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Altitude des Songes Tome 1-La voie de l'espoir
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tome 1, Chapitre 6 « 6-A DECOUVERT » tome 1, Chapitre 6

Nous suivions le grand aigle d'Ithor vers l'est. Je consultai ma carte, il nous emmenait droit sur la forêt de Sirk. Je n’aurais pas choisi ce point d'entrée car d'après les rapports de nos espions, elle était lourdement gardée. Cette forêt était la seule partie de la frontière avec le royaume de Lanthia qui n'était pas dans les montagnes d’Ithor ou en mer. Mon père pensait que le premier coup de l'invasion passerait par la cité d'Haltica, les Lanthians contrôlaient trop bien les accès par la montagne.

Sur la mer, leurs mystérieux navires n'avaient jamais connu la défaite, à ma connaissance personne n'avait approché de prés ses navires. Nous savions qu'ils étaient aussi rapides qu'une Quinquérème toute voile dehors à la cadence de combat.

À la petite différence qu’il ne pouvait soutenir un tel rythme plus d'une heure, alors que leur navire pouvait le conservait sans utiliser leur rame. Nous ne savions pas qu’elles étaient les secrets d’une telle vitesse, personne ne pouvait les rattraper ni les surprendre. Nous avancions en silence, mes compagnons avaient compris qu’elle était notre destination. Un froid glacé progressait le long de ma colonne vertébrale, j'étais hanté par la vie que j'avais prise deux nuits plutôt. Le poids de la mort pesait lourd sur mes épaules, mon entraînement avait guidé mes gestes mais mon âme n'y était pas encore préparée, Halkens interrompit ma rêverie d'un bruit de gorge.

- Mon Prince, nous nous dirigeons vers le royaume des Lanthians n'est-ce pas ? Me demanda-t-il.

- Oui, mon ami elle est notre destination.

- Même si nous arrivons à traverser le royaume de Souabe sans nous faire capturer, tout le monde sait que personne n'est jamais revenu du royaume de Lanthia pour le raconter.

Il était plus âgé et beaucoup plus expérimenté que moi au combat, mais il ne connaissait pas le Chevalier Protège et sa promesse. Je ne pouvais pas l'en affranchir au cas où il serait capturé et torturé, ainsi il ne pourrait pas trahir un secret qu’il ignorerait.

- Sergent Halkens, je ne vous emmène pas vers la mort. J'ai un sauf-conduit qui assurera notre sécurité une fois arrivée à destination, il suffit de ne pas nous faire capturer dans le royaume de Souabe, dis-je sur ton des plus rassurants.

Notre guide nous fit quitter la route lorsque le soleil fut à son apogée, il nous fit traverser des champs et des routes tortueuses. Il était connu que l’acuité visuelle des aigles était de très loin supérieure à celle de l'homme, j'imaginais qu'il nous faisait contourner les patrouilles gardant la frontière. Au moment où le soleil se coucha dans notre dos, nous vîmes les premiers arbres de la forêt de Sirk

- Halte, nous allons nous restaurer et nous reposer ici. À la tombée de la nuit nous pénétrerons dans la forêt de Sirk pour atteindre notre destination, rajoutai-je.

Même si j'avais des doutes sur la réalisation de notre objectif, je masquais mes peurs et mes incertitudes au fond de moi, car rien ne se répand plus vite que les doutes. Le campement s'organisa en silence et le repas fut rapidement expédié. J'ordonnai à mes hommes de se reposer, Halkens se releva et vint s'asseoir à mes côtés après avoir attendu qu’Aksel et Gavin se mirent à ronfler. Je le sentis hésiter. Ses mots pouvaient être interprétés pour de l'insubordination.

- Je dois m'y rendre, tu n'es pas obligé de m'y accompagner ni toi ni les autres, j’ai juste besoin que vous fassiez diversion pour moi.

Je ne reviendrais au pays qu'à vos côtés mon Prince. Je peux prendre le premier tour.

De toute façon je n'arriverais pas à dormir, vas-te reposer, dis-je sur un ton résigné

Sans hésitation, il retourna sous sa couverture. Je connaissais son désir de reconnaissance, je venais de me servir de sa loyauté à mon égard pour conserver sa protection. Il croyait que cette mission me permettrait de succéder à mon père, mais pour cela il devait revenir avec moi au pays. Même si je savais qu'il tenait à moi en tant qu'ami, une partie de lui était motivée par l'avancement qu'il récolterait d'une telle mission. Je m'en voulais de le tenir dans l'ignorance, au moins six membres de la famille Hassor me précédaient dans cette liste et la différence de potentiel était insurmontable.

Par optimisme mon père ne s’était pas beaucoup attardé sur les risques de cette mission, car ils étaient grands et il me savait assez intelligent pour connaitre et éviter les pièges. Je n'avais pas fait d'adieu à ma mère, je marchai avec mes compagnons au-devant d'une mort probable. Je devais mener à terme ma mission. je n'étais certainement pas le plus brillant stratège, ni le meilleur bretteur ou le plus doué dans notre magie, mais mon peuple avait besoin d’aide.

