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Altitude des Songes Tome 1-La voie de l'espoir
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tome 1, Chapitre 4 « 4-L AUBERGE DE L OURS FURIEUX (Halkens) » tome 1, Chapitre 4

(Garde Halkens du royaume de Vituri)

Cela faisait près de deux heures que j'étais à une table de l'auberge de l'Ours Furieux. Je m’étais installé contre le mur dans un angle de la pièce de façon à voir l'entrée et une bonne partie de la pièce. L'établissement était de grande taille, le grand âtre faisait face à l'énorme comptoir qui faisait la jonction avec les cuisines par un espace taillé dans le mur, je comptais deux porcs embrochés au-dessus des flammes. Le tenancier s'occupait de tirer la bière d'énorme fût qui se trouvait derrière le bar à l'abri de la clientèle. Je venais de finir un repas plus que copieux pour une somme correcte, l'austérité ne semblait pas toucher ce royaume.

Je m'inquiétai pour mon Prince, les soins donnés à nos montures auraient dû lui prendre beaucoup moins de temps, personne ne semblait s'intéresser à moi. J'étais sur le qui-vive prêt à me saisir de mon épée et de trancher toutes personnes qui en voudraient à ma vie, j'avais peur mais j'avais appris à la contrôler pour obéir aux ordres. J'avais été élevé dans une garnison par le Sergent-chef Torsten, il était mon père adoptif. Mes parents avaient été tués par des brigands dès mon plus jeune âgen je n’avais aucun souvenir d’eux. Au début, mes tâches étaient simples : laver et réparer les habits des gardes, servir et desservir les repas jusqu’à l'âge de huit ans. Ensuite, il commença à me former au bâton. Le temps que mon corps s'endurcisse et que j'apprenne à connaître la douleur des coups reçus. Il me répétait sans cesse la même phrase « tant que tu souffres c’est que tu es en Vie ».

Au début, j’avais simplement retenu cette phrase. Après quelques années, je compris le sens caché dans sa phrase, il était idiot de perdre la vie parce que l’on a peur de la perdre. Il m'enseigna par la même occasion les premiers soins à appliquer sur les bleues, les entailles et pour une fracture. À l'âge de dix ans il m'enseigna les mouvements à l'épée courte. À quatorze, j'intégrais le corps de la garde et quittais sa chambre pour dormir dans le dortoir avec les autres gardes. Mon entraînement précoce aux armes me fit remarquer par un membre de la famille Hassor qui tenait à ce que j'entraine son jeune fils aux armes.

J’avais appris à son couronnement qu’il n’était autre que le fils de roi. Je me souvenais clairement du jour où il m’avait approché. Il ne portait quasiment aucun signe de richesse extérieur, un enfant le suivait de près. Je venais de m’entrainer contre deux jeunes gardes qui étaient de deux années plus âgés que moi. Malgré mon déficit de taille et de puissance, je maîtrisais sans le moindre effort leur entraînement.

J’avais déjà passé la moitié de ma vie à combattre, ma technique et mon expérience ne leur permettaient pas de rivaliser avec moi, même à deux contre un. Je fis la connaissance de Villyann, il était âgé d’une dizaine d’années. Il était concentré et très déterminé, son talent était loin d’être exceptionnel. Il travaillait sans cesse, sa vie n'était consacrée qu'à son entraînement : aux armes, à la tactique et aux lettres. Sa vie était très solitaire, progressivement nous étions devenus plus proches. Son ascendance Royale était un gouffre quasi infranchissable.

Lorsque notre vieux souverain décida de transmettre sa couronne à son fils, le père de Villyann devint le Roi Andor Igvan Hassor. Son nouveau statut l’emmena lui et sa famille à la capitale. Pendant dix ans j'avais continue ma vie de garde. J’avais atteint le grade de Sergent-chef à la brèche d'Astor. Ce village perché en hauteur dans nos montages était une des trois portes d'entrée à notre royaume par la terre. Ma mission était de coordonner les contrôles et la taxation à la frontière de toutes les marchandises qui y transitaient, je devais aussi assurer une surveillance de notre frontière.

Nous avions subi plusieurs attaques ces trois dernières années par des mercenaires. Ces derniers temps, ils ressemblaient de plus en plus à des troupes militaires habillées en bandits. La brèche d’Astor se trouvait à près de mille neuf cents mètres au-dessus du niveau de la mer, une route large la traversait et une grande muraille avait été érigée pour en fermer l'accès. Des tours de guets étaient placés de la brèche au sommet du col pour éviter de se faire prendre à revers par d'éventuels agresseurs. Je faisais durer la troisième pinte de bière lorsque Gavin rentra dans la grande salle à manger, il s’installa à trois tables de moi. D'un coup d’œil furtif, je comprenais que quelque chose ne se passait pas comme prévu. La salle était remplie de personne particulièrement éméchée. J'étais un garde pas un espion, une tension extrême s'empara de mon corps.

