Pourquoi vous inscrire ?
Altitude des Songes Tome 1-La voie de l'espoir
icone Fiche icone Fils de discussion icone Lecture icone 0 commentaire 0
«
»
tome 1, Chapitre 11 « 11-DES SOMMETS AU BAS FONDS » tome 1, Chapitre 11

Une fois la table débarrassait de toutes ces victuailles, nous transportions toute la vaisselle à la cuisine. Tout le monde faisait un grand accueil à Douce comme si elle était très proche d’eux, elle fit une accolade à toutes les cuisinières ainsi qu'au plus jeune de tous les commis. En reprenant notre chemin, une question me brulait les lèvres.

- Je t'en supplie pose ta question, me demanda-t-elle sans se retourner ce qui me désarma presque complètement.

- Pourquoi tant de familiarité avec de simples larbins, je ne comprends absolument pas ?.

- J'ai bien compris que tu ne comprenais pas, dit-elle d'un ton laconique. Ces femmes ont pris soin de moi quand j'étais petite jusqu’à ce que je devienne Acolyte.

Il s'agissait de la reconnaissance, si elle étendait cela à toutes les personnes qui lui avaient rendu un service, sa tête allait exploser. Il était impossible de penser à tout le monde tout le temps. Était-elle orpheline comme moi ?

- Tu n'as pas été élevé par tes parents, dis-je à bruler pourpoint.

- Non, je suis contente que tu aies retrouvé un peu d'énergie. J’ai peur que toute cette curiosité ne t'épuise très vite. En général les parents Lanthians élèvent leurs enfants jusqu'à l'âge de dix ans ensuite, ils sont pris en charge pour leurs formations dans les différentes voies qui s'offrent à eux.

Elle ne daignait pas s'arrêter pour répondre à mes questions, cela me faisait l'effet d'être pris pour un enfant trop curieux. J’étais considérablement agacé par sa manière d’éviter de répondre à ma question.

- Sont-ils morts ?

- Non, ils se portent bien. Merci de porter tant d’attention à ma personne.

Je me mordais la langue. J’étais allé trop loin. Nous passions une porte lourde en bois massif, elle était protégée par une imposante herse. Dès notre sortie du château, j’avais aperçu le bastion avec sa grande tour au sommet élargie. Les deux gardes ne bougèrent que leurs yeux à notre passage, il gardait une parfaite immobilité, j'admirais une telle discipline. Une fois dans la première cour, je repérai sept enfants en tunique jaune ;  de taille, d’âge et de sexe différent. Ils se tenaient devant un mannequin en bois et répétaient des enchainements au sabre. Au centre de la cour se trouvait un homme aux cheveux blancs, mâchoire carrée et avec une musculature impressionnante. Il portait le même uniflore bleu clair que Douce. L'homme fit un rapide geste de la main à notre encontre, Douce obliqua dans sa direction.

- Bonjour Chevalier Douce, lui dit-il.

- Bonjour Maitre d'armes, lui répondit-elle.

- Pourriez-vous nous honorer d'une courte leçon qui pourrait motiver mes élèves ?

D'un simple hochement de tête, elle accepta.

- Compagnons halte, dit-il d'une voie autoritaire. Buvez et remettez-vous en rang.

Je regardai la discipline et surtout le silence dans lequel s’exécutèrent ses ordres. Elle ne plaisantait pas sur cette interdiction de parler, j'observai leur jeune visage, ils acceptaient les ordres comme des moutons suivent un berger, je trouvai cela extrêmement triste.

- Compagnons, dit Douce en coupant la parole au Maitre d'armes pour lui signifier qu'elle avait déjà fait les présentations. D'un petit geste discret, elle lui rendit la parole.

- Je vois qu'elle s'est déjà présentée, mais la connaissant depuis toute petite comme vous tous ici. Je suis sûr qu'elle ne vous a pas dit qu'elle était le plus jeune Acolyte de tous les temps. Les trois fleurs de lys sur son écharpe nous informent de son rang dans le grade des Chevaliers, si les rumeurs sont fondées, ce soir elle deviendra le plus jeune Maitre de toute notre histoire.

Je vis Douce virer au rouge, elle reprit la parole au maitre d'armes qui était fort aise de sa petite joute verbale.

- La rumeur est exacte. Pour tous les grades, il y a une épreuve mais je ne suis pas ici pour parler de moi. J'ai une leçon en tête qui me semble à la portée de votre compréhension. Maitre d'armes pourriez-vous faire rentrer dans le cercle vos deux meilleurs Compagnons.

