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tome 1, Chapitre 11 tome 1, Chapitre 11

– Que se passe-t-il ?

Assise sur sa chaise, Luna observa Astérix s’agiter et s’empresser de fixer son glaive à sa ceinture, après qu’elle eût glissé au sol. Il était sorti quelques minutes plus tôt pour rejoindre Obélix et partir à la chasse comme ils en avaient l’habitude, mais cette fois-ci il était rentré bien trop tôt, bien trop vite et avec ce visage troublé que la jeune femme ne lui connaissait pas et qu’elle ne comprenait pas. Il n’avait cependant pas dit un seul mot. C’était comme s’il cherchait quelque chose et en même temps rien – ou en tout cas, sa recherche ne se montrait visiblement pas très concluante. La situation était étrange. Finalement il leva les yeux vers elle et la lueur dans son regard ne l’informa pas davantage. Elle ne fit qu’accroitre la sourde inquiétude née en elle depuis son retour précipité.

– Il y a des gens aux portes du village, nous ne savons pas vraiment ce qu’ils veulent, finit-il par expliquer tandis qu’il finissait son œillade inquiète à l’encontre de la maisonnée. Mais armés comme ils sont, ce n’est sans doute pas pour quelque chose de bien.

Luna ne comprit pas davantage. Avec la potion magique, ils ne craignaient aucune bataille et appréciaient même en avoir. Alors où était le problème ?

– Il vaut mieux que tu restes ici, ajouta-t-il d’une voix nerveuse en vérifiant à sa ceinture que tout y était. Ce n’est pas…

Elle fronça les sourcils et comme il hésitait, elle ouvrit la bouche pour rétorquer lorsqu’elle comprit enfin l’origine de sa crainte. C’était elle. Il avait peur qu’ils ne fussent venus pour elle. Cela expliquait sa mine soucieuse lorsqu’il posait les yeux sur elle. Peut-être était-il tout simplement venu vérifier qu’elle se trouvait bien ici et que personne ne tentait de l’agresser ou de la kidnapper.

Elle se leva brusquement et s’écarta de la table. Astérix redressa la tête au mouvement et il se rembrunit.

– Luna…, commença-t-il sans doute dans le but de la convaincre, mais elle le coupa net avant qu’il ne pût continuer :

– Je viens avec toi. Je dois… il faut que je sache. Mais je n’interviendrai pas, lui promit-elle d’un ton doux.

Le petit guerrier hésita mais il savait, par le regard déterminé que lui renvoyait la jeune femme, qu’elle viendrait quand même, qu’il le voulût ou non, même si elle devait se cacher de lui et des autres pour cela. Il soupira. Il savait aussi qu’il ne parviendrait pas à la convaincre de rester, d’autant plus qu’il était pressé et qu’il ne pouvait donc pas prendre le temps de le faire. Alors autant la garder près de lui pour être en mesure de la protéger si besoin était.

– Soit, finit-il par céder, ignorant l’embardée que fit son cœur lorsqu’elle lui sourit, même s’il était uniquement victorieux. Sais-tu où sont mes parents ? Sont-ils déjà arrivés ici ce matin ?

Comme Luna dormait là et avait besoin de calme pour se reposer, selon les recommandations du druide, ces derniers dormaient chez une de leurs plus vieilles connaissances. Ils venaient ensuite régulièrement dans la journée lui rendre visite. Habituellement, ils ne venaient pas aussi tôt le matin car ils savaient que leur fils partait à la chasse mais il préférait demander malgré tout.

Un signe de dénégation suffit à lui répondre.

– Ok, on y va alors, fit-il en lui tendant le châle que Luna avait oublié sur le dossier de sa chaise.

Elle le glissa sur ses épaules avec un remerciement puis ils sortirent. Un air frais à légèrement froid les accueillit et Luna serra le tissu contre elle dans un frisson. Si Astérix n’y avait pas pensé, elle se serait facilement rendu compte de son absence et se serait précipitée à l’intérieur de la hutte pour le rechercher.

