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tome 1, Prologue tome 1, Prologue

- « Encore une matinée de merde dans cet enfer, aussi ennuyant soit-il, qui est le tien Zek’… » M’exprimais-je à haute voix comme pour démarrer une discussion avec le seul être sensé sur Terre, moi-même.

- « T’as bien dus faire quelque chose pour mériter ça, non ? Une vie de souffrance comme celle là, c’est pas pour rien quand même... » Me répondis-je d'un ton léger et ironique à la fois.

Ma question était beaucoup plus pertinente qu’elle n’y paraissait dans le fond et après un instant de silence à m'interroger, je secouais la tête :

- « Sûrement pas. Et même si c’était le cas, je ne m’en souviens plus… »

- « Mais honnêtement Zek’. J’ai vraiment l’air d’un salaud ? » Lançais-je alors comme une sorte d'introspection, avant de me perdre dans le fil de mes pensées l'espace de quelques secondes.

- « Putain Zekiel! À force de parler tout seul, tu vas finir bon à enfermer ! » Un petit rire résigné et sans saveur terminait ainsi ce moment d'égarement.

Ce genre de monologues étaient devenus fréquents dans mon quotidien. Cela faisait si longtemps...

Si longtemps depuis ce que l’humanité entière avait décidé à raison d’appeler le «jugement dernier».

Après avoir détruit presque tout un écosystème en place depuis des milliards d’années à force d'en vouloir toujours plus, l’être humain avait réussi un exploit de plus... Les ruines naissantes de l'empire des Hommes inquiétant même les plus puissants, marquaient alors le début d'une rébellion sans précédent. Le point de départ d'une troisième guerre mondiale, la plus grande que l'humanité ai connu, qui décima la plupart de la population à travers le monde.

À ce moment là, le monde avait commencé à ne vraiment plus tourner rond. Les Hommes s’étaient entre-tués comme jamais auparavant attisés par la haine, le profit et des conflits d'intérêts politiques. Les têtes des plus grands dirigeants, et de leurs prétendants après eux, avaient finit sur des pics et le pouvoir avait finalement été renversé. Quelques temps après la fin de la rébellion, le reste de l'humanité n'avait pas forcément évoluée. Les puissants écrasaient toujours les faibles, les dépossédaient de leurs biens, allant parfois-même jusqu'à leurs ôter la vie.

Malgré tout, cela avait prit fin très vite, dès lors qu'un déluge de près de 3 ans n'eut raison du moral de tout les survivants. Tous craignaient les tempêtes, le froid et la nuit sans fin qui régnait dehors durant ce long hiver. Pendant ce temps et cela jusque la fin de cette interminable nuit glaciale, les uns avaient finit par se terrer dans leurs habitations, bien au chaud, avec des réserves de nourritures et de combustible pour se chauffer. Pendant que les autres tentaient désespérément de partir petit à petit vers le sud, espérant y trouver de nouveau un climat agréable accompagné d'un soleil brûlant dans le ciel.

7 ans après tout cela, il fallait bien avouer que depuis que les Hommes n’était plus aussi nombreux en ce monde, la nature avait commencé à reprendre ses droits sur Terre et le monde ne s'en portait que mieux. Certaines villes laissaient même doucement place à la végétation et aux arbres, embellissant alors des endroits auparavant plongés dans un nuage de pollution comme Paris. Les lierres et la mousse qui serpentaient sur les murs de certains immeubles et certaines constructions comme l’Arc de triomphe devenu une immense arche verdoyante, contrastaient à merveille avec le paysage urbain et donnaient parfois un charme utopique à ce monde. Les villes laissant de plus en plus de place aux végétaux, les animaux sortaient de leurs sous-bois et de leurs forêts pour se rapprocher des métropoles, désormais redevenues leur territoire. Le monde en 2095 était plus que paisible à première vue… Mais malheureusement, il était aussi terriblement vide.