D'un simple mouvement du doigt rentrèrent une grande fille visiblement bien en avance dans sa croissance et un garçon d'une tête plus petit.

Douce se dirigea vers moi.

- Acolyte Altier, veuillez vous mettre en position devant vos deux adversaires dit-elle en posant sa main dans mon dos,.

Je me sentais insulter de me retrouver face à deux gamins.

- Mon élève a été récemment blessé, cela lui offrira un excellent exercice pour se remettre.

Je tirai mon sabre, je constatai que sa lame en était émoussée. Ils les gardèrent dans leur fourreau en s'écartant de part et d'autre de moi. Ils attendaient le signal de leur maitre pour attaquer. Je connaissais cette technique ultrarapide qui combinait l’attaque et la défense. Ils se mirent en position de dégainer, les jambes pliées, main droite sur le sabre et la main gauche sur le fourreau.

Ils firent l’erreur d'attaquer simultanément, d'un bon de côté sur ma gauche je me plaçai à bonne distance de mon adversaire de droite. Je parai facilement leurs attaques qui manquaient clairement de puissance mais au moment où je tentais d'enrouler et de le désarmer il rétracta sa lame.

Je continuai à tourner pour n'avoir à affronter qu'une seule lame à la fois. Je manquai d'énergie et de souffle pour continuer la danse, je chargeai le jeune garçon avec une attaque puissante verticale à deux mains qui le fit tituber vers l'arrière. J'achevai de le renverser en le frappant main ouverte sur l'épaule. Je parai de justesse l’attaque puissante de la jeune fille. Elle s’était réjouie trop tôt de sa victoire, je profitai de cette seconde d’inattention pour repousser sa lame en arrière. Je lui saisissais le poignet droit et d'un geste fluide je glissai ma lame sous sa gorge, le combat était terminé.

- Bien tu peux aller boire, quand tu auras fini de te désaltérer, tu recommenceras contre trois adversaires, dit-elle d'un ton autoritaire à mon encontre.

J’étais à bout de souffle, je luttais pour ne pas poser un genou à terre et garder ma fierté intacte. J’avais sous-estimé ses jeunes compagnons et surestimé mes forces. En arrivant devant la fontaine, j'actionnai le levier en me remémorant le combat. Je cherchai une faille que je pourrais exploiter avec mon expérience tout en laissant l'eau rentré dans ma bouche. Je repartais vers le milieu de la cour.

Je remarquai qu'autour des mannequins étaient tracés deux cercles matérialisant la portée. Je tenais le début d'une solution j'étais plus grand et ma portée était supérieure. Je devais éviter la fuite qui consommait trop d'énergie et privilégiait les attaques d'estoc (7) en cassant la distance. Mon troisième et nouveau adversaire était un deuxième garçon de taille moyenne entre les deux autres.

Je prenais place, leurs sabres étaient hors de leur fourreau. Il fallait que j'en neutralisant un en moins de deux assauts. Lentement je saisissais mon fourreau avec ma main gauche. En présentant le dos de ma lame sur mon pouce, je la rentrais le plus lentement possible dans son fourreau. Je voulais gagner du temps, mon cœur battait encore fort dans ma poitrine, je scrutais ma première cible du coin de l'œil.

Le maitre d'armes donna le signe du départ, les compagnons s'approchèrent et s’écartèrent pour m'entourer. Je ne pouvais charger sans laisser mon dos sans défense et je ne pouvais pas sortir du cercle pour m'adosser à un mur. J'avais misé sur une erreur de jeunesse, je n'avais pas d'autre plan. La fille sur ma droite fit une attaque d'estoc que je repoussais facilement en dégainant comme l'éclair. Son attaque était une feinte, je repoussais violemment sa lame en arrière.

Elle avait reculé juste au bon moment pour éviter l’impact de ma lame. Celui sur ma gauche en profita pour attaquer mon dos, je fis une attaque circulaire vers l'arrière qu’il para in extremis. Celui du centre fit une attaque de taille verticale, je bloquais son sabre, laissant le temps à la fille et à celui de gauche de glisser leurs lames sous mon cou, Je venais de perdre contre trois enfants.

- Bien je vois que vous avez compris, vous allez recommencer avec l'acolyte Vitale, dit la voix de Douce dans mons dos.

