouvrit la porte de la maison et entra. Il la suivit comme à son habitude.

Une petite silhouette surgit du côté de la cheminée et se dirigea vers eux en sautillant. Elle avait l’air si heureuse. Le géant posa sa grande main sur la tête de la créature et la caressa avec gentillesse.

-On dirait qu’elle a eut peur.

La jeune fille baissa les yeux.

-C'est ma faute. J’aurais dû la prévenir, au lieu de partir comme ça.

Elle s’approcha.

-Désolée, Mercy.

La goule se tourna vers elle, avec un large sourire qui dévoilait ses dents acérées. Lynette passa sur le côté effrayant de la chose, et se dirigea vers la cheminée. Le feu avait déjà bien dévoré la bûche. Avant qu’elle n’ait pu se saisir d’un morceau de bois, Dvan l’avait devancée.

-Je dois pouvoir être capable de le faire seule, murmura-t-elle. Comment ferais-je si je me retrouve sans vous ?

-Tant que tu voudras de moi, je serais là. Alors laisse-moi faire.

Elle se détourna rapidement. Pourquoi lui disait-il de telles choses ? Faisait-il vraiment le serment de rester à ses côtés tant qu’elle aurait besoin de lui ? Et après, que ferait-il si ce n’était plus le cas ? Il repartirait comme si de rien n’était ?

Elle ne pouvait pas le laisser faire ça.

-Dvan ?

-Oui ?

Que devait-elle lui dire ? Toutes ses émotions de la journée lui revinrent en mémoire. Finalement, elle se rabattit sur la facilité.

-Allons nous occuper des cadavres.

Il la regarda comme s’il avait envie d’ajouter quelque chose, mais préféra se taire.

-Mercy devait nous accompagner.

-Ha bon ?

-Pour choisir son prochain repas.

C’est vrai, il avait complètement oublié cet aspect de la chose.

La goule se reprocha en entendant qu’on parlait d’elle. À nouveau, Dvan se pencha et lui fit le geste de manger. Dans ses yeux, il vit qu’elle avait compris. Néanmoins, il ne put s’empêcher de craindre le pire. S’il avait pris sur lui pour voir la petite créature dévorer un cadavre, il craignait que cela n’en soit pas de même pour Lynette. Cependant, celle-ci ne fit aucun commentaire et se contenta de faire signe à Mercy de la suivre.

Rapidement, ils se retrouvèrent dans l’atelier, avec pour seul éclairage, une petite lampe à huile que la jeune fille plaça sur la table. Ce ne posait guère de problème à Dvan, mais il se demanda quelle portée avait la vision de Lynette. Pour l’avoir vécu, il savait combien cela pouvait être handicapant.

Saisissant un morceau de tissu, elle le noua autour de sa bouche et de son nez. Elle passa ensuite, des gants en cuir. Sans un mot, elle en tendit au géant. Ceux de son père, certainement… Il les passa avec difficulté. Il faudrait vraiment qu’il pense à en faire faire à sa taille.

La tâche qui leur était réservée, était des plus ingrates. Cependant, elle ne se plaignait pas et se contenta de montrer les cadavres emballés dans leur tissu à la goule.

-Lequel veux-tu comme repas ?

La créature la regarda avant de se concentrer sur les corps.

-On lui en laisse un et pour les autres, on les enterre, déclara-t-elle.

Dvan hocha la tête. Il la laissait gérer.

Sans attendre, elle sortit un mètre ruban et commença à mesurer les corps.

-C'est pour vérifier qu’il n’y aura pas de soucis. Mon père sous-traite pour le bois et en général, les cercueils font tous la même taille. Si ça ne correspond pas, c’est à nous de nous débrouiller. Mais je vous montrerais, ne lui vous inquiétais pas.

Il ne s’inquiétait pas le moins du monde pour ça. Il la savait consciencieuse. Avec elle pour professeur, il saurait rapidement tout ce qu’il y avait à savoir.

-Ça ne vous choque pas trop ? demanda-t-elle.

-Les morts ? Ça ira.

-Non, moi.

Dvan la regarda à nouveau. Malgré la faible luminosité, il la trouvait rayonnante. Cependant, jamais il n’oserait lui dire de tels mots.

-Toi ? Pourquoi tu me choquerais ?

-De mettre tant d’énergie dans ce cimetière. Mais c’est ici, que j’ai grandi. Tous mes souvenirs sont ici. Même si des fois, j’aimerais voir autre chose… Je sais que jamais, je ne quitterais cet endroit. Je terminerais ma vie, ici.

Le géant fronça les sourcils.

-C'est assez triste comme constatation…

-Du tout, je reposerais ici, en compagnie de tous les miens, et je rejoindrais ma famille sur notre domaine.

-Tu n’as pas peur de la mort ?

Elle secoua la tête.

