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tome 1, Chapitre 7 tome 1, Chapitre 7

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Sian avait écouté en silence pendant que leurs vêtements séchaient sans précipitation sous les rayons d'Astalie et Hayjie venait d'achever de partager ce qu'elle avait sur le cœur, la tête posée sur les genoux de son amie qui lui caressait les cheveux dans l'espoir de faire cesser ses larmes.

- Pourquoi tu ne m'en as jamais parlé ?

- Tu te serais inquiétée pour rien...

- J'aurai pu t'aider.

- Comment ?

- Je ne sais pas, on aurait trouvé une solution ensemble.

- Ça fait un moment que j'en ai une, mais elle est hors de ma portée pour le moment.

- C'est laquelle ?

- Tu la connais déjà.

- On peut peut-être en trouver une où tu n'es pas obligée de partir ?

- Peut-être...

Elle se tourna de façon à pouvoir blottir son visage contre le ventre de Sian qui tentait de la consoler du mieux qu'elle pouvait.

- Faudra que tu m'apprennes ce que tu as fait tout à l'heure.

- Même si je le voulais, je ne pourrais pas...

- J'ai confiance en toi.

- Ce n'est pas ce qu'il semblait tout à l'heure, pourtant.

- J'avais peur pour toi.

- Faut pas.

- Tu ne pourras pas m'en empêcher.

- Je sais.

Hayjie avait fermé les yeux. Les caresses dans ses cheveux étaient finalement parvenues à l'apaiser même si ça risquait de n'être que temporaire.

- Tu vas mieux ?

- Un peu.

- Tu veux que je te raccompagne chez toi ?

Elle se contenta de hocher la tête en signe d'approbation, n'ayant plus vraiment envie de parler.

- D'accord. Allons-y dans ce cas.

Siannlie attendit qu'Hayjie se soit redressée pour se lever et récupérer leurs affaires qui devaient être sèches depuis le temps qu'elles avaient été étendues.

Elle accepta la main de Sian quand celle-ci la lui proposa pour l'aider à se relever et ne la lâcha pas de tout le trajet.

- Merci... Je suis désolée de t'avoir fait perdre ton temps...

- Tu ne me fais jamais perdre mon temps, au contraire. Je veux aussi profiter de ta présence avant que tu te décides à partir.

- Ce ne sera pas pour maintenant.

- On ne sait jamais.

- Je t'ai promis de te prévenir.

- Et tu n'as pas le choix.

- Disons plutôt que je ne l'ai plus.

- Si tu préfères. N'y penses plus pour le moment, d'accord ?

- Ce que tu me demandes n'est pas vraiment réaliste.

- Alors promets-moi juste d'essayer dans ce cas ?

- J'essaierai.

Cela sembla lui suffire, car celle-ci lui offrit un sourire rayonnant avant de la quitter pour rentrer chez elle après avoir récupéré sa pèlerine censée camoufler ses originalités.

Hayjie retourna se réfugier dans sa chambre aux mille couleurs, dans l'espoir que le reste de la journée passera plus rapidement que ce qu'elle avait commencé.

* * *

- Sais-tu comment il aurait pu échapper à mes créatures ?

- Comment pourrais-je le savoir ?

- L'odeur de ta magie était présente.

- Elle n'a pas été utilisée à ces fins.

L'entité garda le silence quelques secondes pour l'observer. Ses incessantes et menaçantes rotations autour de la bulle préoccupaient la Gardienne qui se trouvait au centre.

- Sais-tu comment tuer un Gardien ?

- C'est impossible.

Même si la situation l'angoissait, elle restait confiante sur les menaces que la créature proférait à son encontre.

* * *

- Sian ? Tu t'es déjà demandé ce qu'on faisait ici ?

- Pourquoi je me poserais cette question ?

- J'en sais rien.

- C'est ton cas ?

- Souvent. Tu crois que tout ça a un but ? Une raison d'être ?

- Il y a toujours une raison concrète à chaque fait. Tu veux parler de quelque chose en particulier ?

- J'ai l'impression de vivre dans une prison de verdure sans barreaux....

Sian observait Hayjie en silence, celle-ci ayant l'air totalement absorbée par une image qui lui était totalement invisible, ou même, dans un monde étranger au sien.

* * *

Octale avait été installé dans un bassin circulaire ornemental placé au centre du Hall aux mille Glaces. Ce n'était que temporaire, mais loin d'être l'idéal. Chandra s'était agenouillée près de celui-ci pendant que sa sœur utilisait les miroirs pour retrouver les animaux en fuite.