Je rengainai mon sabre en silence, le Prince prit ma place avec son sabre dégainé. J'avais souvent vu ce regard, je connaissais son aptitude à trouver rapidement une stratégie. Le Maitre d'armes fit signe de commencer, il se rua droit au centre d'un coup d'estoc suivi d’un coup de taille. Il perfora leur défense de groupe au troisième mouvement, il venait de désarmer la fille.

Il offrait son dos aux plus jeunes des deux garçons, je lui avais appris cette feinte. Au dernier moment, il esquiva la lame et du plat de son sabre frappa violemment son poignet projetant au sol l’arme de son adversaire. Il para aisément l'attaque du troisième d'un geste rapide. Il bloqua facilement la lame de son adversaire avec sa main gauche et lui décocha un coup de pied dans l'estomac. Le Prince Hassor avait usé de toute sa force dès le début du combat, il rengaina et tendit la main au compagnon qu’il avait renversé.

- Je pense que l'Acolyte Vitale a compris la première leçon. Vous devez coordonner vos attaques. Maintenant, je voudrais que le Maitre d'armes et mes deux Acolytes prennent place en face de moi.

J’avais repris mon souffle, mais je me sentais encore faible. Le maître d'arme rejoignait le Prince au milieu, je me redressais et marchais vers eux.

- Nous devons essayer de tenir le plus longtemps possible, nous dit le vieux soldat en sortant son sabre long.

Nous l'imitions pendant que Douce sortait le fourreau de l'écharpe en cuir sans en sortir le sabre. Elle avança d’un pas tranquille vers nous, elle tenait son fourreau dans sa main gauche. Sa défense était complètement ouverte, ni le Maitre d'armes ni le Prince ne bougeaient. Dans moins de trois pas, elle serait à notre portée.

Elle continuait à avancer au moment où le Prince fit mine d'attaquer, elle lui donna un coup violent au foie avec la pointe du fourreau. Le Maitre d'armes tenta de profiter de l’intervalle, mais elle roula sous son attaque de taille horizontale. En se relevant elle enfonça brutalement le pommeau de son sabre dans son ventre. Elle le contourna pendant qu’il posait les genoux à terre.

Je voyais le Prince qui essayait de se relever en vain. Je tentai un coup de taille oblique qu'elle para avec le fourreau et dans une rotation rapide enroula mon sabre et le fit sauter de mes mains. Le temps sembla s'arrêter. Mon regard était figé sur son arme. Elle n'avait même pas pris la peine de dégainer sa lame alors que la mienne était à mes pieds.

Douce me contourna et vint se placer devant les compagnons.

- Apprendre à manier un sabre est important, apprendre à lire les intentions de nos adversaires est déterminant dans un combat, vous ne devez jamais l'oublier.

Le Maitre d'armes avait réussi à se relever. Il se tenait derrière Douce quand elle l'invita à reprendre la parole.

- Merci Chevalier Douce je pense qu'ils ne vont pas l'oublier.

Je venais de ramasser mon sabre quand le Prince parvint à se hisser sur ses jambes. Il se dirigea vers Douce et vint se placer derrière elle, je l'imitais. Elle nous fit signe de la suivre. Après une courte marche elle s'arrêta devant une grande porte.

- Les thermes des hommes se trouvent ici, j'espère ne pas avoir frappé trop fort, je dois montrer l'exemple devant nos jeunes élèves.

- J'ai l'impression que tu es encore plus rapide que dans mes souvenirs. J'aimerais que tu m'apprennes cette technique pour lire les intentions de mes adversaires, lui répondit mon prince.

- Il te faudra maitriser d’abord les bases de la méditation et il me faudra l'accord de mes supérieurs pour t'enseigner cette technique. Pour le moment, profitez de ce moment pour vous laver, vous détendre et vous reposer. Quand vous vous sentirez assez reposé vous me trouverez au sommet de la tour d'observation.

Elle partit sans remarque et sans leçon. J’avais honte d’avoir été battu par une femme, elle m'avait ridiculisé deux fois. La première fois en me faisant affronter trois enfants et en me désarmant sans avoir sorti son sabre. Je n’avais jamais affronté un adversaire aussi rapide, nous pénétrions dans une pièce toute recouverte de bois rouge sombre. Je repérai deux bancs au centre de la pièce et des placards sur tous les murs.

- Déshabillons-nous, me dit le Prince. J'espère que la chaleur de l'eau atténuera la douleur au foie, je ne pensais pas qu'une personne d'apparence aussi faible pouvait frapper avec tant de violence.

