Il était une fois, un petit renard blanc qui vivait avec sa maman, non loin d’un village humain dont les habitants étaient tous très gentils. Ils connaissaient bien la famille renard, pourtant sa maman et lui ne venaient pas souvent en ville. « Les renards ne sont pas faits pour vivre dans la rue. La forêt est bien plus accueillante pour nous autres ! », disait toujours Maman renard. Pourtant, il y avait bien un jour dans l’année où le petit renard avait le droit d’aller auprès des Hommes : le réveillon de Noël ! Le petit renard adorait découvrir les lumières ainsi que les décorations sur les façades des habitations, les odeurs de cannelle, de fleur d’oranger, la nourriture des stands... Et par dessus tout, ce que le petit renard préférait, c’était la chorale ! Plein d’enfants qui entonnaient des chansons de Noël dans leurs jolies capelines rouges. Le petit renard connaissait par cœur leur répertoire à force de les écouter, alors il avait pris une grande décision : cette année, il chanterait lui aussi avec eux !

Le fameux jour approchait et le petit renard avait tout de même un peu peur. De plus, sa maman lui répétait sans cesse que les enfants ne voudraient peut-être pas de lui. Pourtant il était décidé. Alors le soir du réveillon, le petit renard rejoignit la ville et s’avança vers le groupe de chanteurs en herbe d’un pas décidé.

« Moi aussi, je veux faire parti de la chorale ! »

Les enfants le regardèrent d’un air surpris sans rien répondre.

« Je connais tout le répertoire. Je veux chanter avec vous ! »

Toujours aucune réaction de la part du groupe alors le petit renard finit par comprendre : les humains ne pouvaient pas le comprendre. Qu’importait ! Il était bien décidé à chanter, aussi le petit s’avança-t-il pour prendre place dans les rangs. Ainsi, les enfants comprirent et l’accueillirent avec des mots de bienvenus, des sourires. On lui déposa même sur le dos une de ces jolies capelines ! Cependant, le petit renard était bien plus menu que les autres enfants et la capeline était si grande pour lui qu’elle le recouvrait complètement et traînait même par terre ! Le petit renard n’eut pas fait deux pas qu’il s’emmêla les pattes dedans et tomba dans la neige ! Les autres enfants rirent, mais on l’aida très vite à se libérer de l’étoffe.

« Ce n’est pas si grave, tu peux toujours chanter sans capeline. »

Le petit renard aurait préféré porter la même tenue que les autres, mais tant pis. Le plus important, c’était de pouvoir chanter !

Arrivés devant la première maison, le petit groupe s’arrêta et, lorsque la porte s’ouvrit, tous commencèrent leur chant. Le petit renard y mit tout son cœur, pourtant les personnes à la porte firent la grimace et à la fin de la première chanson, ils fermèrent déjà l’huis ! Tous les enfants se tournèrent alors vers le petit renard avec des regards mécontents.

« Ce n’est pas vrai, tu ne sais pas chanter ! »

Devant la mine triste du pauvre petit renard, les enfants s’adoucirent aussitôt.

« Bon, puisque tu ne peux chanter, tu pourrais tourner les pages du carnet ! »

Le petit renard aurait préféré chanter, mais s’il pouvait rester dans la chorale en s’occupant du livret des paroles, ce serait déjà ça...

Arrivés devant la deuxième maison, le petit groupe s’arrêta à nouveau et, lorsque la porte s’ouvrit, tous se remirent à chanter. Le petit renard s’appliquait à tourner les pages du livret au bon moment, tout semblait parfait. Malheureusement, avec ses coussinets tous froids et mouillés de neige, le petit renard tourna plusieurs feuillets d’un coup ! Il se hâta à tout remettre en ordre, toutefois, les pages virevoltèrent dans un sens puis dans l’autre par paquets sans vouloir obéir. La chorale dut s’arrêter et la porte se ferma encore bien trop tôt.

« Ce n’est pas vrai, tu ne sais même pas tourner des pages ! »

Cette fois, les enfants avaient vraiment l’air très en colère et le pauvre petit renard ne savait plus quoi faire.

« À cause de toi, nous ne pouvons pas chanter tranquillement ! Va-t-en ! Arrête de nous embêter ! »

Alors le petit renard déguerpit à toutes pattes, des boules de neige le poursuivant dans sa fuite.

Réfugié dans une venelle, le petit renard attendait tout tremblant la fin de la fête. S’il rentrait trop tôt, sa maman saurait que quelque chose ne s’était pas bien passé et elle lui rappellerait qu’elle avait eu raison. Le petit renard se demandait que faire quand un grand clac résonna entre les bâtisses. Tout fut soudain tout noir alors que des exclamations surprises ou déçues parvinrent jusqu’à sa cachette. Seule la lumière des lampions par ci par là éclairaient un peu les environs. Au bout de la ruelle, un groupe d’ombres passa.

« Ce n’est vraiment pas de chance : d’abord le renard et maintenant une coupure de courant ! Nous n’avons plus qu’à rentrer chez nous... »

Oh non alors ! Le petit renard aimait trop les chants de la chorale, il voulait au moins les entendre, à défaut de pouvoir y participer ! Heureusement, il eut une idée. Il sauta à la fenêtre toute proche, attrapa dans la gueule le lampion posé là, puis fila rejoindre le groupe.

« Oh, regardez ! »

Les enfants observent le petit renard et son lampion multicolore d’un air enchanté.

« C’est parfait ! Grâce à toi, nous allons pouvoir continuer de chanter ! »

Ainsi la chorale put-elle reprendre le chemin des maisons, entonnant encore et encore le répertoire de Noël. Le petit renard, quant à lui, brandit fièrement son lampion tout du long, recevant même des compliments de leurs spectateurs !

Il ne chanta finalement pas ce soir-là, pourtant il fut fier d’annoncer à sa maman, en rentrant, qu’il avait bien intégrer la chorale et que tous l’attendaient pour le prochain réveillon !