J'avais lu beaucoup de rapports, les intentions des pays voisins à notre encontre étaient claires. Le chevalier Protège me l'avait prédit lors de notre rencontre, je n'avais que six ans, mais le souvenir de ses mots était resté vivace dans mon esprit. J'avais vu au cours de cinq dernières années tous les signes se réaliser, il n'y aurait plus de royaume de Vituri ni à gouverner ni à protéger si je ne réagissais pas. J'étais capable de comprendre ce qu'il passerait dans la prochaine décennie, même sans avoir le pouvoir de prémonition du Chevalier Protège. Il s'agissait d'un espoir de fou, cependant, j'étais motivé par deux choses : sauver mon peuple et revoir le Chevalier Protège, je fondais tous mes espoirs dans sa promesse.

Notre guide ailé piailla à trois reprises avant de reprendre son envol au milieu de la nuit, ses ailes avaient repoussé une grande quantité d'air. Je remis en route notre groupe qui avait été réveillé par les petits cris stridents de l'aigle, je décidai de laisser nos montures derrière nous. Au bout de quelques minutes, nous pénétrions dans la forêt à pas très prudent, la lumière reflétée par la lune était faible et presque entièrement arrêtée par la hauteur des arbres et de leurs feuillages. Nous marchions à moins de deux mètres d'intervalle avec l'épée au clair, seul Gavin tenait un arc en main. J'essayai de garder le cap nord-est tout en cherchant un itinéraire le plus facile possible, la nature avait repris ses droits. Il était compliqué de progresser dans une flore aussi dense, je repérai enfin un sentier qui semblait prendre la même direction que la nôtre. Instinctivement, je savais qu'il s'agissait d'un piège. Je ralentissais le pas à la recherche d’une embuscade ou d’une chausse-trappe (6).

Puis tout d'un coup, j'entendis un cri aigu et puissant venant du ciel. Après de longues minutes de vigilance extrême, une bouffée d’adrénaline s’empara de moi, je fis signe à mes compagnons de se mettre à couvert. À l'affut, je dirigeais toute mon attention sur ma capacité auditive, je repérai un grand bruit d'ailes à une dizaine de mètres devant nous sur le sentier, il avait dû se poser au sommet d'un arbre. Je ne pouvais le voir mais par de petits cris réguliers, je su qu'il tenait à me signaler la présence d'un danger. Personne ne pourrait anticiper que nous étions informés de sa présence par un aigle.

- Halkens, Gavin sortez du sentier par la gauche. Après quinze mètres, vous reprendrez une marche parallèle au sentier. Je pense qu’un danger devrait se trouver devant nous, attendez mon signal pour agir, murmurai-je.

- À vos ordres, dirent-ils à l'unisson, avant de disparaître à pas de loup.

- Aksel, suis-moi, dis-je à voix basse.

Nous quittions le sentier par la droite, j’entendais toujours les petits cris réguliers de notre ami à plumes. Dans cette mer d'encre, il arrivait encore à nous voir ainsi que nos adversaires. Je repérai une cabane qui était perchée à près de trois mètres au-dessus du sol, de deux mètres sur trois. Sans son aide, je n’aurais pu la repérer, une échelle était fixée à même le tronc.

- Restes-la et surveille les alentours, je vais aller neutraliser la sentinelle.

Je montai à l'échelle qui se résumait à des barres de bois clouées directement sur l’arbre. Mon grand poignard dans la bouche, j’arrivai sous la cabane au niveau de la trappe. Je m'arrêtai pour écouter l'homme, il respirait tranquillement. Ce poste d’observation devait être entouré de pièges servant à l’alerter. Avec beaucoup de précautions, je la soulevai en m'étonnant qu'elle ne soit pas fermée de l'intérieur, le grincement des gonds m'en fit découvrir la raison.

Je donnais un coup violent dans la trappe et me hissais rapidement sur le plancher. Je repérai l'homme se levant et se jetant sur moi avec son arme à la main. Je me saisissais de mon long poignard pour parer son attaque en fente qui visait directement mon cœur. Il répéta deux fois ses assauts avant que je n'arrive à raccourcir la distance. À sa quatrième tentative, je déviais sa lame et me rapprochai pour lui décocher un puissant crochet du gauche au foie. Pendant qu’il posait un genou à terre, je lui lacérai sa main droite qui lui fit lâcher son épée. J’enchaînai par un coup de botte puissant dans le ventre suivi d'un coup de genou à la tempe.

Il était désormais étendu inconscient sur le sol, je le soulevais et le posais sur sa couchette. Je le ficelais comme un rôti de porc en enfonçant un mouchoir dans sa bouche. Avant de quitter le poste d’observation, je repérai un tocsin finement ouvragé qui était placé sous le toit de l’abri, il devait servir à donner l'alerte. Je prenais une partie de ses vivres ainsi que toutes ses flèches avant de redescendre. Nous fîmes une courte pause pour nous restaurer. Nous reprîmes notre route avec beaucoup de prudence, La fatigue due à l’effort, le manque de sommeil et la vigilance extrême consommaient beaucoup d'énergie.

J'avais souvent marché dans nos montagnes et nos forêts, j'étais un pisteur aguerri, pouvant traquer mon gibier des jours entiers. Mais cette nuit, nous étions les proies. J'éprouvais un peu de compassion pour tous les animaux que j'avais chassés, tués et finalement mangés. La peur avait surement dû être la dernière émotion de leur vie, mes réflexions me tinrent compagnie jusqu'à ce que j'aperçoive les signes avant-coureurs de l'aube à l'est.