Toujours en quête de réponses à toutes les questions qui semblaient s’accumuler depuis mon réveil dans ce terrain vague entre Phoenix et Vegas, je n'ai jamais rien trouvé qui puisse éclairer ma lanterne. Et depuis quelques années déjà, mon amnésie me rongeait de l'intérieur et la solitude m'emplissait d'amertume. De très vagues souvenirs resurgissaient parfois sans vraiment m'apporter de réponses. Quand aux quelques survivants, ils étaient bien trop occupés à fuir cette immense tragédie ou à se cacher, la confiance avait entièrement disparue et le temps était à la méfiance. Enfin, les quelques journaux et "Flyers" de propagandes trouvés ici et là m'apportant des fragments d'un passé qui me semblait perdu, sans pour autant me rendre totalement la mémoire. Mon seul souvenir ? Mon prénom.

Luttant pour survivre depuis maintenant plusieurs années, je m'étais aperçu au fil des saison d'une chose irréaliste qui allait malheureusement faire partie de mon quotidien. Devenu fou, comme possédé par un mal qui me rongeait depuis trop longtemps, combien de fois n’avais-je pas tenté de mettre fin à ce cauchemar… Les lames n'avaient aucun effet sur mon corps. Les balles elles, se stoppaient nettes contre ma peau ne m'infligeant alors qu'une vive douleur de quelques secondes, et les médicaments ou tout autres produits chimiques n’avaient en aucun cas l’air d'être nocifs sur mon organisme. J'étais uniquement sensible à la faim ou à la soif mais à priori, tout de même moins que mes congénères. Après toutes ces tentatives que je qualifierai d'«expériences», j’avais une nouvelle question en tête. Une et une seule qui m’obsédait à chaque nouvelle tentative ratée : "Qu’est-ce-que cela faisait-il de moi ?"

Encore une question qui me ramenait vers ce brouillard d'incertitude qu'était mon fardeau.

D'un autre coté, après plusieurs années, je n’avais toujours pas remarqué de changement dû à l’âge et mon corps paraissait s'être figé au alentours de 28 ans. À partir de ces observations, un certain moment après avoir noté ces détails, j’avais compris le gros de l’histoire. Si mon corps était résistant à ce point et que mon corps ne vieillissait pas, c'était sûr. J'étais immortel...

J’étais donc un être apparemment condamné à errer sur Terre pour l’éternité. Un peu forcé de l’accepter avec le temps et relativement aidé par un esprit de plus en plus enclin à divaguer, j'étais malgré tout très vite passé à autre chose. Plus longtemps après cela, je m’y étais tellement habitué que j’estimais « l’Immortel » comme étant un excellent pseudonyme. Fort heureusement, je m’en étais très vite lassé... C’était d’un ridicule quand j'y repense.

Après plus de 5 ans de solitude et de questionnement sans réponse, l’alcool était devenu un allié précieux contre l’ennui et l'enfer duquel j’étais prisonnier depuis si longtemps. Un « ami » fourbe et sournois, m'aidant à affronter ce monde, cette vie. Le désespoir étant la seule entité que j’avais eu l’occasion de fréquenter tant-il était palpable pendant toutes ces années. Qu'auriez-vous fais à ma place ?

Maintenant que cela faisait 7 ans qu’il n’y avait presque plus personne d’autre que moi sur terre, je trouvais le temps extrêmement long. Comment ai-je occupé tant d'années égaré dans ce monde ?

J'ai passé mon temps à chercher des lecteurs à batteries ou à piles, des CD de rock, quelques bouteilles par-ci par-là. Le reste du temps, je fouinais un peu partout à la recherche de quelque chose d’intéressant ou d'utiles comme de la bouffe, des clopes, des piles, des bijoux de valeurs etc, etc. J'ai fais pas mal de sport, et tout les six mois à peu près, je choisis une nouvelle habitation pour changer d'air alors je voyage beaucoup. Chaque soir je pouvais admirer des couchés de soleil des quatre coins de la ville et je pourrais passer des heures entières à contempler les miracles de dame nature sur le monde.