- C'est sa vitesse mon Prince. Je n'ai même pas eu le temps de voir, comment elle m'avait désarmé, c'est très humiliant, avouai-je.

Il ne m’écoutait que d'une oreille et poursuivait son effeuillage. J'ôtai à peine mes bottes qu’il était déjà nu et commençait à plier soigneusement son uniforme.

- Pourquoi prendre tant de soin ce n'est pas l'uniforme de notre peuple ?.

- Je suis déçu Halkens, la leçon dans la cour n'était destinée qu’à nous, elle me semblait pourtant très claire, rajouta-t-il.

Son ton n'était pas celui de l'ami d'enfance mais celui de mon prince, je baissais instinctivement la tête. Sa main vint se poser sur mon épaule.

- Tout est différent ici, diffèrent ne veut pas dire que ce sont des mauvaises personnes. Je les pense plus sages et plus forts. S’ils acceptent de s'allier avec nous, ils pourraient sauver notre peuple. Mais pourquoi s'allierait-il avec nous si nous faisons de chaque différence un mur qui sépare nos peuples.

Mon ressentiment venait de diminuer, il fit demi-tour.

- Regarde mon ami ce magnifique ouvrage sur les casiers, tu ne remarques donc rien.

Il posa sa main sur le premier à sa gauche et en tira la poignée.

- Il n’y a aucun cadenas, dis-je.

- Et aucune serrure sur les portes, je pense qu’il y a une vérité intéressante à découvrir dans cette absence de serrures et de cadenas. Prends soin de cet uniforme.

Son ton n'était pas autoritaire, il s'agissait de la demande d'un ami. Je l'imitais en rangeant le plus délicatement mon uniforme dans un casier libre. Les gravures étaient d'une qualité exceptionnelle représentant une chaine de montagne. Je sortais par l'autre extrémité. De l'ambiance bois des vestiaires je passai à une pièce aux dimensions bien plus grande uniquement en pierre de taille.

Le Prince était immergé dans un bassin d'eau fumante. Mon regard se posa sur lui, il me montra une série de tabourets disposés autour d'un bassin d'eau qui semblait encore plus chaude. En m'approchant, je repérai des bacs de gros bloc de savon. Avec un premier seau, je me mouillais le corps de la tête aux pieds et entreprenais de laver chaque centimètre de mon corps. Le dernier bain datait depuis un long moment.

Les immersions dans de l'eau chaude étaient réservées au noble, je fis une toilette très minutieuse. Au troisième seau, l'eau restait enfin claire, je rejoignis le Prince en remettant tout à sa place. Je regardai la peau à l'endroit où la flèche m'avait transpercé, elle était plus rose et plus sensible. En bougeant le bras, je constatai qu’elle avait regagné son élasticité. Tous mes muscles étaient complètement soignés, je repérai les marches qui descendaient dans le bassin

- Putain c'est bouillant, hurlais-je.

- Vas-y lentement ton corps va s'y habituer, c'est très agréable.

La marche sur les pierres froides avait rafraichi la plante de mes pieds m’exposant à une grande amplitude de température. Au bout de quelques minutes, je réussis à poser complètement les pieds dans l'eau chaude. Je m'assaillais sur les premières marches et en mettant mes mains en coupe, j’entrepris d'élever lentement la température de ma peau. Je réussis finalement à m'immerger complètement. Nous gardons un silence absolu, se délectant de la détente que nous offrait cette chaleur qui s'emparait de nos corps. D'autres hommes vinrent nous rejoindre respectant à leur l'absence de bruit. Quand trois autres firent leur apparition, mon prince me fit signe qu'il était temps de sortir. Ce mélange de jeunes hommes et d’hommes d'âges mûrs dans le plus simple appareil était surprenant.

Je comprenais pourquoi chaque sexe avait ses propres thermes. Je savais ce que j'aurais tenté en présence de femmes complètement nues. Je caressais l'idée qu'un tel endroit existe : désir, plaisir et détente. En remettant mon uniforme, je constatai que la chaleur avait fait disparaitre une bonne partie de ma fatigue ainsi que toute envie de faire un effort physique. L’ascension de la grande tour fut un véritable calvaire, j'avais envie de m'allonger sur un lit et de continuer cette phase de détente par une longue et agréable sieste.


Texte publié par Lâhm, 18 juin 2018 à 22h33
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 11 « 11-DES SOMMETS AU BAS FONDS » tome 1, Chapitre 11
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2622 histoires publiées
1171 membres inscrits
Notre membre le plus récent est WULONG8741
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés