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tome 1, Chapitre 6 « Le sang d'une fille est le meilleur des antidotes » tome 1, Chapitre 6

Lynette jeta un coup d'oeil à la blessure. Du sang en coulait, pour dégouliner vers le sol. Ce n'était vraiment pas beau à voir. D'autres qu'elle se serait sûrement évanouie face à ce spectacle. Heureusement, elle était plus solide qu'elle en avait l'air. Même si pour le moment, elle se sentait plus que perdue. La soirée avait été éprouvante et continuait de l'être.

L'homme poussa un grognement de douleur alors qu'il tentait de rouler sur le côté gauche, et agrippait la tige métallique de son autre main. Il tenta de tirer dessus, sans réussir à produire l'effet voulu.

-Attendez ! Vous avez besoin d'un médecin !

La jeune femme se laissa tomber à genoux à son côté.

-Ca ira.

Elle posa la main sur la sienne comme pour l'arrêter.

-Il ne vaut mieux pas enlever ça. Je pense que c'est ce qui retient votre sang à l’intérieur. Vous êtes déjà si froid… Combien en avez-vous perdu déjà ?

La sentir si proche de lui, avec son coeur qui battait et la chaleur qu'elle dégageait, manqua de faire perdre la tête à Dvan. Sa gorge était sèche et commençait à le brûlait.

-C'est pas d'un docteur dont j'ai besoin, c'est juste de…

Il se retint avec de dire le mot « sang ».

-Dégagez ce truc de mon corps !

-Mais…

Lynette se sentait mal à l'aise. Elle était là, à discuter calmement avec un homme probablement mourant. Il devait avoir raison, un médecin pourrait-il seulement l'arracher à la mort dans l’état où il était ?

Ne serait-il pas bien qu'elle respecte ses dernières volontés ?

-D'accord, souffla-t-elle.

La jeune femme vint se positionner derrière lui et saisit la barre métallique fermement.

-Attention.

-Vas-y ! Ca sera pas pire que maintenant !

Elle tira du plus fort qu'elle pouvait et sentit à peine la tige bouger, par contre, le blessé se mit à hurler !

-Désolée, s'excusa-t-elle.

-Je retire ce que j'ai dit, c'est pire.

Lynette le regarda sans savoir quoi faire.

-Une minute.

Dvan ferma les yeux, il fallait qu'il se reprenne avant que la douleur lui fasse perdre la tête.

-C'est bon.

La jeune femme hocha la tête, avant de se demander s'il pouvait la voir dans cette obscurité.

Rassemblant sa force, il tira à nouveau pour faire bouger le métal figé dans la chair.

-Ca ne marche pas, annonça-t-elle.

-Pose ton pied sur mon épaule, tu auras plus de force comme ça.

-Mais je vais vous faire mal.

-Je suis plus à ça près.

Elle hésita avant de faire ce que l'homme lui avait demandé.

-Essaye de faire tourner la tige, lui souffla-t-il en serrant les dents.

Lynette ouvrit la bouche pour lui dire que cela pouvait le faire souffrir, avant de se résigner. Il n'abandonnerait pas son idée et devait être près à supporter la douleur.

Redoublant d'efforts, la jeune femme tenta de faire coulisser la barre de métal dans un sens puis dans l'autre, faisant pousser un hurlement au blessé. Heureusement, elle sentit la résistance s'atténuer et l'arme improvisée quitta la chair, laissant la plaie à vif. Du sang en sortit, et vint maculer l'herbe et la terre aux alentours.

Voyant cela Lynette lâcha la tige de fer et se pencha sur la blessure.

-Non, c'est beaucoup trop ! Il faut…

Sans qu'elle s'en rend compte, le visage de l'homme s'était approché du sien. Il posa un doigt sur ses lèvres.

-Je peux guérir, lui murmura-t-il à l'oreille.

-Mais…

La jeune femme commençait à ce dire que le pauvre avait perdu la raison, sûrement un effet secondaire de la chute, combiné à la douleur et à l'horrible plaie qui ornait son flanc.