Ils prirent le chemin vers l’entrée du village et au bout de quelques minutes de marche silencieuse, ils atteignirent le petit groupe qui s’amoncelait devant elle et qui ne cessait de s’agrandir. Des hommes en armes, des femmes curieuses, quelques enfants. Ils repérèrent les parents d’Astérix et ceux d’Obélix notamment mais le rouquin lui-même demeurait hors de vue. Ils reconnurent bien d’autres personnes mais les ignorèrent. Les conversations allaient bon train mais étaient réduits pour la plupart à des murmures. Plus haut sur la muraille qui ceinturait le village, plusieurs gardes stationnaient et marquaient des allers et venues anxieux, ce qui était assez exceptionnel en soi ; ils étaient plus nombreux que d’habitude. Et au centre du groupe, le druide Panoramix mélangeait la potion qui mijotait dans une immense marmite. Tous se tenaient à une distance respectable de lui excepté le chef avec qui il discutait, mais seule la moitié des gens le regardaient faire. Les autres étaient bien trop occupés à tâcher de comprendre la situation pour s’en soucier pour le moment. Tout cela n’annonçait pas de bonnes nouvelles. Le visage fermé, Astérix se dirigea vers eux. Luna le suivit en trottinant.

– Astérix ! s’écria Abraracourcix d’un ton soulagé, et cela non plus n’était pas pour lui plaire.

S’il ne paraissait pas véritablement inquiet, le pli soucieux qui barrait son front ne présageait rien de bon.

Astérix le salua respectueusement comme il se devait, et Luna l’imita de manière plus sobre et d’une voix si ténue qu’elle fut à peine entendue. Personne ne s’en soucia.

– Sait-on à présent qui ils sont et la raison pour laquelle ils sont ici ?

Les traits du chef se contractèrent et la brève œillade qu’il jeta à l’encontre de Luna ne passa inaperçu pour aucun des deux jeunes gens. Astérix se raidit et Luna leur jeta un regard empli d’incompréhension.

– Je vais sortir pour connaitre leurs revendications exactes mais du peu qu’ils aient daigné dire à nos gardes, ils viendraient d’un empire situé au Moyen-Orient et seraient à la recherche d’une jeune femme qu’ils auraient blessée mais qui leur a échappé. Ils veulent savoir si elle est passée par ici. Nous ne savons pas encore pourquoi ni ce qu’ils comptent lui faire.

A ces mots, le regard de Panoramix se fit insistant à l’encontre de la jeune femme qui s’était figée, tandis que celui du chef fuyait sa silhouette. Seuls les deux hommes remarquèrent le poing du guerrier blond se serrer sur la garde de son épée et ses lèvres qui se pinçaient.

– Et que leur avez-vous répondu ? réussit-il à souffler, mais aucun ne sut si sa voix était chargée de colère, de crainte ou de douleur.

Peut-être un peu des trois à la fois.

– Rien du tout, pour le moment, lui répondit le chef d’une voix tranquille. Je préfère avoir de plus amples explications à ce sujet. Mais agressifs comme ils sont, eh bien… je n’ai pas trop de doutes quant à l’issue de cet entretien, ajouta-t-il en désignant le chaudron derrière lui. Même si pour le moment ils se tiennent tranquilles et qu’ils ne sont pas sur le point de nous charger, mieux vaut prendre nos précautions.

Astérix acquiesça, la mâchoire contractée.

– Mais cela tombe bien que vous soyez ici. J’aimerais également que vous veniez avec moi. Tous les deux, ajouta-t-il en désignant Luna de la tête. Ce n’est pas la peine de se risquer à livrer bataille s’il y a erreur évidente sur la personne.

Les deux jeunes gens hochèrent la tête en silence avant de le suivre, après avoir salué le druide qu’ils quittaient. Là encore, le manque d’enthousiasme du chef à l’idée d’une éventuelle bataille était surprenant et loin d’être rassurant.

Ils furent rejoints par Obélix tandis que les portes s’ouvraient et qu’Astérix en profitait pour finir sa gourde de potion magique. Quelques minutes plus tard, ils se trouvaient dehors, juste devant les portes laissées grandes ouvertes. Seuls Astérix et Obélix formaient la garde du chef et l’encadraient mais l’attroupement juste derrière eux, bloqué derrière les portes, montrait bien qu’ils étaient loin d’être seuls. Luna se tenait toujours à côté d’Astérix, légèrement en retrait mais parfaitement visible. Ils s’arrêtèrent au bout d’une dizaine de pas. Devant eux, la plaine s’étendait jusqu’à la lisière de la forêt. Et entre eux, toute une troupe d’hommes aux mines austères.