Au début, me retrouver seul ici ne me déplaisait pas tant que ça, mais il arrive un moment où la frontière vers la folie est trop proche. Et sur ce sujet là, j’en connaissais un rayon. Sans savoir si cela était dû au manque de sommeil, à ma consommation abusive de bourbon ou à la solitude qui me rongeait, il m’arrivait parfois d’avoir des sortes d'hallucinations, je me sentais alors étourdi avant d'avoir des "visions". Seulement semblables à des nuancés de couleurs à moitié flous accompagné de voix inaudibles, ces visions étaient pour la plupart incompréhensible. Certaines étaient parfois un peu plus clairs, sans que cela ne paraisse sensé pour autant, j'y voyais le plus souvent des scènes de guerre, des actes barbares, la famine, la terreur et quelques nombreux désastres causés par l'Homme que j'avais oubliés. Mais malgré tout, le plus terrible, c'était ce rêve qui se répétait encore et encore. Je revivais alors la même scène chaque nuit, les unes après les autres.

Perdu dans une forêt luxuriante, je ne voyais pas à plus de 5 mètres tant la végétation paraissait dense et je me faufilais à un rythme effréné entre les arbres, comme poursuivi par la mort elle-même. Des frissons me glaçaient d’effroi et j’étais effrayé par une chose qu’il ne m’était pas donné d’apercevoir du coin de l’œil. Et soudain, me précipitant à travers bois je n’avais pas eu le temps de me rendre compte que la forêt disparaissait, qu’emporté par ma course je m’élançais alors vers le vide d’une immense falaise apparue là comme par enchantement. À la seconde où mon poids allait me faire chuter, le temps semblait alors s’être arrêté. Quand soudain, une demi-seconde après le temps d‘un flash de lumière, je me retrouvais dans une magnifique clairière verdoyante.

Éclairée elle était traversée par un léger court d’eau claire dégageant un petit bruissement très apaisant, cela créait un contraste plus qu’appréciable après cette véritable course poursuite terrifiante. Tout ceci semblait m’avoir ramené non loin de mon point de départ en forêt, à une dizaine de mètres de moi se trouvait une porte blanche aussi pure et propre qu’intrigante. Elle était là, debout, à l’ombre d’un majestueux chêne si grand que ses branches tamisaient quelques peu les douces lueurs du soleil avant même qu'elle ne parvienne sur les cimes du reste de la forêt. Une fois mon regard posé sur elle, une envie incontrôlable d’aller voir de plus près m’était alors venue. Après quelques pas seulement, j'étais face à elle, immaculée, sans défaut, la poignée chromée retenait alors toute mon attention... Que pouvait-il y avoir derrière ?

Après un instant, hésitant la poignée en main, je traversais enfin pour y découvrir une vaste pièce semblable à une immense bibliothèque. À l'image de la porte, elle était immaculée, pure mais contrairement à cette dernière était complètement démesurée. Quelques peu embrumée et beaucoup trop éclairée à mon goût, le lieu avait une atmosphère mystique. Observant autour de moi je repère alors un livre dans une étagère dont la reliure porte mon nom. Et à cet instant, chaque fois je suis réveillé dans un violent sursaut mêlé à des sueurs froides après une phrase prononcée par des voix à l’unisson qui résonnent dans cet salle à l’allure céleste :

- « Parfois, la souffrance est l'unique chemin. »

Bien que je ne comprenne pas très bien ce que tout cela signifiait, ces rêves me paraissaient bien trop réels et provoquaient de nombreuses crises d'insomnies. Et chaque jour depuis mon amnésie, des questions hantaient mon esprit, s'accumulaient et j’étais constamment en quête de réponses, que je pensais sans aucun doute ne jamais trouver.


Texte publié par MK, 16 avril 2018 à 15h44
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