Juste un petit défi d'écriture où Ashley souffre encore un peu. Mais pas trop... ^^
« La chaise est un peu plus à gauche... »
Il sentait ses mains sur son bras, étonnement fortes. Sans sa présence pour pour le guider, il se serait cogné dans chaque meuble, aurait trébuché sur chaque marche. La blessure physique n'était pas la plus pénible, même si ses yeux continuaient à le brûler férocement. La blessure morale, cette honte d'être aussi vulnérable, était infiniment plus cruelle.
« Voulez-vous boire quelque chose ? demanda-t-elle gentiment. L'auberge ne sert pas de thé vert, mais elle a un excellent Earl Gray... servi avec des scones et de la confiture d'oranges amères.
— Cela ira très bien, merci. »
Il se rencogna dans le fauteuil, décontenancé par le brouhaha autour de lui... Il avait l'habitude de s'isoler du bruit ambiant, mais il constituait à présent sa seule référence.
« Où sommes-nous exactement ?
— Dans la salle commune de l'auberge. Une belle pièce avec de grandes fenêtres et une tapisserie à motifs bleus, comme sur les faïences de Delft...
— Je crains que l'art ne soit pas mon fort... » avoua-t-il.
Il leva la main vers son visage, rencontrant l'épais bandage qui couvrait ses yeux. Il était l'unique responsable de sa condition : l'arcaniste qu'ils avaient acculés dans sa retraite, une carrière de calcaire blanc reflétant les rayons d'un soleil radieux, avait réalisé sa faiblesse. Il lui avait arraché ses lunettes fumées et les avait écrasées sous son talon.
Il aurait dû de retrancher dans les ombres, mais il s'était montré trop orgueilleux : il avait tenu à arrêter le mage criminel, vite confié aux contacts de la fondation. Peu après, sa vision avait commencé à se troubler, ses yeux étaient devenus rouges, gonflés et douloureux.
Le médecin avait prescrit le repos, des compresses froides et une obscurité totale, pendant au moins deux jours. Peut-être plus, en attendant de se procurer de nouveaux verres fumés, sans lesquels il n'aurait pas le droit de rouvrir les paupières. En plus de cette cécité temporaire, il se sentait fiévreux et nauséeux. Elle avait dû user de trésors de persuasion pour le faire sortir de sa chambre.
Elle lui prit les mains pour les placer sur la tasse :
« Elle n'est pas trop chaude, j'ai vérifié. »
— Je suis désolé.
— Désolé de quoi ? »
Il y avait de la perplexité dans sa voix.
« De vous causer autant de tracas.
— Vous n'en êtes pas responsable. Et il n'y a aucune honte à être blessé... »
Devant cette implacable logique, il secoua la tête légèrement, le regrettant aussitôt. Il se força à prendre une gorgée de thé, en dépit de son estomac qui se rebellait.
« Je ne suis pas habitué à déprendre d'autrui », avoua-t-il avec difficulté.
Elle éclata de rire à ces paroles ; il sentait ses doigts fins se poser sur les siens :
« Eh bien, pour une fois, je me sens utile, remarqua-t-elle avec amusement.
— Que voulez-vous dire ? demanda-il, intrigué.
— Que quand je suis avec vous, c'est moi qui me sens assistée. Vous savez tout faire et n'avez besoin de personne. À croire que même mon don ne sert à rien.
— Vous savez que c'est faux », protesta-t-il.
Il devina son sourire :
« J'exagère un peu. Mais parfois, il n'est pas mal que les rôles soient inversés. Vous devriez plus vous reposer sur moi... »
Il aurait eu mille arguments à lui opposer, mais ils lui échappaient étrangement. Il était juste rassuré qu'elle soit là, avec lui, pour le guider dans la nuit. Elle lui donnait la conviction que la lumière reviendrait.
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