Ces derniers occupaient presque toute la surface dégagée. Leur torse était nu mais pour le reste, ils étaient vêtus d’étoffes exotiques, brillantes et colorées sur lesquelles s’agençaient quelques pièces d’armure sommaires. L’essentiel de leur corps était ainsi exposé mais leur attitude fière et stoïque et leurs armes à la ceinture et à la main, des lances et des sabres pour la plupart, montraient qu’ils n’étaient ni des amateurs, ni là pour plaisanter.

Un homme se détacha d’eux et tous devinèrent qu’il s’agissait de leur chef. Il parcourut les quelques centaines de pas qui les séparaient jusqu’à se retrouver à quelques pouces à peine d’Abraracourcix. Grand et à la musculature puissante, l’essentiel de son crâne était rasé et le carré de cheveux qu’il lui restait était tressé en une longue natte épaisse qui retombait sur ses hanches. Ses nombreux bijoux précieux et la lame courbe au fourreau ouvragé à sa ceinture montraient l’importance de son statut parmi les siens. Ils s’inclinèrent brièvement devant lui en signe de respect et l’homme en fit de même. Pourtant, ses yeux ne fixaient personne d’autre que Luna, et à aucun moment ne la quitta pour observer ses interlocuteurs. Il ne s’embarrassa pas non plus de décliner son identité.

– Je suis Abraracourcix, le chef de ce village, s’écria ce dernier, agacé et en même temps légèrement inquiet par cette attitude.

L’insistance avec laquelle il jaugeait Luna était loin d’apaiser leurs craintes. Il attendit quelques secondes que l’autre se présentât mais rien ne vint. Il reprit donc plus sombrement :

— Nous souhaitons connaitre vos revendications afin de –

– Elles sont bien simples, l’interrompit l’homme d’une voix sèche qui claqua comme un fouet, le visage sévère. Je reconnais cette femme. Nous souhaitons que vous nous la livriez, elle ainsi que l’objet qu’elle nous a volé.

Sa voix était puissante et portait loin ; la plupart des villageois massés juste derrière eux l’entendirent donc. Tous s’entreregardèrent, estomaqués, tandis que Luna s’était figée, les traits contractés. Cette discussion commençait mal ; et quelle était donc cette histoire de vol ?

Abraracourcix allait lui demander de plus amples explications mais l’homme n’eut pas besoin d’encouragements pour poursuivre, la voix grondante chargée de fureur :

– Elle est venue chez nous jusque dans la salle du trésor pour nous voler le Calice. C’est un objet magique de grande valeur mais dangereux, et nous ne doutons pas qu’elle parte le livrer à ses sœurs pour réaliser d’obscurs projets.

Dire que leur surprise fut grande était un euphémisme. Les trois hommes se retournèrent vers Luna, dont le visage était figé en un masque de terreur et d’incompréhension. Astérix se rapprocha d’elle pour lui prendre le bras et la rassurer, n’osant cependant pas faire davantage, surtout devant tant de spectateurs. Ce que ne manqua pas le chef oriental dont les yeux se plissèrent.

– Ne vous y trompez pas, elle fait seulement semblant de ne pas savoir de quoi je parle, cracha-t-il à l’encontre du guerrier blond qui la serra davantage contre lui en réponse tout en fusillant leur interlocuteur du regard. C’est une puissante magicienne. Bien que nous ayons réussi à la blesser, et ce au prix de plusieurs des nôtres, elle est parvenue à nous échapper.

– Elle est amnésique, rétorqua Abraracourcix, irrité, en se retournant vers lui. Et à aucun moment elle n’a utilisé le pouvoir qu’elle détiendrait selon vous. Pourtant cela fait déjà un moment qu’elle va mieux, elle aurait pu agir depuis un moment.

L’homme ricana.

– Comme c’est bien pratique… Je n’ai jamais dit qu’elle était stupide, loin de là ! Que vous êtes bien naïfs ! C’était tout dans son intérêt de se tenir tranquille jusqu’à présent !

Mais ils ne parurent pas plus convaincus et l’homme s’en rendit bien compte.