-J'ai peur de souffrir.

Sur ce point, il ne pouvait lui donner tort.

-Je pense qu’on a tous cette peur…

-Mais vous vous ne pouvez pas mourir ?

Cette question le fit sourire.

-Si, je peux mourir.

Il se rappela l’homme qui l’avait attaqué et la façon dont il avait disparu en poussière.

-C'est juste que je ne vieillirais plus… Mais on peut me tuer.

Cette révélation sembla attrister Lynette.

-J'espère que personne ne vous fera du mal. Je…

Elle hésita, devait-elle lui dire ce qu’elle ressentait ? Elle n’en eut pas le temps car Dvan la devança.

-Rassure-toi, je ne me laisserais pas faire.

Lynette hocha la tête et se retourna vers Mercy qui tournait toujours autour des corps.

-En attendant qu’elle se décide, j’aimerais avoir votre aide, si cela ne vous dérange pas.

-Je te l’ai dit, je suis à ton service.

Elle lui sourit, avec une certaine tendresse. Cela le désarçonna, il n’avait pas l’habitude de voir quelqu’un lui sourire comme ça. Seulement sa sœur, et son cas était différent… Pourtant depuis son arrivée, Lynette lui avait souvent prouvé qu’elle ne le craignait pas. Mieux encore qu’elle l’appréciait… Seulement, s’il se trompait. Avait-il si peur d’être repoussé, après avoir été accepté ?

Il était clair qu’elle avait besoin de lui. Mais l’inverse était aussi vrai. Il le savait, mais ne voulait pas se l’avouer.

-Montons les cercueils.

La jeune fille tira une boite de clou du meuble et un marteau.

-Ça risque de faire du bruit…

-Comme un marteau sur du bois, lui répondit Dvan, sans savoir pourquoi il ressentait le besoin de sortir des banalités affligeantes.

Elle lui tendit les outils.

-Par contre, n’y allait pas trop fort. Vu la faible qualité des planches, elles pourraient se briser dans vos mains.

La chose s’annonçait plus difficile que prévu. Il fallait qu’il frappe suffisamment fort pour que les clous s’enfoncent, mais suffisamment peu pour ne pas détruire son ouvrage.

-Je préfère vous prévenir. Si cela pose problème, je le ferai.

-Ne t’en fais pas. Je vais m’en occuper.

Il n’ajouta rien de plus et la jeune fille continua à le contempler alors qu’il se mettait au travail. Ce n’était pas un grand bavard, c’était le moins qu’on puisse dire. Elle aurait voulu en savoir plus sur lui, mais ne voulait pas avoir l’air trop curieuse. Que pourrait-elle lui demander ? Après tout, il était normal qu’elle s’intéresse à celui qui partageait sa vie, maintenant.

Le bruit assourdissant du marteau, la ramena au moment présent. Le plus important, c’était le travail. La discussion viendrait après.

Elle l’abandonna pour retourner vers Mercy. La goule avait commencé son repas et mâchait des lambeaux de peaux. Lynette évita de la regarder et se contenta de montrer le corps.

-C'est celui-ci que tu veux ? Bien.

La créature sembla hésiter à terminer son repas.

-Tu peux continuer.

La jeune fille tourna les talons. Elle préférait éviter de voir Mercy engloutir la chair en décomposition. Même si elle avait déjà vu un tas de cadavres, l’idée de voir quelqu’un en manger ne l’enchantait guère. Pourtant, elle savait que Mercy en avait besoin pour survivre et elle continuerait à lui en fournir.

Son attention se fixa sur Dvan. Il était totalement concentré sur sa tâche. Un genou sur le sol, il clouait habilement les morceaux de bois ensemble. Lynette fut impressionnée par la vitesse à laquelle il avançait. Enfin, c’était normal, il devait déjà être une véritable force de la nature en tant qu’humain, alors en tant que vampire…

Vampire, elle en savait si peu sur le sujet. Si elle n’avait pas senti ses dents se planter dans son cou, elle aurait pu croire qu’il se moquait d’elle. Instinctivement, Lynette pencha la tête sur le côté comme pour recouvrir toute trace de sa blessure. À nouveau, elle se sentit rougir.

Le géant se retourna et la dévisagea. Elle devait avoir l’air d’une idiote, avec son visage qui changeait de couleur sans raison. Enfin sans raison visible…

Il repoussa le cercueil terminé et s’empara des autres morceaux de bois. Il travaillait toujours à la même vitesse. La fatigue ne paraissait pas avoir de prise sur lui.

Secouant la tête, la jeune fille se retourna vers le registre. Autant s’occuper des stocks, puisqu’elle n’avait pas grand-chose d’autre à faire. Elle s’installa sur le bureau et tourna les pages. Il fallait qu’elle déduise le nombre de cercueils et aussi qu’elle regarde les cadavres qu’il faudrait bientôt déterrer. Normalement, elle avait déjà tout noté. Il n’y aurait plus qu’à y ajouter les changements du jour. Cela devrait l’occuper quelques instants, et lui éviterait d’avoir cet air stupide, en regardant travailler Dvan.

