Te retourne pas, va pas là-bas ! Bouge toi, fichtre ! Tu vas crever ! Une voix me crie des recommandations. Elle hurle, m’insulte car je n’écoute pas. Mais impossible pour moi de résister. Cette porte, je dois l’ouvrir. Je dois aller dans ce couloir sombre. Une odeur putride règne dans cette pièce. La mort. Elle est à côté de moi, pourtant je ne fuis pas. Je vais y rester, je le sais, je le sens. Mais je continue dans ma lancée. Je ne rebrousserai pas chemin, même si la voix est toujours plus forte, que j’entends l’écho d’un cri lorsqu’une poutre craque. L’ambiance est glauque, morbide. Le stress est à son comble mais seule la voix extériorise ce que je ressens. Je suis comme animée par une autre volonté qui n’est pas la mienne ; ce n’est pas moi qui choisis de faire tout ça. Si j’avais eu le choix, je ne serais jamais rentrée dans cette maison, n’aurais jamais visité cette forêt lugubre ni joué l’apprentie exploratrice dans cette ville abandonnée. Je suis communément une adolescente, une casse-cou qui n’a peur de rien, mais là je dois bien dire que j’ai la frousse. Si je pouvais seulement revenir en arrière… Une ombre me nargue là-bas, un ricanement sournois s’échappe d’une bouche édentée, pleine de sang. Un démon tente de s’accaparer un corps humain, de jeune fille pourquoi pas. Je suis à leur merci, là, ne pouvant pas rebrousser chemin. Car mon personnage a le sang-froid. Enfin il parait. Je suis un personnage de film d’horreur.