J'examinai la salle sous le contrôle d'une peur qui ravageait le fond de mon estomac, je finis d'une seule traite ma bière tentant de bruler ma peur avec le liquide contenu dans ma chope. La morsure brulante de l'alcool dans mon ventre suspendu pendant quelques instants l'angoisse qui s'était emparée de moi.

D'un geste rapide, je montrai le fond de mon gobelet à une fille qui ne devait pas avoir plus de dix ans, Gavin semblait avoir commandé un repas complet. Je l'observais du coin de l'œil, Il était dans son personnage jetant des regards noirs à tous ceux qui s'approchaient un peu trop. Je comprenais que malgré sa jeunesse il avait été formé par un maitre espion : à se déguiser et à rentrer dans la peau d’un autre personnage, il avait peut-être également reçu une formation d'assassin.

Du haut de sa vingtaine d'années, cette situation devait être la plus importante de ses missions. Il n'avait jamais eu à ôter la vie mais moi si, j'étais très doué dans cet art. Tous ceux qui avaient perdu leur vie au bout de ma lame avaient chèrement défendu leur peau sans pour autant m'infliger la moindre blessure. J’étais particulièrement fier de mes aptitudes de bretteur, je me servais de ce nouveau sentiment pour réduire dans le plus petit coin de mon esprit la peur qui m'avait envahi lors de l'arrivée de Gavin.

Je me repassai la situation dans ma tête, Gavin était rentré sans le Prince et sans Aksel. Quelque chose avait dû bouleverser nos plans, notre couverture ne devait pas être totalement compromise sinon Gavin ne serait pas venu jusqu'à l'auberge. Le Prince avait dû lui donner l'ordre de prendre contact avec moi et de m'informer des changements dans notre mission, je devais juste attendre qu’il finisse son repas et sorte de la pièce. Au bout d’un certain temps, il repoussa enfin ses couverts, je me levai aussitôt en finissant le reste de ma chope, cul sec. Je prenais la direction de l'extérieur pour aller me soulager sur la luzerne, à peine en position, je sentis un homme se placer à moins d'un mètre de moi.

- Demain, il faudra vendre les deux chevaux. Nous partirons vers le village d'Entrak, il va bien ne t’inquiète pas, dit Gavin.

- Je t'attendrais avec nos deux montures demain matin à l'aube, dis-je.

- Merci et bonne nuit.

Il fit demi-tour et repartit avant que je finisse, je regagnais rapidement ma chambre. Sans prendre la peine de me dévêtir, je me glissai sous une imposante couette. La chaleur, la satiété et l'esprit tranquille furent les ingrédients qui m’ouvrirent rapidement les portes du sommeil.

Je me réveillai avant que l'obscurité ne se retire complètement, j'avais toujours trouvé fascinant la perception inconsciente du temps pendant les phases de sommeil, ma vie de soldat m'avait appris rapidement à me mettre en action au saut du lit. Je descendais discrètement vers les écuries, je sortais de l'établissement, il n'y avait plus personne dans la salle, à l'exception d'un homme qui griffonnait des chiffres sur un grand cahier. J'étais enfin dehors, je contournai l'établissement pour rejoindre nos chevaux, je trouvais curieux l'absence d'activité humaine. Je ralentissais grandement mon pas à l'affut du moindre bruit, j'entendais du mouvement dans un box adjacent, je tirai mon épée le plus silencieusement possible.

Je me rapprochais de la source du bruit. Les premières lueurs de l'aube pénétrèrent et dévoilèrent ma présence par l'ombre projetée dans l'allée. D'un bond je me plaçai dans l'entrée et lançais ma lame vers l'homme qui venait de se relever en tirant maladroitement son épée. je le désarmai avant de réaliser que c'était Gavin

- Mon Maitre ne mentait pas sur tes qualités de combattant, dit-il en levant les mains en l'air en signe de reddition.

- Maitre espion je suppose, ramasse ton arme. Prenons deux autres montures dans les box d’à côté. Profitons de ce qu'elles ne soient pas surveillées.

- Non, nous ne pouvons pas, le Prince a mis hors d’état de nuire l'espion qui était en charge des écuries. Sa disparition éveillera les soupçons dès le matin. Voler des chevaux attireraient trop l'attention sur nous.

- Je comprends, prends la monture du Prince et vends-la au prochain village en direction d'Entrak. Je vais aller au sud avec la mienne et vous rejoindrais avant la tomber de la nuit.


Texte publié par Lâhm, 17 mai 2018 à 13h29
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