Lynette devait avouer qu’elle avait du mal à se concentrer. Elle savait qu’elle avait beaucoup de chance d’être tombée sur lui. Combien de temps aurait-elle mis sinon ? Elle savait bien que seule, elle aurait sûrement dû céder au chantage du mariage. Tout ça, à cause de ses monstres qui en avait voulu à son père. Elle serra les poings. Il lui manquait tant. Seulement, elle ne pouvait pas se permettre d’y penser, sinon la jeune fille savait bien qu’elle se mettrait à pleurer.

Elle jeta un coup d’œil à Dvan. Grâce à cet homme, elle restait libre. Il lui offrait beaucoup plus qu’il pouvait le penser. Le pire, c’était qu’il n’avait pas l’air d’en avoir conscience.

-J'ai terminé, déclara-t-il soudain.

Cette voix la fit sursauter. Elle s’était replongée dans ses pensées sans s’en être rendu compte.

-Désolée, je n’avais pas vu que tu étais aussi concentrée.

Lynette se retourna le sourire aux lèvres.

-Non, ce n’est rien.

-Tu veux que j’en fasse d’autres d’avance ?

Elle secoua la tête.

-Ça ira merci. Vous allez encore devoir creuser, donc je ne vais pas vous demander de vous fatiguer plus que de raison.

-T'es mignonne, mais j’ai connu pire…

Ce ne fut que lorsque la phrase sortit de sa bouche que Dvan se rendit compte de ce qu’il venait de dire. Il pria pour qu’elle n’interprète pas mal, les premiers mots. Ces mots qu’ils avaient tant envie de dire, mais dans un autre contexte.

-Oui, enfin, je vous rappelle que je ne vous paie pas alors mieux vaudrait éviter d’user de votre bonté.

Refermant le registre, elle se leva.

-Y a plus qu’à mettre les corps à l’intérieur et à refermer. Pour ceux-ci, pas besoin de cérémonie. Soit personne ne sait qui ils sont, soit la famille n’a pas envie de payer pour.

Il hocha la tête, et se dirigea vers les enveloppes de tissu qui recouvraient les cadavres. Avec une facilité déconcertante, il s’en saisit comme s’il s’agissait de vulgaire ballot de vêtement. Prenant soin de laisser celui que Mercy avait commencé à manger, il dispersa ses colis dans leur boite. Avant de reprendre le marteau et les clous, pour terminer le travail.

En quelques minutes, tout était terminé. La goule s’approcha, cherchant à comprendre où la nourriture venait de disparaître. Elle fixa le cercueil, avant de poser la main dessus.

-On te laisse celui-là, lui dit Dvan, en montrant le cadavre. Mange ce que tu veux.

Son sourire rassura quelque peu Mercy.

-Tout ça, doit lui paraître étrange, souffla Lynette. Enfin, venez, je vais vous montrer où l’on enterre ces malheureux.

La jeune fille prit la lampe dans sa main et commença à avancer. Dehors, il faisait nuit noire, et en levant les yeux, elle contempla les étoiles si brillantes. C’était d’une grande beauté. Depuis quand n’avait-elle pas levé les yeux vers le ciel, ainsi ?

C’était irréel. Elle aurait dû être triste, parcourir la ville à la recherche de son père. Au lieu de ça, elle souriait. C’était grâce à sa présence, elle en avait parfaitement conscience. Mais n’arrivait plus à comprendre ses sentiments. Elle était perdue.

Elle posa sa main sur son cœur. Est-ce que c’était parce qu'il avait accepté de rester ? Elle se souvenait de son désespoir, au moment de son départ. En quelques mots, elle s'était senti revivre.

Nous sommes faits pour rester en famille, lui avait dit son père. Seule, elle se serait condamnée…

À présent, il était là. Il l’aidait à porter son fardeau.

-Merci, murmura-t-elle.

Dvan l’entendit. Il se demanda à qui elle pouvait parler. Ne voyant personne autour d’elle. Il eut le subit espoir que c’était à lui, et lui, seul qu’elle s’adressait. Seulement, pourquoi avoir chuchoté dans ce cas. Alors comme il en avait l’habitude, et pour ne pas la déranger, il ne dit rien.

Le géant se contenta d’empiler les cercueils et de les soulever. Le pire, c’est qu’il y parvint. Son corps avait vraiment changé et il avait toujours du mal à s’y faire. Est-ce que cela valait le coup, quand il fallait boire du sang humain, en retour ?

Sans un mot, il suivit la petite silhouette.