– Et que comptiez-vous faire d’elle ? ajouta Abraracourcix, sous le regard indigné des deux amis qui tournèrent brusquement la tête vers lui.

Un sourire cynique fleurit sur les lèvres du grand homme.

– Vous le devinez déjà, n’est-ce pas ?

Ils se raidirent et derrière eux, les murmures allèrent bon train.

– Elle est bien trop dangereuse pour risquer de la laisser en liberté.

Luna sentit Astérix se raidir contre elle avant de la lâcher, ce dont elle se rendit à peine compte. Par contre, elle entendit distinctement les mots qu’il prononça d’un ton dur et déterminé, à quelques pas d’elle :

– Nous ne vous la livrerons pas et ne vous laisserons pas lui faire le moindre mal.

La mine du chef oriental s’assombrit tandis qu’une rumeur courait sur ses hommes, qui frissonnaient d’une colère encore contenue.

– Vraiment ? De toute façon, ce n’est pas à vous d’en déci –

– Nous ne vous la livrerons pas, affirma Abraracourcix, appuyant les dires du guerrier même s’il n’approuvait pas totalement son intervention – bien qu’il la comprît.

Après tout, leurs propos paraissaient si incroyables qu’ils ne parvenaient même pas à leur donner un quelconque crédit. Luna n’avait jamais rien tenté, ni de fuir, ni de les attaquer, et elle n’avait démontré aucun pouvoir – pourquoi n’en aurait-elle pas usé pour se soigner, dans ce cas ? C’était complètement tiré par les cheveux. L’évocation du calice était étrange, certes, mais c’était certainement eux qui voulaient le prendre à la jeune femme. Pour eux il ne faisait presque plus aucun doute.

Le silence se fit pendant quelques secondes, comme si le temps était en suspens. Puis un sourire mauvais orna ses lèvres.

– Qu’il en soit ainsi. Nous viendrons la chercher, dans ce cas.

Luna sentit une main lui enserrer le bras pour la tirer, et en se retournant, elle reconnut Astérix qui la fixait d’un air déterminé et inquiet.

– Retourne au village, lui ordonna-t-il en la poussant dans cette direction, tandis qu’Abraracourcix criait pour appeler ses guerriers en renfort.

Elle hésita mais Astérix insista et elle finir par céder. Les hommes sortaient du village en courant pour rejoindre leur chef, hurlant leurs cris de guerre tandis que les hommes face à eux dégainaient leurs propres armes pour les accueillir. Une fois le troupeau passé, elle n’eut que peu de difficulté à atteindre l’intérieur du village, vidé de l’essentiel de ses habitants masculins. Elle retrouva Panoramix qui la jaugea quelques secondes avec scepticisme avant d’hausser les épaules et de se retourner vers sa marmite presque vide, puis les parents d’Astérix et d’Obélix. Elle ne sut pas s’il valait mieux pour elle les éviter, mais Astronomix jeta à bas la question en la hélant. Elle les rejoignit donc d’un pas lent et un peu hésitant.

Les deux mères la scrutaient avec une méfiance exacerbée et mauvaise comme les autres femmes agglutinées près d’eux, mais ce n’était pas le cas des deux hommes qui discutaient joyeusement entre eux.

– Nous allons monter en haut des murailles voir la bataille. Tu veux venir avec nous ?

Les deux femmes hoquetèrent de surprise et d’indignation et Luna hésita à refuser, n’y tenant pas particulièrement, mais elle céda. Après tout, devoir attendre dans la chaumière d’Astérix sans savoir ce qui se déroulait près d’elle et ce qu’il advenait de ses amis serait sans aucun doute bien pire.

La montée fut rapide. En contrebas, la mêlée était un véritable désordre, au point qu’à aucun moment, elle n’aperçut Astérix ou Obélix parmi eux. Toutefois, Luna fut étonnée que ce ne fût pas un bain de sang. Les villageois frappaient et envoyaient leurs adversaires voler mais ne les tuaient pas et sortaient leurs propres armes surtout pour les opposer à celles des autres et à s’en protéger. Face à eux, les hommes retenaient leurs coups, comme s’ils n’espéraient pas vraiment les tuer. C’était véritablement étrange et Luna eut la vague inquiétude que ce ne fût là qu’une simple mascarade. Elle était incapable de dire s’il y avait de véritables blessés – s’entendait par là, des blessures autres que des contusions et autres traces de coups et de vols planés. Ni s’il s’agissait en vérité d’un piège.

