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tome 4, Chapitre 1 tome 4, Chapitre 1

En ce jour de janvier, Florentin dort dans une mauvaise auberge. Une de plus, un bâtiment de bois vermoulu dont la peinture s'écaille qui sert une nourriture bon marché qui n'a pas satisfait ses papilles mais qui lui a laissé le ventre plein, perdue dans un petit village anonyme du royaume de France. Incapable de dormir, il se tourne et se retourne dans son lit depuis des heures. « Ta dette a été payée dans le futur. ». Le musicien se retourne vivement mais il ne voit rien dans la pénombre de la chambre.

- Qui est là ? souffle-t'il aux ombres qui l'entourent en essayant de sonder l'obscurité.

Il distingue une ombre massive qui traverse la pièce avant de se fondre dans le mur.

- Un fantôme, en ce lieu? Non, je sais que c'est autre chose. conclut-il en frissonnant.

Empli de peur, il s'enroule plus étroitement dans le drap, se gardant bien de rentrer en contact avec la couverture de laine rêche désagréable au toucher et il se force à fermer les yeux dans l'espoir de trouver le sommeil. Le jeune homme de vingt-cinq ans hausse les épaules comme pour se persuader que sa vision n'est qu'un mauvais rêve. Un bras passé autour de l'oreiller, il s'endort, épuisé par sa longue journée de marche.

Durant des semaines, le violoniste erre de ville en ville, il joue sur les places gagnant à peine de quoi se nourrir et se loger. Pourtant, chaque soir après avoir compté ses gains de la journée, il met précieusement de côté tout l'argent qu'il peut par crainte de finir dans la pauvreté. Lorsqu'il doit puiser dans ses économies, il prend garde à se restreindre autant que possible. Bien conscient que cette situation ne peut durer, il apprécie sa liberté mais la peur de mourir de faim et de froid est plus grande encore. Il hésite à chercher une place fixe comme professeur de musique mais cette idée lui répugne d'autant plus qu'il sait que l'été pourra lui apporter des contrats car les fêtes se multiplient avec le beau temps. Le souvenir de ses parents le hante, il se revoit dans la grande maison jouant durant des heures sous la direction exigeante de son père puis de ses professeurs. Il revoit sa mère brodant dans un coin de la pièce, les écoutant un sourire aux lèvres, son chignon laissant s'échapper des mèches folles tandis que les bougies faisaient flamboyer ses cheveux blond vénitien. Il se souvient de ces jours de joie paisible perdus dans les brumes du passé entre la musique, les livres, le dessin et les longues promenades dans les environs.

- C'est la vie que j'aurais aimé vivre toute ma vie. Et celle que je compte bien retrouver un jour même si cela signifie que je dois épargner chaque sou des années durant. se jure-t'il entre ses dents.

Un jour de février, après une nouvelle nuit de marche, il atteint une petite ville où il s'arrête près d'une fontaine pour jouer quelques notes malgré la fatigue et le froid ; une petite foule se masse mais elle lui réclame des airs à la mode qui font grimacer le musicen. Florentin s'exécute pour gagner de quoi dormir au chaud cette nuit mais lorsque la foule se dissipe, la déception l'emplit.

- Pourtant, j'avais espéré que ce charmant village serait accueillant. Superstition stupide. se réprimande-t'il en serrant sa cape autour de sa gorge pour se protéger de la morsure du froid.

Il mange en marchant malgré le peu de provisions dont il dispose tandis que le soir tombe, bien conscient qu'il n'a pas gagné assez pour s'offrir un logis lorsqu'il bouscule un homme au détour d'une ruelle.

- Je vous demande pardon, monsieur, je ne vous avais pas vu. s'excuse le musicien dont la lèvre tremble de froid.

- Je vous ai entendu jouer tout à l'heure. Vous avez reçu une formation musicale?

- Oui, une solide formation avec les meilleurs professeurs comme l'avait souhaité mon père. dit machinalement Florentin qui n'aspire qu'à trouver une auberge où se réfugier loin du froid et s'offrir un repas chaud.

Le silence s'établit entre les deux hommes et le violoniste réprime difficilement le tremblement de ses jambes que le vent glace à chaque souffle.

- Ma fille joue du clavecin, elle a exprimé le souhait de jouer en duo pour progresser. Si vous pouviez lui servir de professeur et d'accompagnant. Je ne vous propose que le gîte, le couvert et la rétribution d'un professeur mais si vous l'acceptiez...

Tenté, Florentin fronce les sourcils.

- Vous n'avez trouvé personne en ville?

- Les bons professeurs croulent sous les demandes et se vendent au plus offrant.

Le musicien sourit imperceptiblement.

- Je les comprends. dit-il avec une pointe de regret dans la voix. J'accepte volontiers un essai et si nous nous convenons, ainsi que votre fille, j'espère que notre collaboration sera fructueuse pour tous les partis. Je voyage pour voir du pays et puiser l'inspiration dans de nouveaux horizons, je n'ai guère d'obligations. se justifie Florentin avec maladresse.

- Bien, présentez-vous chez moi demain dans la matinée, nous discuterons affaires. dit son futur employeur en lui tendant sa carte.

- Parfait, monsieur, à demain. répond l'artiste tandis que l'homme s'éloigne déjà.

Le lendemain matin après une nuit agitée, Florentin sonne à la grille de l'immeuble de bel aspect situé à l'extérieur de la ville. Vêtu d'un strict costume noir en bon état, il attend avec anxiété qu'on lui ouvre.

- Vous désirez, monsieur? demande l'homme à tout faire qui l'examine.

- J'ai rendez-vous avec monsieur de San-Dreolan. répond le jeune homme en lisant la carte de visite.

- Le professeur de musique. Le maître vous attend, suivez-moi.

Introduit dans l'office d'un notaire comme l'indique la plaque apposée sur la porte, le violoniste se trouve face à l'homme rencontré la veille.

- Asseyez-vous, monsieur? dit-il en désignant un siège.

- Leroy, Florentin Leroy. souffle le visiteur inquiet à l'idée que son interlocuteur lui demande ses références.

- Mon étude est au rez-de-chaussée de ma demeure et ma famille et moi-même vivons à l'étage. Mon épouse nous a quittés il y a trois ans et je vis avec ma fille de dix-huit ans qui sera votre élève et mon fils que vous ne croiserez guère. Il ne tardera pas à se marier et à s'installer dans sa propre demeure dès qu'il aura trouvé ce qu'il désire. Je vous offre la rémunération habituelle d'un professeur de musique et pour le reste, vous vous arrangerez avec Victoire qui vous attend dans le salon de musique si ces conditions vous conviennent.

- Tout à fait, monsieur. se force à dire Florentin malgré l'angoisse qui l'étreint à l'idée que la fille sera plus curieuse que son père et le démasquera.

Il dépose rapidement ses affaires dans la petite chambre propre qui sera la sienne située au fond de l'étage que la famille occupe. Il note d'un coup d'oeil le lit, le bureau et la petite armoire.

- Ce sera bien suffisant.

Il rejoint les domestiques dans l'office pour le déjeuner de midi en se remémorant sa rencontre.

- Vous êtes le nouveau professeur de musique? lui demande un homme inconnu.

- Oui et vous êtes?

- L'homme à tout faire. Voici la cuisinière et la femme de chambre, nous sommes les seules domestiques avec vous, bien entendu. Vous verrez, les maîtres sont exigeants comme tous les maîtres mais nous ne sommes pas à plaindre.

- Et mademoiselle? interroge Florentin tandis qu'on lui passe le pain dont il coupe un morceau avec son couteau se rendant compte trop tard que ses compagnons de table l'ont déchiré sans faire de manières.

Il rougit et s'empresse de séparer son morceau de pain en deux puis de croquer dedans à belles dents.

- Mademoiselle est charmante. l'assure la femme de chambre.

- Bien, c'est parfait. répond-il en mangeant sa soupe avec appétit.

Il se remémore les environs et il songe que ce quartier bourgeois lui offre des opportunités pour animer des soirées si ses maîtres le lui permettent et d'alourdir sa bourse. Le repas terminé, il s'enquiert dde l'emplacement du salon de musique où l'attend la jeune fille. Après s'être débarbouillé, il attraque son instrument et redescend les marches en courant.

- Elle a dix-huit ans, j'imagine que c'est une gamine gâtée qui ne sera guère appliquée. Si je m'y prends bien, je disposerai de temps pour ma musique. songe-t'il en frappant à la porte.

- Entrez!

- Bonjour, mademoiselle, je suis votre professeur de musique. Enfin, votre accompagnant, si j'ai bien compris.

Près de la fenêtre, la jeune fille se retourne et lui sourit.

- Bonjour, mon père m'a dit que vous jouez du violon. Et que vous a-t'il dit?

- Que je devais m'arranger avec vous pour les modalités de notre collaboration.

- Vraiment?

La demoiselle rit et il note ses cheveux blonds et ses yeux bleu qui le charment tandis qu'elle s'approche.

- Mon père n'entend pas grand chose à la musique mais il me laisse libre de m'adonner à ma passion. Je joue du clavecin, je suppose qu'il vous l'a dit.

- En effet, il me semble. répond-il, conscient de sa bévue tandis qu'il note que le clavecin paraît de prix et de bonne facture ainsi qu'il examine sans s'en rendre compte les partitions éparpillées dans la pièce.

- J'attends de vous que nous nous rencontrions en fin de matinée et en début d'après-midi. Si je n'utilise pas le salon de musique, je vous en cède volontiers l'usage. Pour être honnête, ni moi ni mon père ne nous soucions de ce que vous faites lorsque vous n'êtes pas à ma disposition. Nous avons une bibliothèque de taille respectable si cela vous agrée.

- Vraiment? questionne-t'il tandis que ses yeux s'illuminent de joie.

- Oui, mon frère n'est jamais là, mon père travaille et j'ai de multiples obligations. Vous ne serez pas dérangé. Parlez-moi de vous, de vos souhaits en matière de musique.

Pris au dépourvu, il réfléchit un long moment.

- Je compose et j'espère pouvoir mettre à profit mon temps libre pour me consacrer pleinement à mon art. Je jouerai tout ce que ce que vous attendez de moi, j'espère que vous me soumettrez vos partitions à l'avance pour me permettre de les travailler afin de vous servir au mieux.

- Que jouez-vous? Chantez-vous?

- Du violon, j'ai appris la flûte autrefois dans ma jeunesse. Quant à chanter, si cela vous procure quelque joie, je le ferai volontiers. Je jouerai tout ce qui vous plaira.

La jeune fille le dévisage et il sent son regard le détailler de la tête aux pieds. Mal à l'aise, il supporte l'examen quelques secondes avant de tourner ses regards vers la fenêtre.

- Que jouez-vous? Lorsque personne ne vous oblige à jouer sans en tirer quelque joie, bien évidemment?

- Vous vous gaussez de moi?

- Gausser? Il est vrai que notre bibliothèque semble susciter votre intérêt. Je m'ennuie pour tout vous avouer, mon père n'est jamais là, mon frère non plus et mon fiancé encore moins.

- Vous êtes fiancée? interroge Florentin qui n'avait pas remarqué l'anneau orné d'un diamant à son doigt.

- Cette idée vous déplait-elle?

- Loin de moi cette idée. J'ai seulement songé que vous quitterez la maison de votre père et que je devrai trouver un autre employeur.

- La date n'est pas fixée et ce ne sera pas avant l'été au plus tôt. Mais vous ne m'avez pas répondu. dit Victoire en s'asseyant sur la banquette située devant le clavecin.

- Selon ma fantaisie, des airs de cour, de salon, champêtres, des airs à danser. Mais lorsque je connaîtrai mieux vos goûts, je pourrai vous soumettre des propositions.

- Pourquoi attendre? Jouez-moi un air de votre composition. Ensuite, je vous jure que je cesse de vous torturer. Pour aujourd'hui tout au moins. dit-elle en retenant un sourire.

Florentin prend son instrument et il s'exécute, jouant le premier morceau qui lui passe par la tête sans parvenir à contenir une grimace. Aussi la valse terminée, il entame une gigue qu'il a composée dans sa jeunesse dont il estime ne pas avoir à rougir.

- Bien, je vous dis à demain, onze heures ici même, monsieur Leroy. Je vais informer mon père que nous nous convenons et pour me faire pardonner, je vous laisse la jouissance du salon de musique pour la journée. dit Victoire en quittant la pièce sans lui laisser le temps de répondre.

Resté seul, le jeune homme range son instrument, songeur.

- Elle n'a même pas joué. Elle s'est moqué de moi. Ce n'est qu'une gamine trop gâtée, une bourgeoise qui n'a que faire de musique. Mais si elle me permet de gagner mon pain et de composer, je dois m'estimer heureux, j'imagine. Elle a dix-huit ans, je doute que la perspective de rester enfermée durant des heures sous la direction d'un professeur de musique l'enchante. Avec de la chance, elle fuira cette corvée quotidienne me laissant libre.

Après avoir emprunté un ouvrage à la bibliothèque déserte, il se plonge dans sa lecture allongé sur son lit. Puis avec un soupir, il se met au travail et il commence à jouer pour combler le temps jusqu'à l'heure du souper dans le salon de musique déserté. Au bout de deux heures, épuisé par l'effort, il entame le tri de ses partitions inachevées dont il corrige à grands traits de plume les erreurs au fur et à mesure qu'il les joue. Puis il sélectionne un morceau qu'il répète inlassablement des heures durant jusqu'à atteindre le résultat souhaité avant de déserter la pièce à regret.

xXxXx

Florentin sent sa machoîre se crisper lorsqu'il trouve la jeune fille occupée à fouiller pami ses partitions en chantonnant. A son entrée, Victoire se retourne et lui sourit.

- Bonjour, fermez la porte je vous prie, je dois vous parler seule à seul.