- Aksel, pars en reconnaissance trente pas à gauche du sentier. Gavin trente pas à droite, Halkens soixante plus en avant sur le sentier. Vous observerez les alentours quelques minutes. Quand vous reviendrez, j’aurais préparé le thé.

Avant que le jour soit complètement levé, nous finirions le pain et le fromage que j'avais volés à la sentinelle. Comme depuis le début de notre mission, ils s'exécutèrent dans l'instant. Je sortais du sentier en cherchant un espace assez grand entre Les arbres pour faire un petit feu discret, je réunissais des brindilles et des branches de bois sec encerclé de pierre pour maintenir le tout. Je plantai au bout de mon poignard un morceau de bois très sec, je l'arrosai d'une huile très inflammable. Je frottais ma pierre en silex et une pyrite l’une contre l’autre en direction de la pointe de mon poignard. La violente friction arracha et projeta un éclat de sulfure qui devint incandescent durant quelques secondes échauffées par le choc.

À mon troisième essai, j'enflammais l'extrémité de mon poignard que je plaçai immédiatement dans le cœur du foyer qui commença à fumer. Je remplissais une casserole d'eau que je plaçai sur le feu et le couvrais pour hâter l'ébullition. Je mettais une feuille de menthe séchée dans une boule que j'immergeais dans le liquide. Aksel fit le premier à me retrouver.

- Il n'y a que de la forêt à perte de vue mon Prince.

- Installe-toi. Le thé ne devrait pas tarder à être prêt.

Puis vint le tour de Halkens qui n'avait rien à signaler, Gavin revint en nous indiquant que vers le sud la forêt semblait devenir encore plus dense. Chacun sortit une part des provisions pendant que je versais le thé fumant dans les tasses métalliques. La menthe était très forte, elle me bouscula légèrement les entrailles, mais sa chaleur en était tout de même agréable. Cette petite pause eut le mérite de me sortir de ma torpeur. Soudain au nord-ouest, nous entendîmes un coup de cloche, notre attention fut immédiatement captivée par ce son. Quelques instants plus tard, une autre cloche plus au sud sonna deux fois, mon sang venait de se glacer dans mes veines. Était-ce un signal d’alerte ? Après un long moment qui me sembla durer une éternité, la première cloche se remit à sonner une seule fois, j'étais quasiment sûr qu'il s'agissait de la même cloche.

- C’est un code d’identification, Aksel, Gavin repartez le plus vite que vous pouvez à la cabane. Faites sonner trois fois la cloche, si la série continue avec une autre cloche qui retentirait quatre fois. Rejoignez-nous. Dans le cas contraire repartez aux chevaux et rentrez au pays

- À vos ordres mon Prince.

Ils disparurent par le chemin par lequel nous étions arrivés. Nous attendions dans un silence de terreur, si j’avais bien deviné, la série devrait continuer par d'autres sons provenant de cloches différentes à chaque fois, avec un tintement de plus à chaque poste d’observation. J’espérais que le code n’était pas plus complexe,

je me souvenais des premières leçons de code que j’avais apprises, les combinaisons de drapeaux de couleur pour les mouvements de troupes sur les champs de bataille faisaient partie de l’initiation. J’avais approfondi par la suite les divers codes d’alertes de type sonore et lumineux.

Les carnes de brume et les cloches établissaient des communications élémentaires entre des tours et des places fortes à éloignement faible et moyen. Les feux d’alerte en haut des montagnes permettaient une communication basique à très longue distance. Les oscillations lumineuses pouvaient remplacer une communication verbale à courte et moyenne portée, le savoir de ce dernier n’était inculqué qu’à une infimité de soldat et quelques officiers. Je connaissais les trois niveaux de ce code. Cette alternance de signaux lumineux pouvait remplacer tous les mots, les simples soldats ne pouvaient décrypter que des messages simples. Les officiers connaissaient le cryptage moyen. Seul quelque membre de la famille Hassor détenait le savoir du code d’urgence.

Un coup de cloche au nord-ouest m’extirpa de mes souvenirs, la série venait de recommencer. J'espérai que Gavin et Aksel arriveraient assez tôt pour ne pas éveiller les soupçons. Puis la deuxième cloche retentit deux fois. Le temps sembla s’arrêter, si mon instinct ne se trompait pas, c'était au tour de nos compagnons d'actionner la troisième. L'attente ne fut pas longue, j'entendis une cloche tinter trois fois. Nous étions à l'affut, une quatrième cloche sonna quatre fois au sud, puis une autre à l'est carillonna cinq fois, le silence revint tout à coup, en nous oppressant de son aura de mystère. Ma respiration se ralentit, la forêt était gigantesque, il devait y avoir aux minimums dix postes d'observation. La série recommença au nord-ouest et s’arrêta de nouveau au cinquième poste.

- Suis-moi, dis-je à Halkens en le tirant par le bras.

Je quittais le sentier à grandes foulées. J'espérais qu’Aksel et Gavin comprendraient que nous étions repérés, nous courions vers le royaume de Lanthia.

- Vous comptez les abandonner à leurs sorts ! Me demanda-t-il en reprenant son souffle.

- Si j'ai raison et que la série recommence. Ils devront répéter la série jusqu'à qu'ils comprennent que le sixième poste d'observation est compromis.

