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tome 1, Chapitre 2 tome 1, Chapitre 2

Las Vegas, Nevada,

20 Mai 2095 – 3:05pm.

Après une chute aussi rude, le réveil semblait difficile. Quelques très longues heures de coma plus tard au fond d'un gouffre poussiéreux, le corps courbaturé et non sans peine, je me réveillais alors dans ce qui ressemblait fortement à une grotte des plus sombre. Ses murs poreux teintés de rouge et de jaune étaient à peine visible à quelques mètres. Un léger brouillard réduisait encore un peu plus la visibilité et une épouvantable odeur de souffre, désagréable au possible, infestait l'air ambiant.

Quand soudain, les événements arrivés précédemment me revinrent en tête, une fois mon esprit quelque peu éclaircit. J’analysais alors rapidement les alentours ainsi que mon état physique, histoire de m’assurer que tout aille bien malgré tout, ce qui avait l’air d’être le cas. En omettant bien sûr de préciser que la plupart de mes vêtements étaient complètement foutus. Mon haut était éventré au torse, aux manches et dans le dos tandis que la jambe droite de mon pantalon était entièrement arrachée au point de ne plus ressembler à rien.

- « Mhm... Et merde ! Va falloir retrouver des fringues et très vite. On frôle l'indécence. »

Hors-mis cela, mon corps était intact… À l’exception d’un détail.

- « Wow ! Mais qu’est-ce-que…C’est quoi ce bordel ?! »

Cette douleur qui pointait vers mon cœur depuis mon réveil s’était calmée très nettement bien que toujours légèrement présente. Elle semblait provenir d’une cicatrices fraîchement apparue sur mon torse.

- « Ok… Quelqu'un pourrait m'expliquer ce qu'il se passe ?! »

À certains moments, l'incompréhension me faisait tout simplement oublier que j'étais seul. Malgré tout, je revins très vite à ce stigmate sur mon torse. Cette cicatrice d'une dizaine de centimètres avait pris place sur mon muscle pectoral gauche, apparue comme par enchantement lors de ma chute. Mais comment ma peau jusque là insensible avait-elle pu être marquée à ce point ? Et cette voix qui résonnait encore furtivement dans ma tête. Y avait-il une signification à tout ça ? Serait-ce une fois de plus une illusion de mon esprit décidément enclin à la folie ?

Une fois remis de cette découverte inattendu, je m’attelais donc à chercher une sortie à ce dédale de tunnel. Le gouffre, brièvement éclairée par un léger rayon de lumière qui parvenait à s'y faufiler, donnait accès à plusieurs passages. Quatre choix s'offraient alors à moi, sous la forme de tunnels sombres et empestant le souffre. L’orientation n’avait jamais été mon fort mais j’avais malgré tout le temps de trouver la sortie malgré l'aspect inhospitalier des lieux. Je m'engageais donc dans un couloir choisit un peu au hasard, en prenant soin de graver une croix dans le mur au cas où je finirais par repasser par là. La parois friable s’effritant alors comme un rien sous la pointe aiguisée de ma lame très vite replacée dans son étuis en cuir vieilli fixé à ma ceinture.

Quelques culs-de-sacs plus loin, après une bonne heure à tourner en rond et fais des croix un peu partout, j'en avais assez de marcher. Je décidais donc de faire une petite pause, assis au sol et adossé à un mur de roches poreuses, cigarette entre les lèvres et allumette prête à y mettre le feu. Quand la voix de cette fillette me revint en tête comme si la scène se répétait. Qui pouvait-elle bien être? Et est-ce que tout cela n’était pas seulement dû à la folie qui me prenait un peu plus chaque jour.

Perdu dans ce flot de questions, je laissais alors par mégarde l’allumette brûler le bout de mes doigts avant de subitement la lâcher :

- « Aïe ! Putain… »

Précipitamment sorti de mes pensées, je surprenais alors deux yeux, d'un bleu et froid, brillants dans la pénombre d’un des tunnels. La silhouette qui les accompagnait me glaçait le sang uniquement de par sa présence, immobile, elle regardait fixement dans ma direction sans un bruit. À la fois intrigué et comme tétanisé, aucun son ne sortait de ma bouche et je sentais mes muscles s'engourdir de plus en plus tant la pression autour de moi était palpable.

Quand soudain, de petits bruits de pattes qui résonnaient légèrement un peu plus loin, obligeant alors cette effroyable chose à détourner le regard en direction du bruit avant de fuir aussi furtivement qu'elle était apparue. Laissant alors l'atmosphère redevenir de plus en plus légère. Un soupir plus tard, la bête à la silhouette massive qui s'approchait semblait, quand à elle, avoir de grands yeux rouges rubis et une aura bien moins malveillante. Ce pourrait-il que...

- *Siffle* « Hey, toi ! Allez viens… » *Siffle à nouveau* « Approches. »

C'était bien lui, mon ami le canidé géant était, semble t-il, venu me chercher après tout.

Mais pour la deuxième fois en peu de temps, il semblait avoir choisi de se lancer dans un petit jeu de traque avec moi et repartit en quelques secondes dans un autres tunnel. Je me relevais alors subitement et allumais pour de bon ma blonde en grillant une latte avant de le poursuivre.

Dans le noir, il n’était pas vraiment aisé de m’orienter, même guidé par le bruit de ses pattes qui claquetaient légèrement sur le sol. C’est en manquant une bonne dizaine de fois le traumatisme crânien durant ma «chasse au loup», que je réussissais par miracle à me diriger dans les recoins les plus sombres des tunnels, aidé de ma main tâtonnant la roche avec hésitation.