La bataille tourna vite court et les hommes du Moyen-Orient finirent par se retirer après d’âpres imprécations, leur promettant qu’ils allaient le regretter. Seuls les quelques hommes près du chef des orientaux, soit Astérix et un autre villageois, entendirent ce dernier marmonner qu’après tout, cela devenait leur problème et qu’ils n’étaient plus en mesure de le récupérer de toute façon. Puis ils levèrent le camp et disparurent rapidement entre les arbres, après avoir récupéré leurs blessés et leurs inconscients. Les cris de joie envahirent aussitôt la plaine et seuls les deux hommes ne partagèrent pas vraiment l’euphorie du moment ; leurs regards se croisèrent, interrogateurs. Ses dernières paroles ne promettaient pas de bonnes choses ; l’épisode était sans doute loin d’être terminé.

Les spectateurs les rejoignirent peu après être descendus et des vivats accueillirent les guerriers triomphants et fiers. Cela ne fit que renforcer leur propre joie et ils y répondirent en conséquence. Mais devant eux, le petit guerrier ne partageait pas l’enthousiasme général.

– Ils voudront certainement se venger, insista Astérix auprès d’Abraracourcix, la mine sombre et les sourcils froncés.

– Bah, qu’ils viennent ! Nous les accueillerons de la même manière qu’aujourd’hui – la discussion en moins ! rétorqua son chef avant de se mettre à rire, très vite rejoint par ses hommes, gagnés par l’allégresse.

Mais Astérix ne l’était pas. Lui aussi avait bien remarqué qu’ils avaient bridé leurs capacités pour éviter de les blesser trop gravement. La bataille aurait été autrement plus sérieuse si cela avait été le cas, et d’autant plus difficile. Pourquoi l’avaient-ils fait, s’ils tenaient tant à voir Luna morte et le calice restitué ? Cela n’avait pas de sens. Il ne comprenait pas. Quelque chose lui échappait mais il ne savait pas quoi, et ce petit grain de sable suffisait à faire naitre en lui une crainte sourde, faible mais bien présente. Comme si les futurs événements allaient détromper l’assurance que les autres démontraient – et lui-même aussi. Même s’il ne comprenait pas comment.

Il repéra ses parents, ceux d’Obélix, Luna et Valine et accompagné du rouquin, il les rejoignit. Ils furent accueillis par de chaudes bourrades des deux vieillards, enthousiasmés par cette bataille qui leur rappelait leur jeunesse, et par les exclamations anxieuses mais rassurées de leurs mères, qui les scrutaient avec attention à la recherche de blessures qu’elles ne trouvèrent pas. Mais si Obélix y répondait avec ardeur, décrivant avec de grands gestes de bras et des éclats de rire la bataille à sa façon, Astérix, lui, les ignora pour saisir les mains de Luna. Un sourire timide se dessina sur ses lèvres et il en vit le reflet sur le visage de la jeune femme. Il l’observa quelques secondes, réconforté à sa vue. Puis il s’aperçut que Valine, qui se tenait juste dans le dos de son amie, les jaugeait avec inquiétude, comme si cette bataille n’avait rien résolu du tout. Comme si elle-même, comme lui-même et contrairement aux autres, craignait que ce fût loin d’être terminé. Plus que lui-même ne l’était, se prit-il alors à penser. Ou alors elle était bien plus démonstrative.

Et ce simple constat réussit à faire apparaitre un nœud dans sa gorge. Les ennuis ne faisaient que commencer…

Il se détourna d’elle mais la sensation refusa de disparaitre. Il se rendit alors compte, aux murmures qui fleurissaient près d’eux et aux protestations amusées ou exaspérées des hommes en réponse à leurs femmes, que l’incident avait accru la méfiance naturelle de ces dernières à l’encontre de Luna ; et sa mère en faisait irrémédiablement partie.

Cela le détourna de la crainte sourde en lui et l’exaspéra. Il pinça des lèvres en se retournant vers elle mais il ne sut quoi rétorquer lorsque celle-ci s’exclama vivement :

– Astronomix, nous décalons notre départ !


Texte publié par Ploum, 1er janvier 2019 à 23h39
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