Le jeune homme s'exécute et il attend avec inquiétude.

- Je vous prie de me pardonner mon attitude hautaine pour ne pas dire exécrable d'hier. J'étais fort contrariée. Et j'ose espérer que vous me pardonnerez ma curiosité.

Surpris, le violoniste hésite un instant.

- Bien sûr, vous êtes toute pardonnée.

- Vous m'en voyez fort aise, j'avais craint. N'en parlons plus. Commencerons-nous?

Retenant un soupir, il se force à sourire.

- Si tel est votre désir.

La jeune fille semble l'avoir oublié tandis qu'elle cherche parmi les partitions.

- Celle-ci devrait convenir. dit-elle en lui tendant un feuillet.

Il se penche sur le document et il masque mal sa déception.

- Je ne connais ni ce compositeur ni ce morceau. Une romance en italien, il me semble...

- C'est cela. Vous chantez m'a dit mon père ?

Interloqué, Florentin qui commençait à tendre les cordes de son violon s'arrête et il lève la tête vers Victoire.

- En effet et non, l'italien n'est pas un problème.

- Bien, je vais jouer le morceau une première fois en chantant puis vous vous joindrez à moi. dit-elle en s'installant au clavier.

La jeune fille lui tourne le dos et il laisse libre cours à son mécontentement alors que les premières notes s'élèvent.

- Mièvre, sans difficulté technique, compositeurs et chanson d'amour inconnus. Simple, répétitif. J'avais espéré mieux. pense-t'il en suivant les notes des yeux.

- Vous joindrez-vous à moi?

- Volontiers. répond-il en commençant à chanter à l'unisson de sa compagne.

A l'issue de la chanson, agacé, il empoigne son violon et il joue aussi vite que possible le morceau tout en réfléchissant. Il choisit de modifier le rythme de la romance et même si le résultat ne le satisfait guère, il lui est bien plus agréable à l'oreille.

- Monsieur, êtes-vous prêt? interroge Victoire sans faire de commentaires.

- Si vous l'êtes, mademoiselle. dit-il en songeant qu'il vient de perdre sa place.

Il se place derrière la jeune fille pour suivre la partion à son aise et ils jouent de concert à plusieurs reprises malgré l'agacement du jeune homme qui se contient.

- Ce sera tout pour ce matin; vers seize heures?

- Bien sûr. dit-il, soudain troublé.

- Vous vous sentez bien? Vous êtes pâle!

- Ce n'est rien, je... Ne vous inquiétez pas, à cet après-midi. répond le musicien en prenant ses affaires.

Seul dans sa chambre, il reste assis, prostré.

- Je la connais. Je le sais, pourtant, jamais je ne l'ai rencontrée auparavant. Elle m'agace et malgré tout, je sens mon cœur battre plus fort lorsqu'elle me regarde comme si une part de moi la reconnaissait. Non, je divague, je suis épuisé, il me faut dormir et être à l'heure.

Décidé à en avoir le cœur net, il se rend en avance au rendez-vous fixé et il détaille la pièce du regard. Les hautes fenêtres aux rideaux bleu clair brodés d'argent assortis au tapis qui couvre le sol, la petite table ronde et ses quatre chaises en un bois exotique sombre lui rappellent l'opulence de la première partie de sa vie. Il s'approche du clavecin et il laisse ses doigts caresser les touches avec mélancolie avant de prendre le paquet de partitions puis de s'installer dans un des fauteuils pour tenter de se faire une idée des inclinations de la fille de son employeur.

- Vous êtes déjà arrivé?

- Oui, je voulais prendre le temps de mieux vous connaître. Je ne goûte guère les romances, vous avez dû le remarquer mais il semble que nous ayons quelques opinions communes en matière de musique ce détail mis à part.

- N'hésitez pas à me soumettre vos propositions. dit la jeune fille en s'asseyant dans le fauteuil d'à côté pour se pencher vers lui. Et puisque vous composez, le salon de musique est à votre disposition, mon père n'entendra rien de son office et même de nuit, vous ne nous dérangerez guère si vous fermez la porte.

- Vraiment? dit-il en se tournant vers elle, ému à l'idée qu'il n'a pu jouer à l'insu de tous durant la nuit depuis la mort de ses parents.

- Bien sûr, la porte est de bois massif. Je vous l'ai dit, hors de nos rendez-vous, vous êtes totalement libre de vous vouer à votre art à moins que je ne trouve dans la pièce ou que je ne souhaite travailler.

Le jeune homme sourit avant d'essuyer les larmes qui perlent à ses yeux d'une main tremblante.


Texte publié par Bleuenn ar moana, 16 janvier 2020 à 13h38
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