- Je ne comprends pas, nous n'avons neutralisé qu'un seul poste d'observation

Un cri venant d'une très haute altitude attira directement mon regard vers le ciel, il n’était qu’un petit point très haut au-dessus de nos têtes.

- Ce sont les Lanthians vers qui il nous dirige depuis hier, dis-je.

Je pointai du doigt le grand rapace en commençant à marcher dans sa direction, il volait bien plus haut et plus loin, il nous montrait la direction sans voler juste au-dessus de nous. J'en déduisis que son intention était de ne pas révéler notre position à nos ennemis, la lumière du matin était encore faible. Nous marchions rapidement lorsque la première cloche recommença à émettre un bruit puis la série se répéta jusqu'à la cinquième et s'arrêta de nouveau.

- Vous aviez raison, dit Halkens.

- Je pense que cela doit être plus compliqué, avant midi tous les hommes des garnisons de Sirk se déploieront dans toute la forêt et se mettront à notre recherche.

Je continuai à presser le pas avec mon épée en main, je tranchai la végétation pour accélérer notre progression. Il n'était plus question de ne laisser aucune trace. Une troisième série se fit entendre et s'arrêta de nouveau au même point, l'alerte générale n'allait pas tarder à être donnée. Nous courions presque lorsque de tous les coins de la forêt des cloches résonnèrent. J’espérais sincèrement qu’Aksel et Gavin ne chercheraient pas à nous rejoindre, mais je ne pouvais plus me permettre de penser à eux, car nous étions aussi dans la gueule du loup. Alors que le soleil se rapprochait de son zénith, j'entendis des bruits lointains de chiens.

- Courons ! Hurlai-je

D'un pas rapide, nous passions à un petit trot à travers la végétation dense. Cette barrière naturelle était très efficace. Elle entaillait nos vêtements et lacérait notre peau. Je me guidais en gardant un œil sur le grand aigle, je plaçais tous mes espoirs sur un oiseau. Cela pouvait paraître ridicule, mais je ne pouvais oublier son regard, j'étais persuadé qu'il ne me voulait pas du mal, il devait obéir à un Lanthian aux ordres du Chevalier Protège. Nous avancions vers le nord, ce chemin n'était pas le plus direct pour rejoindre la frontière. Mes oreilles surveillaient nos arrières, je tentai de déterminer si nos poursuivants gagnaient ou perdaient du terrain sur nous. Les aboiements semblaient plus lointains depuis qu'on était passé au trot. D’un signe de la main je fis signe à Halkens de s'arrêter.

- Buvons un peu sinon nous n'irons pas très loin, dis-je en saisissant ma gourde et en prenant cinq gorgé.

Halkens m'imita en prenant sa gourde.

- Mon Prince, je peux m’orienter vers l'ouest et essayer d'attirer l'attention sur moi.

- Faire deux groupes de deux était indispensable. Se diviser encore nous rendrait plus vulnérables. De plus sans l’aigle pour te diriger. Tu n’iras pas loin.

Je fis une pause dans mon explication pour tendre l’oreille.

- Il nous faut repartir et mettre le plus de distance avant d’être repéré.

Nous reprenions notre course vers le nord, j’avais repéré la grande route sur la carte qui avait été construite en plein milieu de la forêt. Elle la traversait d'ouest en est. Si nous continuions dans cette direction, nous allions être obligés de la franchir. Des hommes à cheval devaient désormais patrouiller sur ses pavés. Les aboiements des chiens avaient disparu. Soudain des coups de cornes de brumes retentirent vers l’est, vers nous et vers l'ouest. J'espérais que Gavin et Aksel essayaient de quitter la forêt. À l'est devait se trouver le sixième poste d'observation qui était resté muet à l'appel matinal. Le maître de l'aigle devait être la troisième cible des patrouilles, une clarté apparut à travers les arbustes au bout de mon champ de vision. Mes doutes diminuèrent un peu, nous venions d'arriver pile, entre deux des quatre grandes tours qui surplombaient la route. Malgré le danger imminent, ma confiance fut acquise en notre guide ailé.

- Bois et mange. Nous allons nous débarrasser de tous ce qui n'est pas nécessaire, ordonnais-je.

Nous prîmes le temps de nous asseoir et de refaire nos sacs laissant les objets les plus lourds et encombrant derrière nous. Nous étions en train de marcher le plus lentement possible quand j’entendis les chiens de nouveau dans mon champ auditif.

- Je pense que nous serons repérés des deux côtés une fois sur la grande route. Même à cheval, il leur faudra trois bonnes minutes pour arriver sur nous. Il faudra mettre le plus de distance pendant ce temps-là, rajoutai-je.

- Oui, je comprends après, ils seront à pied comme nous.

- Je pense aussi que les patrouilles cherchent à trois endroits différents. À l’ouest nos amis prennent la fuite, j’en suis persuadé. A l’est le maître de l’aigle devrait venir à notre rencontre, concluais-je.

- Il nous a apportés à manger. Je ne comprends pas votre raisonnement, ni la confiance que vous portez à cet oiseau.

- Si tu avais vu son regard, tu comprendrais.

Je comprenais ces doutes et je ne voulais pas perdre mon temps en argumentation.

- Une fois de l'autre côté de la route, nous irons au nord. Quand nous aurons mis assez de distances avec la route. Nous prendrons une route parallèle à cette dernière vers l'est.

- Dépêchons-nous, les chiens se rapprochent, intervint Halkens.