La peau de l'esprit était de couleur mouvante, et composée et nuances qui se mariaient à celles du bassin où il se trouvait. Ses iris étaient d'un gris très clair, presque blanc, et ses longs cheveux arboraient la même spécificité colorée que sa peau. Il ne possédait pas de jambes, seulement une queue pareille à celle d'une otarie. Aussi, ses doigts étaient palmés.

- Sais-tu si mes otaries vont bien ?

- Nous essayons de nous renseigner à ce sujet. Astalie est en pleine recherche et les autres esprits aquatiques ont été informés de la situation.

- Merci. Qu'est-ce que c'étaient ?

- C'était l'oeuvre d'une créature que nous pensions disparue depuis plus de cinq siècles. Les Gardiens étaient parvenus à mettre cette entité hors d'état de nuire, mais apparemment, elle est parvenue à passer outre de leur magie.

- Comment cela a-t-il pu se produire ? Les Gardiens ne sont-ils pas censés être les piliers de notre monde ?

- Ce n'est pas totalement vrai, les Gardiens, à eux cinq, n'en représentent en réalité qu'un seul sur les quatre.

- Qu'en est-il des trois autres dans ce cas ?

- Ils sont fragiles et sont en constante instabilité. Cela peut être l'explication du retour de... Cette abomination.

- Je vois. À quoi correspondent-ils ?

- Le premier correspond aux êtres qui peuplent Madarance, le second représente l'âme de la planète, et le troisième est occupé par l'intégralité des Esprits.

- Je comprends mieux l'instabilité.

- Si tu souhaites davantage d'informations sur la question, Astalie a rédigé un document à ce sujet il y a quelques décennies.

- Merci.

Chandra se releva, mettant fin à la conversation pour ensuite aller constater de la progression de sa sœur dans sa laborieuse quête aux otaries. Celle-ci devait être à son centième tour de salle depuis l'arrivée d'Octale. Un simple regard sur l'expression concentrée et angoissée d'Astalie sur les fenêtres du monde lui donna la réponse qu'elle recherchait. Elle ne les avait pas encore trouvées. Elle ne semblait pas se rendre compte de sa présence auprès d'elle, aussi, elle reprit ses distances pour ne pas risquer de la déranger.

Elle se rendit donc au fond de la salle chercher les parchemins dont elle avait parlé à Octale quelques minutes auparavant.

* * *

Elle retrouva la chaleur de sa chambre non sans un brin de soulagement, et tira les épais rideaux colorés qui la séparaient des autres pièces de la maison afin de s'isoler davantage du reste du monde.

Sa chambre n'avait pas été rangée depuis son retour de l'Elaïn, aussi, celle-ci entreprit de ranger sa tenue de cérémonie dans les règles de l'art. Ou du moins, avec le respect qui lui était dû. Elle la posa à plat sur son lit dans l'idée de la plier lorsqu'elle remarqua des volumes qui déformaient les poches de sa tunique : il s'agissait de son peigne ainsi que d'une petite pierre noire qui brillait d'une façon très étrange. Elle posa ses découvertes sur son bureau le temps d'accomplir la tâche qu'elle s'était donnée de faire, puis déposa le vêtement dans le tiroir le plus bas de sa commode. Il était rare d'arborer ce genre de tenue autrement que durant les fêtes religieuses de haute importance. Le peigne fut posé sur le dessus, afin de ne pas prendre le risque de le perdre en le rangeant dans un lieu improbable au moment de se voir l'obligation de le retrouver.

Ce n'est qu'à ce moment-là qu'elle put enfin s'intéresser d'un peu plus près à sa récente et étrange découverte. La pierre émanait toujours de cette brillance colorée qu'elle n'avait jamais vue auparavant où que ce soit sur l'île, et ce n'était pas faute de l'avoir explorée en long, en large, en hauteur et en profondeur.

Au moment où sa peau entra en contact avec celle-ci, sa brillance s'accrut légèrement.

Il était hors de question d'en aborder le sujet avec la créature qui servait de clerc au village.

Elle alla donc simplement s'allonger sur son lit avec sa trouvaille.

La pierre tournait inlassablement entre ses doigts.

Assez longtemps pour que la fine couche, d'une matière qu'elle ne connaissait pas, commença à s'effriter imperceptiblement. Nettement pas suffisant pour être visible pour qui n'y prenait pas attention, ce qui était amplement son cas.

La pierre termina au creux de sa main posée sur son ventre. Elle regardait son plafond, absente du monde qui l'entourait pour plonger en eaux profondes dans ses pensées.


Texte publié par Adrielle, 1er juillet 2018 à 00h15
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