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tome 1, Chapitre 15 tome 1, Chapitre 15

Un peu plus à l'aise financièrement, Florentin se remet au travail dans des auberges de meilleure réputation que les lieux où il se réfugie d'ordinaire. Un matin, dans sa chambre anonyme où il se sent étranger, les yeux rivés à la fenêtre, il se caresse la joue du bout de sa plume d'un air pensif ; puis il continue à aligner les notes sur le papier. Lorsqu'il les joue, il lui semble que les anges chantent du haut du ciel ; les notes cristallines sonnent un peu sourdes comme des rires étouffés qui se terminent dans un cri douloureux lorsqu’une corde soumise à une tension trop importante casse. Tiré de sa rêverie musicale, le jeune homme change la corde et il tente de retrouver l'inspiration qui ne vient plus. La source de son inspiration tarie, il sait qu'il est inutile d'insister aussi l'air rejoint une liasse de quelques partitions inachevées ; il sait bien qu'il finira par les terminer même si l'inspiration l'a quitté et que la mélodie sera bien loin de ce qu'il avait escompté. Toutefois, sa journée a été productive, il a terminé la correction et la mise au propre de trois partitions qu'il relit en remuant les lèvres qui finissent par s'étirer en un sourire satisfait. Il est ravi d'être parvenu à retranscrire ces airs exactement comme il les avait imaginés, sans correction ni remaniement. Fier de lui, le violoniste se met en tête de les jouer devant un public. Fébrile, il s'habille rapidement et il quitte l'auberge en courant, échevelé par sa course en bousculant un client qu'il remarque à peine dans sa hâte. Sur la place du village où il loge, il joue son air céleste qui rencontre un petit succès qui n'est pas à la hauteur du travail fourni. Les pièces pleuvent dans son chapeau et il salue son public avec un sourire. Le cœur léger, il se remet à travailler dur de longues heures durant pour améliorer et retranscrire les mélodies qu'il a en tête. Malheureusement, elles sont reçues dans l'indifférence générale lorsqu'il se met à jouer sur la même place une semaine plus tard. Grisé par son petit succès, il n'a pas anticipé que pareille chose puisse se produire et il perd confiance en ses capacités. Boudeur, il plie bagage et il se rend à la grande ville située à une journée de marche de là. Ses muscles crient de douleur car ils ont perdu l'habitude des longues marches mais l'artiste ne s'y attarde pas, il a déjà un autre air en tête et sa promenade par un beau jour de mai lui fait du bien.

Florentin reprend son vagabondage, allant de ville en village où il joue de nouveau sur les places dans le printemps finissant. L'air s'est radouci et le musicien apprécie de jouer au grand air, il ne regrette pas d'avoir quitté sa place et les appartements fermés où il aurait passé sa journée, enfermé. Il savoure sa liberté retrouvée même s'il a une pensée pour Hugo avec qui il aurait aimé correspondre, il s'est pris d'affection pour cet enfant. Il gagne mal sa vie mais il garde confiance. Pourtant au fil des semaines, il commence à douter. Les échecs s'accumulent, la foule passe, indifférente et sa bourse s'épuise. Il tente sa chance, marchant une grande partie de la nuit pour passer de village en ville mais bientôt, il doit se rendre à l'évidence, il doit se mettre en quête d'une place fixe s'il veut pouvoir subvenir à ses besoins.