Laissant beaucoup de nos affaires sur place, nous franchîmes les huit mètres de la grande route à grandes enjambées. J'entendis des flèches se planter dans les arbres derrière nous, en l'espace de quelques secondes, nous étions de l'autre côté de la route. J'entendis aussitôt une puissante cloche résonner, je m'aperçus qu'ils y en avaient plusieurs, leurs sons provenaient probablement des grandes tours de garde. Elles devaient signaler par leur rythme notre position et notre direction.

L'adrénaline s'empara de nous, nos jambes bondissaient dans de grandes foulées. La mort se rapprochait dans notre dos, le bruit des flèches sifflant et heurtant les arbres commença à devenir notre environnement sonore. Ils voulaient justes nous effrayer car avec autant d'arbres, notre course n'était jamais rectiligne, n'offrant aucune ligne de tir dégagé à nos poursuivants. Au lieu de la peur, l'envie de vivre se propagea dans tout mon corps, tels des lapins nous détalions devant nos prédateurs qui perdaient un temps qui nous était précieux à décocher leurs flèches. Puis ils cessèrent les tirs et lâchèrent leurs molosses, leurs aboiements se rapprochèrent rapidement, le temps sembla s'évaporer dans mes gouttes de transpiration.

Au moment ils effectuèrent la jonction, je me retournai en dégainant mon épée et tranchai le crâne du premier, d'un revers de ma lame, j’ouvrais la gorge du deuxième. Il en restait trois qui s'arrêtèrent instantanément à la vue des corps sans vie de leurs congénères gisant à mes pieds, Halkens lâcha une flèche qui toucha un troisième. Sans réfléchir j'attaquai les deux autres en tranchant gravement la jambe d'un quatrième faisant fuir le dernier qu'Halkens abattit aussitôt. Je ne pris pas le temps de remettre mon épée dans son fourreau qu'une flèche passa au-dessus de mon épaule et vint se planter dans l'arbre à côté de Halkens. Nous reprîmes notre course, le combat avec les chiens avait permis à nos poursuivants de se rapprocher. Une flèche m'érafla la cuisse. Je découvris avec stupeur qu’elle venait de l'ouest. Une patrouille essayait de nous couper la route.

- Vite à l'est, ordonnai-je.

D'un coup d'œil j'avais repéré une dizaine d'hommes supplémentaires qui tentaient de nous déborder. Le soleil commençait à baisser dans le ciel, notre seule chance était de faire durer la poursuite jusqu'à la nuit. Heureusement, aucun groupe n'avait essayé de nous déborder simultanément par l'est. À son tour le groupe venant de l'ouest lâcha leurs chiens, je vis deux flèches passaient quasiment simultanément entre Halkens et moi, elles touchèrent de plein fouet les deux chiens. Je cherchai les deux archers qui venaient de nous donner ce léger moment de répit, j’abandonnai presque aussitôt ma recherche pour me tourner et terrasser le premier chien, avant qu'il ne fasse de mes mollets son repas. Je m'apprêtais à engager le combat avec les deux autres quand deux nouvelles flèches les arrêtèrent dans leurs élans.

- A Couvert, ils sont sur nous ! hurla Halkens.

Une fois à l’abri derrière un arbre, je remis mon épée dans le fourreau. Je me saisissais de mon arc et d'une flèche. Puis à nouveau, j’entendis le bruit de flèches sortant du bois en se dirigeant vers nos poursuivants, je perçu les cris de douleur au moment où les projectiles atteignirent leurs cibles.

- Courrez mon Prince, je vous couvre, dit Halkens en bandant son arc.

Je me dirigeai rapidement vers un arbre cinq mètres plus loin, plongeant au premier sifflement d'une flèche. J'étais passé derrière Halkens, j'arrivai enfin à découvrir un des archers qui nous venait en aide. Il était camouflé dans cinquante nuances du vert au marron de la tête aux pieds, je l’avais repéré parce qu'il me faisait signe. Je n'arrivai pas à discerner son visage qui était recouvert de terre et de feuille, il nous invitait à venir vers lui.

- Là, rejoins-le. Murmurais-je.

Au moment où je montrai notre sauveur du doigt, il lâcha une flèche vers Halkens, mon sang sembla se figer dans mes veines, le temps s'arrêta. Je ne vis la flèche qu'au départ, le temps de suivre sa direction, elle avait déjà atteint sa cible. Je découvrais Halkens en vie toujours à couvert derrière son arbre. En suivant la trajectoire du projectile, je découvris un homme gisant au sol, il avait essayé de nous contourner. Halkens retenait sa respiration, son visage était complètement blême, la flèche n'avait pas du passée loin de son visage.

- Arrête de rêver, va le rejoindre, criais-je.

Je sortais de ma cachette et lâchai une première flèche à l'aveuglette. Je me saisissais d'une deuxième flèche. Je distinguai aussitôt trois hommes qui sortaient à leur tour de leurs abris arc en main, mais j'avais un léger temps d'avance. Ma flèche partit avant, me laissant le temps de me jeter à terre derrière un autre arbre. Je cherchai Halkens du regard, il avait profité pour s’éloigner en courant vers notre sauveur que je n'arrivais plus à localiser. Il clouait tous nos adversaires sur place. Je pris une longue respiration et partais au pas de course sans me préoccuper de la discrétion. Des bruits de corne se mirent à résonner sans doute pour appeler tous les renforts à proximité, j’augmentai l’allure en essayant de rattraper Halkens. Au bout de quelques minutes, je le rejoignis, il était plié en deux en tentant de reprendre son souffle.

- Si jamais je le retrouve, je lui paye un tonneau de bière. Il m'a fait la peur de ma vie, dit-il en essayant de récupérer le contrôle de sa respiration.

- Un instant, j'ai cru que la flèche t'était destinée.

- Moi aussi, j'ai senti l'air se déplacer sur ma joue. Que faisons-nous ? Dans la panique j'avais cessé de regarder vers le ciel.

- Suivons notre ami ailé. Jusque-là il a toujours été un bon guide, repris-je.

- Vous croyez vraiment qu'il nous aide

- Je crois que c'est son Maitre qui lui demande de nous aider.

Nous repartions dans une marche rapide, nous profitions du temps que nous laisser les deux archers. Personne de censé ne tenterait d'avancer sans avoir repéré au préalable son adversaire, tout le courage qui venait de nous revenir disparut au son d'une multitude de cornes de brume qui étaient très proches

- Tous se rassemblent ici, on dirait. Cette nouvelle mélodie sent le piège qui se referme et nous ne savons toujours pas qu’elle est la distance qui nous sépare de la frontière, ironisa Halkens.

- La frontière est matérialisée par une grande rivière et c'est par sa rive qu'ils nous débordent, nous devons être très proches d'elle. Nous devons désormais nous méfier de l'ennemi qui est devant nous.

- Comment arrivez-vous à garder votre sang-froid. Nous sommes encerclés. Au mieux nous serons tués rapidement, au pire nous serons capturés, torturés avant d'être ...

- J'ai confiance, confiance dans une promesse et dans les prédictions d'un Chevalier Lanthian, je pense qu’elle m’aide à ternir sa propre promesse en envoyant ses hommes, dis-je en posant une main sur son bras pour le rassurer.

Tout ce qu'elle m'avait prédit, c'était réalisé. Je marquais une pause en me remémorant chaque son et chaque image que j'avais du Chevalier Protège.

- Elle vous a fait une grande impression, reprit-il.

Oui, tu as raison. Je ne l'ai jamais oublié.

Le souvenir de son visage, sa gentillesse, son calme ne m'avait jamais quitté.

- Quel est son nom ?

- Chevalier Protège, nous ne sommes plus très loin.

D'un simple geste, je rompais la conversation. Nous reprenions notre marche, nous étions en traque. Nous avancions prudemment à la recherche de nos adversaires qui continuaient à faire retentir le son rauque de leurs cornes. L'aigle volait beaucoup plus bas. Dans le contre-jour des berges, je distinguais trois formes qui scrutaient les abords ouest du fleuve. Nous ne pouvions pas perdre trop de temps avec ces gardes, nos poursuivants finiraient par submerger nos deux sauveurs. En approchant, j'en discernais deux de plus, trois étaient armés d’épées et les deux autres avaient des arcs.

- Il faut neutraliser leurs archers en premier, murmurais-je.

- Je suis très mauvais comme arbalétrier.

- Je sais, il faut nous déployer pour diviser leur tir et charger.

- Avec un bouclier, ça serait un bon plan. Ils vont nous embrocher dès la première flèche.

- Va dix mètres sur la gauche, quand je chargerais en attirant les tirs sur moi, tu te dirigeras rapidement et discrètement sur eux.

Il commença à émettre une protestation que je coupais d'un revers de la main, je m'écartais également de dix mètres sur ma droite. Je regardai Halkens se mettre en position. Un bruit de branche cassée m'indiqua que nos poursuivants arrivés par notre arrière, ils ne nous avaient pas encore repérés mais cela n'allait pas tarder. Je sortais de ma cachette en poussant le cri le plus puissant dont j'étais capable, je me mis à courir droit vers eux, des flèches se plantèrent à l'endroit où je me trouvai la seconde d'avant. Les cinq hommes devant moi me repérèrent immédiatement, ils avaient des arcs courts pouvant décocher leurs dards de métal à près de cent cinquante kilomètres par heure. Je n'étais plus qu’à une soixantaine de mètres, à cette distance, j’avais à peine plus d'une seconde pour esquiver, les cordes se tendirent et lâchèrent simultanément leurs traits mortels. J'effectuais un bon rapide sur le côté, les laissant passer près de moi.

Ils préparèrent une nouvelle volée que je tentais de perturber en lançant les deux kunaïs (6) que j’avais pris avant de sortir de ma cachette. Je savais que mon talent au lancer était faible à cette distance, sans marquer de pause, je n’avais aucune chance de les toucher. Je comptai sur le réflexe naturel de se cacher qu’avaient beaucoup de gens face à un objet projeté dans leur direction. Ils esquivèrent facilement les deux projectiles en mettant un genou au sol, je n'étais plus qu'à une dizaine de mètres lorsque les deux archers brandirent leurs armes.