-Tu veux bien m'aider ?

Elle hésita, se demandant ce qu'il allait lui proposer d'abracadabrant.

-J'ai besoin de ton accord, gémit-il. Je ne te ferais pas de mal.

Sans savoir ce qui avait pu la convaincre dans le discours du mourant, Lynette fit par souffler :

-D'accord.

-Bien. Approche un peu.

Elle hésita, mais finit par s'exécuter.

D'une main tremblante, Dvan se pencha sur son cou, relevant sa natte pour accéder à sa peau délicate. En ouvrant la bouche, il pria pour réussir à se maîtriser et que cette pauvre enfant ne finisse pas en un corps exsangue. Ses dents longues se plantèrent dans sa chair, déclenchant un petit cri de douleur.

Le géant aurait voulu pouvoir lui parler, la rassurer, lui dire qu'il ferrait tout pour qu'elle souffre le moins possible. Mais cela lui était impossible, tant sa bouche se gorgeait de sang, qu'il buvait goulûment. Sentant petit à petit ses blessures se restreindre et sa soif s'apaiser. Sa force lui revenait et il passa une main derrière le dos de la jeune fille pour la soutenir.

C'était si bon, cela faisait si longtemps qu'il attendait ce moment. Il s'était assoiffé pendant trop de temps et retrouvait avec délice le bonheur de sentir le chaud liquide glissait en lui, apaisant la douleur de son estomac affamé.

Il aurait pu continuer encore longuement, savourant chaque seconde. Mais une petite voix dans sa tête, lui rappela qui était la personne qu'il tenait dans ses bras. Une pauvre gamine qui avait eu le malheur d'accepter de l'aider.

Dégoûté de lui-même, Dvan interrompit son repas, et contempla le visage de la jeune fille. Elle n'était plus qu'un corps mou dans ses bras, une face aux yeux clos. De peur, le géant porta un doigt à son cou, cherchant la trace d'un coeur qui battait. Il fut rassuré de le trouver.

Ses forces lui étant rendues, il n'eut aucun mal à se relever. La prenant dans ses bras comme si elle ne pesait pas plus lourd qu'une plume, il se remit en route. Si elle était là, au milieu de la nuit, c'était qu'elle ne devait pas habiter loin. Il tourna la tête cherchant une habitation, plutôt que des tombes.

Prenant pied sur l'allée, Dvan décida de la suivre. A chacun de ses pas, il sentait le petit corps chaud contre le sien. Il fallait absolument qu'il trouve un endroit pour la mettre à l'abri. Il était si froid que son seul touché devait glacer ses membres.

Finalement, il avisa une maisonnette, à laquelle paraissait être accolé une sorte d'atelier. Sans doute le logement des gens qui vivaient ici. Le géant hésita. La gamine ne devait sûrement pas vivre seule et que dirait ses parents lorsqu'il se présenterait à eux avec leur enfant inconsciente dans les bras et des vêtements tâchés de sang. Nul doute qu'ils ne l'accueilleraient pas à bras ouvert.

Il continua tout de même sa progression. Hors de question, qu'il l'abandonne ainsi dans la nuit. En plus, une question lui torturait l'esprit : que faisait-elle seule, dans le froid et le noir ? C'était elle disputée avec quelqu'un ou bien un événement plus grave était survenu ?

En arrivant devant la maison, il avisa la porte resté ouverte. Une odeur de sang lui emplie les narines. Plissant les yeux, il tenta de comprendre ce qui avait pu se passer en ces lieux. Flairant le danger, le géant fit passer le corps de la jeune fille sur son épaule, comme si elle ne pesait rien. Avoir les mains libres, pourrait lui permettre de se défendre et de la protéger par la même occasion.

Après un dernier coup d'oeil autour de lui, il entra sans s'attendre à ce qu'il allait voir.


Texte publié par Nascana, 28 avril 2019 à 16h58
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