Résigné, le jeune homme se remet à jouer puis à la fin de la journée, il se rend dans les beaux quartiers faire du porte-à-porte dans l'espoir d'apprendre qu'on recherche un professeur de musique ou un violoniste pour jouer dans des soirées. Il ne trouve rien et il commence à s'inquiéter, il sait qu'il ne peut survivre sans un minimum de revenus ; s'il tombe dans la mendicité, il ne pourra jamais retrouver sa position sociale dans un avenir plus ou moins proche. Désespéré, il supplie un bourgeois de lui indiquer un contact dans la ville où il pourrait tenter sa chance. Les larmes aux yeux, il maudit sa sensibilité. Face à lui, l'homme en complet gris hésite avant de lui dire d'attendre. Il referme brutalement la porte et Florentin se retrouve seul à sur le pas de la porte. De longues minutes s'écoulent, il allait repartir quand la porte s'ouvre de nouveau. L'homme lui tend un papier sur lequel il a noté le nom d'un de ses amis qui recherche souvent des ouvriers en cette période. Le violoniste remercie chaleureusement l'homme avant de reprendre sa route. Il demande son chemin et il se retrouve après avoir traversé la ville devant un immense entrepôt. Il se présente au contremaître qui le dirige vers le propriétaire des lieux qui est présent ce jour-là, surveillant les chargements. L'homme, grand et maigre, vêtu avec recherche l'observe longuement avant de le recevoir dans son bureau. Il recrute des ouvriers pour empaqueter ses chargements durant quelques jours. Le musicien n'a pas le choix aussi il accepte immédiatement. Le contremaître l'emmène dans une arrière-salle où il lui donne une liasse avec les commandes du jour à préparer, il doit les mettre dans des caisses en bois et les refermer avec soin avant de noter avec de la peinture le nom du client, le numéro de commande et la ville de destination. Entouré d'objets hétéroclites qu'il cherche dans des caisses placées le long du mur, le jeune homme se met au travail, bien décidé à donner le meilleur de lui-même. Il examine les objets qu'il prend au fil des listes qu'il prend les unes après les autres, certains provenant de contrées exotiques qu'il ne connaît pas, d'autres lui rappellent des souvenirs. Il tente de discuter avec ses collègues au moment du déjeuner mais ils ne s'intéressent ni aux arts ni à la lecture ; isolé, le nouveau venu attend la fin de la journée avec impatience. Le soir venu, il reçoit sa rétribution fort maigre et le contremaître lui dit de revenir le lendemain matin. Il erre dans les rues un moment avant de trouver une auberge à bon marché dans laquelle il prend une chambre après s'être acheté de quoi manger. Épuisé, il s'endort après avoir demandé à l'aubergiste de le réveiller le matin venu. Durant une semaine, il travaille à empaqueter des colis durant des heures monotones. Il imagine des airs nouveaux durant ces longues heures d'ennui mais il doit rester concentré pour ne pas faire d'erreur. Le temps lui semble long mais il n'a guère le choix et il tente de faire au mieux sans enthousiasme. A la fin de la semaine, il reçoit tout juste de quoi vivre chichement durant quelques jours.

Sa bourse regarnie, Florentin se remet à jouer mais le succès n'est pas au rendez-vous et le jeune homme désespère. Il écrit au journal d'une nouvelle ville pour faire publier un avis disant qu'un grand musicien se produira incognito une semaine plus tard sur une place qu'il a jugée bien située et suffisamment grande pour que les passants soient nombreux. Le jour dit après avoir joué dans les villages alentour, il se rend sur la place qu'il a choisie et il commence à jouer quelques-unes de ses compositions. La foule se rassemble et il entend des murmures autour de lui. Le jeune homme sourit imperceptiblement et il se met à jouer. Une heure durant, il joue inlassablement, sûr de son succès. Mais lorsqu'il s'arrête, on l'applaudit timidement et la foule se disperse. Il entend des murmures.

- Ce n'est pas lui, c'est un autre.

- Ce musicien des rues ne joue aucun air connu, d'où vient-il donc ? C'est sans doute un musicien étranger.

Triste, le jeune homme fait mine de ne pas entendre les murmures puis il ramasse son chapeau avant de rejoindre l'auberge où il a trouvé à se loger. Là, il pleure à chaudes larmes face à son échec avant de se jurer de ne jamais recommencer.

Triste, le soir venu, il se joint à des tables de jeux pour s'occuper dans une taverne choisie au hasard et il perd gros ; comme on paie ses dettes, il arrête bientôt voyant que la chance n'est pas avec lui et il joue dans les rues pour gagner de quoi payer sa dette ce qu'il fait rapidement, il voit la belle somme passer dans une autre main et il se maudit de sa bêtise, son père aurait eu honte de lui.