Je relâchai par la pointe de mon épée toute l'énergie que j'avais accumulée dans ma main droite pendant ma course. Mon onde Céleste toucha violemment les deux archers au centre de leur groupe, deux des gardes m'accueillirent avec de grands coups d'épée que j'évitais maladroitement d'un bond arrière. Je tombai lourdement à la renverse, ils préparaient leur deuxième attaque lorsque Halkens donna un coup violent de son épaule transférant toute sa vitesse sur le deuxième garde qui le projeta sur le premier, les mettant tous deux à terre. D'un revers rapide il enroula l'épée du troisième qui était visiblement surpris par son irruption. Une fois désarmé, il lui transperça rapidement la jambe et le renversa d'un coup de botte puissant. Je retrouvai mes esprits, en me relevant j'assommais le premier garde du plat de ma lame pendant qu'il essayait de se rétablir, Halkens fit de même avec le deuxième.

- Merci mon ami.

- Pardonnez-moi mon Prince pour ce que je vais dire. Mais c'était de la pure folie de charger deux archers sans bouclier.

Je regardai les deux hommes sans vie par terre. Leurs armes étaient coupées en deux par mon attaque, une entaille profonde partait de l'épaule de celui de gauche jusqu’à la hanche de celui de droite. Leurs entrailles étaient mises à nu, le sang maculait leurs uniformes. Mon estomac se tordit et rejeta tout son contenu, je n'avais pas voulu les tuer. J'avais utilisé toute ma puissance pour rester en vie, sans contrôle ce pouvoir ne me servait à rien.

- Partons mon Prince, notre ami est en train de traverser la rivière là-bas.

Il me sortit de mon angoisse en me montrant un des deux archers qui nous avaient aidés, il franchissait la rivière en sautant avec beaucoup d’agilité sur des grosses pierres. Halkens me hissa sur mes jambes, je n'avais même pas réalisé que j'étais tombé sur les genoux. Il glissa son bras sous mon épaule et me força à presser le pas.

J'étais amoindri par l'énergie que m'avait coutée ma puissante attaque, Halkens traversa avec une grande vélocité à la suite de nos sauveurs. Mes prises d’appuis étaient hésitantes, le cours d’eau était rapide à cet endroit. Je devais m’accrocher, je finis la traversée à quatre pattes. A deux reprises j’avais failli tomber, avec l’aide d’Halkens je me hissai sur la rive est du fleuve. Un soulagement s’empara de moi, nous étions enfin arrivés dans le royaume de Lanthia.

Je marchai péniblement vers les premiers arbres quand une pluie de flèches s'abattit sur nous par l’autre rive. Au premier sifflement nous nous étions jeter à terre, je les voyais sortir de la forêt en s’apprêtant à décocher un nouveau tir. Nous nous relevions en tentant de nous mettre à l’abri. Une pointe de métal m'arracha un bout de mollet et me déséquilibra, je serrais les dents et sautais avec ma jambe valide à couvert. Nos poursuivants ne semblaient pas s’inquiéter de pénétrer dans le royaume de Lanthia, je rampais derrière un arbre, la blessure n’était pas profonde, mais je ne pourrais plus courir. Halkens se rapprocha rapidement de moi et entreprit de me soulever par l’épaule.

- Il ne faut pas rester ici, dit Halkens.

Une nouvelle volée nous força à plonger à nouveau à terre. Ils traversaient le fleuve, nous n'avions plus qu'une centaine de mètres d’avance. Nous nous remîmes debout et continuâmes une marche rapide, je boitai fort et l’inclinaison du terrain ne m’aidait pas. Nos adversaires gagnaient du terrain, je ne trouvais aucune trace des Lanthians, Halkens retira son bras pour se saisir de son arc et lâcha une première flèche vers nos poursuivants.

- Je vais les retenir, mon Prince.

- Merci, dis-je.

Je ne gâchais pas plus ce temps qu’il m’offrait, ma jambe gauche se tétanisait de plus en plus sous l’effet de la douleur. J’avançai tant bien que mal en prenant appui sur le fourreau de mon épée, soudain un cri aigu attira mon regard vers le ciel, il se dirigeait vers le nord. Je sentais mon courage me revenir, je regardai en arrière, Halkens avait entendu le signal et venait à ma rencontre. Il fit une pause pour lâcher la dernière flèche qui lui restait. Je redoublais d’efforts les yeux fixés sur l’aigle, il nous guidait vers un renfoncement très escarpé dont la hauteur se trouvait à peine cinq mètres plus haut, j'entendis Halkens arriver dans mon dos.

- Nous devons escalader cette paroi, c'est notre seule chance, dis-je.

Il m'emboita le pas. Au moment où je posai mes mains sur la roche, je l'entendis crier. Je me retournai, une flèche venait de lui toucher l'épaule. Je me rapprochais de lui lorsque cinq hommes arrivèrent devant moi l'arme au fourreau.

- Pose tes armes à terre, dit l'homme qui s'avançait vers moi. Tu es encerclé.

Il marqua une pause puis il sortit la sienne. D'un mouvement de sa lame vers le bas, il m'invita à jeter la mienne à terre. De sa main gauche, il fit signe aux autres de s’approcher, je remarquai une douzaine d'hommes supplémentaires se rapprochaient, la moitié portait des arcs.

- Je préfère mourir l'arme à la main, lui répondis-je.

Je ne voulais pas être pris vivant, je connaissais beaucoup de secret et mon ami était gravement blessé, la pointe avait transpercé son épaule gauche. Il tentait de s’asseoir en appuyant sur son bras droit, je sortais ma lame de sa gaine.

- Mais nous n'allons pas vous tuer, la vie d'un Hassor rapportera plus de son vivant.

