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tome 1, Chapitre 19 « L'heure de prendre son envol » tome 1, Chapitre 19

Lorsque les pas résonnèrent à nouveau sur le sol, Dvan les accueillit la mort dans l'âme. Leur signification avait changé. Ils ne rapprochaient plus sa sœur de lui, mais l'éloignait. La peur tapis en lui, revenait à toute vitesse : si jamais c'était la dernière fois qu'il la voyait…. Il ne voulait pas l'accepter, il ne pouvait pas l'accepter.

Seulement, il ne se voyait pas aller à l'encontre de ce que désirait Rosa. C'était sa vie et elle avait fait son choix. En même temps, il la comprenait. Elle avait tant souffert. La jeune femme méritait bien un peu de repos.

Fermant les yeux, Dvan se concentra. Il pouvait sentir ses mains trembler, mais il ne fallait surtout pas qu'elle s'en rende compte. Il les serra l'une contre l'autre, dans l'espoir de se calmer, un peu.

La porte se déverrouilla et laissa place à Rosa. Elle portait pour l'occasion une robe prune, qu'il trouva magnifique. Elle mettait parfaitement en valeur le teint pâle et les formes de son corps. L'étoffe paraissait lourde et chaude, de la qualité à n'en point douter.

Le jeune homme aurait eu beau travailler dur, il n'aurait jamais pu rivaliser. Il était parfaitement visible qu'ils n'avaient pas les mêmes moyens que cet homme. Il ne l'en détesta que plus.

Qui était-il lui qui venait avec son argent, lui voler la seule chose de beau dans sa vie ? Dvan aurait voulu hurler sa frustration. Il n'en fit rien.

Ses yeux se posèrent sur le visage souriant de Rosa. Ce sourire qu'elle n'avait que pour lui, il se prit à espérer secrètement que jamais ce type ne pourrait le contempler. Que jamais sa sœur, ne le regarderaient avec autant d'amour qu'elle en avait pour lui.

-Dvan…

Elle s'approcha et vint se blottir dans ses bras. Au fils du temps, c'était devenue si naturelle, qu'il en était venu à penser qu'il n'enlacerait jamais une autre personne aussi bien. Il la souleva du sol. C'était si simple. Il lui semblait qu'elle ne pesait pas plus lourd qu'une plume.

Rosa passa la main sur son visage. Avant de poser son front contre le sien.

-N'oublie jamais que ta sœur t'aime plus que tout.

Le géant aurait voulu répondre, mais cela lui était impossible tant sa gorge était serrée par l'émotion.

A regret, il la reposa sur la terre ferme.

Elle glissa tendrement sa paume contre la sienne. Leurs regards se croisèrent et il vit qu'elle était au bord des larmes. Lui-même n'en menait pas large, mais il devait faire face. C'était sur lui qu'elle devait pouvoir se reposer.

Ensemble, ils traversèrent des couloirs sombres et vides. Rosa paraissait à l'aise dans ce dédale, comme si elle avait passé des nuits à l'explorer. Leurs yeux fait pour l'obscurité, leur permettait de ne pas avoir besoin de lampe.

En silence, ils progressèrent jusqu’à une petite porte. Sa sœur s'arrêta, pour la première fois, hésitante. Il n'y avait plus qu'une action à faire ouvrir le battant et rejoindre le monde extérieur, quitter une bonne fois pour toute la présence rassurante de la jeune femme.

-Attends-moi.

Elle disparut, le laissant seul dans cet instant de désarroi.

Cependant, ce moment de flottement ne dura pas. Rosa réapparut à son côté, tenant dans ses bras un manteau.

-Je l'ai fais pour toi. Il est bien chaud. Il te protégera.

En le prenant en main, Dvan se rendit compte de la qualité du tissu. Combien cela pouvait-il coûter ? Le jeune homme le fixa sans comprendre. Il n'avait jamais eu quelque chose d'aussi précieux entre les mains. Le fait que sa sœur l'est cousu pour lui, ne faisait que lui apporter plus de valeur.

-Je t'ai aussi préparer un sac, avec des papiers dedans.

Le géant fouilla dedans et en tira un carnet qu'il ouvrit. Sur les pages qui mots étaient notés. L'écriture était jolie, mais il ne savait pas lire.

-Tu sais ce qui est marqué ?

-C'est comme une sorte de fiche d'identification. C'est pour dire que tu es résident du Saint-Empire. Tu en auras besoin pour revenir si tu quittes le pays.

Dvan se demanda comment il devait le prendre. D'un côté, il n'avait qu'une envie quitté cette foutue province. De l'autre, cela ne ferait que l'éloigner encore plus de Rosa.

-Tu as pensée à tout, comme toujours, tenta-t-il de plaisanter.

Seulement, le coeur n'y était pas vraiment.

-Je veux le meilleur pour toi, mon petit frère, vraiment.

A nouveau, elle se réfugia dans ses bras.

-Je sais que ce n'est pas la fin. Je sais qu'un jour, on se retrouvera. Laisse-moi du temps… Je pourrais le convaincre…

-Ca ne sera pas la peine.

Il lui caressa les cheveux avec tendresse.

-Dis-toi, juste que si tu n'aimes pas ce type, alors tu auras toujours un petit frère qui n'attendra que toi, quelque part.

-Je sais.

Des larmes coulèrent sur ses joues. Elle baissa la tête, gênée. Il les essuya avec son pouce et lui fit un pâle sourire.

-Il ne vaut mieux pas que je traîne, je ne sais pas quand le jour va se lever.

Sincèrement, il ne savait pas quoi dire. Les adieux n'étaient pas son fort. Encore plus quand il ne voulait pas quitter la personne.

Rosa releva la tête et plaça sa main dans la sienne, y versant quelques pièces.

-Ca pourra t'aider.

-Et toi ?

-Je n'en ai pas besoin ici. Ne t'en fais pas.

Il hocha la tête, revêtit le manteau et posa la main sur la poignée. Il savait qu'il tenait là, sa dernière chance de faire marche arrière. Il n'en ferait rien. Il était temps de se montrer digne de la confiance de sa sœur. Dvan devait rester droit et méritant.

-Nous nous reverrons bientôt, lui murmura-t-il, sans savoir qui il cherchait à rassurer en agissant ainsi.

-J'en suis certaine.

La porte s'ouvrit. De l'autre côté, le monde réel attendait. Un vent frais les fouetta au visage. La nuit ne serait pas des plus chaudes. L'hiver commençait à s'annoncer, et il serait sûrement des plus frais.

Il fit un pas puis un second, avant de réaliser qu'il était enfin parti pour de bon. C'était fini : il abandonner Rosa.

Dvan se retourna tout en continuant son chemin, elle lui fit un signe auquel il répondit. L'image de sa sœur s'éloignait petit à petit de son champ de vision. Il devait faire avec, accepter de ne plus être le seul pour elle.

Il serra les poings et poursuivit sa route. Il n'avait aucune idée de l'endroit où le mènerait ses pas, il ne tenait qu'à lui de le découvrir.


Texte publié par Nascana, 15 août 2019 à 19h38
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