Florentin reprend son errance, allant de ville en ville pour jouer et gagnant à peine de quoi vivre. Il s'enquiert de postes de professeurs vacants et il se rend dans les maisons qu'on lui indique mais il n'est pas pris, étranger inconnu dans la ville malgré ses références, les maîtres de maison lui disent qu'ils sont en relation avec leurs amis et que ceux-ci sont à l'affût et qu'ils finiront par trouver ce qu'ils recherchent. Florentin comprend qu'inconnu dans ces petites villes, il n'a presque aucune chance de trouver un poste de professeur. Il finit par se décourager après deux semaines de recherches, épuisé de ses longues marches dans les beaux quartiers durant la journée avant de jouer sur les places en fin de journée jusque tard le soir avant de repartir jusqu'à la ville suivante marchant une grande partie de la nuit pour trouver une auberge au matin où il dort quelques heures avant de reprendre sa recherche. Il a le temps de jouer mais guère de retranscrire les airs qu'il a en tête. Face à ses échecs, Florentin commence à douter de son choix de carrière mais il ne se voit pas faire autre chose, il se sent prisonnier et sa solitude lui pèse.

Le temps au beau fixe redonne le moral au jeune homme qui a repris sa route. Il réfléchit sur le chemin qui le mène de ville en ville. Il se demande s'il ne pourrait pas, en faisant un effort, accepter un emploi normal pour s'assurer des revenus stables et réguliers. S'il trouvait un emploi à la demi-journée qui lui laisserait la moitié du jour pour composer, s'entraîner et jouer à la recherche d'un public, pourrait-il l'accepter ? Florentin réfléchit longuement à la question une fois de plus. Les yeux perdus dans la nature qui l'entoure, il tente de s'imaginer travailler de nouveau comme vendeur ou comme secrétaire. De nouveau, il parvient à la même conclusion qu'en début d'année ; il ne tiendra pas longtemps dans une manufacture ou comme vendeur. L'ennui et le désintérêt profond pour les tâches confiées lui grignoteront l'âme peu à peu jusqu'à ce qu'il perde toute envie de vivre et toute énergie pour faire ce qu'il aime. Il le sait, seule une carrière artistique l'attire et lui donne satisfaction. Florentin soupire et il tente de lister les relations qui pourraient lui servir dans sa ville natale mais il se souvient à ce moment-là que tous ses amis et ceux de ses parents lui ont tourné le dos après leur décès et la ruine de sa famille. Il se souvient qu'il est seul et qu'il ne peut compter que sur lui-même.

Le soir venu, il s'écroule sur le mauvais lit d'une auberge à bon marché après avoir joué en fin d'après-midi dans une petite ville. Il a gagné de quoi vivre quelques jours et il décide de tenter de trouver une place de professeur. Il y perdra la liberté mais il y gagnera le gîte et le couvert ainsi que du temps pour composer. Le lendemain après avoir joué sans grand succès sur une place, il tente de nouveau sa chance dans les beaux quartiers après s'être acheté de quoi déjeuner rapidement. Il frappe aux portes des maisons bourgeoises mais partout on lui répond qu'on n'a que faire d'un professeur de musique ou que la place est déjà prise. Découragé, Florentin sent des larmes couler sur ses joues qu'il essuie rapidement. Les yeux rouges et les joues brûlantes, il n'ose pas se présenter dans cet état chez de potentiels futurs employeurs ou jouer sur les places. Longtemps, il erre dans les rues en tentant de masquer maladroitement ses larmes aux passants qui l'ignorent.

Sans savoir comment, il se retrouve dans une ruelle étroite où se côtoient apothicaires et médecins. Florentin se sent perdu, il ne sait pas bien où il se trouve et il tente de se repérer. Il lève les yeux vers une enseigne qui le fait s'arrêter en pleine rue. Il se place rapidement contre le mur pour ne pas gêner les passants avant de se décider à entrer à l'intérieur. Dans la pénombre, il tente de se repérer et il s'avance jusqu'à un rideau derrière lequel il voit de la lumière. La main sur le rideau de velours élimé, il hésite un long moment avant de se décider. Il colle son oreille contre le tissu et n'entendant rien, il se résoud à entrer.

- Bonjour, je...