Il fit signe aux hommes de se déployer autour de moi, j'en comptais onze. J' entendais Halkens souffrir, je rassemblai le peu d’énergie qu’il me restait pour me mettre en position défensive.

Celui de gauche se rua seul sur moi, je parai et le repoussai malgré la douleur, il fit signe aux autres de rester à l’écart. Il voulait jouer avec moi. Entre chaque assaut il donnait des regards à ses compagnons pour savourer sa future victoire, il était le plus jeune et voulait prouver sa valeur. À l’assaut suivant il lança une attaque puissante verticale que je parai difficilement pour me rapprocher de lui. En un instant avec ma main gauche, je me saisissais de mon poignard à la taille et lui enfonçait rapidement dans le bras droit.

- Tu étais trop confiant gamin, dis-je.

Je ne gaspillais pas mon énergie à le tuer, il était hors de combat. En boitant je me replaçais devant Halkens qui avait réussi à s’asseoir de trois quarts, adossé sur un peuplier. Dans le dos de nos poursuivants surgit un soldat Lanthian en armure complète, il marchait tranquillement vers mes quatre adversaires, l’homme qui m’avait parlé s’empressa de l’attaquer, mais le Lanthian était plus rapide.

Dans une tornade de coup de bouclier trois hommes tombèrent assommés en un instant, je profitai de l'effet de surprise pour neutraliser le dernier. J’entendis les sifflements d’une multitude de flèches partir du sommet de l’escarpement. Je découvrais trois soldats Lanthian munis d’arcs longs, ils s’étaient figés dans une parfaite immobilité, la flèche encochée et prête à partir dans l’instant.

- Laissez Tomber immédiatement vos armes ! rugit une voix.

D'un pas de côté, je repérai un grand soldat aux cheveux blancs qui marchait vers moi, deux hommes gisaient inertes derrière lui. La visière de son casque était relevée, son regard était dur, un trait de révolte relevait ses sourcils. Il se tourna vers nos adversaires et leva son bras droit, les trois archers sur la hauteur bandèrent simultanément leurs arcs à la tension maximale. Le soldat à mes côtés se plaça devant moi me protégeant de son grand bouclier. Ils ne plaisantaient pas, mes poursuivants le comprirent aussitôt, ils jetèrent progressivement toutes leurs armes.

- Ramassez tous vos blessés et quittez notre royaume sur-le-champ.

Je découvrais six archers, ils étaient tous transpercés au niveau de l'épaule par des longues flèches Lanthianes, le Capitaine fit le tour rassemblant toutes les armes de nos adversaires. Le soldat qui était à mes côtés se rapprocha d’Halkens, son visage restait caché par sa visière, Il ne la relevait pas au contraire des trois autres sur la hauteur. Il remit son épée dans son fourreau et ôta ses gants de cuir avant de saisir la hampe de la flèche, Halkens avait perdu beaucoup de sang. Les mains du soldat étaient petites et très fines, d'un coup sec il extirpa la flèche et arrêta le saignement en posant ses mains de part et d’autre de son épaule, cela ne suffirait pas à refermer la blessure, il faudrait surement la cautériser.

Au bout d'un long moment, il retira ses mains et posa avec beaucoup de précautions mon ami inconscient sur le sol. En m’approchant, je constatai que la blessure était refermée à l’endroit où la flèche avait déchiré son haut, je n'en croyais pas mes yeux.

- Soldat avez-vous fini de le soigner ? demanda le vieux soldat.

- Oui, Capitaine, dit une voix de femme.

- Pourra-t-il marcher ?

- Non, mon Capitaine, la pointe de la flèche était conçue pour faire beaucoup de dégâts. Le processus de guérison a beaucoup puisé dans ses ressources.

Un homme apparut en silence de derrière et fit signe aux trois archers de descendre de la hauteur.

- Sergent-chef, occupez-vous de transporter le blessé, reprit le commandant.

- Je peux les aider, c'est mon ami, intervins-je.

- Nous devons discuter de vos intentions à l’égard dans notre royaume. Prince Hassor, je vous prie de me remettre vos armes.

- Suis-je prisonnier ?

- Non, j'ai ordre de vous remettre à mon Commandent, si elle ne se trompe pas, vos intentions sont pacifiques.

Je lui tendis mon épée et mon poignard. Ils nous avaient sauvés, je prenais le sauve- conduit que je gardai précieusement sur mon cœur.

- Je viens en paix, votre Commandant ne se trompe pas.

- Elle ne se trompe jamais, enfin je l’espère pour moi et pour vous.

Son regard dur venait de disparaître en un instant, laissant la place à un large sourire, je lui donnais le parchemin dans son étui de cuir. J’avais mené à bien la première partie de ma mission, tous nos poursuivants étaient partis en vie. L’adrénaline retombante, je sentis mes forces m'abandonner. La douleur à mon mollet me revint brutalement et me força à poser mon séant au sol, le soldat qui venait de soigner mon ami s'approcha de moi et posa ses mains sur mes blessures.

- Tu as réussi à venir jusqu’à moi, dit-elle.

Je sentis une chaleur douce émanée de ses mains, ma tête commença soudain à tourner de plus en plus vite.

(Le prélude se termine dans le troisième chapitre de la femme qui rêvaità


Texte publié par Lâhm, 18 juin 2018 à 21h41
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