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tome 1, Chapitre 24 « Chapitre 10.3 » tome 1, Chapitre 24

Personne ne trouva rien à répondre à ce discours, pas même la principale intéressée. Tête basse, elle sortit de la cellule pour aller s'accroupir dans le couloir, puis elle enfouit sa tête entre ses jambes. Réalisait-elle la catastrophe qu'elle avait failli provoquer ?

– Il faudra se méfier de l'Elfe Médiévale, quelque chose me dit qu'elle sera pas bienveillante envers nous.

Féhnaël hocha la tête à la remarque du Citadin avant de reporter son attention sur leur possible nouveau compagnon. Devaient-ils l'emmener ? À genoux au sol, l'Elfe des bois, un mâle, n'avait pas quitté Féhnaël des yeux.

– Le venin agit-il messire ? Pardonnez-moi, je ne puis rien faire de plus, je ne peux recharger mon énergie ici. Pas d'arbres, de plantes, de pollen, de fleurs... je ne puis me régénérer non plus...

– Je... le venin ? C'était ça, la brûlure ?

– Un anesthésiant très efficace chez les grandes créatures, oui, à condition de savoir le doser.

– C'est pratique en effet. Mais toi, tu es blessé ? Tu as mal ?

La créature secoua la tête.

– Je n'ai pas mal, je ne ressens pas la douleur. Mais je suis blessé, oui, je crois qu'elles m'ont brisé quelques os.

Il montra sa jambe gauche ; elle formait un angle peu naturel qui retourna l'estomac de Féhnaël. Impossible pour l'Abeille de marcher dans ces conditions, ils allaient devoir le soigner ou le porter. Ou l'abandonner ici. La dernière solution déplaisait au métis ; avoir en permanence un antidouleur à portée ne pouvait que leur servir.

– L'un de vous a des connaissances en médecine, s'enquit-il en lorgnant ses deux compagnons.

– Moi, oui, on nous enseigne les bases à l'Académie, mais pas au point de réparer cette jambe cassée. Je peux toujours tenter de replacer l'os, sauf que ça risquerait d'aggraver la fracture au lieu de la réduire.

– Et tu aurais besoin de quoi ?

– Dans l'absolu ? Une imagerie et un bloc opératoire. On doit trouver un moyen de sortir, l'Hybride, on a vraiment pas le temps pour autre chose.

– On doit aussi trouver un remède à la toux de l'Humaine, elle empire de minute en minute, j'ignore pourquoi.

– Miracle, un truc que le Canin ignore ! Vous devriez laisser mourir cette fille, elle nous encombre plus qu'autre chose.

Kledren ne releva ni l'insulte ni le conseil, il proposa plutôt de repartir sans plus tarder : ils n'avaient que trop perdu de temps. Il offrait à l'Abeille de la porter sur son dos quand Régoël lui donna un coup d'épaule avant de cueillir l'être à rayures entre ses bras musclés, puis d'aboyer au Renard de porter la mage. Sans plus leur accorder un regard, il s'éloigna dans le corridor en direction de la sortie. Ou de ce qu'il pensait être la sortie, tout du moins. Comme Kledren lui emboîtait déjà le pas, Féhnaël esquissa quelques pas prudents pour mesurer la douleur. Rien. Il se palpa les côtes. Rien non plus. Marcher normalement lui donna l'impression de revivre.

Après avoir récupéré les deux plaques de verre, le métis trotta vers Salomée. Il lui tendit la main, son tour venait de lui rendre la précieuse aide apportée, de lui servir de béquille. Elle ne se remettait pas d'avoir assisté à deux meurtres : des spasmes secouaient son corps, son nez fuyait, reniflait sans aucune classe, ses manches servaient de mouchoir. Quand elle se calma, une violente quinte de toux la saisit, la laissa épuisée, la respiration sifflante.

Féhnaël la releva sans aucune hésitation, la cala contre lui, un bras autour de sa taille, et la força à avancer. Même si elle avait besoin de repos, ils devaient à tout prix progresser enfin. Depuis que l'alarme de confinement avait annoncé le verrouillage du bâtiment, ils n'avaient même pas franchi la limite du couloir qu'ils connaissaient.

Ils dépassèrent la troisième cellule sans un mot, sans un regard pour les derniers prisonniers. À son grand soulagement, Salomée ne fit même pas mine de s'arrêter ou de s'intéresser à leur sort. Elle trembla juste un peu plus contre lui, son dos se voûta, des sanglots lui échappèrent.

Kledren et Régoël l'attendaient quelques mètres plus loin, devant une porte ouverte. Après avoir exploré la pièce, une salle d'examen, ils décidèrent de concert de ne plus y perdre de temps : elles ne renfermeraient rien d'utile pour leur évasion. En outre, ils ignoraient quoi chercher pour aider Salomée. Peut-être Régoël savait-il quelque chose, mais il refusait de participer au sauvetage de l'Humaine et persistait dans son idée de l'abandonner. À propos de l'Abeille sur son dos, il ne lâcha plus le moindre mot.

La dernière pièce de la partie connue s'apparentait à une salle de repos pour le personnel. Elle comportait tout ce qu'il fallait pour : de grands placards, des casiers, un sofa, une armoire réfrigérante, une grande table agrémentée de chaises, un évier et même une machine à café.

Dans les casiers, dont les cadenas ne résistèrent pas aux talents de Féhnaël combinés aux dents d'une fourchette, ils dénichèrent un sac à bandoulière ainsi que quelques vêtements. Aucun ne convenait pour l'Elfe, mais le métis put se débarrasser de l'affreuse tunique bleue au profit d'un pantalon de toile légère et d'une chemise en coton. Salomée demeurait apathique et refusa même de regarder la tenue similaire que lui tendait le jeune homme.

Les placards leur offrirent quelques boîtes de gâteaux, de la confiture, un sachet de café moulu et une tablette de chocolat dont ils s'empiffrèrent pendant que le guerrier, après avoir assis son chargement sur la table, se ruait sur la machine à café. Fébrile, il mit l'appareil en route.

– Tu trouves que c'est le moment ?

– L'hybride. Je n'ai pas bu la moindre goutte de café depuis que je suis là, la simple odeur me rend fou. Je refuse de mourir sans avoir dégusté une dernière tasse de café bien noir. Et puis, ça ne prend que deux minutes, on va pas en mourir.

Non sans oublier de remplir le sac de toute la nourriture qu'il trouvait, Kledren assura au guerrier :

– Je saurais te le rappeler s'il nous manque deux minutes pour décamper. Trêve de plaisanterie, dès que tu auras ingurgité ton breuvage, on continue. On doit retrouver Taëdyl avant qu'elle ne tombe sur l'Elfe Médiévale, on ne sait jamais. Et je n'entends aucun bruit venant du couloir, ça commence à m'inquiéter.


Texte publié par Carazachiel, 16 mai 2020 à 10h15
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