Face à une jeune fille plus jeune que lui habillée d'une longue jupe en toile de Jouy écru ornementée d'impressions d'un rose foncé et d'un caraco uni rouge vif, le musicien se sent stupide.

- Vous venez pour une consultation ?

- Euh, oui, je me demande combien elle va me coûter. Je n'ai pas vu les tarifs indiqués...

- La majorité de mes clients ne savent pas lire et il m'arrive de recevoir gratuitement les plus démunis, je ne veux pas les rebuter. dit-elle avec un sourire. Je vous fais le tarif habituel ?

Il grimace lorsqu'il apprend qu'elle lui coûtera une demi-journée de salaire à l'entrepôt mais il a peu dépensé ces derniers temps aussi il plonge sa main dans sa bourse dans l'espoir d'être rassuré sur son destin. La jeune fille étudie longuement les cartes sans rien dire. Florentin qui s'ennuie observe autour de lui les tentures orientales brodées aux couleurs vives avant de reporter son attention sur la voyante. Il la trouve jolie et délicate, elle se tient droite et elle a des manières dans ses gestes et sa façon de se tenir. Le musicien sourit, il ne l'imagine pas paysanne travaillant les champs, aussi, il se demande comment une bourgeoise a pu se retrouver diseuse de bonne aventure. Il se dit qu'elle a sans nul doute fui un mariage arrangé ou sa condition au destin tout tracé. Les sourcils froncés la diseuse de bonne aventure ne dit rien et elle lui demande sa main pour en étudier les lignes. Sa main dans celle de la jeune fille, Florentin a une pensée pour la belle Victoire et il regrette de ne pas avoir trouvé depuis une compagnie féminine qui l'attire. Peut-être qu'une fille du peuple plus aventureuse que les autres accepterait de le suivre mais le musicien se dit qu'il n'aurait pas sa liberté actuelle s'il a une femme dans sa vie. Non, il préfère être seul mais libre. Peut-être plus tard lorsque l'envie de voyager lui sera passée. Il lève les yeux sur la jeune fille qui ne dit toujours rien, perdue dans ses pensées. Elle semble soudain se souvenir de sa présence et elle lui lâche la main avec un petit sourire.

- Je vois une ombre planer sur ton destin. Elle te suit sans intervenir mais son souffle influe sur ta vie pour te pousser malgré elle vers l'abîme.

- Et comment m'en défaire ?

- Avec de la patience et du renoncement.

- Devrais-je renoncer à mon art ? demande le client, surpris et un peu inquiet.

- Pas vraiment. Ton destin et cette ombre sont étroitement liés à ton art, mais la vie te donnera une nouvelle chance. Je ne saurais en dire plus. Je suis désolée.

- Merci bien.

Florentin salue la diseuse de bonne aventure, un peu perplexe avant de quitter les lieux. Ses paroles l'intriguent mais il finit par les oublier. La jeune femme doit gagner sa vie et trouver comment impressionner ses clients sans les effrayer. Il n'a plus le cœur à jouer et il décide de rejoindre sa chambre où il lit une grande partie de la journée les livres qu'il connaît maintenant par cœur tant il les a lus et relus.

Le beau temps étant revenu, Florentin décide de plier bagage et de rejoindre la campagne où il espère jouer dans des bals. Il trouvera de plus, plus facilement des granges où dormir et à se nourrir à peu de frais. Longtemps, il marche sur la route par un jour ensoleillé jusqu'à s'éloigner peu à peu de la ville. Il cherche des yeux des champs et il se dirige vers ce qu'il suppose être des cultures qui se révèle être une friche. Il regarde autour de lui et il ne sait où se diriger, des arbres masquent sa vue. Il réfléchit et il décide de retrouver la route qu'il a quittée et de la suivre. Au pire, il finira par trouver une ville. En pestant contre sa bêtise, il manque de tomber à deux reprises sur des mottes de terre sèches et lorsqu'il rejoint enfin la route, il ne sait plus dans quelle direction il doit aller. Perplexe, il avance sur la route au hasard et lorsqu'il reconnaît un arbre tordu dont la forme l'avait amusée, il sait qu'il s'est trompé et il fait demi-tour. Il marche longtemps avant de s'arrêter déjeuner sur l'herbe. Il joue un peu avant de se souvenir qu'il n'a pas pris le temps de s'entraîner aujourd'hui. Deux heures durant, il joue des airs qu'il a négligés ces dernières semaines pour changer son répertoire. Il a oublié les notes et les gestes mais il les retrouve bientôt, heureux de voir qu'il n'a pas tout oublié des airs à danser qu'on ne manquera pas de lui demander.