De légers murmures se fondaient tout doucement dans mon esprit. Incompréhensibles et à la limite d’être perceptibles. Ce bourdonnement avait le don de m’agacer à mesure que je me concentrais dessus pour tenter d'y comprendre quelque chose. Et aussi surprenante que salvatrice, une brise d’air frais venait alors emplir mes poumons et un rayon de lumière assez net mettait fin à tout cela sans transition d’aucune sorte, me rappelant par la même occasion de la réalité de mon triste monde. J’étais sur le point de sortir, et lorsque ce fût fait et que la lumière eut enfin fini de m’éblouir, je pouvais admirer avec étonnement, le « Bellagio », qui se tenait à quelques centaines de mètres de moi. L'air était à nouveau devenu respirable et sentir le soleil réchauffer mon épiderme après ce long moment de nuit totale était un bonheur simple mais non négligeable.

Plus important encore, les armatures du bâtiments avaient dû maintenir le tout en place malgré les caprices de mère-nature et l’usure du temps. C'était l'un des plus grand casino d'avant guerre et il était quasiment intact après toutes ces années. L’endroit semblait parfait, mais il restait encore une chose à vérifier, savoir s’il n’avait pas déjà totalement été pillé comme la plus part des autres établissements de la ville.

Les "Saccageurs", un groupe de rebelles qui sévissait dans l'ouest de l'Amérique après la grande guerre, avaient prit pour habitude de voler, détruire, violer et brûler dans un quotidien de décadence immorale et perverse. Heureusement depuis lors, un grand nombre des leurs avaient périt au fil des années, ne laissant derrière eux que des bâtard, des enfants abandonnés à l'instinct meurtrier. Rejeté par tous, ils avaient pour la plus part pris la décision de dissoudre l'organisation pour se séparer et vivre une vie de nomade.

Il ne me restait alors plus qu’à l’atteindre pour tirer tout ça au clair, quand en observant autour de moi, je n’aperçus de nouveau plus mon ami canidé au pelage si pure. D'abord un peu déçu, je me remettais très vite en route, sentant alors que nos chemins se recroiseraient sans aucun doute.

Une blonde grillée et une mignonnette de bourbon plus tard pour me remettre de mes émotions, et j'étais déjà aux pieds du «Bellagio» qui paraissait être l’endroit rêvé pour s’y installer au vu de sa résistance. Je pris alors quelques secondes pour contempler ce qui allait sûrement devenir mon nouveau chez moi pour un temps.

Cela ressemblait plus à un monument qu’à un casino. La bâtisse était intact, si l’on faisait abstraction du lierre séché qui serpentait sur les murs jusqu’au sommet, qui donnait un coté très nature à cette magnifique structure architectural. L’endroit était merveilleux et le soleil qui commençait à disparaître, diffusait une subtile teinte violacée dans le ciel qui avait le pouvoir de rendre le tout imprégné de magie.

Le jour commençait sérieusement à tomber et je n'avais qu'une envie, poser mon sac de voyage contenant mes affaires et siroter une bouteille confortablement installé dans un fauteuil de luxe, plus moelleux que tout ce que je pouvais avoir connu jusqu'ici. Je décidais donc d’entrer et me mis à la recherche de «liquidité» pour la soirée.

Une fois à l’intérieur, simplement éclairé par ma lampe torche, je remarquais d’abord l’état désordonné de l’accueil qui n’annonçait rien de bon pour le moment. Il était flagrant et cela au premier coup d’œil, que des gens étaient passés par-ici. Peut-être restait-il par chance quelques chose d’intéressant à récupérer, j'engageais alors de petites recherches.

Après une heure à fouiner un peu partout, j’avais enfin trouvé une suite au quatrième. Elle était comme neuve mise à part les quelques moutons de poussière par-ci par-là, et les étages du dessus allaient pouvoir m’isoler de la chaleur accablante en journée. Les murs en velours grenat et le coté confortable des meubles ainsi que de la literie, donnaient un coté vraiment cosy nuancé à merveille par l'aspect chic et luxueux des lieux. De plus, les volets y était toujours entiers et paraissaient solidement fixés, ce qui avait fini par me décider à m'installer ici.

Lors de ma fouille, j’avais en outre réussi à réunir quelques bouteilles de whisky et deux paquets de cigarettes trouvés dans les étages précédents, mais j'avais aussi croisé une petite meute de coyotes qui traînait dans le bâtiment. L'un d'eux m'a surpris en détalant à une vitesse folle d'une pièce d'on je venais a peine d'entrouvrir la porte.

Mais enfin j’y étais, j’avais confortablement pris place sur une banquette et j'avais de quoi oublier cette journée de dingue.

- « À la tienne Zek’. À l’immortel exilé en ce bas monde ! »

Les gorgés, s’enchaînant naturellement, m'enivraient alors peu à peu et le reste de la journée commençait doucement à s'estomper. Cette chute, les tunnels et cette silhouette effrayante, cela n'avait déjà plus aucun importance. Ce qui en avait en revanche, c'était cette voix qui résonnait en moi depuis mon réveil dans les tunnels.

Les prémices d'un futur potentiellement plus chaleureux...

Ce soir là, une bouteille avait suffit à me terrasser. Le contrecoup de tout ce qu’il s’était passé m’avait sournoisement assommé et l’alcool aidant, il n'avait pas fallut trop longtemps avant que je ne m’endorme sans même m’en rendre compte. Échappant ainsi la bouteille encore ouverte de ma main, qui chutait alors pour finir par déverser une bonne partie du peu qu’il restait aux pieds de la banquette.


Texte publié par MK, 17 avril 2018 à 17h29
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