-Vous… Vous arrivez à tous les porter en même temps ? Mais ça doit peser très lourd.

-Ça ira, ne t’inquiète pas.

S’inquiéter, c’était bien le mot. Pourquoi se faisait-elle toujours du souci pour un monstre comme lui ? En tant qu’humain, il était laid, en tant que vampire, il était laid et plus volait la vie des autres. Pourtant, cela ne paraissait pas lui poser de problème.

Elle avait tenu sa main glacée dans la sienne. Elle lui avait souri avec sincérité. Elle prenait soin de lui. Pourquoi ?

La jeune fille l’entraîna à fond du cimetière. Elle connaissait le chemin par cœur au point, où elle coupait parfois à travers les tombes pour aller plus vite. Sans elle, il lui aurait fallu beaucoup plus de temps pour retrouver l’endroit.

-Voilà, c’est ici.

Elle désigna le sol. Ils étaient très éloignés de la maison, ici, personne ne pouvait les voir. Dvan ne s’était pas aperçu de la taille du cimetière. Une belle parcelle, bien plus petite vu de haut.

Alors que le géant posait les cercueils sur le sol, il entendit sa petite voix raisonner :

-J'ai oublié les outils. Quelle idiote ! Je reviens.

-Attends !

-Ça ira.

Elle partit en courant. De là, où il était, il pouvait entendre son cœur battre. Il s’était accéléré. Sûrement, parce qu’elle courait. Il n’y avait vraiment pas d’autres raisons à cela.

En humant l’air, il trouva la trace de son parfum. Il était doux et apaisant. Tout comme son sang…

Cette constatation l’attrista. S’il en revenait là, c’était qu’il commençait à avoir faim. Il ne pouvait plus se laisser aller. Pas en vivant en compagnie d’une humaine, c’était elle qui risquerait d’en pâtir.

Pourquoi avait-il choisi de rester ? Cela aurait été beaucoup plus simple pour lui, de partir. Seulement, elle paraissait si seule. Et puis avait-il vraiment envie de la quitter ? C’était ça, la vraie question. Pour une fois, qu’il était accueilli avec gentillesse.

Avant qu’elle ne soit près de lui, il l’entendit revenir. Elle courait.

-Voilà, j’ai fait au plus vite.

-Courir avec outils, c’est dangereux.

Sa voix était légèrement plus énervée qu’il ne l’aurait souhaité.

-Je suis désolée, je ne voulais pas vous laisser trop longtemps dans le noir.

À la lumière de la lampe à huile, il vit son doux visage gêné.

-C'est rien. L’obscurité ne peut rien me faire, grogna-t-il.

Pourquoi prenait-il ce ton acerbe, en s’adressant à elle ? Peut-être parce que lorsqu’elle s’approchait de lui, comme en cet instant, elle éveillait sa faim. Il n’avait qu’un geste à faire pour se saisir d’elle et planter ses crocs dans sa chair.

Un acte qui le répugnait au plus haut point. Dvan devait trouver le moyen de repartir en ville au plus vite. Une fois rassasier, tout irait pour le mieux. Il pourrait lui parler à nouveau normalement, et se tenir près d’elle sans peur.

Saisissant la pelle, il la remercia.

-Tu ferais mieux de retourner à l’intérieur. Il fait froid ici.

-Ça ira.

-J'insiste. En plus, je ne vois pas en quoi, c’est passionnant de me regarder creuser le sol.

La jeune fille parue hésiter. Il était vrai qu’elle n’était d’aucune utilité. Seulement que pourrait-elle faire de plus à l’intérieur ?

-Tu devrais manger et aller dormir. Je ne tarderais pas.

Elle hocha la tête.

-D'accord. Mais donnez-moi votre manteau et votre chemise. Je vais les réparer.

-Ma chemise ?

Dvan sentit la peur le traverser. Il ne pourrait jamais se mettre à moitié nu, devant elle. Lui montrer ses horribles cicatrices le répugnait.

-Pas maintenant. Mais tout à l’heure.

Il se détendit.

-Ce sera ma façon de vous aider. Par contre… Je n’ai pas de grand talent en couture alors ne vous moquez pas, s’il vous plaît.

À nouveau, ce sourire tendre qui faisait battre son cœur. Elle était si mignonne, et elle sentait si bon.

Comprenant brusquement le problème, Dvan se débarrassa rapidement de son manteau et le lui confia.

-Je n’en ai pas besoin pour le moment.

Elle hocha la tête, et tourna les talons.

-D'accord. Revenez vite. Je vous attends à la maison.

À la maison ? Il ne put s’empêcher d’être heureux à ses mots. Ainsi, elle lui offert un toit, mais aussi un endroit où il serait toujours attendu. Un endroit où il serait heureux de rentrer, simplement pour la voir.


Texte publié par Nascana, 13 avril 2020 à 06h28
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