Bientôt, il trouve une ferme dans laquelle il propose ses services. On lui répond qu'en effet, un bal pourrait être organisé le soir-même au vu du beau temps. Il ne sera pas payé mais il trouvera un lit et un repas ce qui lui convient amplement. Après avoir posé ses affaires dans la grange, Florentin se fait un nid dans la paille où il pourra dormir le soir venu. Il sort ses partitions et il joue longtemps enfermé dans le bâtiment. Seul dans son monde, il esquisse quelques pas de danse en jouant, oubliant tout ses échecs et ses sacrifices à son art. Le soir venu, il se présente après le repas et il joue jusque tard dans la nuit. Fatigué de sa journée de marche et affamé, il tient bon même si ses yeux rougis d'épuisement le font souffrir et s'il a du mal à tenir debout. Enfin, les danseurs vont se coucher, le propriétaire des lieux le conduit à la cuisine où il mange un solide repas les larmes aux yeux d'épuisement et c'est en titubant qu'il rejoint la grange où il tombe dans la paille. Il s'éveille tard le lendemain matin et après avoir mangé, il reprend sa route avec quelques provisions en guise de paiement. A la mi-journée, il s'arrête pour manger sur le bord d'un chemin et il joue longuement avant de repartir. Il erre au hasard des chemins et la nuit tombe qu'il n'a pas trouvé de lieu habité. Il ne sait comment il s'est retrouvé dans une zone dégagé dont il ne trouve pas la fin. Il s'assied dans l'herbe et il joue pour se donner du courage. Son lourd violon d'ébène émet un son plus sourd que d'ordinaire à peine audible, inquiet, le jeune homme approche son oreille des cordes qui vibrent pourtant normalement et sont correctement tendues. Il remet de la colophane mais le résultat est identique. Il soupire, comprenant que son instrument fait des siennes de manière incompréhensible. Il songe qu'il a sans doute mal tendu son archet ou ses cordes mais il a beau chercher, il ne comprend pas. Fatigué, il renonce pour ne pas s'énerver et risquer de faire plus de dégâts. Un frisson lui parcourt le dos à la pensée que cet instrument capricieux pourrait bien être hanté, ce n'est pas la première fois qu'il lui joue des tours.

- Arrête tes bêtises, cet instrument n'est pas hanté, c'est toi qui a dû faire n'importe quoi et tu t'énerves tellement que tu ne vois pas le problème.

Triste, le musicien n'a pas la force de repartir et il passe la nuit à la belle étoile un peu en retrait de la route. Il entend les animaux sauvages fureter non loin de lui mais loin d'en être effrayé, il se sent bien, entouré de cette vie nocturne. Au matin, il s'éveille à l'aube, transi de froid et les muscles raides de sa couche un peu trop dure. Il songe qu'il ne sera jamais connu et à l'abri du besoin si les choses ne changent pas, il se dit qu'il a pourtant essayé et qu'il devra se faire à cette vie et choisir entre le vagabondage et un emploi de professeur s'il veut jouer. A cette pensée, il fond en larmes, il se sent prisonnier, ce n'est pas la vie qu'il avait rêvée, il rêve de gloire et de voir son talent reconnu, il est dans un cercle vicieux dont il ne sortira jamais.

Florentin reprend sa route, mélancolique. Il va de nouveau de ferme en ferme, passant beaucoup plus de temps sur la route qu'il ne convient à son art. Pour compenser, il s’exerce jusque tard dans la nuit pour oublier sa tristesse et travailler ses partitions et sur son instrument. Parfois, il joue dans son sommeil, esquissant les gestes des mélodies qu'il a en tête.


Texte publié par Bleuenn ar moana, 4 octobre 2018 à 20h38
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